Charles V Le Sage (1337-1380)
Roi de France (1364-1380)

Fils aîné de Jean Il le Bon et de Bonne de Luxembourg. Né au château de Vincennes [1], l’écart de la Pissotte, paroisse de Montreuil en 1337, il est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Pierre Saint-Paul de Montreuil [2].
C’est à la mort de son père, le 8 avril 1364, que le duc de Normandie [3] devient roi de France, sous le nom de Charles V.
Il fut le premier fils de France à porter le titre de dauphin de Viennois [4], en même temps que celui de duc de Normandie de 1350 à 1364. Il est le troisième souverain de la branche capétienne des Valois qui succéda aux Capétiens directs à la mort du dernier représentant de ceux-ci, Charles IV le Bel, en 1328.
Il épousa Jeanne de Bourbon sa cousine en 1350. Ces liens de consanguinité expliquent en grande partie les difficultés qu’ils eurent pour garder en vie leurs enfants et probablement la folie de Charles VI. Il fut sacré roi à Reims [5] le 19 mai 1364.
Charles V contraste avec son père. De constitution moins robuste, il est beaucoup plus réfléchi et moins tenté par leur armes, qu’il laisse à celui qui sera son atout maître contre les Anglais, le connétable Bertrand du Guesclin.
La veille du sacre royal, Charles apprit avec joie la victoire de Bertrand Du Guesclin à Cocherel [6] sur les anglo-navarrais. Après avoir perdu ses deux filles aînées le roi tomba souvent malade et la joie fut grande dans le royaume lorsqu’en 1368 naquit un héritier qui sera le futur Charles VI.
Il a exercé le pouvoir royal, en tant que régent, pendant la captivité de son père à Londres, entre 1356 et 1360. Il lui a alors fallu faire face à la révolte des Parisiens, fomentée par Etienne Marcel, aux complots et aux menaces deCharles le Mauvais, aux jacqueries [7]. C’est à ses barons Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson, et d’autres, qu’il confie la reconquête du royaume.
En 1361, meurt Philippe de Rouvres, dernier des ducs de Bourgogne capétiens [8], adopté par Jean le Bon qui avait épousé sa mère, veuve du duc précédent. Comme il n’y a pas d’héritier mâle, le duché est réuni à la couronne par Jean. Charles V doit cependant attribuer un fief à son frère Philippe le Hardi, à qui il fait épouser la veuve de Philippe de Rouvres.
Philippe est donc à l’origine de la puissante Maison de Bourgogne (Bourgogne et Flandre notamment) qui donnera tant de fil à retordre aux rois suivants. En mars1365, est signé le traité d’Avignon [9]. Charles le Mauvais abandonne à Charles V ses possessions en Basse seine en échange de la ville de Montpellier [10]. Le 12 avril 1365 le traité de Guérande [11] consacre Jean IV de Montfort duc de Bretagne à condition qu’il prête hommage à Charles V.
Le15 janvier 1369, a lieu la rupture du traité de Calais [12] qui provoque la reprise de la guerre. Édouard III se proclame à nouveau roi de France. Le 14 mars, Du Guesclin remporte la victoire de Montiel [13]. En Novembre, Charles V confisque l’Aquitaine [14]. Le 19 septembre 1370, a lieu le sac de Limoges [15] par le Prince Noir. Le 2 octobre, Du Guesclin bat Robert Knoll à Pontvallin [16] après que celui-ci eut ravagé l’Île-de-France et l’Ouest et la Bretagne.
C’est grâce à Du Guesclin qui remporta à cause de sa guerre de harcèlement et à la reconstitution de la flotte française plusieurs victoires sur les anglais qu’il obtint la restitution du Poitou [17], de la Saintonge [18] et de la Guyenne [19] (sauf Bordeaux). Pour reconquérir la Normandie, Charles V n’hésitera pas à séquestrer les fils du roi de Navarre, Charles le Mauvais. Dans le jeu diplomatique européen, le roi noue des alliances avec Milan [20], dont le seigneur, Jean Galéas Visconti, était son propre beau-frère. Ses liens de parenté avec les Luxembourg [21], il était le neveu, par sa mère Bonne de Luxembourg, de l’empereur Charles IV, lui valent également la neutralité bienveillante de l’Empire
Dans le même temps, le roi restaure les finances. Il crée une flotte. Des réformes de l’administration du royaume ont lieu et portent notamment sur les impôts, dont le système de collecte s’améliore. Des ordonnances visant à la création d’une armée moderne et à l’organisation de la défense du royaumes sont prises. Dans ses réformes financières, il n’oublie pas la ville qui l’a vu naître. Il confirme l’ordonnance royale qui exempte par lettres patentes les habitants de Montreuil [22] de toutes les impositions, logement et nourriture des gens de guerre à condition qu’ils entretiennent à leurs dépens les fontaines de Montreuil desquelles les eaux allaient au vivier de Vincennes ; ainsi que les conduits, tuyaux et regards par où "passaient les eaux bonnes à boire consommées au château".
Sur le plan culturel, le règne de Charles V constitue un moment d’apogée.
Dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture, d’importants travaux sont alors entrepris, qui permettront notamment l’amélioration du système défensif de Paris (enceinte de Charles V, achèvement de Vincennes, construction de la Bastille, aménagements du Louvre et de l’hôtel Saint-Pol). Le sculpteur André Beauneveu est appelé à la Cour et se voit confier l’exécution des tombeaux royaux à Saint-Denis.
Mécène, il collectionne les manuscrits, s’entoure de savants, se passionne pour l’astrologie. Le mécénat de Charles V est tout spécialement actif dans le domaine des lettres : outre les textes d’intérêt historique comme les Grandes Chroniques de France [23] dont il ordonne la continuation et la mise à jour, le "sage roi" inaugure, à des fins d’utilité publique, une politique mûrement réfléchie de traductions en français de divers textes importants touchant aux domaines intellectuels les plus variés (théologie, philosophie et philosophie politique, morale, histoire, sciences naturelles, astronomie et astrologie, histoire et géographie). Pour ces traductions, il fait appel à une équipe d’intellectuels de grande volée [24]. Il constitue parallèlement une collection de livres d’une ampleur sans précédent, dispersée entre diverses résidences mais installée principalement au château du Louvre*, sur trois étages de la tour nord-ouest, dite de la Fauconnerie. Un premier inventaire de la " librairie " du Louvre fut dressé dès 1373, par Gilles Malet , garde des livres du roi. Le récolement de ce premier inventaire, en 1380, décrit 910 articles. Une autre partie des livres du roi, les plus luxueux, formait une sorte de mémorial à la gloire de la dynastie et était abritée derrière les épaisses murailles du donjon de Vincennes avec d’autres objets précieux des collections royales.
Les commandes royales stimuleront l’enluminure parisienne qui connaîtra un nouvel essor à la fin du 14ème siècle. Le faste de Charles V fut imité par ses frères, Louis d’Anjou, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et surtout Jean de Berry. Certains grands seigneurs encouragent comme lui les traductions, tel Gaston Phébus, à qui fut dédiée une traduction occitane du "Liber de proprietatibus rerum" de Barthélemy l’Anglais . L’art de la Cour rayonne sur toute l’Europe. Son influence s’étend jusqu’à Barcelone [25].
Inquiet de sa succession, car il redoute de mourir tôt et que les 2 fils, Charles et Louis qu’il a eus de Jeanne de Bourgogne, soient écartés du trône, il établit définitivement les règles de la succession royale, selon la loi salique qui refuse aux femmes la couronne de France. Enfin, il se veut "vicaire de Dieu en la temporalité". C’est lui qui fixe la majorité royale à 14 ans, par l’ordonnance de Vincennes en 1374.
Sur 9 enfants royaux, 3 seulement devinrent adulte et la reine mourut en couche à 39 ans en mettant au monde son neuvième enfant.
Quant au roi Charles V il se remit très mal de sa maladie, certains pensèrent qu’on l’avait empoisonné, il souffrait de douloureux maux de reins et à 40 ans il ne sortait plus qu’en litière. Il meurt au château de Beauté [26] le 13 septembre 1380 laissant derrière lui un héritier au trône âgé de 12 ans et une France aux frontières (provisoirement) bien reconstituée. Les Anglais ne gardent que quelques villes portuaires. Les Français ont presque tout récupéré, Flandre comprise. La Bretagne rentrera sous influence française en 1381. Mais le royaume est ruiné par la guerre, la Peste, les conflits sociaux, et les impôts sont devenus écrasants. La fin du règne de Charles V est assombrie par le retour à Rome, en 1378, de la papauté, installée depuis 1309 à Avignon. Cet évènement sera à l’origine du Grand Schisme d’Occident qui divisera l’Europe chrétienne jusqu’en plein 15ème siècle.
Notes
[1] Le château de Vincennes est une forteresse située à Vincennes, dans la banlieue est de Paris, dont la construction a duré du 14ème au 17ème siècle. C’est le plus grand château fort royal subsistant en France et, du fait de la hauteur de son donjon une des plus hautes forteresses de plaine d’Europe. François 1er fait réaménager le pavillon construit par Louis XI pour y résider lors de ses séjours à Paris. Henri II transfère le siège de l’ordre de Saint-Michel à Vincennes ; il confie l’achèvement des travaux de la Saint-Chapelle à son architecte favori, Philibert Delorme. La chapelle est enfin inaugurée en 1552. En février 1574, la cour se réfugie au château de Vincennes où Charles IX, gravement souffrant, décède le 30 mai dans les appartements du donjon. François d’Alençon et Henri de Navarre, assignés à résidence à la cour, deviennent les hôtes contraints du château. Après l’assassinat d’Henri IV, son fils, le jeune Louis XIII, est installé à Vincennes dans l’ancien pavillon de Louis XI et y passe une partie de sa jeunesse. Le château devient ainsi la troisième résidence royale. C’est de Vincennes que Louis XIV se rendit le 13 avril 1655, « en habit de chasse » au parlement de Paris, faire lit de justice pour imposer ses édits fiscaux. L’architecte Louis Le Vau construit les ailes (dites « pavillons ») du Roi et de la Reine. Il construit l’aile de la Reine en 1658 et l’aile du Roi en 1661, ces deux ailes reliées par un portique au nord et au sud entourant la cour royale. Le cardinal de Mazarin y décède le 11 mars 1661 et sa dépouille est exposée dans la Sainte-Chapelle.
[2] L’église Saint-Pierre-Saint-Paul est une église de Montreuil, commune de la Seine-Saint-Denis, située à l’intersection du boulevard Henri-Barbusse, de la rue Franklin (ancienne rue aux Ours) et de la rue de l’Église. Son chevet donne sur le 2 rue de Romainville. Elle fait partie de la paroisse catholique de Montreuil au sein du diocèse de Saint Denis.
[3] Le duché de Normandie est un duché féodal du royaume de France qui a existé de 911 à 1469, d’abord comme principauté largement autonome, puis après sa conquête par le roi de France en 1204, comme partie du domaine royal ou comme apanage. Louis XI supprime le duché en 1469. Toutefois, il subsiste pour sa partie insulaire (les îles Anglo-Normandes) comme dépendance de la couronne britannique. Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal carolingien.
[4] Les comtes d’Albon puis dauphins de Viennois, seigneurs du Dauphiné de Viennois, furent les premiers à porter le titre de dauphins de Viennois. Ce surnom vient du fait que de nombreux comtes de Viennois ont porté comme second prénom Dauphin, équivalent assez peu courant au masculin du prénom féminin Delphine (ou Dauphine), et ce depuis Guigues IV Dauphin, comte d’Albon et du Viennois de 1133 à 1142.
[5] Le diocèse de Reims a été érigé au 3ème siècle et a été élevé en archevêché dès le 4ème siècle. Une des prérogatives des archevêques de Reims fut de sacrer les rois de France, avec l’huile de la Sainte Ampoule. Dans la cathédrale de Reims, de Henri 1er à Charles X, trente rois de France furent sacrés en ces lieux.
[6] La bataille de Cocherel a lieu le jeudi 16 mai 1364 entre Charles V de France dont l’armée est commandée par Bertrand Du Guesclin, et Charles II de Navarre dont les troupes sont sous les ordres du captal de Buch Jean de Grailly ainsi que des archers anglais sous Blancbourg et Jean Jouel et des compagnies de routiers commandées par Arnaud-Amanieu d’Albret du côté anglais et Arnaud de Cervolle dit l’Archiprêtre du côté français.
[7] Le terme jacquerie désigne la Grande Jacquerie de 1358, et, par extension, de nombreuses révoltes paysannes dans l’Occident médiéval et dans l’Europe d’Ancien Régime. Il est aussi utilisé pour désigner des révoltes paysannes de la période révolutionnaire et, de façon analogue, en sciences politiques pour désigner tout soulèvement paysan. La question sociale est longtemps d’abord la question agraire, le régime de propriété et d’usage des terres agricoles, et des abus ressentis : esclavage, féodalisme, servage, mouvement social, cahier de doléances, redistribution des terres...
[8] Le duché de Bourgogne est fondé en 880 à partir du royaume de Bourgogne, par les rois carolingiens Louis III et Carloman II et les membres princiers de leur famille qui se partagent l’Empire carolingien de Charlemagne dont ils ont hérité. Ils féodalisent tous les royaumes carolingiens de France en duchés et comtés vassaux des rois de France. Richard II de Bourgogne (dit Richard le Justicier) est nommé marquis puis premier duc de Bourgogne et un des six pairs laïcs primitifs de France par son suzerain le roi Louis III.
[9] Le 6 mars 1365 est signé le traité d’Avignon. Charles II de Navarre, dit le Mauvais abandonne à Charles V de France ses possessions de Meulan, Mantes et le comté de Longueville en échange de la ville et seigneurie de Montpellier. Charles de Navarre renonce aussi à ses droits sur la Bourgogne, la Champagne et la Brie.
[10] La Seigneurie de Montpellier était une juridiction médiévale centrée sur la ville de Montpellier (France) et de ses environs. La Seigneurie de Montpellier voit le jour le 26 novembre 985, lorsque le comte Bernard II de Melgueil (Mauguio) octroie au chevalier Guilhèm en échange de son dévouement, l’ancien territoire situé entre l’antique voie domitienne, le Lez et La Mosson. Ses héritiers construiront sur leur nouveau fief un véritable bourg fortifié, doté d’un château et d’une chapelle qui deviendra la ville de Montpellier.
[11] Le premier traité de Guérande est signé en 1365. Il met fin à la première guerre de Succession de Bretagne qui opposait Jeanne de Penthièvre, nièce du dernier duc Jean III, soutenue par son époux Charles de Blois, à Jean de Montfort, demi-frère du précédent. Après sa mort, son fils Jean IV reprend sa revendication et finit par triompher à la bataille d’Auray.
[12] Calais est une commune française, sous-préfecture du département du Pas-de-Calais. Sa proximité avec l’Angleterre fait de Calais une place militaire stratégique. L’histoire de la ville est marquée par plusieurs sièges
[13] La bataille de Montiel est une bataille de la guerre de Cent Ans, qui s’est déroulée le 14 mars 1369 sous les remparts du château de l’Étoile. Elle opposa les forces castillanes, composées de l’armée de l’émirat de Grenade et des partisans de Pierre 1er de Castille, dit Pierre le Cruel, aux forces franco castillane, commandées par Du Guesclin et Olivier de Mauny venus soutenir les prétentions au trône de Castille d’Henri de Trastamare, demi-frère du roi. Elle vit la victoire définitive des Franco Castillans. Pierre le Cruel est tué quelques jours après dans la nuit du 27 au 28 mars au cours d’une rixe qui l’opposait à Henri de Trastamare. Ce dernier s’empare de la couronne de Castille, et règne sous le nom d’Henri II.
[14] L’Aquitaine est le nom donné depuis au moins le 1er siècle av. jc à une région ancrée sur la façade Atlantique et le versant nord des Pyrénées. En 507, Clovis, appelé par les évêques de Novempopulanie, l’intègre au royaume des Francs, en battant Alaric II, roi des Wisigoths, à la bataille de Vouillé. 671 voit l’indépendance de l’Aquitaine, dirigée par le duc Loup 1er de Vasconie. Entre 719 et 732, les ducs Eudes et son fils Hunald 1er détiennent l’Albigeois où ils ont des biens. Eudes combat les Sarrasins en Albigeois. En 721, le duc Eudes bat le Califat omeyyade à la Bataille de Toulouse. 732 voit la défaite du duc d’Aquitaine et l’invasion de la Vasconie par l’émir Abd el Rahman, arrêté à la bataille de Poitiers par Charles Martel, qui commence la réunion de l’Aquitaine sous contrôle des Vascons au royaume franc. 742 et 743 voient les campagnes des fils de Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref, contre l’Aquitaine et la Vasconie (et la Bavière). Entre 760 et 768, Pépin le Bref entreprend chaque printemps des expéditions sanglantes contre le duc Waïfre, fils d’Hunald 1er. Le 2 juin 768, ce dernier est finalement tué par un des siens, Waratton, sur ordre de Pépin. En 778, l’armée de Roland, piégée par le wali de Saragosse, a été défaite par les Vascons dans les montagnes basques de Roncevaux en revenant de Pampelune. Puis Charlemagne crée en 781 pour son fils Louis le Débonnaire alors âgé de 3 ans, le royaume d’Aquitaine englobant les territoires du Rhône à l’Atlantique.
[15] À partir du 12ème siècle, Limoges, lieu de couronnement traditionnel des ducs d’Aquitaine, est l’une des principales villes de la dot d’Aliénor d’Aquitaine. La majeure partie de son histoire médiévale se calque sur celle des guerres entre Plantagenêts et Capétiens. Richard Cœur de Lion est couronné duc d’Aquitaine lors de deux cérémonies tenues successivement à Poitiers, puis, dans la grande tradition des monarques d’Aquitaine, à Limoges en 1172. À la tête de l’empire Plantagenêt, le roi-chevalier meurt en avril 1199 à Châlus, place-forte défendant l’accès sud-ouest de Limoges, lors d’une expédition punitive contre son vicomte, Adémar V de Limoges. Au 14ème siècle, les affrontements entre rois de France et rois d’Angleterre, détenteurs du duché d’Aquitaine dont relève Limoges, culminent à l’occasion de la guerre de Cent Ans. Entre deux événements guerriers, Limoges doit faire face aux pillages des routiers et brabançons désœuvrés. Constituant toujours une « ville double », partagée entre la Cité et le Château, les bourgeois (par leurs consuls), évêques et vicomtes de Limoges jouent des alliances et protections, chacun selon les opportunités du moment. Ainsi, en 1370, la Cité ouvre ses portes aux troupes du roi de France, alors que le Château reste fidèle au roi anglais. Cet événement sera d’ailleurs l’occasion, pour le Prince Noir, de mettre à sac la Cité.
[16] La bataille de Pontvallain est une victoire de l’armée française contre les Anglais, le 4 décembre 1370, pendant la guerre de Cent Ans, à Pontvallain, dans le comté du Maine.
[17] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.
[18] La Saintonge est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Partie intégrante de la province romaine d’Aquitaine ou Aquitania durant l’antiquité (Saintes devenant la première capitale de ce vaste ensemble), elle est ensuite placée selon les époques dans la mouvance des rois et ducs d’Aquitaine, des comtes d’Anjou puis des comtes de Poitiers ramnulfides, avant d’être de nouveau intégrée au duché d’Aquitaine pour plusieurs siècles.
[19] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.
[20] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.
[21] Le comté de Luxembourg, en tant que principauté territoriale, est une création des descendants de Sigefroi. Conrad 1er est le premier à porter explicitement le titre de comes de Luccelemburc. Le château fort Lucilinburhuc devient le point d’ancrage à partir duquel s’opère le rassemblement territorial au cours des 11, 12 et 13ème siècles. L’agrandissement du territoire se fait par les mariages, par l’achat de terres, par les liens de vassalité et surtout par la guerre. Les comtes de Luxembourg réussissent à soumettre leurs rivaux, même s’ils subissent parfois des revers comme à la bataille de Worringen en 1288, où le comte Henri VI et trois de ses frères tombent, mortellement blessés. À la fin 13ème siècle, le comté de Luxembourg occupe un vaste espace situé entre Meuse et Moselle. Il a la particularité d’être situé à cheval sur la frontière linguistique, une partie étant germanophone et une autre francophone.
[22] Dès 1260, les sources de la ville de Montreuil alimentent en eau le château de Vincennes. En échange, en 1360, les Montreuillois, qui de plus ont beaucoup souffert dans les guerres sous le roi Jean Le Bon, sont exemptés d’une quantité d’impôts, de taille et de corvées, à condition qu’ils entretiennent à leurs frais les fontaines de Montreuil, qui alimentent le vivier du château de Vincennes. Ces exemptions sont confirmées, en 1363, par Charles V et, en 1380, par Charles VI. Ces privilèges favorisent le développement de la ville, mais entraîneront son déclin au XVIe siècle, lorsque les rois de France délaissent Vincennes pour d’autres résidences.
[23] Les Grandes Chroniques de France sont une chronique prestigieuse, souvent enluminée, retraçant l’histoire du royaume de France en ancien français, rassemblée pour la première fois sur demande royale de Louis IX et augmentée ensuite dans des éditions mises à jour jusqu’en 1461. L’initiative de cette chronique est due à Saint Louis qui souhaitait que l’histoire transmise des Francs (depuis leur origine troyenne mythique, les Grandes Chroniques reprenant largement les Chroniques de Saint-Denis qui avaient déjà avancé cette thèse) soit conservée et mieux connue. Les Grandes Chroniques couvrent l’origine des Francs, depuis leur ancêtre troyen supposé jusqu’à Clovis, l’époque mérovingienne, les dynasties carolingiennes et capétiennes directes des Rois de France jusqu’à l’Histoire contemporaine de la rédaction des Chroniques (dont les éditions allant le plus loin poussent jusqu’à l’année 1461). Le tout est le plus souvent illustré d’enluminures de grande qualité (dont une édition illustrée par Jean Fouquet).
[24] Raoul de Presles, Nicole Oresme notamment, mais aussi Jean Corbechon, traducteur de Barthélemy l’Anglais
[25] Barcelone est la capitale administrative et économique de la Catalogne, de la province de Barcelone, de la comarque du Barcelonès ainsi que de son aire et de sa région métropolitaines, en Espagne. Lors de la guerre de Succession (1701-1714), Barcelone, comme la plupart de la Catalogne, prit le parti de l’archiduc Charles contre le roi Bourbon, Philippe V. Après le siège de 1697, la ville s’ouvre à l’armée de l’archiduc et le proclame roi sous le nom de Charles III. Barcelone est assiégée par les Franco-Espagnols en 1705 et 1706, puis à nouveau de juillet 1713 à septembre 1714. La capitulation a pour conséquence, dans le cadre de la politique centralisatrice et répressive des Bourbon, la disparition des institutions propres à la Catalogne (conseil de Cent et Generalitat).
[26] Le château de Beauté est une demeure royale du 14ème siècle, détruit au 17ème siècle, située au lieu-dit de Beauté, à l’orée du bois de Vincennes et sur l’actuelle commune de Nogent-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. Construit ou réhabilité vers 1375, sous l’impulsion du roi de France Charles V dit « le Sage », le château est alors constitué d’une tour de base carrée à quatre étages, d’un corps de logis, d’une bibliothèque et d’une chapelle. L’ensemble est entouré par une enceinte fortifiée. Son domaine, qui se développe en surplomb de la Marne, est également doté de plusieurs bâtiments annexes, dont notamment un moulin, une fontaine et un pavillon situé sur l’île dite de « Beauté ». À cette époque, en 1378, le château de Beauté accueille notamment l’empereur Charles IV, oncle par alliance du roi Charles V, pour une visite diplomatique qui se conclut par le titre honorifique de « vicaire perpétuel » pour le Royaume d’Arles et le Dauphiné conféré au dauphin, futur Charles VI.