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Évagre le Pontique

mercredi 28 mai 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 27 mai 2014).

Évagre le Pontique (346-399)

Moine et premier systématicien de la pensée ascétique chrétienne

Évagre le Pontique Moine et premier systématicien de la pensée ascétique chrétienne

Originaire d’Ibora, dans la région du Pont [1], il fut ordonné lecteur par Basile de Césarée.

L’évêque Grégoire de Nazianze l’ayant ordonné diacre [2], il l’accompagna à Constantinople [3], où sa prédication connut un grand succès.

En 382, il quitta cette capitale et se retira d’abord à Jérusalem, puis en Égypte, où il devint disciple de Macaire de Scété.

Il mena jusqu’à sa mort la vie monastique dans le désert de Nitrie [4], et gagnait sa vie en copiant des manuscrits.

Il a théorisé l’expérience spirituelle des moines du désert dans un langage inspiré de l’enseignement d’Origène.

Quoi que son nom fut inclus dans les condamnations qui ont frappé certains enseignements d’Origène lors des controverses des 6 et 7ème siècles aux conciles de Constantinople de 553 [5] et de 680 [6], l’influence des écrits d’Evagre sur la spiritualité de l’Orient byzantin a été considérable. Par les "Conférences" de Jean Cassien, mais aussi les traductions de Rufin d’Aquilée, cette influence s’est répandue jusqu’en Occident.

C’est de lui que provient la formulation systématique de certains grands thèmes de la spiritualité orientale, division de la vie spirituelle en vie active et vie contemplative, nécessité du dépouillement de toute image et de toute forme pour parvenir à la contemplation, identification de la prière et de la théologie, qui est connaissance de la Trinité.

Il a sans doute inventé le système des péchés capitaux qu’il énumérait au nombre de 8 : gourmandise, impureté, avarice, mélancolie, colère, paresse, vaine gloire et orgueil. C’est Grégoire le Grand qui impose le chiffre 7.

Évagre semble être le premier moine qui ait laissé une œuvre littéraire importante, dont une partie nous est parvenue sous des noms d’emprunts.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Évagre, Traité Pratique, ou Le Moine, Cerf, coll. "Sources Chrétiennes", n° 170, 1971, 2 vol.

Notes

[1] actuelle Turquie

[2] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[3] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[4] Le ouadi Natroun ou Wadi el Natrun, connu sous le nom de désert de Scété dans l’histoire chrétienne, est une vallée aride située dans le désert occidental de l’Égypte, à environ 75 km au nord-ouest du Caire et 80 km au sud-est d’Alexandrie.

[5] Le deuxième concile de Constantinople s’est tenu du 5 mai au 2 juin 553. Ce fut le cinquième des sept conciles œcuméniques reconnus à la fois par l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe. Convoqué par l’empereur Justinien, il fut présidé par le patriarche Eutychius de Constantinople et réunit 152 évêques venant principalement d’Orient. Seuls 16 évêques d’Occident étaient présents, dont 9 d’Illyrie et 7 d’Afrique, mais aucun d’Italie. Par ce concile, Justinien voulait faire confirmer par l’Église sa condamnation édictée en 553 contre les écrits de 3 évêques se rattachant à l’école théologique d’Antioche : Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse.

[6] Le Troisième Concile de Constantinople comporta dix-huit sessions qui se déroulèrent du 7 novembre 680 au 16 septembre 681. Il est considéré comme le Sixième Concile œcuménique tant par les Églises orthodoxes que par l’Église catholique romaine ainsi que par certaines autres Églises occidentales. Ce concile condamna les doctrines du monoénergisme et du monothélisme et jeta l’anathème sur ses premiers défenseurs, les patriarches de Constantinople Serge, Pyrrhus et Cyr, ainsi que le pape Honorius. Il confirma la doctrine que Jésus-Christ était doté de deux énergies et de deux volontés (divine et humaine). L’empereur Constantin IV prit une part active aux délibérations des onze premières sessions de même qu’à la session finale, ayant dû mener entre-temps une expédition contre les Bulgares.