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L’histoire pour le plaisir

Eumène de Cardia

samedi 15 février 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 25 juillet 2011).

Eumène de Cardia (vers 362-316 av.jc)

Chancelier d’Alexandre le Grand et Diadoque

Il est Grec, et non Macédonien, né à Cardia [1], une ancienne colonie athénienne située en Chersonèse de Thrace [2], bien qu’il vive depuis son enfance à Pella [3], son père s’étant attaché au roi Philippe II. Scribe à la cour de Pella, il devient le secrétaire de Philippe II puis celui d’Alexandre qui le nomme chancelier en 335.

Il est chargé de la logistique de l’armée macédonienne en campagne ravitaillement en vivres pour les hommes et en fourrage pour les bêtes, approvisionnement en munitions, armes, transport par animaux de bât ou de trait. Pour y parvenir tout en évitant le pillage des régions conquises, chose qu’Alexandre voulait éviter, Eumène procède ainsi. Il constitua une véritable intendance divisée en deux corps, un corps de secrétaires chargés de prévoir les besoins et un corps de troupe chargé des réquisitions. Il fait constituer des stocks aussi importants que possibles avant le déclenchement de la guerre. Pour le ravitaillement, il procède soit par réquisition organisée ce qui évite les injustices trop criantes, soit, innovation pour l’époque, par achat. Enfin, tout au long des campagnes d’Alexandre, il constitue des dépôts de vivres.

A la mort de Darius III à l’été 330, Alexandre lui confie la rédaction des Éphémérides royales, sorte de journal officiel où sont relatés les actes du roi.

Lors des noces de Suse [4] en 324, il épouse Artonis, sœur de Barsine, avec qui Alexandre a eu un fils, et d’Artacama, l’épouse de Ptolémée 1er. En 326, Eumène obtient un commandement militaire en Inde, puis en 324 il succède à Perdiccas à la tête d’une hipparchie [5]. Un temps en disgrâce à la mort d’Héphaistion, il rentre dans les bonnes grâces du souverain en offrant une très importante somme d’argent pour l’édification du tombeau du défunt.

Au moment des premières luttes pour le partage de l’empire, il manifeste une loyauté certaine envers la dynastie argéade. Mais cette loyauté conditionne sa survie ; en tant que Grec, il ne peut prétendre aux mêmes honneurs que les généraux d’Alexandre et doit, de fait, soutenir la cause d’un maintien de l’unité impériale. Il prodigue donc de grands services au chiliarque Perdiccas, et au régent Polyperchon, et attache sa cause à celle de la reine mèreOlympias et de la sœur d’Alexandre, Cléopâtre. Il démontre aussi son ambition, et son habileté, par sa conciliation dans la crise de succession, par la conquête de la Cappadoce [6], où il parvient à s’implanter, et par le choix de ses alliés.

A la mort d’Alexandre à Babylone [7] en 323 avant jc, il œuvre à une réconciliation entre la phalange et la cavalerie des Compagnons à propos de la succession du roi. Il profite de son statut de non Macédonien pour imposer un accord entre les prétendants respectifs de Philippe III et ceux du futur Alexandre IV. Lors du partage de l’empire, il obtient les satrapies de Cappadoce et de Paphlagonie [8], mais celles-ci restent à conquérir. Antigone et Léonnatos sont chargés par Perdiccas de cette conquête mais ils se dérobent, Léonnat détournant une partie de l’armée pour se lancer dans la guerre lamiaque [9] et Antigone refusant pour ensuite se réfugier auprès d’Antipater. C’est finalement Perdiccas lui-même qui se charge de s’emparer de ces provinces. Il vainc Ariarathe, qui s’est proclamé roi de Cappadoce, et installe Eumène à la tête de sa satrapie.

Quand le conflit éclate entre les diadoques en 322, il est chargé par Perdiccas de contenir en Asie Mineure les armées d’Antipater, d’Antigone et de Cratère. Il s’acquitte de cette tâche avec adresse puisque, bien que trahi par une partie de ses officiers, il est vainqueur de Cratère lequel est tué dans l’affrontement. Mais la mort de Perdiccas en Égypte sonne le glas de ses espoirs. Lors du conseil de Triparadisos en 321, il est condamné à mort, son vieil adversaire Antigone reçoit pour mission de le combattre. Entre 321 et 319, il est progressivement éliminé de l’Asie Mineure [10] tandis que son allié, Alcétas, frère de Perdiccas, est tué. En 320, il se réfugie avec une petite armée dans la citadelle de Nora [11] en Cappadoce. Occupé à conquérir les satrapies de Lydie [12] et de Phrygie [13], Antigone négocie un armistice avec lui par l’intermédiaire de Hiéronymos de Cardia.

C’est alors que la mort d’Antipater à l’été 319 modifie profondément la situation. Eumène, toujours enfermé dans Nora, est rallié par Polyperchon qu’Antipater a désigné pour lui succéder à la régence de Macédoine, au détriment de son fils Cassandre. Eumène reçoit le titre de stratège autokrator [14] d’Asie, à charge pour lui de vaincre Antigone. Il récupère en outre la satrapie de Cappadoce. Polyperchon ordonne aux trésoriers de Kyinda [15] en Cilicie [16], où demeure une grande partie du trésor de guerre d’Alexandre, de donner les moyens financiers nécessaires à Eumène pour lever une armée. Le bataillon des 3 000 Argyraspides [17], vétérans des campagnes asiatiques, se range à son ambition de lutter pleinement pour le maintien de l’empire et la sauvegarde de la royauté argéade.

La première opération menée par Eumène, qui se trouve rapidement à la tête d’une armée importante, est de descendre sur la Phénicie [18] au début de l’année 318. Son objectif est de construire une flotte afin de rejoindre Polyperchon en mer Égée. Mais la menace de la flotte de Ptolémée, allié de Cassandre et d’Antigone, et le désastre subi par la flotte de Polyperchon le font renoncer à son projet. Il remonte alors vers la Babylonie [19] afin de rallier les satrapes de la partie orientale de l’empire, Mésopotamie [20], Perse, Carmanie [21], Arachosie [22], Arie-Drangiane et Gandhâra [23], en révolte contre Peithon, le satrape de Médie allié à Antigone. il hiverne en Babylonie entre 318 et 317 et se heurte à Séleucos et Peithon. Il livre bataille à Séleucos sur les rives de l’Euphrate et s’empare de la citadelle de Babylone. Il tente par la suite de traverser le Tigre mais Séleucos fait inonder le passage en rompant les digues d’un canal. Craignant que sa satrapie ne soit complètement occupée, Séleucos finit par proposer une trêve à Eumène.

Puis en Susiane [24], Eumène reçoit le renfort des satrapes révoltés.

Dès sa jonction avec les armées satrapiques au début de l’année 317, l’autorité d’Eumène est contestée. Peucestas, sômatophylaque [25] d’Alexandre et satrape de Perside [26], a été promu stratège en chef par les satrapes de Haute Asie en raison de son rang et de l’importance de sa satrapie. Il affirme donc que le commandement de l’armée « royale » doit lui revenir de droit. Antigénès, le chef des Argyraspides, déclare quant à lui que le stratège doit être désigné par la seule assemblée des Macédoniens. Eumène parvient néanmoins à imposer un commandement collégial, symbolisée par l’adoption de la cérémonie du trône d’Alexandre.

La première rencontre avec l’armée d’Antigone a lieu à l’automne 317 en Paraitacène [27], aux confins de la Susiane [28] et de la Carmanie, et se termine par la victoire d’Antigone mais avec des pertes sévères. Chaque armée se retire pour hiverner ; quand au début de l’année 316, Antigone parvient par une attaque surprise à contraindre Eumène à livrer une nouvelle bataille en Gabiène [29]. Malgré une vive résistance des Argyraspides, Eumène est vaincu à cause de la trahison de Peucestas qui rompt le combat avec ses cavaliers. Il est livré à Antigone par les Argyraspides, dont le camp avec femmes et enfants a été pris, et exécuté conformément à la décision prise lors du conseil de Triparadisos [30].

Il est considéré par les historiens antiques et modernes comme étant la plus grande figure grecque de la conquête de l’Orient.

Considéré comme un modèle d’habileté politique par les auteurs anciens, cité en exemple dans les ouvrages tactiques romains et recensé parmi les grands personnages de l’histoire grecque par Plutarque et Cornélius Népos, il bénéficie d’une réputation fort honorable alors que d’autres Diadoques, et non des moindres, tels Perdiccas, Cassandre ou Lysimaque, sont oubliés par les biographes antiques.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de encyclopédie universalis /eumene de cardia/

Notes

[1] Cardia ou Cardie est une cité grecque située sur le golfe Mélas (actuel golfe de Saros) en Chersonèse de Thrace. Fondée au 7ème siècle av.jc. par des Ioniens venant des cités de Clazomènes et de Milet, Cardia est colonisée par Miltiade le Jeune vers 550 av. jc et sert de base navale à Athènes durant la guerre du Péloponnèse (431-404). En 352, la cité conclut un traité d’amitié avec Philippe II de Macédoine. Par la suite, en 343, un conflit éclate entre les citoyens de Cardia et un contingent de clérouques athéniens menés par le général Diopithe, alors même que l’autonomie de la cité est garantie depuis 346. Philippe II qui cherche à étendre sa domination en Thrace (région stratégique pour le commerce du blé) apporte son soutien à la cité, d’abord en proposant en vain son arbitrage, ensuite en envoyant une armée. En 342, Philippe II obtient le ralliement de Cardia, malgré la résistance de Diopeithès, et installe le tyran Hécatée à la tête de la cité. À la mort d’Alexandre le Grand en 323, la Thrace tombe au main de Lysimaque qui étend par la suite sa domination sur le détroit de l’Hellespont ; la cité de Cardia est détruite en 309 pour peupler la cité voisine de Lysimacheia, nouvellement fondée par synœcisme.

[2] La péninsule de Gallipoli, également connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles (l’ancien Hellespont). Sa rive nord est baignée par la mer Égée. Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate, y fonda une colonie athénienne.

[3] Pella est une ville antique de la plaine centrale de Macédoine, entre le Loudias et l’Axios, sur une colline surplombant dans l’Antiquité un lac marécageux : cette cité de peuplement mixte gréco-barbare passe sous le contrôle des rois téménides dès le début du 5ème siècle av.jc, mais ne sort de l’obscurité qu’en devenant leur résidence habituelle, à une époque où le royaume est en pleine expansion vers l’Est aux dépens des Thraces et de la Ligue de Chalcidique. Elle devient ainsi la capitale du royaume de Macédoine à partir du début du 4ème siècle av. jc en supplantant Aigéai, et conserve ce rôle à l’époque hellénistique, pour le royaume antigonide.

[4] Les noces de Suse sont une cérémonie nuptiale, à caractère grandiose, organisée par Alexandre le Grand en février 324 av. jc. Des milliers de Macédoniens, dont les principaux officiers du roi, sont mariés à des femmes perses et mèdes. Alexandre épouse Stateira, fille aînée de Darius III, ainsi que Parysatis, fille d’Artaxerxès III. Les noces de Suse représentent un événement marquant du règne d’Alexandre car elles sont l’un des exemples les plus frappants de sa volonté de pérenniser l’empire par la fusion des élites irano-macédoniennes.

[5] un escadron d’environ 500 cavaliers

[6] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[7] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au 6ème siècle av. jc durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s’agit à cette époque d’une des plus vastes cités au monde

[8] La Paphlagonie est une ancienne région de l’Asie Mineure, sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, bornée au sud par la Galatie, qui avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop). Selon Hérodote, la Paphlagonie est au 6ème siècle av jc sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av jc, elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès à Xerxès 1er pour son invasion de la Grèce. Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devint un royaume, dont le dernier roi Pylémène II, légua à sa mort, en 121 av jc, son territoire au père de Mithridate VI. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Les Romains, vainqueurs de Mithridate, la réduisirent en province romaine, et la réunirent à la province du Pont en 63 av jc. Elle en fut séparée et fit partie sous Dioclétien du diocèse du Pont.

[9] La guerre lamiaque ou guerre hellénique est un conflit qui se déclenche en Grèce après la mort d’Alexandre le Grand en juin 323 av. jc. Il oppose des cités grecques révoltées, parmi lesquelles Athènes, aux Macédoniens dirigés par Antipater. Ces cités tentent de s’émanciper de la tutelle macédonienne et de lutter pour la « liberté des Grecs ». La guerre est finalement remportée par Antipater en 322 et se solde par une soumission renforcée des cités rebelles. C’est le conflit le plus important en Grèce du début de la période hellénistique. Le nom de cette guerre provient de la cité de Lamia en Thessalie antique.

[10] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[11] Nora est un bourg fortifié situé au sud de la Cappadoce durant l’Antiquité. Les fortifications ont sans doute été érigées au 6ème siècle av. jc sous le règne de Cyrus II, fondateur de l’empire perse. C’est à Nora qu’Eumène de Cardia se réfugie entre 320 et 319 av. jc, poursuivi par Antigone le Borgne durant les guerres des diadoques

[12] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.

[13] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.

[14] Autokrator est une épithète grecque donnée à un individu exerçant le pouvoir absolu, sans supérieur. Dans un contexte historique, il a été utilisé pour des commandants en chef, ainsi que pour les empereurs romains et byzantins en tant que traduction du latin imperator. La forme féminine est autokrateira

[15] Cyinda ou Kyinda est une ancienne cité de Cilicie, en actuelle Turquie, connue pour sa forteresse (ou gazophylaquie) qui abrite le trésor des rois achéménides puis celui d’Alexandre le Grand.

[16] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[17] Les Argyraspides sont un corps de fantassins d’élite au temps des conquêtes d’Alexandre le Grand et du royaume séleucide. En 327 av. jc, au moment de la conquête de l’Inde, Alexandre donne au corps d’élite des hypaspistes le droit et le devoir de porter en signe de gloire des boucliers d’argent, d’où le nom d’argyraspides. Au printemps 324, Cratère est chargé de les ramener en Macédoine parmi 10 000 vétérans des campagnes d’Asie mais la mort d’Alexandre en 323 modifie ce plan ; Cratère les laisse en Cilicie, sous le commandement d’Antigénès, pour y garder le trésor royal de Cyinda.

[18] Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et de la Palestine. Les Phéniciens étaient un peuple antique d’habiles navigateurs et commerçants. Partis de leurs cités États en Phénicie, ils fondèrent dès 3000 av jc de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage en 814. Rivaux des Mycéniens pour la navigation en Méditerranée au 2ème millénaire av jc, ils furent d’après ce qu’on en sait les meilleurs navigateurs de l’Antiquité. L’invasion des Peuples de la Mer va ravager les cités phéniciennes, de même que Mycènes et les autres territoires qu’ils traversent, mais c’est ce qui va permettre aux Phéniciens de trouver leur indépendance vis-à-vis des puissances voisines qui les avaient assujettis puisque celles-ci seront elles aussi détruites par ces invasions. La chute de Mycènes en particulier va leur permettre de dominer les mers. Après avoir supporté les assauts des Athéniens, des Assyriens, de Nabuchodonosor puis de Darius III, la Phénicie disparut finalement avec la conquête par Alexandre le Grand en 332 av jc.

[19] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.

[20] La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel.

[21] La Province de Kerman est une des 30 provinces d’Iran. Cette région peut être considérée comme une des plus anciennes régions d’Iran, et avec le cours du temps, des ruines historiques de grande valeur ont pu être découvertes. Jiroft en est un exemple, où les traces d’une civilisation humaine datant d’environ 2500 ans av.jc ont été découverts par des archéologues.

[22] L’Arachosie est une région située au Sud-ouest de l’Afghanistan et une ancienne satrapie de l’Empire Perse Achéménide le long de la rivière Tarnak. Après la chute de la dynastie achéménide, Alexandre le Grand l’occupa en 330 av. jc et fonda Alexandrie d’Arachosie (actuelle Kandahar) qui en devint la capitale. Elle fit ensuite partie du royaume gréco-bactrien de 250 à 130 av. jc environ, avant d’être conquise par le deuxième empire perse des sassanides.

[23] Le Gandhâra est le nom antique d’une région située dans le nord-ouest de l’actuel Pakistan et l’est de l’Afghanistan, incluant les vallées de la Swat et de la Kâboul jusqu’à l’Indus. Ses villes principales sont Purushapura l’actuelle Peshawar et, sur sa frontière orientale, Taxila, centres commerciaux de premier plan entre l’Inde et l’Occident au début de notre ère.

[24] Région de Suse

[25] Les Sômatophylaques, littéralement « gardes du corps », constituent la garde rapprochée du roi de Macédoine. Ils sont choisis parmi la noblesse macédonienne. Sous le règne d’Alexandre le Grand, période pendant laquelle cette institution est la mieux connue, leur nombre est fixé à sept

[26] Le Fars ou Pars est une des trente provinces d’Iran, au sud-ouest du pays. Sa capitale est Chiraz. Avant l’Islam, deux rois persans nommés Cyrus le Grand et Ardechir Babakan ont pris de l’importance à partir d’Anshan et ont créé les grandes dynasties Achéménides et Sassanides respectivement. Alexandre le Grand fonda lui aussi des villes dans la région. Les villes du Fars opposèrent une farouche résistance aux Arabes durant la conquête islamique de la Perse, particulièrement dans les zones autour d’Istakhr. La province, cependant, de même que toute la Perse, ne résista finalement pas à la conquête.

[27] La Bataille de Paraitacène (317 av. jc) fut une des batailles lors des Guerres des diadoques qui firent suite à la mort d’Alexandre le Grand et opposa Antigone le Borgne et Eumène de Cardia.

[28] Suse ou Shushan dans la Bible est une ancienne cité de la civilisation élamite, devenue au 5ème siècle av. jc la capitale de l’Empire perse achéménide, située dans le sud de l’actuel Iran à environ 140 km à l’est du fleuve Tigre. Elle ne présente plus aujourd’hui qu’un champ de ruines.

[29] sous-région de la Susiane

[30] Les accords de Triparadisos, conclus en 321 av. jc, réorganisent le commandement et les satrapies de l’empire d’Alexandre le Grand, mort en juin 323, après les accords de Babylone. Cette réorganisation se déroule au nord de la Syrie suite à la campagne malheureuse de Perdiccas en Égypte contre Ptolémée. Les principaux diadoques qui ratifient cet accord sont Antipater et Antigone le Borgne. Antipater est confirmé comme régent du royaume de Macédoine. Il est aussi attentif à contenir les ambitions de l’épouse de Philippe III, Eurydice. Le principal bénéficiaire de cet accord est Antigone. De rares Orientaux sont présents à la conclusion de ce traité : le nord de l’Inde, les Paropamisades, sont, par exemple, laissés à l’aristocrate bactrien Oxyartès, père de Roxane, elle-même épouse d’Alexandre.