Kôgon dit L’empereur Kôgon (1313-1364)
Prétendant de la Cour du Nord du Japon [1], bien que l’appellation soit, dans son cas, inappropriée : il a régné sur le trône du chrysanthème [2] du 22 octobre 1331 au 7 juillet 1333.
Fils aîné de l’empereur Go-Fushimi de la lignée Jimyôin-tô [3]. Il fut adopté par son oncle, l’empereur Hanazono. Parmi ses enfants se trouvaient les futurs empereurs Sukô et Go-Kôgon .
En 1326, le futur Kôgon devient prince héritier de l’empereur Go-Daigo de la lignée Daikakuji-tô [4]. À cette période de l’histoire japonaise, et en vertu d’une décision du shogunat [5] de Kamakura [6], le trône devait alterner tous les 10 ans entre les 2 lignées impériales. Cependant, Go-Daigo refuse de se plier à cette règle.
En 1331, quand les plans de Go-Daigo pour renverser le shogunat sont rendus publics, l’empereur est exilé par le bakufu [7] et Kôgon mis sur le trône, le 22 octobre.
En 1333, Takauji Ashikaga attaque le Rokuhara Tandai [8] Les deux tandai, Hōjō Nakatoki et Hōjō Tokimasu , fuient en direction de l’est, mais sont capturés dans la province d’Ōmi [9].
Le 7 juillet 1333, l’empereur Kôgon est détrôné. Cependant, de retour à la capitale, Go-Daigo tente de rétablir le pouvoir impérial, dans ce qui est connu comme la restauration de Kemmu [10]. Cette tentative échoue, et Takauji Ashikaga commence à se révolter contre Go-Daigo, et en 1336, le jeune frère de Kōgon monte sur le trône sous le nom d’empereur Kômyô.
Fuyant à Yoshino [11], Go-Daigo clame que sa lignée est légitime, et non la dynastie du Nord qui continue de régner sur Kyôto [12].
En 1352, tirant parti d’une lutte intestine du clan Ashikaga, appelée Kannō no joran [13], l’empereur du Sud Go-Murakami entre dans Kyôto, prend la ville et emmenant Kōgon ainsi que les empereurs Kômyô et Sukô et le prince héritier. Kôgon reste assigné à résidence pour les 10 ans qu’il lui reste à vivre. Durant ses dernières années, il se convertit au bouddhisme zen [14], avant de mourir le 5 août 1364.
En 1346, Kōgon a compilé une anthologie de waka* [15], “le Fūga waka-shū”.
Notes
[1] La Cour du Nord est une courte dynastie de 6 empereurs du Japon, appelés prétendants du Nord ou prétendants Ashikaga, qui régnèrent sur Kyōto durant l’époque Nanboku-chō, et opposés à la lignée aujourd’hui considérée comme légitime, appelée Nanchō (« Cour du Sud »).
[2] Le trône du chrysanthème, en japonais kōi (littéralement trône impérial) est le nom couramment donné au trône impérial du Japon, du fait que le mon ou insigne héraldique du chrysanthème à seize pétales est utilisé par les empereurs depuis la période Kamakura. L’empereur Go-Toba, qui aimait beaucoup cette fleur, l’aurait introduite sur ses vêtements et ses biens. Le chrysanthème est devenu l’insigne officiel de l’empereur du Japon en 1869 lors de la restauration de Meiji. Selon la tradition nationale, le Japon serait la plus ancienne dynastie monarchique de la planète. Dans le Nihon shoki, il est dit que l’empire du Japon a été fondé en 660 av.jc par l’empereur Jinmu : l’empereur Naruhito serait ainsi le 126e empereur du Japon et le 125e descendant de Jinmu. Les données historiques remontent à l’empereur Ōjin qui est cité comme ayant régné au début du 5ème siècle. S’il y a eu auparavant 8 impératrices (portant un titre différent des impératrices consorts), une loi promulguée à la fin du 19ème siècle par l’Agence impériale et le Conseil d’État interdit désormais aux femmes l’accession au trône.
[3] La Jimyōin-tō est une branche de la famille impériale du Japon. Go-Fukakusa, qui commence son règne en 1246 est le premier représentant de cette lignée.
[4] La branche Daikaku-ji, ou Daikakuji-tō, est une lignée d’empereurs et de princes descendant de l’empereur Kameyama à la fin de l’époque de Kamakura. Elle doit son nom au temple bouddhique du Daikaku-ji à Kyoto, depuis lequel Kameyama exerça son gouvernement retiré. Cette lignée était en lutte pour le contrôle du trône du chrysanthème contre une branche rivale descendant d’un frère aîné de Kameyama, celle du Jimyōin-tō. En effet, après la mort de l’empereur Go-Saga, le shogunat de Kamakura avait augmenté son contrôle sur la cour et intervenait dans les choix de succession, imposant une certaine forme d’alternance entre les deux lignées.
[5] Le terme shogun, signifie général ; c’est l’abréviation de seiitaishōgun, que l’on peut traduire par grand général pacificateur des barbares. Néanmoins, après qu’il fut attribué à Minamoto no Yoritomo, il devint un titre indiquant souvent le dirigeant de facto du Japon (dictateur militaire), alors même que l’empereur restait le dirigeant de jure (en quelque sorte le gardien des traditions). Le titre de seii taishōgun fut par la suite abandonné lors de la constitution au 19ème siècle du kazoku, c’est-à-dire de la noblesse japonaise.
[6] Kamakura est une ville de la préfecture de Kanagawa, au Japon. Elle est située au bord de l’océan Pacifique, à 50 km au sud-ouest de Tokyo (environ une heure de train) et un peu moins de Yokohama, sur la péninsule de Miura. Kamakura s’étend sur 39,60 km². En 1192, le shogun Minamoto no Yoritomo décida d’installer sa nouvelle capitale à Kamakura, qui n’est alors qu’un simple bourg, y déplaçant du même coup le centre politique du Japon. C’était l’époque où les shoguns prenaient le dessus sur l’empereur (Mikado). Le gouvernement de Kamakura domina le Japon pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1333. À cette date la ville compte environ 50 000 habitants.
[7] Le bakufu (gouvernement shogunal ») ou shogunat (de shogun) est un gouvernement militaire ayant eu cours au Japon de la fin du 12ème siècle à la révolution de l’ère Meiji en 1868.
[8] les délégués du shogunat à Kyôto)
[9] La province d’Ōmi est une ancienne province du Japon qui correspond à l’actuelle préfecture de Shiga. Elle constituait un relais-clé de la route du Tōkaidō. L’ancienne capitale était située près d’Ōtsu, qui était également une cité possédant un château d’importance majeure. Après la guerre d’Ōnin, Rokkaku Takayori, le daimyō de la province, saisit les terres et les manoirs possédés par les nobles de la cour impériale, les temples, et les sanctuaires, ce qui poussa en 1487 le shogun Ashikaga Yoshihisa à mener une campagne (Rokkaku tobatsu) contre Rokkaku Takayori, mais le shogun meurt de maladie en 1489 sans laisser d’héritier. Pendant la période Sengoku, la partie nord de la province était le fief de Mitsunari Ishida, l’opposant d’Ieyasu Tokugawa à la bataille de Sekigahara, bien qu’il passait plus de temps au château d’Osaka à administrer le fief du jeune fils de Hideyoshi Toyotomi. Après la défaite d’Ishida, Tokugawa donna le fief à ses alliés du clan Ii, qui construisirent le château et la ville de Hikone sur les ruines de Sawayama. Le clan Rokkaku avait aussi des terres dans la province pendant la période Sengoku. Au sud de la province se trouvait l’ancienne province de Kōga (autour de la ville de Kōka), qui serait l’un des deux lieux de naissance du ninjutsu, l’art des ninjas, avec la province d’Iga (écoles Kōga-ryū et Iga-ryū).
[10] La restauration de Kenmu ou l’ère Kenmu désigne une des 14 subdivisions traditionnelles de l’histoire du Japon. Cette période dure de 1333 à 1336. Elle couvre les trois années séparant la chute du shogunat de Kamakura de l’arrivée au pouvoir du shogunat Ashikaga, quand l’empereur Go-Daigo se lance dans la tentative avortée de rétablir le contrôle impérial sur le Japon.
[11] Yoshino est un bourg du Japon situé dans le district de Yoshino de la préfecture de Nara.
[12] Kyoto ou Kyōto est une ville japonaise de la région du Kansai, au centre de Honshù. Elle fut de 794 à 1868 la capitale impériale du Japon, sous le nom de Heian-kyô (« Capitale de la paix et de la tranquillité »). Elle est aujourd’hui, avec ses palais impériaux, ses milliers de sanctuaires shinto et de temples bouddhistes, le cœur culturel et religieux du pays. La ville est aussi la capitale de la préfecture de Kyoto
[13] L’incident de Kan’ō, aussi appelé troubles de Kan’ō Kannō no juran, est une guerre civile qui se développe à partir des antagonismes entre le shogun Ashikaga Takauji et son frère Ashikaga Tadayoshi, qui divise et affaiblit le début du shogunat Ashikaga. Ces événements portent le nom Kan’ō d’après l’ère du Japon ou nengō proclamée par la Cour du Nord et qui désigne la période de 1350 à 1351 de l’époque Nanboku-chō de l’histoire du Japon. L’un des principaux effets de l’incident est la re-dynamisation de l’effort de guerre de la Cour du Sud en raison du flux de renégats de Kyoto qui suivent Tadayoshi vers la capitale du sud, Yoshino près de Nara.
[14] Le zen est une branche japonaise du bouddhisme mahāyāna hérité du chan chinois. Elle met l’accent sur la méditation (dhyāna) dans la posture assise dite de zazen. Le mot « zen » est la romanisation de la prononciation japonaise du caractère chinois chinois simplifié : « méditation » ; il est prononcé chán en mandarin, zeu en shanghaïen et est également appelé Son en Corée et Thiền au Vietnam. Ces différents termes dérivés du chinois, remontent à une origine commune : le mot sanskrit dhyāna, en pali jhāna (recueillement parfait). Le zen se réfère au chan, une forme de méditation indienne implantée en Chine par Bodhidharma il y a 1 500 ans. Il prend sa source dans la méditation de Siddhartha Gautama sous l’arbre de la Bodhi par laquelle il obtint l’éveil, il y a plus de 2 500 ans en Inde, mais il a été influencé par le taoïsme. On y trouve aussi l’influence coréenne du son. Le zen japonais se réfère principalement à la posture de méditation d’éveil de Siddhārtha Gautama de transmission en transmission dite zazen.
[15] poésie japonaise