Constantin 1er (272-337)

Né à Nic [1], il est le dernier d’une longue suite d’empereurs originaires d’Illyrie [2]. Ces empereurs ont redressé le vieil empire à la fin du 3ème siècle, lorsqu’il était menacé par les premières attaques des Barbares. Ils ont fortifié les villes et renforcé les légions des frontières.
Constance Chlore, le père de Constantin était césar dans la tétrarchie, un gouvernement à 4 institué par Dioclétien en 293. Il avait reçu en partage la Gaule, l’Espagne et la Bretagne et s’était établi à Trèves [3]. C’est dans cette ville de Rhénanie qu’il fut proclamé auguste par son armée à la mort de son père en 306.
Quand la guerre éclata entre les héritiers des tétrarques [4], il se lança avec ses armées sur Rome, traversant les Alpes au Mont Genèvre [5]. Il bouscula l’armée de son principal rival Maxence au Pont Milvius [6], près de Rome, en 312. Il réunifia l’empire à son profit et s’établit à Nicomédie [7], sur les bords du Bosphore [8].
Bon politique, il constata les progrès du christianisme. Renonçant à la politique de persécution de ses prédécesseurs, il prend le parti de s’appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l’unité de l’empire. En 313, il publia à Milan un édit de tolérance qui lui rallia les chrétiens, devenus prédominants dans l’empire.
Devant le succès de la doctrine du prêtre Arius, il s’inquiète d’un schisme qui remettrait en question l’unité de l’empire. Il convoqua lui-même un concile à Nicée [9] pour apaiser les esprits. A la suite de la condamnation de l’arianisme par le concile, il ordonna l’exil d’Arius.
Curieusement, oubliant son souci d’unité et ses précédentes décisions, il céda à la fin de sa vie aux arguments d’un évêque arien, Eusèbe de Nicomédie, celui-là même qui le baptisera sur son lit de mort.
Malade, épuisé par un règne agité,il expire le dimanche 22 mai 337 à Ancyrona, dans les faubourgs de Nicomédie, tandis qu’il tentait de regagner en toute hâte sa capitale, Constantinople [10].
La principale œuvre de Constantin reste la fondation de Constantinople, une nouvelle capitale qui remplacera Rome.
Notes
[1] Serbie actuelle
[2] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C., l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[3] Trèves est une ville et un arrondissement d’Allemagne, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. La ville est située sur la Moselle. Cette ville, ancienne colonie romaine, est fondée à l’époque romaine, en l’an 16 av. jc sous le nom d’Augusta Treverorum, sur le site du chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires. Le pont romain en pierre qui franchit la Moselle est édifié en 45 ap. jc, en remplacement d’un premier pont de bois : c’est le plus ancien pont d’Allemagne encore debout. Colonie romaine et place forte très importante dans la défense contre les « Barbares », elle est dotée d’une enceinte abritant la plus grande surface urbaine de Gaule. Grande métropole marchande à partir du 2ème siècle, devenue l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du 3ème siècle et siège d’un atelier monétaire impérial à partir de 294, Trèves est alors qualifiée de « seconde Rome » ou Roma Secunda. De l’époque romaine subsistent la Porta Nigra (porte noire), le plus grand édifice romain sur le sol allemand, une basilique, où siège un tétrarque (aujourd’hui une église protestante), les restes d’un amphithéâtre, ainsi que des ruines de thermes romains. Au début du 5ème siècle, au cours des invasions germaniques, Trèves est attaquée et pillée plusieurs fois par les Francs. Peu auparavant, la préfecture des Gaules est transférée de Trèves à Arles
[4] Un tétrarque est au sens propre le dirigeant d’une des quatre parties d’un royaume (dans le cas de la Judée) ou d’un empire (dans le cas de l’Empire romain). Ce terme sera employé plus tard sans qu’il y ait réellement une division rigoureuse d’un territoire en quatre parties.
[5] Durant l’Antiquité romaine, le col du Montgenèvre a été un point de passage pour l’une des voies romaines : la voie Domitienne (Via Domitia). Selon certains, Montgenèvre et le col de Montgenèvre auraient été traversés par les troupes d’Hannibal durant son passage des Alpes en suivant la future voie des Alpes. En 58 av. jc : Jules César passe le Montgenèvre pour se rendre en Gaule.
[6] Le pont Milvius est l’un des ponts les plus importants sur le Tibre. Situé dans l’actuel quartier de Flaminio, à 3 km du centre historique de Rome, là où la via Flaminia et la via Cassia se rejoignent pour franchir le fleuve, c’était le pont d’accès obligé à Rome pour tout voyageur venant du nord.
[7] Nicomédie est une ville d’Asie mineure, capitale du royaume de Bithynie. Elle est appelée Izmit aujourd’hui. Hannibal s’y donna la mort en 183 av. jc et l’historien Arrien y naquit vers 90.
[8] Le détroit de Kertch, anciennement le Bosphore cimmérien, est un détroit qui relie la mer Noire et la mer d’Azov, séparant la péninsule de Kertch en Crimée à l’ouest de la péninsule de Taman (kraï de Krasnodar, Russie) à l’est, une sorte de prolongement du Caucase. Le principal port du détroit est Kertch, en Crimée, qui a donné son nom au détroit.
[9] Le Ier concile œcuménique se réunit à Nicée en 325 pour statuer au sujet de l’arianisme. Les principales personnalités engagées dans ce débat étaient présentes, dont Arius, Eusèbe de Nicomédie qui lui était favorable, Eusèbe de Césarée, modéré, Alexandre d’Alexandrie (accompagné d’Athanase d’Alexandrie comme secrétaire) qui s’opposait à lui, de même que, de façon intransigeante, Eustathe d’Antioche et Marcel d’Ancyre. Une quasi unanimité s’est prononcée pour condamner les thèses ariennes et rédiger un symbole affirmant que le Fils est consubstantiel (homoousios) au Père, c’est-à-dire de même nature que lui.
[10] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.