Principal représentant de l’opéra baroque allemand au début du 18ème siècle, Reinhard Keiser naît à Teuchern [1] près de Weissenfels [2], aux confins de la Saxe [3] et de la Thuringe [4].
Élève de son père organiste à Weissenfels, de Johann Schelle à Saint-Thomas de Leipzig [5], et du compositeur d’opéras Johann Sigismund Kusser .
À l’âge de 11 ans, il quitte sa famille pour entrer à la Thomasschule de Leipzig [6], où il a comme maîtres Johann Schelle et Johann Kuhnau , prédécesseur direct de Johann Sebastian Bach .
En 1694, il devient compositeur de chambre à la cour du duc de Braunschweig-Wolfenbüttel [7], mais il était probablement déjà sur les lieux dès 1692 pour étudier l’opéra. Depuis 1691, la ville de Braunschweig possédait une salle d’opéra de 1200 places, dans laquelle on avait interprété son opéra “Procris und Cephalus”. Par ailleurs, la même année, son opéra “Basilius” avait été donné à Hambourg [8].
En 1697 il s’installe définitivement à Hambourg, pour devenir maître de chapelle [9] à l’opéra am Gänsemarkt [10]. Débute alors une période fructueuse où il compose de nombreuses œuvres pour les besoins de la ville. À côté des opéras, d’autres œuvres voient le jour, des arias, des duos, des cantates, des sérénades, de la musique d’église et de grands oratorios, de la musique de chambre et des suites pour orchestre.
Keiser y règne bientôt en maître incontesté, influencé par l’Italie et, dans une moindre mesure, par la France sur le plan littéraire, mais il est beaucoup plus libre sur le plan musical. Il prend la direction de l’établissement en 1703
De 1703 à 1709, il assure la direction de la Oper am Gänsemarkt, institution publique à but commercial, contrairement aux opéras de cour destinés à la noblesse. Deux à trois représentations y sont données chaque semaine.
Les thèmes des opéras de Keiser sont généralement tirés de la mythologie gréco-romaine, plus de 20 librettistes travaillent successivement pour lui. Parmi plus de 70 opéras qu’il a composés, 8 ont été intégralement conservés.
En 1718, à cause de l’état désolé de la Gänsemarkt-Oper, Keiser quitte Hambourg pour chercher un autre emploi. Pour cela, il se rend en Thuringe [11], mais peu après, on le trouve à la cour de Stuttgart [12]. De cette période existent 3 manuscrits de sonates en trio pour flûte, violon et basse continue. Pendant l’été 1721, Keiser est de retour à Hambourg, mais à peine quelques semaines plus tard, il se rend à Copenhague avec une troupe d’opéra hambourgeoise.
Cet exil aussi rapide de Hambourg s’explique probablement par l’influence grandissante de Georg Philipp Telemann, engagé pendant l’absence de Keiser par le magistrat de la cité hanséatique. Entre 1721 et 1727, Keiser voyage régulièrement entre Hambourg et Copenhague, et reçoit le titre de Maître de la Chapelle royale danoise.
Après la dissolution de la troupe d’opéra, il s’installe de nouveau à Hambourg, mais, à cause des changements de mode, il éprouve des difficultés à reproduire les succès du passé. 3 opéras de la période entre 1722 et 1734 nous sont parvenus. Les relations personnelles avec Telemann sont assez bonnes, Telemann programmant plusieurs représentations des opéras de Keiser.
Au moment où Mattheson est atteint de surdité, Keiser lui succède au poste de cantor [13] de la cathédrale.
Quand Keiser meurt, l’opéra allemand est déjà en plein déclin, face à l’opéra italien bientôt personnifié, dans les pays germaniques, par Johann Adolf Hasse .
Il faudra attendre près d’un demi-siècle, et surtout Mozart , pour le voir renaître.