Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Nicolas Dutot

mardi 17 juin 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 29 octobre 2015).

Nicolas Dutot (1684-1741)

Économiste français

Sceau de la Banque royale de France, défini par décret en 1719.Né à Barneville  [1], était le fils d’Adrien Dutot, charpentier de marine au Village du Tôt [2], dans la paroisse de Barneville, et d’une certaine Barbe Bessin, sans doute originaire de Cherbourg. Il est l’un des pères de l’étude quantitative des phénomènes économiques. il fut sous-trésorier de la Banque royale fusionnée en 1720 avec la compagnie des Indes, toutes deux institutions fondées par John Law sous la régence de Philippe d’Orléans. Il devint associé libre, le 3 décembre 1728, de la Société des Arts [3].

Nicolas Dutot, directeur de la Chambre de Justice de 1716, fut emprisonné à la Bastille du 29 avril au 8 septembre 1717. En effet, il semble avoir tenté de monnayer son influence afin de permettre à certains justiciables de voir diminuer leur taxe.

Il se rendit célèbre par ses Réflexions politiques sur les finances et le commerce, publiées d’abord sous forme de lettres en 1735, puis, à La Haye [4], sous la forme d’un ouvrage en 2 volumes en 1738, visant en particulier à défendre le Système de Law [5]. Ses théories économiques, prenant le contre-pied de l’usage français de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne, s’efforcent de montrer que le numéraire ne doit point se voir attribuer une valeur arbitraire que le souverain puisse modifier à son gré. Dutot pressent également, plusieurs années avant Montesquieu , l’influence des taux d’intérêt sur l’évolution de la masse monétaire.

Nicolas Dutot est mort à Paris au matin du 12 septembre 1741.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Marc Cheynet de Beaupré, « L’énigmatique M. Dutot. Enquête sur l’identité d’un célèbre autant que mystérieux économiste du XVIIIe siècle », Annales de Normandie, 59e année, n° 2, juillet-décembre 2009,

Notes

[1] aujourd’hui Barneville-Carteret dans la Manche

[2] Estuaire de la Gerfleur Plus familièrement, il est aussi appelé « Havre de Carteret ». Situé au centre de la commune de Barneville-Carteret dans la Manche, au croisement du bourg (à l’est), du port (au nord), de la grande plage (à l’ouest) et du hameau des rivières (au sud), l’estuaire de la Gerfleur est un site naturel et un lieu de traditions.

[3] l’un des grands ancêtres de l’actuelle Académie des Sciences

[4] La Haye a été fondée en 1248 par Guillaume II, comte de Hollande et roi d’Allemagne, puis du Saint Empire romain germanique. À cette date il a ordonné la construction d’un château dans une forêt près de la mer en Hollande, dans lequel il avait l’intention de s’installer après son couronnement. Guillaume II mourut dans une bataille avant celui-ci, stoppant ainsi la construction avant la fin. Aujourd’hui le château est appelé le « Ridderzaal » (littéralement : « salle des Chevaliers ») et est encore utilisé pour des événements politiques. Par la suite, La Haye a été le centre administratif des comtes de Hollande. De puissantes villes hollandaises comme Leyde, Delft et Dordrecht s’accordèrent pour choisir la petite et peu importante ville de La Haye comme leur centre administratif. Cette situation n’a jamais été remise en cause, ce qui fait aujourd’hui de La Haye le siège du gouvernement, mais pas la capitale officielle des Pays-Bas qui est Amsterdam.

[5] Le système de Law, imaginé par l’Écossais John Law, a été mis en place en France, sous la régence de Philippe d’Orléans, de 1716 à 1720, dans le but de liquider la dette laissée par Louis XIV. Une de ses particularités consiste à développer l’utilisation du papier-monnaie au lieu d’espèces métalliques, afin de faciliter le commerce et l’investissement. Créée par Law, la Banque générale société par actions va s’appuyer sur l’activité coloniale de sa société sœur, la Compagnie perpétuelle des Indes, pour finalement absorber presque tout le commerce colonial de la France, puis la majorité des impôts (bail de la ferme générale, recettes particulières). Mais ce quasi-monopole, joint à une intense propagande, entraîne une spéculation effrénée sur les actions, et une hausse immodérée des cours. À l’origine des premières grandes émissions de titres boursiers, le système de Law est une étape incontournable de l’histoire des bourses de valeurs. Law avait probablement un objectif plus ambitieux, une refonte complète du système fiscal, mais les intéressés s’y opposèrent efficacement. La spéculation qui se joue sur les actions des différentes sociétés de Law va finalement ruiner le système, lorsque le cours retombe aussi vite qu’il était monté, à la suite d’un mouvement de panique. Quand les actionnaires et porteurs de billets, à partir de juillet 1720, demandent subitement à récupérer leur or, les richesses coloniales ne sont pas encore arrivées (elles ont été volontairement surestimées par une propagande fallacieuse) et le numéraire fait défaut. Law a créé trois fois plus de billets qu’il n’en peut acquitter : le système doit alors admettre sa banqueroute.