Liberius dit Libère
36ème Pape de l’Église catholique de 352 à sa mort en 366
Il succède à Jules 1er et fut élu le 17 mai 352. Il est le premier à désigner Rome comme le siège apostolique.
Selon la tradition, ce serait Libère qui, en 354, fixa la fête de la naissance du Christ au 25 décembre.
Il combat l’arianisme [1] de l’empereur Constance II qui l’exile de 355 à 358 à Béroia [2] en Macédoine [3]. Il doit négocier son retour à Rome et partager l’administration de l’Église avec l’antipape Félix II. Mais le peuple de Rome prend rapidement parti pour Libère et chasse Félix.
Le pontificat de Libère se situe dans une période au cours de laquelle le dogme de l’Église défini par le concile de Nicée [4] est fortement contesté par les ariens. L’empereur Constance II soutient l’arianisme et exile le patriarche d’Alexandrie [5] Athanase d’Alexandrie, vigoureux défenseur du concile de Nicée. Constance obtient aux conciles d’Arles de 353 [6] et de Milan [7] le soutien de la majorité des évêques occidentaux.
Certains toutefois s’en indignent. C’est le cas du pape Libère que Constance fait exiler.
Constance lève cette mesure 3 ans plus tard, et Libère revient à Rome.
À sa mort en 366, son trône est réclamé par Damase 1er et Ursin . Il fut, à l’origine, inhumé dans la Catacombe de Priscille [8], à Rome.
Notes
[1] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.
[2] Véria (Bérée, Béroia ou Véroia) est une ville de Grèce, en Macédoine-Centrale, capitale du district régional d’Imathie, existant depuis l’Antiquité. Berceau de la dynastie antigonide, siège du koinon des Macédoniens, c’est une ville florissante aux époques romaine et médiévale.
[3] La province romaine de Macédoine s’étendait sur le nord de la Grèce actuelle. Elle englobait l’Albanie et la République de Macédoine actuelles. La province fut fondée en 146 av. jc. Elle succédait au royaume de Macédoine dont le dernier souverain, Andriscus, avait été défait en 148 av. jc par le général Q. Cæcilius Metellus. Cette province était sénatoriale gouvernée par un ancien préteur.
[4] Le premier concile œcuménique se tint à Nicée, de la fin mai au 25 juillet 325. Il eut pour objectif principal de définir l’orthodoxie de la foi, à la suite de la controverse soulevée par Arius sur la nature du Christ.
[5] Le titre de patriarche d’Alexandrie est traditionnellement porté par l’évêque d’Alexandrie (en Égypte). L’Église d’Alexandrie est l’une des plus anciennes de la Chrétienté. Aujourd’hui, trois chefs d’Église, dont une catholique, portent le titre de patriarche d’Alexandrie. Le chef de l’Église catholique copte qui réside au Caire, le chef de l’Église copte orthodoxe qui réside à Alexandrie et le primat de l’Église grecque-catholique melkite, résidant à Damas en Syrie qui porte le titre de Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem des Melkites.
[6] Présidé par Saturnin, évêque de la ville, il traite essentiellement de l’arianisme. Sur l’initiative du pape Libère qui veut réconcilier les évêques encore divisés et rétablir les ariens dans la communion, l’empereur Constance, se trouvant à Arles, décide que le concile s’y tiendra. Il en arbitre les séances et réclame la condamnation d’Athanase d’Alexandrie, qui s’oppose à l’arianisme et à son autorité. Deux légats (dont un se nommait Vincent) du pape Libère prendront place lors des séances, signeront la décision du concile, acte que le pape Libère approuvera à leur retour et qui lui vaudra un anathème de la part d’Hilaire de Poitiers. Les actes de ce concile sont perdus et l’on ne sait de son déroulement que ce qu’en ont dit des chroniqueurs hostiles à Constance et à sa politique théologique. Apparemment, l’empereur interdit toute discussion de fond aux évêques ; il entend seulement leur faire condamner Athanase, son adversaire le plus résolu. Un édit s’ajoute, pour menacer d’exil les récalcitrants. Tous les évêques présents s’inclinent, à l’exception de Paulin de Trèves fidèle à Athanase, qui est comme il se doit, déposé et exilé en Asie Mineure.
[7] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.
[8] La catacombe de Priscille est l’une des plus anciennes et plus vastes catacombes de Rome. Elle est située sur la Via Salaria, dans le quartier de Trieste.