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L’histoire pour le plaisir

Bertrand Du Guesclin

jeudi 17 décembre 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 3 août 2012).

Bertrand Du Guesclin (1320-1380)

Homme de guerre

Bertrand Du Guesclin Homme de guerre

Aîné d’une famille pauvre mais noble de la Bretagne française, célèbre pour son courage et sa laideur, Bertrand du Guesclin fait le désespoir de sa mère qui ne se console pas d’avoir un fils aussi laid et aussi turbulent. Elle en conçoit un tel déplaisir que Bertrand est devenu son souffre-douleur ; le seul, parmi ses frères et sœurs, à n’être jamais admis à la table familiale.

Maltraité par ses parents, l’enfant se rattrape sur ses camarades qu’il roue de coups lorsque ceux-ci refusent de jouer à la guerre avec lui. Si bien que Bertrand n’a jamais pris le temps d’étudier. Au service du roi Jean le Bon, il devient, vers 1342, une sorte de Robin des Bois. Avec sa petite troupe de partisans, il attaque et rançonne les Anglais qui s’aventurent dans la forêt de Brocéliande [1], en Bretagne du Nord.

C’est pendant la guerre qui s’ouvre pour la succession de Bretagne que Bertrand du Guesclin commence à s’illustrer. Il réinvente le harcèlement des troupes par ruses et subterfuges, qu’on appelle aujourd’hui guérilla et qui, de tout temps, su faire échec aux armées les plus puissantes. Il devient vite la terreur des occupants qui l’ont surnommé “le Dogue noir de Brocéliande”. Il se bat aux côtés de Charles de Blois, neveu du roi de France, contre Jean de Montfort, allié aux Anglais.

En 1356, il oblige les troupes Anglaises de Henri de Lancastre ou Henri de Grosmont à abandonner le siège de Rennes. C’est Charles de Blois lui-même qui l’arme chevalier en 1357.

Les 7 et 11 avril 1364, il remporte les batailles de Mantes [2] et de Meulan [3] et encore, le 16 mai, celle de Cocherel [4] ou il bat l’armée du roi de Navarre Charles le Mauvais et capture Captal de Buch leur commandant en chef.

Cette dernière victoire, remportée la veille du couronnement du roi Charles V lui vaut sa nomination comme capitaine de Normandie et le titre de comte de Longueville [5]. Lorsque le 27 septembre 1364, a titre personnel il participe alors à la bataille d’Auray [6] en compagnie de Charles de Blois ou il est fait prisonnier par les Anglais le roi n’hésite pas à payer la rançon de 40 000 florins d’or. Le roi lui demande alors de débarrasser le royaume des grandes compagnies [7] qui pillent les campagnes. Il entraîne les “ routiers ”, qu’il soumet, à soutenir Henri de Trastamare qui prétend au trône de Castille [8] contre Pierre le Cruel, allié des Anglais. Il réussit à faire reconnaître roi de Castille Henri de Trastamare contre Pierre le Cruel.

Une nouvelle fois, le 3 avril 1367, à Najera [9], il est fait prisonnier par le prince noir.

Ce dernier le fera soigner et le libérera contre une rançon de 60 000 florins. Du Guesclin, libéré, continue la lutte aux cotés de Henri de Trastamare. Le 14 mars 1369, il bat le roi de Castille Pierre 1er à Montiel [10], au sud-est de la Castille. Cette bataille met fin à la première guerre civile espagnole. Elle a opposé pendant une quinzaine d’années l’héritier légitime de Castille aux bâtards de son père.

De retour en France, il se bat dans le Rouergue [11], l’Agenais [12], le Périgord [13]. Il fait, auprès du duc d’Anjou, le siège de Tarascon [14], marche sur Aix [15] et Arles [16].

Son excommunication par le pape n’empêche pas Charles V de faire de lui, le 2 octobre 1370, le connétable du royaume [17]. Dans les années qui suivent, il reconquiert, pour le roi, le Poitou [18], la Saintonge [19]. Il se bat encore en Bretagne que Charles V peut annexer à la France en 1378.

En 1380, il va se battre contre les routiers Anglais en Auvergne. Le 9 juillet, il fait le siège de Châteauneuf de Rondon [20] en Auvergne, où la maladie et l’épuisement l’emportent le 13 juillet.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Laurence Moal, Du Guesclin : images et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015

Notes

[1] La forêt de Paimpont, parfois identifiée à la forêt mythique de Brocéliande, est une forêt française située autour de Paimpont dans le département d’Ille-et-Vilaine en Bretagne à environ 30 km au sud-ouest de Rennes. D’une surface de 9 000 hectares, elle fait partie d’un massif forestier plus large qui couvre les départements voisins du Morbihan (avec le camp de Coëtquidan) et des Côtes-d’Armor pour s’étendre sur une surface totale de 19 500 ha environ.

[2] Le siège de Mantes, également appelé prise de Mantes, eu lieu le 7 avril 1364, et oppose les troupes de Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui tiennent la ville, aux troupes du maréchal de Boucicault et de Bertrand Du Guesclin qui prennent la ville par ruse.

[3] Le siège de Meulan, également appelé prise de Meulan, eu lieu le 11 avril 1364, et oppose les troupes de Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui tiennent la ville, aux troupes du maréchal de Boucicault et de Bertrand du Guesclin.

[4] La bataille de Cocherel a lieu le jeudi 16 mai 1364 entre Charles V de France dont l’armée est commandée par Bertrand Du Guesclin, et Charles II de Navarre dont les troupes sont sous les ordres du captal de Buch Jean de Grailly ainsi que des archers anglais sous Blancbourg et Jean Jouel et des compagnies de routiers commandées par Arnaud-Amanieu d’Albret du côté anglais et Arnaud de Cervolle dit l’Archiprêtre du côté français.

[5] Le comté de Longueville a appartenu à divers personnages célèbres. Il a été érigé en duché en 1505. La seigneurie de Longueville était le chef d’un honneur ayant appartenu à la famille Giffard. Guillaume le Maréchal reçoit la moitié de cet honneur en droit de sa femme, Isabelle de Clare, fille de Richard de Clare dit Strongbow en 1191. L’héritier de l’autre moitié est Richard de Clare, 3ème comte d’Hertford. Après 1204, Guillaume le Maréchal parvint à conserver sa partie, qui appartenait encore en 1219 à sa veuve Isabelle de Clare et à ses enfants en 1219. À la mort d’Isabelle de Clare, son fils Guillaume II le Maréchal cède à son cadet Richard ses terres en Normandie, soit les honneurs de Longueville et d’Orbec. Richard meurt sans descendance, et le roi Louis IX de France s’empare de ses terres. En 1305, le comté est donné par Philippe IV le Bel à son ministre Enguerrand de Marigny. Philippe décédé en 1314, Louis de France lui succède et récupère le comté après la disgrâce du ministre de son père. Il appartint à la famille des comtes d’Évreux jusqu’à la mort de Philippe de Navarre, frère de Charles le Mauvais en 1363. Charles V offrit le comté à Bertrand du Guesclin le 27 mai 1364.

[6] La bataille d’Auray du 29 septembre 1364 est la dernière bataille de la guerre de Succession de Bretagne, guerre régionale qui s’inscrit dans la rivalité franco-anglaise de la guerre de Cent Ans. Elle oppose une armée anglo-bretonne aux ordres de Jean III de Montfort à une force franco bretonne soutenant le parti de Charles de Blois

[7] Les compagnies de mercenaires recrutées du 12ème siècle au 14ème siècle, privées d’employeurs pendant les périodes de paix, se regroupaient en bandes appelées grandes compagnies, et vivaient au détriment des populations. Ces mercenaires étaient alors désignés comme « routiers » car appartenant à une route (troupe en français de l’époque).

[8] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.

[9] La bataille de Nájera eut lieu le 3 avril 1367, pendant la première guerre civile de Castille. En application du traité de Libourne signé avec Pierre le Cruel et Charles le Mauvais, le Prince Noir pénètre par la Navarre en Castille avec son armée et la certitude de remporter la victoire sur les troupes franco-castillanes. Bertrand Du Guesclin possède l’expérience nécessaire pour vaincre le Prince Noir : il l’avait combattu à plusieurs reprises, il connaît parfaitement la valeur des tactiques employées par le prince de Galles. De plus se trouve à ses côtés Arnoul d’Audrehem, qui participa à la bataille de Poitiers où il fut fait prisonnier.

[10] La bataille de Montiel est une bataille de la guerre de Cent Ans, qui s’est déroulée le 14 mars 1369 sous les remparts du château de l’Étoile. Elle opposa les forces castillanes, composées de l’armée de l’émirat de Grenade et des partisans de Pierre 1er de Castille, dit Pierre le Cruel, aux forces franco castillane, commandées par Du Guesclin et Olivier de Mauny venus soutenir les prétentions au trône de Castille d’Henri de Trastamare, demi-frère du roi. Elle vit la victoire définitive des Franco Castillans. Pierre le Cruel est tué quelques jours après dans la nuit du 27 au 28 mars au cours d’une rixe qui l’opposait à Henri de Trastamare. Ce dernier s’empare de la couronne de Castille, et règne sous le nom d’Henri II.

[11] Le Rouergue est une ancienne province du Midi de la France correspondant approximativement à l’actuel département de l’Aveyron. Après avoir fait partie du comté de Toulouse, il fut rattaché à la Guyenne avant d’en être détaché lors de la formation de la province de Haute-Guyenne en 1779.

[12] L’Agenais (ou Agenois) est une ancienne circonscription de la province historique de Gascogne. Région charnière et stratégique qui eut son apogée lors des guerres de Religions, et surtout la guerre de Cent Ans, situé entre le Périgord au nord, le Quercy à l’est, le Bazadais à l’ouest et l’Armagnac au sud, l’Agenais a été tiraillé par l’influence entre la Gascogne, la Guyenne et le Languedoc, ainsi que par Bordeaux et Toulouse. Lors de la croisade contre les albigeois une armée est dirigée sur l’Agenais pour en extirper l’hérésie. L’expédition est menée par le comte Guy II d’Auvergne et l’archevêque de Bordeaux. C’était un comté évêché : l’évêque d’Agen était également comte d’Agenais.

[13] Le Périgord est un ancien comté qui recouvrait approximativement l’actuel département français de la Dordogne. Le Périgord est apparue sous Charlemagne. Le comté était la base des divisions territoriales réalisées pour délimiter un « pagus », dont l’administration civile était confiée à un comte nommé par l’empereur. Ce vassal avait délégation de pouvoir pour administrer une cité et tous les « pagi » qui s’y rattachaient. Le premier d’entre eux nommé par Charlemagne, pour le Périgord, fut Wildbade en 778. En 1360, le Périgord passe sous souveraineté anglaise par le traité de Brétigny. Charles d’Orléans, comte de Périgord est fait prisonnier à l’issue de la bataille d’Azincourt, en 1415. Il reste prisonnier en Angleterre jusqu’en 1440. Le 14 décembre 1430, Charles d’Orléans donne à son frère naturel Jean, bâtard d’Orléans, futur comte de Dunois, le comté de Périgord en échange de celui de Porcien. Mais cette donation était peut-être fictive. Finalement, le 4 mars 1438, pour se procurer les fonds nécessaires à sa rançon, Charles d’Orléans vend le comté à Jean de Châtillon dit Jean de L’Aigle, fils de Jean 1er de Châtillon, seigneur de Laigle, comte de Penthièvre, vicomte de Limoges, moyennant la somme de 16 000 réaux d’or et 10 000 florins qui étaient dus par feu Louis d’Orléans à Olivier de Clisson, dont Jean de Bretagne était héritier.

[14] Tarascon est une commune française située à l’extrémité ouest du département des Bouches-du-Rhône. La sainte patronne de la ville est sainte Marthe, sa devise est « Concordia Felix ».

[15] Aix-en-Provence est une commune française du Sud-est de la France, dans le département des Bouches-du-Rhône, dont elle est sous-préfecture. Fondée en 122 av. jc sous le nom d’Aquae Sextiae par la garnison romaine de Gaius Sextius Calvinus, Aix devient par la suite la capitale du comté de Provence.

[16] Le siège d’Arles qui se déroule entre le 11 avril et le 1er mai 1368 constitue un épisode de la guerre menée en Provence par Bertrand Du Guesclin pour le compte de Louis d’Anjou à l’époque de la guerre de Cent Ans et des grandes compagnies.

[17] Le connétable de France était le responsable des écuries royales, puis de l’administration et de la conduite des armées.

[18] Le Poitou était une province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l’ouest de la Haute-Vienne, dont la capitale était Poitiers. Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l’ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s’étend de l’Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

[19] La Saintonge est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Partie intégrante de la province romaine d’Aquitaine ou Aquitania durant l’antiquité (Saintes devenant la première capitale de ce vaste ensemble), elle est ensuite placée selon les époques dans la mouvance des rois et ducs d’Aquitaine, des comtes d’Anjou puis des comtes de Poitiers ramnulfides, avant d’être de nouveau intégrée au duché d’Aquitaine pour plusieurs siècles.

[20] Châteauneuf-de-Randon est une commune française située dans le département de la Lozère.