Fils d’un jurisconsulte éminent, lui-même juriste, peu intéressé par la politique, il fut proclamé empereur après l’assassinat de Domitien.
Il naît à Narnia [1] en Ombrie [2]. Sa famille entre au Sénat romain sous Auguste. Son père est un juriste renommé, et sa fortune est grande.
Nerva suit un cursus honorum classique, il est questeur [3], ensuite préteur [4] sous Néron, puis consul en 71 avec Titus comme collègue. En 90, il partagea cette fois le consulat avec Domitien.
En l’an 65, il participe à la répression de la conjuration de Pison [5] ourdie contre Néron et reçoit en récompense les ornements du triomphe, votés sur ordre par le Sénat.
En 93, il connaît une brève disgrâce et s’exile à Tarente. Il réussit néanmoins à traverser sans problème le règne despotique de Domitien. C’est un homme cultivé et modéré, dépourvu d’expérience militaire et de santé fragile.
Nerva était informé du complot contre Domitien monté par des sénateurs et le préfet du prétoire Petronius Secundus. Ceci expliqua la rapidité avec laquelle le Sénat le proclama le 18 septembre 96, au soir même de l’assassinat de Domitien.
Il ne régna que 2 ans, qu’il consacra à réparer les maux causés par son prédécesseur. Contrairement à Domitien, il s’efforça de gouverner en accord avec le sénat. Il rappela les proscrits, distribua de nombreuses terres aux pauvres, imposa des économies. Il forma une commission de cinq sénateurs chargés des économies sur les dépenses publiques, et charge un préteur d’arbitrer les litiges entre le fisc et les contribuables. Il allège les charges des villes italiennes en mettant au compte de l’Etat l’entretien des relais de la poste publique. Il dispense de l’impôt sur les successions directes les nouveaux citoyens qui viennent d’acquérir la citoyenneté romaine et libéra les juifs des taxes particulières auxquelles les avait soumis Domitien. Il soutient l’activité agricole italienne défaillante. De grands domaines sont divisés et distribués à des pauvres. Il envisage un système de prêts aux cultivateurs modestes, dont les intérêts financeraient les fils de famille pauvres. Trajan reprendra ce projet inabouti.
A Rome, il se borne à achever la construction du forum transitorium [6] commencée sous Domitien, et constituant un passage d’accès aux différents forums, serré entre d’une part le forum de César [7] et le forum d’Auguste [8], d’autre part le forum de la Paix [9], et s’ouvre sur le vieux forum romanum [10]. Ce forum transitorium sera aussi appelé forum de Nerva.
Fin 97, il remplaça Petronius Secundus au poste de préfet du prétoire par Casperius Aelianus, qui avait déjà exercé cette fonction sous Domitien. Ce fut un choix aventureux, Casperius Aelianus réclama avec ses soldats la tête des assassins de Domitien. Il dut cédé et laissa massacrer Petronius Secundus et Parthenius.
Il montra en tout une simplicité, une modération et une équité qui finirent par irriter les prétoriens. Assiégé dans son palais, il offrit en vain sa démission. Il eut encore le temps, avant de mourir, de se choisir comme successeur, en l’adoptant, un puissant chef militaire, Trajan.
En effet, le 28 octobre 97, il adopte solennellement Trajan, légat de la Germanie supérieure, général de la puissante Armée du Rhin et militaire à la compétence éprouvée. Le Sénat ratifie en accordant à Trajan le titre de César, la puissance tribunicienne et l’imperium majus. Une victoire de Trajan sur les Germains hausse encore son prestige. Il reçoit le titre de Germanicus, qu’il partage avec Nerva.
Le 1er janvier 98, Nerva inaugure le consulat avec Trajan et décède peu après, le 25 janvier 98, après 16 mois d’un règne bref, mais riche en initiatives heureuses : la succession est parfaitement organisée, l’accès au titre impérial s’ouvre aux provinciaux, et une longue période de gouvernement en collaboration avec les sénateurs commence. Ses mesures de soutien économique seront poursuivies par ses successeurs.