Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Agilo

samedi 13 juillet 2024, par lucien jallamion

Agilo

Général romain du 4ème siècle d’origine alémanique

Empire romain au 4ème siècleIl participe à une campagne contre les Alamans [1] en 354 avant de devenir en 360 magister peditum praesantalis [2], l’un des deux rangs les plus élevés de l’armée romaine tardive. Rallié à l’empereur Julien, il est membre en 362 du tribunal de Chalcédoine [3] qui juge de hauts dignitaires de l’empereur Constance II, avant d’être écarté des affaires militaires.

En 365, il se met au service de l’usurpateur Procope, et prend le commandement de son armée. Il déserte l’année suivante lors de la bataille de Nacoleia et rejoint l’empereur légitime Valens, dont il obtient le pardon.


Agilo est un soldat d’origine alémanique. Par son épouse, Vétiana, fille d’Araxius, ancien gouverneur de Palestine [4] et proconsul [5] de Constantinople [6], il est lié à l’aristocratie romaine. Sa carrière semble intimement liée à celle de son beau-père, connaissant les mêmes phases d’ascension sous Constance et Procope et les mêmes phases d’arrêt sous Julien et Jovien.

L’historien Ammien Marcellin, qui avait servi dans l’armée romaine comme protecteur domestique, lui porte peu d’estime. S’il le décrit à tort comme un traître, il reconnaît également son courage.


Ammien Marcellin mentionne Agilo pour la première fois en tant que tribunus stabuli [7] lors de la campagne contre les Alamans menée en 354. L’historien l’accuse de transmettre des informations militaires au camp ennemi avec deux autres officiers, Scudilo et Latinus, également d’origine germanique. Selon des interprétations modernes, Agilo aurait plutôt joué le rôle d’un intermédiaire entre l’Empire et les Alamans, ce qui expliquerait mieux sa promotion en 356 comme “tribunus gentilium et scutariorum” Son mariage avec Vétiana, fille d’Araxius, qui le lie à l’aristocratie romaine, pourrait également dater de ces années-là, en 355 ou en 356.

En 360, Agilo profite de la disgrâce d’Ursicin à la suite d’intrigues de cour, pour prendre sa succession comme magister peditum praesantalis. Cette nomination spectaculaire d’un simple tribun à l’un des deux plus hauts rangs militaires de l’Empire romain intervient dans un contexte de guerre ouverte avec l’Empire sassanide [8] de Chapour II s’étant traduit en octobre 359 par la prise d’Amida [9], une ville forteresse dans le Nord de la Mésopotamie*.

Agilo est envoyé par Constance II avec le maître de cavalerie Arbitio pour garder la frontière du Tigre [10] contre les incursions des Sassanides. Les deux généraux commandent un corps d’armée considérable, avec pour ordre d’éviter tout combat sérieux, de ne pas s’exposer et de battre en retraite en cas de franchissement du fleuve par l’ennemi. Arbitio et Agilo ne cessent de conjurer l’empereur de les appuyer face aux Perses avec le reste de son armée.


Après la mort de Constance à Tarse [11] en novembre 361, Agilo prête allégeance à Julien, nouveau souverain unique et incontesté de l’Empire. De son hivernage à Constantinople, le nouvel empereur envoie Agilo en mission à Aquilée [12], ville loyale à Constance et toujours assiégée par ses troupes, pour obtenir la reddition de la cité en annonçant la mort de son prédécesseur.

Julien nomme Agilo l’année suivante en tant que membre du tribunal de Chalcédoine, chargé de juger d’anciens hauts dignitaires de Constance, coupables d’avoir conspiré contre son frère Gallus. Il y siège aux côtés du préfet du prétoire [13] Secundus Salutius, des consuls Claudius Mamertinus et Flavius Nevitta, du maître de cavalerie [14] Jovin et du général Arbitio. Agilo semble cependant s’en être tenu à l’écart, laissant à Arbitio la charge de présider de fait ce tribunal, qui condamne entre autres l’ancien consul Flavius Taurus à l’exil et le grand chambellan* Eusèbe au bûcher.

À l’instar d’Arbitio ou du maître de cavalerie Lucillianus , Agilo ne joue plus de rôle militaire durant le reste du règne de Julien et ne participe pas à son expédition en Perse.


Comme de nombreux officiers de l’armée romaine d’Orient, Agilo se rallie à Procope en 365 après son usurpation. Avec le maître de cavalerie Gomoarius, Agilo se voit confier la direction des affaires militaires selon Ammien Marcellin, et intercède auprès de Procope pour obtenir pour son beau-père Araxius la charge de préfet du prétoire.

L’empereur légitime, Valens, parvient cependant à rallier plusieurs officiers comme Arbitio à ses côtés. Agilo déserte les rangs de Procope lors de la bataille de Nacoleia en 366 et reçoit le pardon de Valens. Agilo obtient également le rappel d’exil de son beau-père.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Agilo/ Portail de la Rome antique • section Empire romain/ Catégories  : Personnalité de l’Antiquité tardive/ Général de l’Empire romain du 4ème siècle/ Magister militum

Notes

[1] Les Alamans ou Alémans étaient un ensemble de tribus germaniques établies d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe puis le long du Main, où ils furent mentionnés pour la première fois par Dion Cassius en 213. Ces peuples avaient pour point commun de rivaliser avec les Francs, sans doute à l’origine un autre regroupement d’ethnies établies plus au nord sur la rive droite du Rhin. Le royaume alaman désigne le territoire des Alamans décrit à partir de 269.

[2] Le commandant des unités militaires à la disposition de l’empereur près de l’endroit où il se trouve, en général Milan (de 285 à 402), puis Ravenne jusqu’à la fin de l’Empire romain d’Occident en 476, est appelé magister militum praesentales.

[3] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur l’entrée orientale du Pont-Euxin, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). La ville turque de Kadıköy est aujourd’hui située sur l’emplacement de Chalcédoine, dans le prolongement d’Üsküdar. Elle fait partie, avec le reste du royaume de Bithynie, du legs de Nicomède IV à l’Empire romain en 74 av. jc. Elle subit l’invasion de Mithridate VI, qui est ensuite chassé par Lucullus. De nouveau dans le giron de l’Empire romain, elle redevient une ville libre. Chalcédoine accueille le quatrième concile œcuménique des chrétiens en 451. Chosroès II, roi des Perses Sassanides, assiège la ville en 602 et s’en empare pour venger le meurtre de son ami Maurice Tibère ; il menace alors directement Constantinople dirigée par Phocas. La ville revient à l’empire l’année suivante, avant d’être à nouveau assiégée (mais non prise) par les Perses en 617 et 626, puis par mer, par les Arabes, en 678 et 718.

[4] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[5] La fonction de proconsul dans la Rome antique correspond à la notion actuelle de gouverneur. Étymologiquement, ce terme vient du préfixe latin pro, à la place de, et consul. Le premier cas de proconsulat historiquement cité par Denys d’Halicarnasse date de 464 av. jc, lorsque Titus Quinctius Capitolinus Barbatus reçut le pouvoir de diriger une armée (imperium) pour aller au secours d’un consul assiégé. Il s’agit alors d’une solution improvisée sous la pression des événements. La fonction réapparaît avec l’agrandissement de la République romaine au 4ème siècle av. jc, lorsqu’un consul doit finir une campagne militaire ou doit gouverner un territoire au-delà de la durée normale de son mandat de consul (un an). Son pouvoir (imperium consulaire) est alors prolongé, en général pour une durée d’un an et toujours sur un territoire précis, le plus souvent une province. Le terme « proconsul » tient au fait que son titulaire exerçait un pouvoir consulaire ; cependant, tous les proconsuls n’étaient pas forcément d’anciens consuls.

[6] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[7] À l’origine , tribun était le titre que portaient divers magistrats dans la Rome antique. Les plus importants étaient les tribuns de la plèbe et les tribuns militaires. Pendant la majeure partie de la République romaine, un collège de dix tribuns de la plèbe fait office de contrepoids à l’autorité du Sénat et des magistrats annuels.

[8] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[9] Diyarbakır est une ville du sud-est de la Turquie. Elle était également appelée Amida sous l’Empire romain. Les Kurdes constituant la majeure partie de la population de la ville la considèrent comme la capitale du Kurdistan turc, dans le sud-est anatolien. Appelée Amida dans l’Antiquité, ce qui lui vaut son nom de Kara Amid, la « Noire Amida », elle fut la capitale du royaume araméen de Bet-Zamani à partir du 13ème siècle av. jc, puis d’un royaume arménien appelé Cordyène ou Cardyène. La région devint par la suite une province de l’Empire romain ; Amida était au 4ème siècle la principale place forte de Mésopotamie, dans la haute vallée du Tigre. Amida fut un centre religieux lié au patriarcat syriaque-orthodoxe d’Antioche. De cette époque, jusqu’au génocide arménien de 1915, la région est fortement peuplée d’Arméniens. La région comportait également une minorité chaldéenne. La ville d’Amida fut le siège du patriarcat chaldéen de 1681 à 1828.

[10] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.

[11] Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. D’origine hittite, comme la plupart des villes de Cilicie, Tarsus fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saül.

[12] Aquilée est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av.jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un centre religieux chrétien de premier plan, entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, siège du patriarcat d’Aquilée.

[13] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.

[14] Le maître de cavalerie est, durant la République romaine, l’assistant qu’un dictateur romain doit nommer, une sorte de chef d’état-major. À partir du 1er siècle av. jc, le titre est utilisé par l’armée romaine comme titre honorifique. Le grade de magister equitum, associé à de véritables pouvoirs de commandement, réapparaît durant le Bas-Empire romain.