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Eusèbe (praepositus sacri cubiculi)

vendredi 5 avril 2024, par lucien jallamion

Eusèbe (praepositus sacri cubiculi) (mort en 362)

Eunuque et un haut dignitaire de l’Empire romain

Empire romain au 4ème siècleIl occupe le rang de grand chambellan [1] durant les règnes des empereurs Constantin 1er et Constance II.

Premier titulaire connu de la charge de grand chambellan, Eusèbe bénéficie d’une influence considérable à la cour de Constance, au point de s’imposer comme l’un des personnages les plus puissants de l’Empire durant son règne. De confession arienne [2], il s’emploie à convertir d’autres hauts dignitaires et se mêle aux puissants réseaux qui s’organisent autour de l’empereur, en marge des réseaux de pouvoir traditionnels de l’aristocratie romaine.

L’historiographie a retenu d’Eusèbe les nombreuses intrigues de cour auxquelles il fut mêlé durant sa vie, en particulier contre le général Ursicin et contre le CésarGallus. Le frère de ce dernier, l’empereur Julien, qui succède à Constance en 361, le tiendra personnellement pour responsable de sa disgrâce et de son exécution. Eusèbe sera jugé et condamné à mort par un tribunal réuni à Chalcédoine [3] en 362.

Les auteurs antiques qui ont écrit sur Eusèbe ne nous disent rien de sa vie avant la mort de Constantin 1er en 337. Ammien Marcellin, qui lui voue une très grande hostilité, relève qu’il venait de la condition la plus basse. L’historien Procope de Césarée, écrivant au 6ème siècle après la chute de l’Empire romain d’Occident, rapporte quant à lui que les eunuques [4] servant à la cour de Constantinople [5] étaient achetés comme esclaves auprès de chefs tribaux des régions bordant la mer Noire [6].


Les premières mentions chronologiques d’Eusèbe apparaissent sous les plumes de Sozomène et de Socrate le Scolastique. Tous deux affirment qu’Eusèbe occupait les fonctions de préposite de la chambre sacré [7] en 337, année de la mort de Constantin 1er. Sozomène indique que ses fonctions étaient antérieures à la mort de Constantin. Les deux historiens rapportent qu’Eusèbe s’est converti à l’arianisme sous l’influence d’un prêtre envoyé à la cour par Eusèbe de Nicomédie et Théognios , évêque de Nicée [8], qui obtient de l’empereur le rappel d’Arius. Sozomène et Socrate affirment qu’Eusèbe et ses cubiculaires [9] le prennent sous leur protection et usent de leur influence pour convertir l’impératrice ainsi qu’un grand nombre de personnes à la cour, provoquant une grande agitation dans l’empire.

Le décès de Constantin aboutit au partage de l’empire entre ses 3 fils et ravive du même coup la querelle religieuse entre nicéens [10] et ariens, qui se cristallise en particulier autour de l’exil d’Athanase d’Alexandrie. Eusèbe se met au service de Constance II, qui est lui-même de confession arienne.


Eusèbe bénéficie d’une très forte influence à la cour de Constance II, dont il suit les déplacements en Gaule puis à Mediolanum [11] où elle s’établit en 353. Il figure parmi les conseillers les plus écoutés de l’empereur.

Eusèbe se montre habile à tirer parti de l’atmosphère de soupçon qui traverse tout le règne de Constance. L’empereur se montre en effet particulièrement craintif à l’égard des conspirations, et d’autant plus accessibles aux calomnies de ses courtisans qui cherchent par ce moyen à éliminer leurs rivaux à la cour. Eusèbe, comme d’autres hauts dignitaires, participent à entretenir les inquiétudes de l’empereur et parviennent à s’enrichir fabuleusement par ce biais en s’accaparant les biens des conspirateurs exécutés.

Constance lui confie à plusieurs reprises des missions de confiance, comme la conduite du procès de Gallus ou la distribution d’une forte somme d’argent à l’armée à Châlons [12] en Gaule en 354, afin de calmer un début de mutinerie.


Eusèbe s’inscrit dans plusieurs réseaux de pouvoir, actifs à la cour impériale. Il professe tout d’abord la même religion que l’empereur, le christianisme homéen [13], qui lie entre eux plusieurs hauts dignitaires de la cour, organisés autour de Flavius Taurus (consul en 361) et d’Auxence de Milan. Eusèbe est aussi étroitement lié aux évêques palatins et à l’évêque Eudoxe de Milan, qui cherchent à imposer l’union des Églises dans une confession arianisante.

Son influence est telle que de nombreux courtisans de premier plan comme Arbitio et le maître des offices Florence cherchent à obtenir ses faveurs en partageant ses inimitiés, notamment à l’égard du général Ursicin, l’un des seuls selon Ammien à avoir refusé d’intégrer sa clientèle. Cette hostilité à l’égard d’Ursicin, tout comme les critiques d’Ammien à son égard, semblent indiquer qu’Eusèbe se trouvait opposé aux réseaux traditionnels d’influence de la classe sénatoriale romaine, marginalisée durant le règne de Constance.


Constance envoie Eusèbe auprès de l’évêque de Rome Libère en 356 pour l’inciter à se rallier à la condamnation d’Athanase d’Alexandrie. Cette mission s’inscrit dans un contexte de tensions renouvelées entre les évêques nicéens et évêques ariens soutenus par l’empereur.

Eusèbe s’efforce de séduire Libère en lui offrant des présents. Après le refus du pape de les recevoir, l’eunuque abandonne ses présents sur la tombe de saint Pierre [14] dans la basilique de Constantin [15]. Libère fait jeter les bourses d’or laissées par l’eunuque.

À la suite de cette fin de non-recevoir opposée par Libère, Constance le fait enlever par Léontios, de nuit afin d’éviter l’émeute car le pape était très populaire parmi les habitants de Rome. Théodoret rapporte le souvenir, d’une ultime audience réunissant l’empereur, le pape et Eusèbe au cours de laquelle ce dernier accuse Libère de résister au prince pour complaire aux sénateurs romains.


En 354, il participe aux intrigues menant à l’exécution de Gallus, César en Orient, dont Constance se méfiait de plus en plus. Ammien apparaît cependant relativiser le rôle joué par Eusèbe dans cette affaire, en faisant de lui un simple exécutant des directives impériales. L’empereur Julien, frère de Gallus, le tient cependant pour l’un des principaux responsables de sa chute, ce qui sera la cause de sa condamnation à mort à Chalcédoine en 362.

Convoqué par l’empereur Constance, Gallus se rend d’Antioche à Mediolanum. Il est arrêté en chemin à Pétovio [16], au sud de Vienne*, dépouillé de ses ornements impériaux, et transféré à Pula [17] en Istrie [18], où le César Crispus avait été exécuté en 326 à la suite de l’affaire Fausta. Eusèbe est alors désigné avec deux autres enquêteurs, le secrétaire particulier de l’empereur Pentadios et le commandant de la garde Mallobaudes, pour instruire le procès de Gallus. Ammien semble ne pas accabler le rôle d’Eusèbe dans cette affaire, qui aurait joué simplement le rôle d’un émissaire de Constance ; l’empereur supervisant lui-même le déroulement de la procédure. Selon d’autres versions, Eusèbe aurait au contraire précipité l’exécution de Gallus, de crainte que l’empereur ne se ravise.

La mort de Gallus est suivie d’une succession de procès visant ses anciens collaborateurs. Eusèbe est chargé par l’empereur avec Arboreus d’entendre plusieurs accusés à Aquilée [19]. Les deux juges s’illustrent selon Ammien par leur injustice, leur arrogance et leur violence. Sans entendre les accusés, ceux-ci les font torturer, exiler ou exécuter.


Alors que se trame la chute de Gallus, Eusèbe et son allié à la cour, le maître de cavalerie Arbitio, homme de confiance de l’empereur, convainquent Constance d’appeler au même moment le général Ursicin, magister equitum per Orientem [20], à la cour à Mediolanum. Selon eux, l’exécution de Gallus laisserait à ce dernier le champ libre pour tenter d’usurper la pourpre.


Après la mort du général Barbatio en 359, Constance promeut Ursicin comme magister peditum praesantalis, l’un des plus hauts grades dans l’armée romaine. Eusèbe s’emploie dès lors à obtenir sa perte en cherchant à convaincre l’empereur qu’Ursicin veut s’emparer du pouvoir suprême. Outre les raisons personnelles qui le motivent, Eusèbe veut également empêcher qu’un homme qui ne fait pas partie de sa clientèle de s’emparer de l’un des postes de pouvoir les plus élevés du gouvernement impérial. Les courtisans qui espèrent entrer dans les bonnes grâces du chambellan participent également à cette entreprise de diffamation, tout comme les cubiculaires placés sous l’autorité d’Eusèbe.

L’entreprise de discrédit engagée par Eusèbe contre Ursicin connait son dénouement en 360, dans le contexte de la deuxième campagne de Chapour II contre les Romains. En octobre de l’année précédente, la ville forteresse d’Amida [21], située dans le Nord de la Mésopotamie, a été emportée par les Perses sassanides [22] au terme d’un siège ayant duré un peu plus de 2 mois. Les ennemis d’Ursicin à la cour exploitent cet événement pour le perdre en lui imputant la responsabilité de cette défaite.


À la suite de la prise d’Amida, Constance s’installe à Édesse [23] et décide de mobiliser ses troupes pour affronter les Perses. Il demande à son César Julien, chargé de la défense de la Gaule, de lui faire parvenir 2 légions pour renforcer son armée. En réaction, Julien est proclamé empereur à Lutèce par ses troupes, qui refusent de partir en Orient. Malgré des tentatives de conciliation, Constance refuse de le reconnaître et s’apprête à l’affronter sur le champ de bataille.

En chemin vers Constantinople, Constance est pris de fièvre et meurt à Tarse [24] le 3 novembre 361. Eusèbe propose alors de faire élire un nouvel empereur. Les courtisans de l’empereur défunt se refusent cependant à tenter de lui désigner un successeur, en raison de la proximité de l’armée de Julien, déjà parvenue en Thrace [25].


Julien est reconnu comme le seul empereur légitime pour succéder à Constance. Parmi ses premiers actes de souverain, il décide la convocation d’un tribunal à Chalcédoine en Bythinie [26] pour juger les collaborateurs de son prédécesseur convaincus de corruption et d’avoir conspiré contre son frère Gallus. La présidence de ce tribunal incombe au nouveau préfet du prétoire Secundus Salutius, mais échoit dans les faits au maître de cavalerie Flavius Arbitio, l’ancien allié d’Eusèbe. Sa désignation suscite des critiques car celui-ci est fortement associé à l’ancien régime, et considéré par tous comme un ennemi de Julien. Les deux consuls de l’année 362, Claudius Mamertinus et Nevitta, ainsi que le magister peditum praesantalis Agilo sont nommés assesseurs.

Le tribunal mène une véritable épuration et condamne plusieurs hauts dignitaires de Constance, parfois injustement selon Ammien. Eusèbe figure parmi les accusés. Il est condamné à mort, sans que ses anciens alliés à la cour n’interviennent pour tenter de le sauver

Son exécution s’accompagne du renvoi des eunuques du palais à l’exception d’Euthère.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Eusèbe (praepositus sacri cubiculi) / Portail de la Rome antique • section Empire romain/ Catégories  : Personnalité de l’Antiquité tardive/ Eunuque

Notes

[1] praepositus sacri cubiculi

[2] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[3] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur la mer Propontide, à l’entrée orientale du Bosphore, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). Elle s’appelle aujourd’hui Kadıköy et est devenue une banlieue (résidentielle et plutôt aisée) d’Istanbul, dans le prolongement d’Üsküdar.

[4] Un eunuque est un homme castré. La castration se limite généralement à l’ablation des testicules mais il arrive qu’elle concerne également le pénis, connue alors sous le nom de pénectomie. Dans la Chine ancienne, la castration était à la fois une punition traditionnelle (jusqu’à la dynastie Sui) et un moyen d’obtenir un emploi dans le service impérial. À la fin de la dynastie Ming, il y avait 70 000 eunuques dans la Cité interdite. La valeur d’un tel poste était importante car elle pouvait permettre d’obtenir un pouvoir immense qui dépassait parfois celui du premier ministre. Cependant, la castration par elle-même fut finalement interdite. Le nombre d’eunuques n’était plus estimé qu’à 470 en 1912, lorsque la fonction fut abolie. La justification de cette obligation pour les fonctionnaires de haut rang était la suivante : puisqu’ils ne pouvaient procréer, ils ne seraient pas tentés de prendre le pouvoir pour fonder une dynastie. À certaines périodes, un système similaire a existé au Viêt Nam, en Inde, en Corée et dans d’autres contrées du monde.

[5] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[6] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.

[7] premier Eunuque ou intendant de la maison de l’Empereur

[8] Nicée est une cité du nord-ouest de l’Anatolie fondée vers 300 av. jc, tour à tour hellénistique, byzantine et ottomane, correspondant à la ville turque actuelle d’İznik. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée, respectivement en 325 et 787 (les premier et septième conciles des débuts de l’Église chrétienne), le lieu où fut rédigé le symbole de Nicée (datant du premier concile) et la capitale de l’empire de Nicée après la conquête de Constantinople par la quatrième croisade en 1204 jusqu’à ce que cette dernière soit reprise par les Grecs en 1261. La ville ancienne est située dans le périmètre de la ville actuelle d’İznik à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’hui lac d’İznik), entouré de collines au nord et au sud.

[9] Le cubiculaire ou koubikoularios est un titre utilisé pour désigner les eunuques chambellans du palais impérial à la fin de l’Empire romain et sous l’Empire byzantin. La version féminine, utilisée pour les dames de compagnie de l’impératrice, est koubikoularia.

[10] Le Ier concile œcuménique se réunit à Nicée en 325 pour statuer au sujet de l’arianisme. Les principales personnalités engagées dans ce débat étaient présentes, dont Arius, Eusèbe de Nicomédie qui lui était favorable, Eusèbe de Césarée, modéré, Alexandre d’Alexandrie (accompagné d’Athanase d’Alexandrie comme secrétaire) qui s’opposait à lui, de même que, de façon intransigeante, Eustathe d’Antioche et Marcel d’Ancyre. Une quasi unanimité s’est prononcée pour condamner les thèses ariennes et rédiger un symbole affirmant que le Fils est consubstantiel (homoousios) au Père, c’est-à-dire de même nature que lui.

[11] actuelle Milan

[12] Châlons-en-Champagne anciennement Châlons-sur-Marne, est une commune française, préfecture du département de la Marne. Siège des intendants de Champagne sous l’Ancien Régime, elle est devenue la préfecture par la volonté des révolutionnaires d’effacer l’importance historique de Reims, ville des sacres. Capitale politique et religieuse, dominée par l’évêque-comte et les chanoines du chapitre Saint-Étienne, peuplée de clercs et d’officiers de plus en plus nombreux au fur et à mesure que progressait le 16ème siècle, Châlons fut aussi une capitale économique grâce à la draperie et la tannerie.

[13] une version modérée de l’arianisme

[14] La tombe de saint Pierre, découverte dans la nécropole du Vatican, se trouve sous la basilique Saint-Pierre au Vatican. Elle comprend plusieurs tombes et un emplacement construit pour commémorer l’emplacement de la tombe de l’apôtre Pierre. Le tombeau de saint Pierre se situe près de l’extrémité ouest d’un complexe de mausolées qui remontent à 130 après Jésus-Christ et l’an 300.

[15] L’antique basilique vaticane était un édifice religieux chrétien située à Rome, presque à l’emplacement de l’actuelle basilique Saint-Pierre et qui exista du 4ème siècle au 16ème siècle.

[16] Ptuj (latin Poetovio) est l’une des 11 communes urbaines de Slovénie. Elle est située, sur la Drave, en aval de Maribor, dans la région traditionnelle de Styrie et dans la région naturelle de la plaine pannonienne. C’est l’une des plus anciennes villes de Slovénie. Les premiers peuplements datent de l’âge de la pierre mais la ville fut particulièrement prospère sous l’Empire romain. En 69, c’est là que Vespasien fut proclamé empereur par ses légions. La première mention écrite de Ptuj date de la même année. La cité de Pétovion1 était le camp de base de la Legio XIII Gemina en Pannonie. Ptuj doit son nom à l’Empereur Trajan qui établit la colonie et la nomma Colonia Ulpia Traiana Poetovio. Après la chute de l’Empire romain, Ptuj retrouva ses droits au 10ème siècle.

[17] Pula est une ville et une municipalité située en Istrie, dans le comitat d’Istrie, en Croatie.

[18] L’Istrie est une péninsule de l’Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, attachée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km². Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit une ligne rectiligne nord-ouest/sud-est longue de 242,5 km jusqu’au cap Kamenjak où il s’infléchit et suit une ligne sud-ouest/nord-est longue de 212,4 km jusqu’à la baie de Kvarner. Son territoire est principalement compris en Croatie.

[19] Aquilée est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av.jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un centre religieux chrétien de premier plan, entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, siège du patriarcat d’Aquilée.

[20] maître de la cavalerie pour les provinces orientales

[21] Diyarbakır est une ville du sud-est de la Turquie. Elle était également appelée Amida sous l’Empire romain. Les Kurdes constituant la majeure partie de la population de la ville la considèrent comme la capitale du Kurdistan turc, dans le sud-est anatolien. Appelée Amida dans l’Antiquité, ce qui lui vaut son nom de Kara Amid, la « Noire Amida », elle fut la capitale du royaume araméen de Bet-Zamani à partir du 13ème siècle av. jc, puis d’un royaume arménien appelé Cordyène ou Cardyène. La région devint par la suite une province de l’Empire romain ; Amida était au 4ème siècle la principale place forte de Mésopotamie, dans la haute vallée du Tigre. Amida fut un centre religieux lié au patriarcat syriaque-orthodoxe d’Antioche. De cette époque, jusqu’au génocide arménien de 1915, la région est fortement peuplée d’Arméniens. La région comportait également une minorité chaldéenne. La ville d’Amida fut le siège du patriarcat chaldéen de 1681 à 1828.

[22] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[23] Édesse était la capitale de l’Osroène, un petit État d’abord indépendant de 132 av. jc à 216 ap. jc, devenu province romaine en 214, puis incorporé au diocèse d’Orient. Vers 204, Abgar IX se convertit au christianisme. C’est, dans l’histoire du christianisme, le premier roi chrétien. À la suite de cette conversion, le christianisme syriaque se développa autour d’Édesse et de nombreux monastères furent construits, en particulier celui de la colline, le Torâ d-Ourhoï. En 216, l’empereur Romain Caracalla s’empara définitivement du petit royaume, qui devint une province romaine. En 262, le roi des Perses sassanides Chahpuhr Ier occupa brièvement Édesse puis l’abandonna du fait de l’arrivée du roi de Palmyre Odenath II venu défendre la ville. Celui-ci, allié de l’empereur romain Gallien, avait en charge la défense de ses territoires en Orient. À partir de 250, Édesse, où le christianisme avait bien progressé, accueillit les chrétiens chaldéens, chassés de Perse par les Sassanides.

[24] Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. D’origine hittite, comme la plupart des villes de Cilicie, Tarsus fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saül.

[25] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[26] La Bithynie est une région historique de l’Asie Mineure située sur la côte nord, entre le détroit du Bosphore, la Propontide, le Pont Euxin, la Paphlagonie, et bornée au sud par la Galatie et la Phrygie. Les villes principales de Bithynie sont Nicomédie (actuelle Izmit) et Nicée, qui se disputent le titre de capitale selon l’époque, ainsi qu’Héraclée du Pont, Pruse (actuelle Bursa) et Chalcédoine. Elle est actuellement située en Turquie.