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Marcus Aurelius Antonimus dit Marc Aurèle

lundi 7 décembre 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 5 août 2011).

Marcus Aurelius Antonimus dit Marc Aurèle (121-180)

Empereur romain de 161 à 180

Marc Aurèle Empereur romain de 161 à 180

Il naquit dans les jardins du mont Célius [1], sous le second consulat de son aïeul, au sein d’une famille italienne qui vécut longtemps en Espagne. Après la mort de son père, alors qu’il n’avait que 3 ans, l’empereur Hadrien le prit sous sa protection et demanda, en 138, à son fils adoptif, Antonin, de l’adopter.

Son éducation fut profondément marquée par la philosophie stoïcienne [2]. Il vécut auprès de Hadrien de 138 à 161 dont il épousa la fille, Faustine la jeune, et fut associé tout jeune au gouvernement impériale.

Empereur en 161, il régna conjointement avec son frère adoptif, Lucius Verus, jusqu’à la mort de ce dernier en 169. sur 19 années de règne, il en consacra 17 à faire la guerre.

L’année de son accession au trône les Parthes [3] envahirent les provinces orientales de l’empire et l’armée romaine connut un premier désastre. Lucius Verus fut envoyé en urgence en orient. Mais l’essentiel de la direction des opérations fut confiée à 2 excellents généraux, Statius Priscus et surtout Avidius Cassius. Lucius Vérus installa sa cour à Antioche [4], ce qui lui valut des accusations de débauche et d’incompétence militaire. Entre 162 et 166, les Romains reprennent l’avantage et pillent les 2 grandes villes du royaume parthe, Séleucie du Tigre [5] et surtout la capitale Ctésiphon [6]. Il vainquit les Parthes après 5 années de campagnes.

À peine la guerre contre les Parthes est-elle terminée qu’une nouvelle menace apparaît aux frontières. Les peuples barbares installés dans les régions danubiennes, les Quades [7] et les Marcomans [8], menacent directement le nord de l’Italie. La menace est si forte que les 2 empereurs se rendent personnellement sur place en 168/169 et passent l’hiver en Aquilée [9]. En janvier 169 Lucius Verus meurt épuisé et malade et laisse ainsi Marc Aurèle comme seul empereur. Il lui faut plus de 5 années de 169 à 175 pour venir à bout de cette menace. Il s’appuya alors sur des généraux compétents comme Claudius Pompeianus son gendre, ou encore Pertinax, le futur empereur. Les offensives des peuples germaniques et scythes [10] l’obligèrent, jusqu’à sa mort à mener une guerre permanente qui put aller jusqu’à l’extermination de ses ennemis.

C’est alors qu’une fausse rumeur de la mort de Marc Aurèle conduit Avidius Cassius, gouverneur d’une large partie de l’Orient, à se proclamer empereur. La fidélité du gouverneur de Cappadoce [11], Publius Martius Verus, laisse le temps à l’empereur de lever des troupes et de se préparer à marcher sur le rebelle. Mais en juillet 175 celui-ci est assassiné.

Marc Aurèle juge plus prudent d’effectuer cependant un voyage en Orient avec sa femme, qui meurt en chemin, et son fils Commode. Il visite la Cilicie [12], la Syrie [13], l’Égypte puis au retour par Smyrne [14] et Athènes où, avec son fils, il est initié aux mystères d’Éleusis [15].

Étrange destin d’un empereur philosophe dont les 12 livres des Pensées constituent une œuvre majeure de la pensée stoïcienne.

Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante. Mais son règne se signala par des violences à l’égard de la religion chrétienne, qui connaît d’importantes persécutions. Ainsi en 165, Justin meurt martyr à Rome et en 177 une persécution a lieu à Lugdunum [16].

Il mourut en 160 de la peste qui ravagea l’empire romain pendant plusieurs années. Son fils Commode lui succéda

Il donna un traitement fixe aux rhéteurs [17] et aux philosophes, assura le recrutement des maîtres, assura au Sénat et avec les plus grands sénateurs un conseil de réflexion pour la cité, créa 4 chaires d’enseignements pour les grandes écoles philosophiques : l’Académie platonicienne, le Lycée aristotélicien, le Jardin épicurien et le Portique stoïcien.

Soucieux des questions de santé publique, il fait au mieux pour empêcher la terrible progression de la peste. Également concerné par les problèmes que pose l’exclusion et l’indigence, il fonda plusieurs établissements éducatifs pour 5000 jeunes filles pauvres et annula les dettes envers le trésor impérial mais renforce sa garde prétorienne [18]. Pour avoir favorisé le développement de la philosophie, il ne supporte pas le fanatisme des chrétiens et ne peut tolérer leur fétichisme pour le Christ. Il les persécuta, jugeant qu’ils étaient une menace pour l’unité, voire la cohésion de l’Empire.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Encyclopédie de l’Agora/ Marc-Aurèle/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 847

Notes

[1] Le Cælius est l’une des plus grandes des 7collines de Rome et se situe au sud-est de Rome, dans le rione de Celio. Elle s’étendait jusqu’à l’Esquilin avec laquelle elle se joignait près de la Porta Maggiore. La colline est longue d’environ 2 kilomètres et large de 400 à 500 mètres. La hauteur maximale de la colline est de 54 mètres.

[2] Le stoïcisme est un courant philosophique occidental issu de l’école du Portique fondée en 301 av.jc à Athènes, par Zénon de Cition. Le stoïcisme a par la suite traversé les siècles, subi des transformations notamment avec Chrysippe de Soles en Grèce et à Rome avec Cicéron, Sénèque, Épictète, Marc Aurèle, puis exercé diverses influences, allant de la période classique en Europe en particulier au 17ème siècle, chez René Descartes jusqu’à nos jours. Un des points qui distingue le stoïcisme des autres courants philosophiques issus de l’époque hellénistique est sa psychologie qui est à la base des thérapies cognitivo-comportementales modernes

[3] La Parthie est une région située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides, berceau de l’Empire parthe qui contrôle le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av.jc et 224 de notre ère. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord, aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan, et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.

[4] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[5] Séleucie du Tigre est une ville antique ruinée située en Irak, en face de Ctésiphon et à 35 kilomètres environ de Bagdad. Elle fut une des plus grandes cités de Mésopotamie à la fin de l’Antiquité, s’inscrivant dans l’histoire entre Babylone et Bagdad. Fondée par le successeur d’Alexandre le Grand, Séleucos 1er Nicator, elle devint rapidement une très grande ville et un centre commercial incontournable. Après son passage dans l’empire des Arsacides, elle resta fortement marquée par ses origines grecques, ce qui lui donnait une place à part dans l’empire et qui ne doit pas cacher le caractère très cosmopolite de l’agglomération.

[6] Ctésiphon1 est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km². Son seul vestige resté visible est la grande arche Taq-i Kisra au sud-est de la ville actuelle de Salman Pak.

[7] Les Quades sont un peuple germanique occidental, peut-être d’origine germano-celtique, connu notamment grâce à l’historien romain Tacite. Les Suèves ont longtemps été confondus avec les Quades, en raison d’une confusion avec le terme « souabe ». En réalité, les Quades sont surtout à rapprocher de leurs plus proches voisins germaniques, les Marcomans, avec lesquels ils partagèrent nombre de combats contre Rome.

[8] Les Marcomans (latin m. marcomani) sont un peuple germanique occidental, connu notamment grâce à l’historien romain Tacite qui les situe entre Naristes et Quades, dans l’actuelle Moravie. Au début du 1er siècle de l’ère chrétienne, les Marcomans créent un royaume éphémère « centré sur la Bohême qui venait d’être enlevée aux Celtes Boïens » ; leur plus grand roi, Marobod avait été otage à Rome durant sa jeunesse. C’est également vers cette époque que naît l’alphabet germanique runique, ou Futhark, dont les Marcomans sont peut-être les auteurs.

[9] Aquilée est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av.jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un centre religieux chrétien de premier plan, entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, siège du patriarcat d’Aquilée.

[10] Les Scythes sont un ensemble de peuples nomades, d’origine indo-européenne, ayant vécu entre le 7ème siècle et le 3ème siècle av. jc dans les steppes eurasiennes, une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï, en passant par le Kazakhstan. Les Perses désignaient ces peuples par le nom de Saka, francisé en Saces. Les sources assyriennes mentionnent les Saces dès 640 avant l’ère chrétienne.

[11] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[12] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[13] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[14] aujourd’hui Izmir, en Turquie

[15] Dans la religion grecque antique, les Mystères d’Éleusis faisaient partie d’un culte à mystères, de nature ésotérique, effectué dans le temple de Déméter à Éleusis (à 20 km à l’ouest d’Athènes). Au cours de leur évolution, les mystères d’Éleusis se sont ouverts d’abord à tous les Grecs, puis à tout homme ou femme, libre ou esclave, parlant grec. L’initiation comportait plusieurs degrés. Ces mystères étaient traditionnellement consacrés non seulement à Déméter et à sa fille Perséphone, mais aussi à Pluton, c’est-à-dire aux divinités de la terre et des morts, ainsi qu’à Dionysos sous son nom favori d’Iacchos auquel il a été assimilé

[16] Lyon

[17] La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours).

[18] Dans l’Antiquité romaine, la garde prétorienne était une unité de l’armée romaine constituée de soldats d’élite initialement recrutés en Italie. Ces unités tirent leur origine du petit groupe d’hommes dont s’entouraient les magistrats républicains connus sous le nom de préteurs et leur nom du camp des légions romaines où était dressée la tente du commandant de la légion, le prétoire, quand ils partaient en campagne. C’est l’une des unités militaires les plus célèbres de l’histoire romaine.