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L’histoire pour le plaisir

Jacques de Chambray

dimanche 4 mai 2025, par lucien jallamion

Jacques de Chambray (1687-1756)

Chevalier de Malte-Commandeur, vice-amiral, lieutenant général et gouverneur de l’île de Gozo

Il fut le plus célèbre marin de son temps.


Fils du baron Nicolas de Chambray et d’Anne Ledoux de Melleville, il arrive à Malte [1] le 28 octobre 1700, il est reçu dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem [2] le 27 mars 1701 et en juin 1701, il est page du grand maître [3]. À sa majorité, il fait ses caravanes réglementaires et prononce ses vœux en 1710.

Il est commandeur des commanderies de Sainte-Vaubourg [4] dans le grand prieuré de France [5], de Virecourt et de Metz [6] dans le grand prieuré de Champagne [7].

En 1723, comme capitaine “du Saint-Vincent”, un 52 canons, il se rend maître de la“ Patrone de Tripoli” qu’il ramène avec son équipage à Malte. Il est lieutenant général et vice-amiral de la flotte hospitalière*. Il a combattu dans cette fonction avec un certain succès face aux Ottomans* et durant la bataille au large de Damiette [8].

Il se distingua à la défense d’Oran [9] contre les Algériens en 1707, fut élevé au rang de commandant des vaisseaux de l’Ordre, purgea pour quelques temps la Méditerranée des corsaires barbaresques [10].


Il est ambassadeur de l’Ordre lors de ses voyages auprès dela cour royale à Lisbonne ou auprès du vice-roi de Naples [11]. Il est en mer jusqu’en 1735 où il fait sa 55ème et dernière campagne, ensuite il reste à terre à Malte.


Il bâtit de 1739/1744 la Cité de Chambray sur l’île de Gozo [12].


De 1749 à 1750, il est nommé gouverneur de l’île de Gozo par le grand maître Manoel Pinto da Fonseca . Il reprend à son compte un projet de construction d’un fort pour mettre en défense la baie de Mġarr [13]. Il en finança la construction sur ses propres deniers, versant 40 000 deniers. Il avait demandé par faveur spéciale que le produit de ses effets mobiliers qui se montait à 100 000 livres fut affecté à terminer le fort.

Celui-ci sera terminé en 1758 après sa mort en 1756. Le fort porte son nom, le fort Chambray.


Pour services rendus par son oncle, le neveu de Jacques-François de Chambray, Louis-François de Chambray, sera reçu dans l’Ordre en 1755.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de André Plaisse, Le Rouge de Malte ou les curieux "Mémoires" du bailli de Chambray, Rennes, Éditions Ouest-France Université, coll. « Mémoire d’homme : l’histoire », 1991

Notes

[1] État insulaire d’Europe du Sud situé au milieu de la Méditerranée, à 93 kilomètres au sud de la Sicile. Il est constitué d’un archipel de huit îles, dont quatre sont habitées, et de plusieurs îlots et rochers. La capitale du pays, établie sur l’île de Malte, est La Valette et sa plus grande ville est Birkirkara. Sa localisation stratégique, entre la Méditerranée occidentale et la Méditerranée orientale, lui a valu les convoitises et l’occupation de nombreuses puissances au cours des âges. Malte a acquis son indépendance du Royaume-Uni le 21 septembre 1964. En 1798, les Maltais appellent les Britanniques à l’aide sous prétexte du pillage des biens de l’Église par les troupes napoléoniennes. L’impopularité de plusieurs lois promulguées par Bonaparte et l’attitude peu respectueuse des Français renforcent l’état d’esprit anti-Français. La Royal Navy impose un embargo sur l’île pendant 2 ans, jusqu’au 5 septembre 1800, où les Français, épuisés, se rendent aux Britanniques. Malte, bien que toujours fief du royaume sicilien, devient un protectorat anglais, malgré les remontrances des Bourbons, qui revendiquaient la souveraineté sur l’île. En 1802, le traité d’Amiens décide le rétablissement de la souveraineté de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem sur l’archipel mais rencontre l’opposition du Congrès national. Les Britanniques refusent alors de rendre l’archipel aux Hospitaliers et l’annexent officiellement à l’Empire britannique en 1816 après la signature du traité de Paris de 1814. Toutefois les Britanniques ne sont pas mieux acceptés que les Français : ils imposent unilatéralement leur langue, en interdisant la langue italienne. Ils s’emparent du pouvoir politique et économique. Cette situation d’exploitation coloniale provoque en retour la montée de revendications nationalistes et les Britanniques doivent concéder une nouvelle constitution augmentant le nombre d’élus maltais au Conseil législatif de Malte puis reconnaître la langue maltaise en 1934, mais pas l’italien

[2] L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, généralement connu, dès le 12ème siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des Croisades jusqu’au début du 19ème siècle.

[3] Le supérieur de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem porte le titre de grand maître depuis 1267. Le grand maître est élu à vie par le chapitre général de l’Ordre. Ce titre est la plus haute autorité de l’Ordre. Il possède les mêmes droits et le même rang que les cardinaux.

[4] La commanderie de Sainte-Vaubourg est un édifice situé sur la commune de Val-de-la-Haye, en Seine-Maritime, en France.

[5] Le grand prieuré de France était un prieuré de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il s’agissait du seul prieuré de la Langue de France avant la dévolution des biens de l’ordre du Temple. À la suite de la dévolution, la langue de France est alors scindée entre le grand prieuré de France, avec le siège du prieuré transporté du prieuré hospitalier de Saint-Jean en l’Île-lez-Corbeil à Paris au prieuré hospitalier du Temple, le grand prieuré de Champagne et celui d’Auvergne.

[6] La chapelle des Templiers, unique vestige d’une commanderie templière fondée au 12ème siècle, est située dans le quartier de l’Arsenal de Metz.

[7] Le grand prieuré de Champagne - d’abord prieuré de Champagne - a été créé quelques années après la dévolution des biens de l’ordre du Temple aux Hospitaliers. En juillet 1317, le grand maître Foulques de Villaret ayant été déposé, le pape Jean XXII prend la direction de l’Ordre. À la suite d’une demande de plusieurs dignitaires hospitaliers, il décide le démembrement du prieuré de France, devenu trop important, et il crée deux autres prieurés, celui d’Aquitaine, et celui de Champagne. La Langue de France comprend alors, jusqu’à la Révolution, trois prieurés. Le 21 juillet, Jean XXII nomme Henri de Mesnils prieur de Champagne. D’abord dénommé prieuré de Champagne, le terme grand prieuré devient habituel à partir du 16ème siècle. Son territoire s’étend sur une partie importante du comté de Champagne, du duché de Bourgogne et du duché de Lorraine.

[8] La bataille au large de Damiette est une bataille navale livrée le 16 août 1732, au large de Damiette, en Égypte. En juillet 1732, Jacques-François de Chambray, lieutenant général des armes de la Religion en mer et commandant de l’escadre des Vaisseaux de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, reçoit du grand maître António Manoel de Vilhena, l’ordre d’appareiller pour le Levant avec pour mission de s’emparer d’un convoi de navires turcs signalé au large des côtes égyptiennes. Effectivement, un convoi de 40 navires marchands, escorté par une sultane de 70 canons portant pavillon de contre-amiral, mouille au large de Damiette. Le 16 août, le commandeur de Chambray, qui dispose de 2 vaisseaux et de 2 tartanes, organise l’attaque. Son vaisseau, le Saint-Antoine, et le Saint-Georges s’en prendront à la sultane tandis que les deux tartanes ravageront le convoi. Le combat s’engage entre la sultane qui se défend âprement et les deux vaisseaux maltais. Ses mâts sont abattus par les boulets mais quoique complètement désemparée, la sultane refuse de se rendre, et cela malgré les menaces réitérées de De Chambray de la couler par le fond. La nuit tombe, sans qu’elle ait capitulé et ce n’est que le lendemain matin, vers 10 heures que l’amiral ottoman Kali Michamet accepte d’amener son pavillon. Hors d’état de naviguer, la sultane est incendiée par les Maltais, qui traitent avec les plus grands honneurs l’amiral malheureux. Les marins du Saint-Georges, auquel il s’était rendu, pillent de fond en comble son navire, à la grande fureur de de Chambray. Quant aux deux tartanes, elles découvrent que les cales des navires du convoi sont vides, car elles n’avaient pas encore été chargées. La victoire coûta 8 tués et 12 blessés aux Maltais

[9] Oran est la deuxième ville d’Algérie par sa population et l’une des plus importantes villes du Maghreb. C’est une ville portuaire de la mer Méditerranée, située dans le nord-ouest de l’Algérie, à 432 km de la capitale Alger, et le chef-lieu de la wilaya du même nom, en bordure du golfe d’Oran.La ville est située au fond d’une baie ouverte au nord et dominée directement à l’ouest par la montagne de l’Aïdour (ou Murdjajo), d’une hauteur de 580 m, ainsi que par le plateau de Moulay Abd al Qadir al-Jilani. L’agglomération s’étend de part et d’autre du ravin de l’oued Rhi, maintenant couvert. Fondée en 902 par les Andalous, Oran connaît une succession de dynasties arabo-berbères et devient sous les Zianides, l’un des principaux débouchés maritimes du Maghreb central. Occupée par les Espagnols en 1509, elle est reconquise en 1792 par le bey Mohamed el-Kebir, après un premier intermède (entre 1708 et 1730) et devient le siège du beylik de l’Ouest. Pendant la colonisation française, elle connaît un développement rapide, et devient la deuxième ville d’Algérie. Après l’indépendance, elle demeure la capitale économique de l’Ouest du pays et le principal centre financier, commercial et industriel

[10] L’adjectif « barbaresques » date des années 1500 et provient d’Italie, provenant du mot « barbare » (au sens d’étranger, parlant une langue incompréhensible) et désignant sans référence particulière l’Afrique du Nord. Utilisé peu de temps, il est revenu, sous la plume de nombreux auteurs et dans les dictionnaires, puis dans le langage courant, pour désigner en particulier les pirates et corsaires musulmans maghrébins et ottomans qui opéraient depuis l’Afrique du Nord, basés principalement dans les ports d’Alger, de Tunis, de Tripoli, et de Salé

[11] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[12] Gozo est l’île secondaire de l’archipel maltais. Rabat, la ville la plus importante, siège du ministre de Gozo, se trouve au centre de l’île.

[13] Mġarr est un village de la municipalité de Ghajnsielem située sur l’île de Gozo, en République de Malte. C’est le plus important port de pêche de Gozo et il est également le terminal du ferry reliant Gozo à Malte.