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Hiéronymos de Cardia ou Jérôme de Cardia

lundi 4 avril 2022, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 2 octobre 2012).

Hiéronymos de Cardia ou Jérôme de Cardia (vers 354-vers 250av.jc)

Historien grec contemporain d’Alexandre le Grand et des diadoques

Les royaumes des diadoques en 303 av jcIl est l’auteur d’une Histoire des successeurs d’Alexandre, aujourd’hui perdue, qui a notamment inspiré Diodore de Sicile, Plutarque et Arrien.

Natif de Cardia [1] en Chersonèse de Thrace [2], Hiéronymos aurait été secrétaire dans l’administration macédonienne et le collaborateur de son compatriote Eumène de Cardia, chancelier d’Alexandre le Grand.

À la mort d’Alexandre en 323, il reste au service d’Eumène de Cardia qu’il aurait rejoint dans sa satrapie [3] de Cappadoce [4]. En 320, date de sa première mention par les sources antiques, il mène durant le siège de Nora [5] en Cappadoce une ambassade en Macédoine auprès d’Antipater.

A la mort du régent en 319, il dirige en vain les négociations avec Antigone le Borgne. Durant le conflit qui suit entre Antigone et Eumène, il reste fidèle à son compatriote. Hiéronymos est lui-même blessé lors de la bataille de Gabiène [6] en 316, qui voit la défaite et la mort d’Eumène. Il tombe aux mains d’Antigone qui lui pardonne son ancienne allégeance et lui offre l’exploitation de l’asphalte de la Mer Morte [7], mais sa mission est de courte durée à cause de la menace des tribus arabes. Il passe ensuite au service de Démétrios et participe probablement aux batailles de ce dernier, Gaza [8] en 312 et Salamine de Chypre [9] en 306, en tant que membre de son état-major.

En 293, Démétrios, qui vient d’occuper Thèbes [10], le désigne harmoste [11] de Béotie [12]. Après que Démétrios ait abandonné le royaume de Macédoine en 286, il reste comme conseiller auprès de son fils, Antigone Gonatas, prétendant au trône macédonien [13]. Il participe sans doute, malgré son grand âge, à la campagne contre Pyrrhus de 275 à 272 qui voit la réinstallation des Antigonides [14] sur le trône de Macédoine.

Il semble qu’il passe les 20 dernières années de sa vie à rédiger une histoire des diadoques et de leurs descendants, les épigones [15]. Célébrant la mémoire des Antigonides, l’Histoire des successeurs d’Alexandre, désormais réduite à l’état de fragments, couvre une période allant de la mort d’Alexandre à celle de Pyrrhus. Il meurt à la cour d’Antigone Gonatas à l’âge de 104 ans.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Paul Pédech, Historiens compagnons d’Alexandre, Collection des Études Anciennes, 1984.

Notes

[1] Cardia ou Cardie est une cité grecque située sur le golfe Mélas (actuel golfe de Saros) en Chersonèse de Thrace. Fondée au 7ème siècle av. J.-C. par des Ioniens venant des cités de Clazomènes et de Milet, Cardia est colonisée par Miltiade le Jeune vers 550 av. jc et sert de base navale à Athènes durant la guerre du Péloponnèse (431-404). En 352, la cité conclut un traité d’amitié avec Philippe II de Macédoine. Par la suite, en 343, un conflit éclate entre les citoyens de Cardia et un contingent de clérouques athéniens menés par le général Diopithe, alors même que l’autonomie de la cité est garantie depuis 346. Philippe II qui cherche à étendre sa domination en Thrace (région stratégique pour le commerce du blé) apporte son soutien à la cité, d’abord en proposant en vain son arbitrage, ensuite en envoyant une armée. En 342, Philippe II obtient le ralliement de Cardia, malgré la résistance de Diopeithès, et installe le tyran Hécatée à la tête de la cité. À la mort d’Alexandre le Grand en 323, la Thrace tombe au main de Lysimaque qui étend par la suite sa domination sur le détroit de l’Hellespont ; la cité de Cardia est détruite en 309 pour peupler la cité voisine de Lysimacheia, nouvellement fondée par synœcisme.

[2] La péninsule de Gallipoli, également connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles (l’ancien Hellespont). Sa rive nord est baignée par la mer Égée. Miltiade l’Ancien, exilé volontairement à l’avènement de Pisistrate, y fonda une colonie athénienne.

[3] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[4] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[5] Nora (Kodja ou Hassan-Dagh dans l’actuelle Turquie) est un bourg fortifié situé au sud de la Cappadoce durant l’Antiquité. Les fortifications ont sans doute été érigées au 6ème siècle av. jc sous le règne de Cyrus II, fondateur de l’empire perse. C’est à Nora qu’Eumène de Cardia se réfugie entre 320 et 319 av. jc, poursuivi par Antigone le Borgne durant les guerres des diadoques

[6] La bataille de Gabiène fit suite à la Bataille de Paraitacène et fut la seconde grande confrontation entre Antigone le Borgne et Eumène de Cardia, anciens généraux d’Alexandre le Grand, dans le contexte des Guerres des diadoques. La seule trace écrite sur cette bataille provient des récits de Diodore, à partir du point de vue de Hiéronymos de Cardia, aide personnel d’Eumène à l’époque avant de faire allégeance à Antigone.

[7] La mer Morte est un lac salé du Proche-Orient partagé entre Israël, la Jordanie et la Cisjordanie. D’une surface approximative de 810 km², il est alimenté par le Jourdain. Alors que la salinité moyenne de l’eau de mer oscille entre 2 et 4 %, celle de la mer Morte est d’approximativement 27,5 % (soit 275 grammes par litre). Aucun poisson ni aucune algue macroscopique ne peuvent subsister dans de telles conditions, ce qui lui vaut le nom de « mer morte ». Néanmoins des organismes microscopiques (plancton, bactéries halophiles et halobacteria, etc.) s’y développent normalement. Elle est identifiée au lac Asphaltite de l’Antiquité. Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs utilise cette dénomination

[8] La bataille de Gaza oppose en 312 av. jc, dans le contexte des guerres des Diadoques, Ptolémée, satrape d’Égypte, à Démétrios, fils d’Antigone le Borgne, maître de l’Asie. Elle voit la victoire de Ptolémée même si celui-ci doit rapidement abandonner ses conquêtes en Syrie et en Phénicie.

[9] Salamine de Chypre est une ancienne cité-État de l’Île de Chypre. Pnytagoas combattra aux côtés d’Alexandre le Grand lors du siège de Tyr en récompense Alexandre laissera à Chypre une grande autonomie. Au décès de ce dernier, Chypre devient un champ de bataille entre Ptolémée 1er de l’Egypte et Démétrios 1er Poliorcète qui cherche à récupérer l’île. En 306 av jc, Demetrius gagne sur la flotte navale de l’Égypte mais Ptolémée gagnera en 294 av jc. Salamine restera sous la totale domination égyptienne pendant 2 siècles. En effet, Salamine perd ses pouvoirs politiques ainsi que ses rois remplacés par des gouverneurs égyptiens.

[10] Thèbes est une ville grecque de Béotie, siège d’un dème. Elle fut dans l’antiquité l’une des principales cités de Grèce, et était liée à de très nombreux mythes antiques.

[11] gouverneur

[12] La Béotie est une région de Grèce centrale. Elle est bordée par l’Attique au sud-est, par le golfe d’Eubée à l’est, par la Phthiotide au nord, par la Phocide à l’ouest et par le golfe de Corinthe au sud. La capitale moderne est Livadiá, mot qui signifie prairie, pâturage, une réalité économique emblématique de la région. La capitale antique était Thèbes (actuelle Thiva).

[13] Le royaume de Macédoine est un État antique situé au nord de la Grèce correspondant aujourd’hui principalement à la Macédoine grecque. Il est centré sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l’Épire à l’ouest, la Péonie au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Royaume périphérique de la Grèce aux époques archaïque et classique, il devient l’État dominant du monde grec durant l’époque hellénistique. L’existence du royaume est attestée au tout début du 7ème siècle av. jc avec à sa tête la dynastie des Argéades. Il connaît un formidable essor sous le règne de Philippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçant Athènes et la ligue chalcidienne pour ensuite fonder la Ligue de Corinthe. Son fils Alexandre le Grand est à l’origine de la conquête de l’immense empire perse et de l’expansion de l’hellénisme en Asie à la fin du 4ème siècle av. jc. Après sa mort, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle des Antipatrides dans le contexte des guerres des diadoques. En 277, la royauté échoit à Antigone II Gonatas qui installe la dynastie des Antigonides qui règne jusqu’en 168, date à laquelle la Macédoine est conquise par les Romains. En 146 la Macédoine devient une province romaine.

[14] Les Antigonides sont une dynastie de l’époque hellénistique qui a régné sur la Macédoine de 277 à 168 av. jc. Les Antigonides ont donné six rois à la Macédoine mais son fondateur, Antigone le Borgne, n’a jamais régné sur la Macédoine. Abandonnant les grands desseins asiatiques des Diadoques, leur politique extérieure est centrée sur la Grèce continentale, la mer Égée et les Détroits hellespontiques. Ils rencontrent l’hostilité de certaines cités grecques, dont Athènes et Sparte, et de certaines ligues fédérales, dont la Ligue étolienne. Ils font face à la thalassocratie lagide en mer Égée ainsi qu’aux ambitions des Attalides et des Séleucides, notamment en Thrace. Ils luttent également contre les incursions des peuples « barbares », Celtes et Dardaniens principalement. Le souverain le plus ambitieux de la dynastie est Philippe V qui cherche à s’implanter en Illyrie et à établir des protectorats en Anatolie. Les Antigonides finissent par être éliminés en 168 av. jc à l’issue des guerres de Macédoine contre la République romaine qui mène la lutte au nom de la liberté des Grecs.

[15] Les Épigones sont les fils et les héritiers des Diadoques, les successeurs d’Alexandre le Grand, ayant régné sur les royaumes hellénistiques au 3ème siècle av. jc.