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Lucius Vibullius Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes dit Hérode Atticus

dimanche 9 juin 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 29 septembre 2014).

Lucius Vibullius Hipparchus Tiberius Claudius Atticus Herodes dit Hérode Atticus (101-177)

Rhéteur grec

Buste d'Hérode Atticus, vers 161 ap. J.-C., musée du Louvre.Né à Marathon [1] sous le règne de Trajan.

Sa famille, Céryce [2] athénienne, est immensément riche et prétend descendre de Miltiade et Cimon. Depuis l’époque julio-claudienne [3], elle jouit également de la citoyenneté romaine.

Son grand-père, Tiberius Claudius Hipparchus, était un banquier renommé pour sa richesse, estimée à 100 millions de sesterces. Il avait été condamné au suicide et à la confiscation de ses biens par l’empereur Vespasien.

Il avait néanmoins réussi à en dissimuler la plus grande partie, qui fut retrouvée par son fils, Tiberius Claudius Atticus Herodes, après l’accession de Nerva. L’empereur lui permit de conserver ce trésor. Il accrut encore la fortune familiale en épousant la riche Vibullia Alcia Agrippina. Il fut coopté au Sénat romain avec le rang d’ex-préteur par Trajan et nommé archiereus [4].

À une date indéterminée, il accompagne à Rome son père, nommé consul suffect [5], ce qui lui permet d’apprendre le latin. De retour à Athènes [6], il apprend la philosophie auprès d’un platonicien, Taurus de Tyr. Il est destiné très jeune à une carrière de rhéteur [7]. Atticus fait appel à Secundos d’Athènes pour enseigner l’art oratoire à son fils.

Il invite également le célèbre sophiste Scopélianos à démontrer son art dans sa résidence de campagne. Le jeune Hérode parvient si bien à imiter son invité que son père lui offre la somme considérable de 50 talents contre 15 à l’orateur. Il étudie aussi avec Favorinus d’Arles et le critique Munatius de Tralles [8], qui resteront des amis proches. . En 117, Trajan meurt et Hadrien, accède au trône impérial. Hérode Atticus, âgé d’à peine 17 ans, est envoyé en délégation auprès du nouvel empereur alors que celui-ci hiverne avec ses troupes en Pannonie [9].

Hérode obtient sa première charge publique en 122. Il est agoranome [10]. En 126-127, il est élu archonte éponyme [11].

L’année suivante, Hadrien effectue une seconde visite à Athènes. Son lieu de résidence n’est pas connu avec certitude, mais il est probable que l’empereur ait séjourné chez les Hérodiens. À cette date, ce dernier a reçu le rang sénatorial et figure officiellement parmi les amis de l’empereur [12].

Vers 131, il débute le cursus honorum [13] romain par la charge de questeur [14] de l’empereur. Trois ans plus tard, il devient préteur [15].

Parallèlement, Hérode commence à se faire connaître comme orateur et comme professeur de rhétorique. Il compte notamment parmi ses élèves Marc Aurèle, le futur empereur.

En 135, il est nommé corrector [16] des cités libres d’Asie mineure [17]. Il en profite pour visiter à Smyrne [18] l’orateur Polémon de Laodicée, qui déclame devant lui et reçoit en récompense la généreuse somme de 250 000 drachmes.

Il se consacre particulièrement à Alexandrie de Troade [19], dépensant plus du double du budget approuvé par Hadrien pour la construction d’un aqueduc. Alors que l’empereur se plaint à Atticus de ces dépenses, ce dernier répond qu’il n’y a pas lieu de s’en faire et prend en charge la différence. Au sortir de sa charge, Hérode se consacre de nouveau à la rhétorique.

En 137/138, le père d’Hérode meurt. Il laisse derrière lui un testament qui octroie à chaque citoyen athénien mâle une rente annuelle d’une mine, ce qui représente, pour 12 000 bénéficiaires, un capital de 24 millions de drachmes investies à 5 %. Hérode conteste aussitôt le testament, se fondant sur le fait qu’une donation faite par un citoyen romain à un non citoyen doit revêtir la forme d’un fidéicommis [20], que l’exécuteur testamentaire a au reste le droit d’ignorer. Fort de ce point de droit, il propose un compromis, un versement unique de 5 mines en lieu et place de la rente annuelle.

Les Athéniens acceptent, mais pour voir défalquer du montant promis les dettes qu’eux-mêmes et leurs ancêtres ont contractées vis-à-vis de la banque hérodienne. Au final, très peu de citoyens bénéficient du testament de feu Atticus. Il semblerait même que, dans la foulée, Hérode annule des legs prévus par son père pour diverses liturgies. Philostrate souligne que les Athéniens eurent le sentiment d’avoir été spoliés de leur héritage et ne cessèrent jamais de haïr Hérode. Un procès est même intenté à Rome contre lui. Hérode est finalement acquitté, peut-être grâce à ses liens avec Marc Aurèle, fils adoptif du nouvel empereur Antonin le Pieux.

En 139, toutefois, Hérode est choisi pour présider la commission des Grandes Panathénées [21], sans doute parce que les Athéniens ne pouvaient se permettre d’évincer un homme aussi riche des liturgies. À cette occasion, il fait rénover le stade panhellénique en marbre blanc, ce qui fait dire à certains citoyens que le nom est bien mérité, puisque le bâtiment a été financé avec l’argent de tous les Athéniens. Dans le même temps, il épouse Appia Annia Regilla, apparentée aux Antonins ; il en aura 5 enfants, dont 2 fils.

En 143, Hérode est nommé consul ordinaire, peut-être en remerciement pour l’éducation de Marc Aurèle. À sa sortie de charge, il assiste aux Grandes Panathénées dans son nouveau stade panhellénique. En 147, Hérode reconstruit de même le stade des jeux Pythiques [22]. En remerciement, la cité de Delphes [23] consacre des statues à toute sa famille.

Ses discours reçoivent un accueil enthousiaste lors des Jeux olympiques de 153 : la foule l’acclame comme un second Démosthène. Sa femme reçoit la prêtrise de Déméter Chamyne, qui lui permet d’être la seule femme mariée à pouvoir regarder les Jeux. Ravi, il finance la construction d’un aqueduc reliant l’Alphée [24] à Olympie [25], ainsi que d’un nymphée [26].

Le reste de la décennie est plus sombre, son fils aîné Regillus et sa fille Athenais meurent, suivis par sa femme Regilla, tuée par l’un de ses affranchis.

Il fait bâtir en l’honneur de cette dernière l’odéon qui porte aujourd’hui son nom à Athènes, le Triopion [27] de la via Appia, ainsi que la fontaine Pirène à Corinthe. Malgré tout, la rumeur l’accuse d’avoir fait tuer sa femme.

Hérode meurt de la tuberculose à la fin de 177. L’un de ses disciples, Adrien de Tyr, est chargé de prononcer son oraison funèbre.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Hérode Atticus/ Portail de la Grèce antique/ Rhétorique grecque

Notes

[1] Marathon est un important dème de l’Athènes antique de la côte nord-est de l’Attique, aujourd’hui devenue Marathon, une ville de Grèce. D’après la tradition, Marathon aurait été fondée par Xouthos, fils d’Hellen. Marathon est associée à la geste de Thésée. Il y triomphe du taureau crétois qui dévastait les campagnes. Il y conclut son pacte d’amitié avec Pirithoos. Il y est rejoint par les Héraclides

[2] Les Céryces sont une famille d’eupatrides aristocratique sacerdotale descendante de Cécrops par Pandrose, et Céryx, fils d’Hermès. Au 5ème siècle av. jc, les familles des Philaïdes et des Alcméonides sont en concurrence avec les autres familles eupatrides de la cité, comme les Céryces ou les Eumolpides. Ces familles nouent parfois des alliances matrimoniales, mais elles se livrent également à de féroces luttes politiques pour le pouvoir et le prestige

[3] Les Julio-Claudiens ou dynastie julio-claudienne sont les membres de la famille impériale formant la première dynastie impériale romaine régnant sur l’Empire romain entre 27 av. jc et 68 apr. jc, entre Auguste et Néron. Cet ensemble familial, très complexe, puise sa désignation historique moderne dans l’alliance matrimoniale et familiale entre la gens Claudia et la gens Julia au détour des guerres civiles romaines qui traversent la fin de la République. À l’issue de son accession au pouvoir, Auguste mène en effet une complexe politique de mariages et d’associations au pouvoir entre lui, les enfants mâles de sa sœur (Marcellus), ainsi que ceux de sa fille Julia et de son beau-fils, Tibère, né d’un premier mariage de Livie avec Tibérius Claudius Néro, faisant de lui un membre des Claudii, adopté tardivement par Auguste face aux décès successifs de tous les autres héritiers potentiels.

[4] c’est-à-dire grand-prêtre du culte impérial

[5] Parfois, un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois. Le consul restant rétablit la collégialité par l’élection intermédiaire si le délai restant le permet ou par la désignation directe d’un consul suffectus (du participe passé du verbe sufficere, « remplacer »). Ce consul entre en fonction immédiatement, il a les mêmes privilèges et les mêmes pouvoirs que le consul remplacé mais il n’est en charge que pour la durée du mandat qui reste à couvrir. Enfin, le consul suffect ne donne pas son nom à l’année, à l’inverse du consul dit ordinaire.

[6] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[7] La rhétorique est à la fois la science et l’art de l’action du discours sur les esprits. Le mot provient du latin rhetorica.

[8] Aydın est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom bordant la mer Égée. Aux époques romaine et byzantine, elle était connue sous le nom de Tralles.

[9] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[10] c’est-à-dire chargé de la surveillance des prix des denrées agricoles

[11] L’archonte éponyme est, dans l’Athènes antique, le magistrat suprême, et le magistrat principal dans de nombreuses cités de la Grèce antique. Athènes comportait toutefois un conseil d’archontes formant une sorte de gouvernement exécutif. L’archonte éponyme, ou tout simplement l’archonte sans autre précision, préside les réunions de la Boulè, de l’ecclésia, anciennes assemblées athéniennes ; l’instruction des procès de droit privé incombe également à l’archonte. Il reste le chef de l’État nominal même sous la démocratie, qui réduit cependant son importance politique.

[12] inter amicos, titre donné aux conseillers impériaux

[13] Le cursus honorum est l’ordre d’accès aux magistratures publiques sous la Rome antique. Défini très tôt à une époque mal déterminée, il n’est formalisé que par la lex Villia Annalis en 180 av. jc. Cet ordre est obligatoire et permet de gagner des compétences et d’avoir pour magistrats suprêmes des hommes mûrs et expérimentés.

[14] Dans la Rome antique, les questeurs sont des magistrats romains annuels comptables des finances, responsables du règlement des dépenses et de l’encaissement des recettes publiques. Ils sont les gardiens du Trésor public, chargés des finances de l’armée et des provinces, en relation avec les consuls, les promagistrats et les publicains. Maintenue sous le Haut Empire avec son rôle comptable, cette fonction se réduit sous le Bas-Empire à une magistrature honorifique et coûteuse exercée uniquement à Rome.

[15] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.

[16] inspecteur des finances impériales

[17] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[18] aujourd’hui Izmir en Turquie

[19] Alexandrie de Troade est une cité portuaire de l’antiquité située en Mysie, au nord-ouest de l’Asie Mineure. Située à une quinzaine de kilomètres de l’antique Troie, elle se trouve dans la province actuelle de Çanakkale en Turquie en face de l’île de Bozcaada (ancienne Ténédos). Dans les écrits néotestamentaires de la Bible la ville est simplement appelée Troas.

[20] Le fideicommissum (de fideicommittere) est en droit romain une disposition de dernière volonté, non revêtue des formes solennelles des legs ou des institutions d’héritier, par laquelle quelqu’un (fideicommittens) chargeait une personne (fiduciarius) à laquelle elle faisait une libéralité, de transmettre à un tiers (fideicommissarius) tout ou partie du bénéfice de cette libéralité. Autrement dit, le mot latin fidéicommis (littéralement : laissé entre des mains fidèles) désigne une disposition juridique (souvent testamentaire) par laquelle un bien est versé à une personne via un tiers. Il y a fidéicommis quand une personne via son testament transmet tout ou partie de son patrimoine à un bénéficiaire, en le chargeant de retransmettre ce ou ces biens à une tierce personne désignée dans l’acte.

[21] Les Panathénées étaient des festivités religieuses et sociales de la cité d’Athènes. La fête annuelle des Panathénées avait lieu du 23 au 30 du mois d’hécatombéon premier mois de l’année attique, équivalent à la deuxième moitié de notre mois de juillet. Selon la tradition, elle est fondée par le roi mythique Érichthonios en l’honneur d’Athéna Polias, Thésée lui donnant son nom de « Panathénée » lors du synœcisme. Tous les quatre ans se tenaient également les Grandes Panathénées, qui comprenaient des concours panathénaïques et qui étaient de trois ou quatre jours plus longs (par exemple des concours de danse, de musique et de récitation d’Homère). Ces concours étaient les plus prestigieux pour les citoyens d’Athènes mais ils n’étaient pas aussi importants que les concours olympiques ou les autres concours panhelléniques.

[22] Les Jeux pythiques, parfois appelés Jeux delphiques, sont les plus importants des jeux panhelléniques après ceux d’Olympie, dans la Grèce antique.

[23] Au pied du mont Parnasse en Phocide, Delphes est le site d’un sanctuaire panhellénique où parlait l’oracle d’Apollon à travers sa prophétesse, la Pythie ; il abritait également l’Omphalos ou « nombril du monde ». Investi d’une signification sacrée, Delphes fut du 6ème siècle av. jc au 4ème siècle av. jc le véritable centre et le symbole de l’unité du monde grec.

[24] L’Alphée est un fleuve du Péloponnèse. Il est aussi appelé Roufia. Au Moyen Âge, il était appelé en français Charbon.

[25] Olympie est un centre religieux de la Grèce, dans le Péloponnèse, plus précisément dans une petite plaine de l’Élide, sur la rive droite de l’Alphée et au pied du Mont Cronion, et tout à proximité de la petite cité moderne d’Olympie, à environ 18 km de la ville de Pyrgos et de la mer Ionienne. À l’emplacement du site était l’Altis, un bois sacré, et l’Autel de Zeus. Le stade lui-même était au milieu d’un bois d’oliviers sauvages. Le site d’Olympie a accueilli les Jeux olympiques durant l’Antiquité, et aujourd’hui encore la flamme olympique y est allumée quelques mois avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques modernes.

[26] Un nymphée est un bassin recevant une source considérée à l’origine comme sacrée. Elle devient une fontaine publique monumentale dans la Rome antique, où elle se distingue de la « fontaine à bouche » qui n’a pas de dimension décorative.

[27] sanctuaire à Déméter