Considéré comme un des plus grands compositeurs de la période baroque [1], est né à Halle [2] en Allemagne. Handel est né la même année que Jean-Sébastien Bach et Domenico Scarlatti .
Au 17ème siècle on est le plus souvent musicien de père en fils. Rien de tel pour Haendel, seul musicien d’une famille originaire de Silésie [3] et de confession luthérienne [4] : son grand-père, Valentin, est né à Breslau [5] en 1583 ; venu s’installer à Halle en 1609, il y exerce la profession de chaudronnier.
Valentin Händel étant mort en 1636, ses deux premiers fils reprennent son affaire ; le troisième, Georg, père du futur musicien, n’a alors que 14 ans : il entre comme apprenti chez un chirurgien barbier qui va décéder 6 ans plus tard, sans enfants. Sa veuve, âgée de 31 ans, épouse l’apprenti qui n’en a que 21, et lui donne 6 enfants. Leur mariage durera 40 ans, au cours desquels la compétence de Georg Händel sera largement reconnue
À cette date, la cité revient sous l’autorité effective de l’Électeur de Brandebourg [6], comme prévu lors de la signature des traités de Westphalie en 1648 [7]. Georg Händel est une personnalité importante de la cité, bourgeois aisé et de caractère austère ; il prend soin de se recommander au nouveau maître de la ville et parvient à se faire nommer médecin officiel des Électeurs de Brandebourg.
Haendel montre très tôt de remarquables dispositions pour la musique. Sa mère y est sensible, mais son père s’y oppose avec fermeté et avait décidé que Georg étudierait le droit.
Considérant la musique comme une activité de peu de valeur, il tente d’en détourner son fils en lui interdisant de toucher un instrument. Le garçon, entêté, parviendra cependant à dissimuler un clavicorde [8] au grenier et à continuer à en jouer, lorsque la famille se repose.
L’opposition du père diminue à la suite d’une visite rendue à son ancien maître, le duc Jean-Adolphe 1er de Saxe-Weissenfels , à laquelle s’est joint le jeune Georg Friedrich. Ayant entendu ce dernier jouer de l’orgue à la chapelle ducale, le duc conseille au père de ne pas s’opposer à l’inclination et au talent de son fils, mais de le confier à un bon professeur de musique.
De retour à Halle, celui-ci peut donc dès l’âge de 8 ans être initié à la connaissance de l’orgue, du clavecin, du violon et du hautbois par Friedrich Wilhelm Zachow l’organiste de la Liebfrauenkirche, sans que soit abandonnée pour autant l’idée d’une carrière juridique.
Zachow est un esprit curieux, musicien de talent et ouvert aux diverses influences du temps. Il lui donne une éducation musicale complète ; il lui apprend à jouer de plusieurs instruments et lui enseigne les bases théoriques de la composition musicale : harmonie, contrepoint, fugue, variation, formes musicales. L’apprentissage se fonde aussi sur l’étude des œuvres des maîtres, que l’élève recopie sur un cahier ; il se familiarise ainsi avec les principaux compositeurs de son temps
Le jeune garçon se met très tôt à composer des œuvres instrumentales et vocales : la plupart de celles remontant aux années 1696 ou 1697 sont perdues, mais certaines sont conservées, tels les “Drei Deutsche Arien”, quelques cantates ou sonates, il devient l’organiste [9] de l’église Sainte-Marie. À l’âge de 12, Handel est devenu l’organiste auxiliaire à la cathédrale de Halle [10].
Puis il fait un séjour à Berlin [11], ce qui lui permet d’entrer en contact avec la cour de l’Électeur Frédéric III de Brandebourg le futur roi en Prusse Frédéric 1er.
Son premier emploi commence juste après son 17ème anniversaire comme organiste à Halle.
À l’âge de 18 ans, Händel maîtrise déjà presque tous les genres musicaux, mais il est particulièrement attiré par l’opéra. Cette nouvelle forme théâtrale baroque, née au début du 17ème siècle à Florence [12], apparaît tardivement en Allemagne.
Inauguré en 1678, le premier théâtre d’opéra du pays se trouve à Hambourg [13]. Händel entre dans l’orchestre de l’Opéra grâce à l’appui de Johann Mattheson, compositeur et théoricien de la musique, qui l’introduit également dans les cercles culturels hambourgeois.
Toujours est-il qu’il fait grande impression à la Cour que l’Électrice Sophie-Charlotte de Hanovre anime d’une vie musicale intense. Frédéric III lui proposera de le prendre à son service, après l’avoir envoyé se perfectionner en Italie, offre qui est déclinée par Haendel
Cinq ans après la mort de son père, respectant sa volonté, il s’inscrit le 10 février 1702 à l’université de Halle, afin d’y suivre des études juridiques. Il ne se fait cependant immatriculer dans aucune faculté, et ne restera étudiant que peu de temps. Le 13 mars suivant, il est nommé organiste de la cathédrale calviniste de Halle en remplacement du titulaire, pour une période probatoire d’une année. Il s’assure ainsi l’indépendance financière, dans une fonction qu’il ne va cependant pas occuper au-delà de la période d’essai. C’est pendant cette période qu’il se lie durablement avec Georg Philipp Telemann qui se rend à Leipzig [14] et fait étape à Halle avec qui il nouera une amitié durable.
Il demeure donc peu de temps à ce poste, ne renouvelant ni son contrat ni son inscription à l’université : au printemps ou à l’été 1703, il quitte Halle de façon définitive pour aller s’installer à Hambourg.
En 1703, Handel s’est déplacé à Hambourg, un des principaux centres musicaux de l’Allemagne. À l’époque où Haendel arrive, l’opéra est dominé par Reinhard Keiser, à la direction du Gänsemarktoper depuis 1697. Haendel peut y trouver un poste de second violon puis de claveciniste, peut-être par l’entremise de Johann Mattheson, rencontré dès le 9 juillet à l’orgue de l’église Sainte Marie-Madeleine. Ce dernier a 4 ans de plus qu’Haendel, mais il est déjà un musicien célèbre, ayant été engagé à l’opéra de Hambourg comme chanteur à l’âge de 15 ans. Ils se lient d’amitié et Mattheson, introduit dans tous les milieux qui comptent à Hambourg y fait connaître son nouvel ami, Haendel. C’est en tout cas ce qu’il affirmera plus tard dans ses écrits.
Les deux musiciens se portent une admiration mutuelle, et échangent connaissances, idées, conseils : Haendel est très fort à l’orgue, en fugue et contrepoint, en improvisation ; quant à Mattheson, il a plus d’expérience de la séduction mélodique et des effets dramatiques. Le 17 août, ils partent ensemble pour Lübeck [15] afin d’y entendre et rencontrer Dietrich Buxtehude, le plus fameux organiste du temps, peut-être dans l’espoir d’y recueillir sa succession à la prestigieuse tribune de la Marienkirche ; mais la condition comme de tradition d’épouser la fille de l’organiste titulaire, ne tente aucun des 2 jeunes gens.
Les 2 amis retournent à Hambourg où Haendel se familiarise jour après jour avec le monde de l’opéra. Grâce à Mattheson, il trouve à donner des leçons de clavecin. Nombre de pièces pour cet instrument remonteraient à cette période hambourgeoise, comme de très nombreuses sonates et les concertos pour hautbois.
Il écrit et monte ses premières oeuvres entre 1703 et 1705. En 1704, il compose son premier opéra, Almira, remporte un succès retentissant, mais il est rapidement effacé par l’accueil réservé que reçoit Nero. Händel choisit alors de composer des sonates, des concertos pour hautbois, un livre d’initiation aux instruments à clavier, mais il ne renonce pas à son ambition d’écrire des œuvres de plus grande envergure.
De nouveau, cependant, Handel a bientôt senti qu’il souhaitait suivre ses inclinations et l’échec de Nero joue probablement un rôle important dans la décision que prend Haendel de partir pour l’Italie, sur les conseils de Jean-Gaston Médicis, le futur grand-duc de Toscane [16] rencontré à Hambourg
Dans l’espoir de trouver des conditions de travail favorables, le compositeur se rend en Italie, en 1706 où il est resté jusqu’en 1710, à l’invitation de Jean-Gaston Médicis, fils du grand-duc de Toscane. Ses voyages italiens l’ont porté à Florence, à Venise [17], à Rome, et à Naples [18].
Vite déçu de la vie musicale à Florence, Händel décide alors d’aller à Rome, où il est accueilli par le prince Francesco Maria Marescotti Ruspoli , qui reçoit des compositeurs aussi réputés qu’Arcangelo Corelli et Domenico Scarlatti.
C’est pourtant à Florence qu’il donnera son Rodrigo premier opéra de Haendel écrit pour la scène italienne, représenté probablement en novembre 1707 au Teatro Cocomero à la suite d’une commande de Ferdinand de Médicis, qui récompense Haendel en lui donnant 100 sequins et un service de porcelaine. Ce dernier y aurait aussi gagné les faveurs de la prima donna Vittoria Tarquini, l’une des seules liaisons féminines de Haendel rapportées par la tradition. Il fera, semble-t-il, chaque année qui suit, d’autres séjours assez prolongés à Florence
Outre des opéras et des oratorios, il écrit entre 1706 et 1710 des centaines de cantates italiennes.
En 1709, le succès sans précédent de son nouvel opéra, Agrippina, confirmera définitivement sa renommée internationale.
Le succès de son Rodrigo est tel que Händel croit venu pour lui le moment de partir à la conquête de Venise, capitale de l’art lyrique.
C’est le 26 décembre 1709 qu’il assiste à la première de son opéra Agrippina sur le livret que lui a écrit le cardinal Vincenzo Grimani et dans le Teatro San Giovanni Grisostomo [19] que celui-ci met à disposition. L’œuvre, représentée dans une distribution éclatante, recueille un succès immédiat et phénoménal au cours de 27 soirées. Le public enthousiaste fait un triomphe au caro Sassone [20] qui s’apprête maintenant à quitter l’Italie.
En effet, la renommée qu’il a acquise dans la péninsule, et particulièrement à Venise, que visitent tant de princes ou souverains étrangers attirés par son exceptionnelle animation culturelle, lui a certainement apporté des propositions intéressantes d’engagement à des postes prestigieux et notamment de l’Électeur de Hanovre, sur la recommandation d’ Agostino Steffani sans doute appuyée par le prince Ernst-August et le baron von Kielmansegg qui ont assisté au triomphe d’Agrippina ; peut-être encore de l’Électeur Palatin et de son épouse, tous deux grands amateurs de musique et probablement aussi du comte de Manchester Charles Montagu, ambassadeur de Grande-Bretagne qui lui a sans doute évoqué les opportunités qui pourraient s’offrir à Londres, ville devenue alors la plus peuplée d’Europe. Il quitte l’Italie en février 1710, passe par Innsbruck [21] où il décline une offre du gouverneur du Tyrol [22] et revient en Allemagne.
Handel quitta l’Italie pour une position comme compositeur et chef d’orchestre à la cour de Hanovre, où il est arrivé au printemps de 1710.
Il est nommé le 16 juin, maître de chapelle de l’Électeur, poste jusque-là occupé par Agostino Steffani. Son salaire est important (1 000 thalers) et il obtient l’avantage de pouvoir prendre aussitôt un congé d’un an pour se rendre à Londres. Son trajet le fait passer à Halle, où il revoit sa mère et son maître Zachow, puis à Düsseldorf [23], où il est reçu avec faveur par l’Électeur Palatin et son épouse ; il quitte Düsseldorf en septembre pour Londres, 15 ans après la mort de Henry Purcell , dont la disparition a signifié le déclin de la vie musicale anglaise.
La création de Rinaldo au Queen’s Theatre [24], quelques semaines après son arrivée, remporte un tel triomphe qu’au printemps 1712 le compositeur décide de s’installer définitivement dans la capitale anglaise, rompant son contrat de maître de chapelle à la cour de Hanovre. Après 1712, Haendel se fixe définitivement en Angleterre.
À Londres, il ne tarde pas à être présenté à la reine Anne, et à y rencontrer de nombreux artistes, chez le marchand de charbon mélomane Thomas Britton , et à faire la connaissance de deux personnages importants dans le monde de l’opéra : l’auteur dramatique et directeur de théâtre Aaron Hill et son assistant, suisse immigré, Johann Jacob Heidegger .
Depuis la mort de Purcell en 1695, il n’y a plus de compositeur de premier plan en Angleterre et l’opéra anglais disparaît, laissant la place vers 1705 à l’opéra italien de facture ou d’interprétation souvent médiocre.
Aaron Hill a l’idée de monter un opéra avec l’aide de Haendel. Il en écrit le livret, le fait traduire en italien par Giacomo Rossi et Haendel compose la musique. Ce sera Rinaldo, tout premier opéra italien spécifiquement créé pour la scène anglaise, dont la première a lieu le 24 février 1711 dans une mise en scène luxueuse et avec une distribution de choix.
Le succès est impressionnant, pendant 15 représentations jusqu’en juin. L’année de congé étant écoulée, Haendel quitte Londres vers le début de juin, y laissant sa réputation assurée, et retourne à Hanovre en passant par Düsseldorf.
Revenu à Hanovre, il reste en contact avec les nombreuses relations qu’il s’est faites à Londres, et perfectionne son anglais. Il fait en novembre un voyage à Halle, pour le baptême de sa nièce et future héritière, Johanna Friderica, en tant que parrain.
Il n’y a pas d’opéra à Hanovre, mais un bon orchestre ; il compose des duos, de la musique instrumentale. Il ne pense qu’à l’Angleterre, aux succès remportés auprès du public, de l’aristocratie et de la Cour. A l’automne 1712, il obtient à nouveau la permission d’un second voyage à Londres, à la condition de s’engager à revenir dans un délai raisonnable. En fait, ce nouveau départ se révélera définitif.
De retour en Angleterre, il vit pendant un an chez un certain Mr Andrews, mélomane fortuné, à Barn Elms [25] dans le Surrey [26], avant d’être hébergé, de 1713 à 1716 chez le comte de Burlington Richard Boyle à Picadilly [27]. Richard Burlington est un riche mécène chez lequel il rencontre de nombreux lettrés et artistes.
Chez Burlington, sa vie est tranquille et régulière : il compose le matin, déjeune avec l’entourage de son hôte et l’après-midi, joue pour la compagnie ou fréquente des concerts.
Dès le 22 novembre 1712, son opéra Il pastor fido est représenté au Queen’s Theatre ; mais l’œuvre est un échec. C’est ensuite Teseo, représenté le 10 janvier 1713, qui a plus de succès, avec 12 reprises dans la saison, mais sans égaler celui de Rinaldo. Il sera suivi de Silla, représenté en privé une seule fois, le 2 juin 1713, probablement à Burlington House [28].
Händel saura gagner la faveur de la reine Anne en composant une ode pour son anniversaire. Haendel prévoit de donner à cette occasion l’Ode for the Birthday of Queen Anne, mais finalement la représentation n’a pas lieu.
La souveraine lui commande une œuvre pour commémorer la paix d’Utrecht [29], qui marque la fin de la guerre de la Succession d’Espagne [30]. Le 7 juillet 1713, il présentera l’Utrecht Te Deum and Jubilate saluant la paix d’Utrecht est interprété à la cathédrale Saint Paul [31] : Haendel s’assure une position officieuse de compositeur de la Cour et reçoit une pension annuelle de 200 £, rendant sa position délicate vis-à-vis de l’Électeur de Hanovre au service duquel il semble de moins en moins envisager de revenir.
Haendel devient le compositeur officiel de la couronne en 1713. La reine Anne décède le 1er août 1714 et son successeur désigné n’est autre que son cousin l’Électeur de Hanovre, arrière-petit-fils deJacques 1er.
Considéré comme un compositeur national, Händel voit sa position privilégiée compromise dès l’accession au trône de George 1er, l’ancien Électeur de Hanovre, qu’il avait quitté précipitamment quelques années plus tôt.
Différentes versions existent, du retour en grâce de Haendel auprès du nouveau roi d’Angleterre arrivé à Saint James le 20 septembre. L’une d’elles (rapportée par Mainwaring) veut que Haendel compose une suite pour orchestre, sur la suggestion du baron Kielmansegg, afin d’accompagner une promenade de George 1er sur la Tamise [32]. Une autre, que Francesco Geminiani exige d’être accompagné au clavecin par Haendel pour l’interprétation, à la Cour, de plusieurs de ses sonates.
Cherchant à tirer profit du prestige international de Händel, le monarque lui augmente sa pension et, en 1716, lui demande de l’accompagner à Hanovre.
Il s’arrête à Halle, y visite sa mère et porte assistance à la veuve de Zachow son ancien maître, puis à Ansbach [33] où il retrouve un ancien condisciple, Johann Christoph Schmidt, qu’il convainc de le suivre et qui deviendra son secrétaire en Angleterre, sous le nom anglicisé de John Christopher Smith. Le fils de ce dernier, portant le même prénom les rejoint également quelque temps après. Il n’est pas oublié dans son pays natal, où ses opéras sont et continueront d’être montés, éventuellement adaptés, à Hambourg, Wolfenbüttel [34], Brunswick [35].
C’est après son retour en Angleterre, le 17 juillet 1717, qu’a lieu la navigation nocturne sur la Tamise, entre Whitehall et Chelsea, du roi accompagné de ses courtisans, au son de la Water Music composée à cet effet. Le roi apprécie l’œuvre au point qu’elle est interprétée 3 fois de suite ; elle reste aujourd’hui l’une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires.
Au cours de l’été, il s’attache au comte de Carnavon, futur duc de Chandos James Brydges , richissime aristocrate et mécène fastueux, en tant que compositeur résident composant pour ses chanteurs et son orchestre privé, logeant probablement dans sa somptueuse résidence de Cannons.
Sous le patronage du duc de Chandos, il composa son oratorio Esther et les 11 hymnes de Chandos pour le chœur et l’orchestre de corde de 1717 à 1720.
En 1717 Haendel dédie Water music à l’électeur de Hanovre, George 1er, devenu roi d’Angleterre.
La Royal Academy [36], créée en 1719 à l’initiative d’aristocrates proches du pouvoir royal, est dirigée par Heidegger. Paolo Rolli en est le librettiste officiel et Haendel, le directeur musical : Haendel est ainsi chargé de se rendre sur le continent pour y engager les meilleurs chanteurs et en particulier, le castrat Francesco Bernardi dit Senesino.
Il se rend tout d’abord en Allemagne, passe par Dusseldorf et y rend visite à l’Électeur, puis à Halle. Averti de sa présence, Jean-Sébastien Bach vient de Köthen [37] à Halle pour y faire sa connaissance, mais le manque de peu : Haendel est reparti pour Dresde [38], où il passe plusieurs mois ; il y retrouve Antonio Lotti et prend contact avec plusieurs de ses chanteurs qui viendront plus tard à Londres.
L’Académie ouvre le 2 avril 1720 avec la représentation du Numitore de Giovanni Porta avant Radamisto, composé par Haendel sur un livret adapté avec l’aide de Nicola Haym de L’amor tirannico de Domenico Lalli . Haendel le dédie au roi George 1er, et la première a lieu le 27 avril avec grand succès.
À l’Académie royale de musique, Händel se trouve en concurrence avec les compositeurs italiens Giovanni Battista Bononcini et Filippo Amadei , qui soulèvent l’enthousiasme du public avec des œuvres d’une grande sensualité sonore.
La présentation de certains des plus grands opéras de Handel : Radamisto en 1720, Giulio Cesare en 1724, Tamerlano en 1724, et Rodelinda en 1725 se solda par la consécration définitive de Händel.
Pendant les deux saisons suivantes, Haendel éclipse ses compétiteurs. C’est à l’été 1723 qu’il acquiert une maison sur Brook Street, demeure qui restera la sienne jusqu’à sa mort. C’est aussi pendant cette période qu’il devient compositeur de la Chapelle Royale ; d’ailleurs, dès avant août 1724, il enseigne la musique aux princesses royales.
Le 31 janvier 1727, Admeto pour lequel Haendel a ménagé des rôles d’importance égale pour les deux cantatrices remporte un énorme succès avec 19 représentations, suivies de 9 autres pendant la saison suivante. En février 1727, Haendel sollicite et obtient la nationalité anglaise. Le roi George 1er meurt le 11 juin suivant lors d’un voyage en Allemagne : c’est Haendel qui compose les grandioses Coronation Anthems pour le couronnement de son successeur, George II. Ses compositions sont connues et suivies à l’étranger, ses opéras régulièrement montés à Hambourg, à Brunswick...
Malgré la présentation de trois nouveaux opéras de Haendel : Riccardo Primo le 11 novembre 1727, Siroe le 17 février 1728 et Tolomeole 30 avril 1728, la saison 1727-1728 est la dernière de l’Academy. Elle ferme ses portes le 1er juin sur une ultime représentation d’ Admeto.
Repartant sur de nouvelles bases financières et d’organisation, Haendel et Heidegger poursuivent leur activité pour une durée initialement prévue pour 5 ans. Les directeurs de l’Académie leur cèdent le King’s Theatre et leur prêtent les décors, costumes et machines encore utilisables.
La même année, 2 fois réorganisée, l’Académie royale de musique connaît des difficultés grandissantes pour financer ses représentations au King’s Theatre, ce qui conduit à sa réorganisation, en 1728. Les chanteurs italiens quittent l’Académie pour rejoindre la compagnie rivale qui comptait parmi ses membres le compositeur Nicola Porpora et le castra Farinelli .
Aucune représentation n’a lieu en 1728-1729, mais Heidegger et Haendel font tour à tour un voyage en Italie pour y embaucher de nouveaux chanteurs. Farinelli, un temps pressenti, n’est finalement pas engagé. Haendel se rend au moins à Venise et à Rome, où il est invité par des cardinaux d’ancienne connaissance, peut-être à Milan, Florence, Sienne ou Naples.
Repassant par l’Allemagne sur le chemin du retour, il revoit Halle en juin, et pour la dernière fois, sa mère devenue aveugle et qui décèdera l’année suivante ; une invitation à Leipzig chez Jean-Sébastien Bach lui est transmise par le fils de celui-ci, invitation à laquelle il ne se rend pas. Continuant par Hanovre et peut-être Hambourg toutefois sans y visiter Mattheson, il est de retour à Londres fin juin 1729.
Ne voulant pas lâcher, il revint en 1729, avec une nouvelle compagnie et une nouvelle série d’opéras. Cette entreprise ne fit que prouver l’indifférence grandissante de la part du public.
Le premier opéra présenté par la nouvelle troupe de chanteurs constituée est Lotario, créé le 2 décembre, mais qui n’a pas de succès.
Ces déboires et les difficultés financières qui s’ensuivent rendent tendues les relations avec Heidegger, et la saison lyrique est sauvée par la reprise de succès antérieurs, notamment Giulio Cesare, et grâce à une subvention royale.
Des chanteurs quittent la troupe, Riemschneider et Bernacchi, que remplacera la saison suivante Senesino, revenu à Londres sur l’instigation de Francis Colman, un ami de Haendel consul à Florence, et Owen Swiney, l’indélicat impresario qui avait emporté la caisse après les premières représentations de Teseo en 1713
En 1731 la seule création à l’opéra est Poro présenté le 2 février. Après Siroe, c’est le second opéra de Haendel fondé sur un livret de Pietro Metastasio dit Métastase . Un librettiste non identifié a adapté pour Haendel le texte de Métastase, à cette époque le principal pourvoyeur de livrets d’opera seria de toute l’Italie. Poro est un succès, avec seize représentations puis quatre autres à la fin de l’année.
La saison, avec des reprises, appréciées par le public, de plusieurs opéras antérieurs, s’achève donc de façon favorable.
Cette année 1732 est marquée, le 23 février jour de ses 47 ans, par la reprise du drame biblique Esther dans sa version initiale datant de 1718, pour trois représentations privées : le succès rencontré suscite une représentation pirate qui pousse Haendel à réviser en profondeur la partition pour en faire un véritable oratorio, dont la première exécution a lieu au King’s Theatre à Haymarket le 2 mai 1732 et qui devient le prototype de l’oratorio anglais tel qu’il va en composer pendant le reste de sa carrière.
Haendel prépare ce qui sera la dernière saison de la seconde Academy, et compose un de ses chefs-d’œuvre dans le domaine de l’opéra italien : Orlando, créé le 27 janvier 1733. Orlando renoue avec la veine de l’opéra magique qui avait fait son succès aux débuts de son séjour en Angleterre.
L’opéra reçoit tout d’abord un accueil favorable, avec dix représentations, mais celles-ci s’arrêtent du fait de l’indisposition d’un chanteur. Le 17 mars, Haendel présente l’oratorio Deborah, pasticcio qui établit une sorte de record en matière d’emprunts à des œuvres antérieures et qui reçoit cependant un bon accueil du public. À cette époque, Haendel devient la cible de critiques tant sur le plan artistique que sur le plan politique, liées aux dissensions entre le roi qui soutient Haendel et son fils le prince de Galles [39], qui patronne la constitution d’une troupe rivale de la sienne : l’Opera of the Nobility [40] sera l’instrument des opposants à l’hégémonie de Haendel dans le domaine de l’opéra et débauche nombre de ses collaborateurs. Le 7 juin, Haendel achève la composition d’un nouvel oratorio en anglais, Athalia.
Après son retour à Londres vers la fin de 1733, et malgré le succès de la nouvelle forme musicale de l’oratorio en anglais initiée avec Esther, Deborah et Athalia, Haendel va continuer à promouvoir l’opéra seria dont le public commence pourtant à se détourner. Il reconstitue, seul, une troupe de chanteurs avec notamment le castrat Giovanni Carestini et son ancienne prima donna Margherita Durastanti .
Après 1733 il compose pendant cette période presque toute sa musique instrumentale.
La saison s’interrompt en mars 1734 du fait du mariage de la princesse Anne de Hanovre, fille de George II, avec le prince d’Orange Guillaume IV d’Orange-Nassau . Haendel meuble cette pause par la présentation de la sérénade Il Parnasso in festa avant la reprise où est notamment présentée une nouvelle version d’Il pastor fido, largement revue de celle de 1712.
En juillet, son ancien associé Johann Jacob Heidegger ne renouvelle pas son bail mais l’offre à la compagnie rivale. Haendel peut cependant trouver un arrangement avec une autre ancienne connaissance, John Rich dans son théâtre de Covent Garden [41] pour terminer la saison avant d’aller en cure de repos aux thermes de Tunbridge Wells.
Il ouvre la nouvelle saison avec une reprise d’Il pastor fido, cette fois précédé d’un prologue à la française, Terpsichore, qui met en scène la célèbre danseuse Marie Sallé venue de Paris.
Du 12 août au 14 octobre 1734, il compose Ariodante avant de retourner à Londres pour une nouvelle saison opératique. Pendant l’été 1736, Haendel apprend le mariage de sa nièce et filleule Johanna Friederika mais ses activités l’empêchent de se rendre à Halle pour assister à la cérémonie et malgré une situation financière très délicate, il lui fait envoyer une bague de grand prix. De mi-août à fin octobre, il mène de front la composition simultanée de deux nouveaux opéras : Arminio et Giustino. Les deux sont généralement considérés comme parmi les moins bons de toute sa production, effets cumulés probables de livrets d’une grande vacuité et de la fatigue physique et mentale du compositeur. Mais celui-ci a pu reconstituer une troupe lyrique propre à contrer la présence de Farinelli dans la troupe rivale. Dès l’automne l’activité reprend, fébrile, débordante, et Haendel multiplie reprises d’anciens opéras, création des deux nouveaux tout en achevant la compositions de Berenice, et en se produisant lui-même à l’orgue dans les concertos en intermèdes pendant les oratorios [42].
Ce surmenage insensé se répercute sur sa santé, pourtant solide : le 13 avril 1737, il se trouve paralysé du bras droit, incapable de diriger la création d’un nouveau pasticcio (Didone abbandonata). Autant que le physique, le mental est atteint. Les quatre représentations de Berenice se font sans doute en son absence : le 15 juin marque la quatrième et dernière, ainsi que la dispersion de la troupe lyrique, dont les membres se séparent.
Le 11 juin, l’Opera of the Nobility terminait aussi sa saison, dans d’aussi mauvaises conditions ; Farinelli et Porpora quittaient l’Angleterre pour être remplacé, à l’automne, par des musiciens beaucoup moins brillants. Quant à Haendel, après une période d’abattement, ses amis le persuadent d’aller prendre les eaux à Aix-la-Chapelle [43]. Il y part début septembre et fait la cure avec détermination. Le voilà bientôt guéri de façon quasi-miraculeuse, surprenant les religieuses d’un couvent voisin par son jeu à l’orgue. Il est de retour à Londres dès la fin octobre pour y monter une autre compagnie pour laquelle il écrivit un opéra par an pendant la période allant de 1738 à 1741 et fini avec son dernier opéra, Deidamia.
Haendel continua à composer, à exécuter et faire représenter des opéras, des concertos, et il commença à exploiter la veine des oratorios, avec Saul et Israel in Egypt. En intermède de ses oratorios, il exécuta ses concertos pour orgue, forme originale qu’il mit au point. Ses concertos rencontrèrent un éclatant succès. Ils sont au nombre de seize, dont les six premiers furent publiés en 1738 sous le titre d’opus 4. L’opus 7, qui en rassemble six autres, fut publié en 1760 après la mort du compositeur. Ce fut en 1741 que Haendel produisit son dernier opéra, Deidamia.
À la suite d’une attaque cardiaque, le musicien connaît un regain de ferveur religieuse et finit par abandonner l’opéra pour l’oratorio. Dorénavant, il consacra sa production lyrique à l’oratorio et écrivit coup sur coup Le Messie en août-septembre, et Samson en octobre, puis il se rendit, sur l’invitation du lord lieutenant d’Irlande, à Dublin [44] où il séjourna pendant plusieurs mois, jusqu’en août 1742 et où ses œuvres eurent de très grands succès. Mais le maître incontesté de l’oratorio ne se cantonne pas dans ce genre musical : la création de sa Musique pour les feux d’artifice royaux en 1749, qui célèbre la fin de la guerre de la Succession d’Autriche [45], attire plus de 12 000 spectateurs dans les jardins de Vauxhall.
Il continua jusqu’en 1751, quand sa vue commença à baisser.
Il subit de nouvelles attaques paralysantes et devint aveugle malgré l’intervention manquée de deux célèbres praticiens de l’époque, dont John Taylor . Il continua malgré tout à s’intéresser à la vie musicale.
Il assiste encore à une audition du Messie au Covent Garden, mais il meurt le 14 avril 1759, jour du Samedi-Saint. Ses obsèques se déroulèrent devant 3 000 personnes. Il fut enterré à l’abbaye de Westminster [46], selon son désir.
Durant toute sa vie Handel a évité les techniques employées par son compatriote Johann Sebastian Bach et a réalisé ses effets par le plus simple des moyens.
Le legs de Handel se situe dans la puissance dramatique et la beauté lyrique inhérentes à toute sa musique.
Sa capacité d’établir de grandes scènes autour d’un caractère simple a été encore prolongée dans les scènes dramatiques des compositeurs tels que Wolfgang Amadeus Mozart et l’italien Rossini.
À la mort de Haendel, sa fortune était évaluée à 20 000 £, somme considérable pour l’époque. Ne s’étant jamais marié, n’ayant donc pas eu de descendance, c’est sa nièce demeurée en Allemagne qui hérita en grande partie de sa fortune. Néanmoins, il en légua une partie à des amis, ainsi qu’à des œuvres de bienfaisance.