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L’histoire pour le plaisir

Francesco Geminiani

mardi 17 juin 2025, par lucien jallamion

Francesco Geminiani (1687-1762)

Violoniste, compositeur italien de l’époque baroque

Né à Lucques [1], il fit ses études à la chapelle palatine de Lucques avec son père qui était lui-même instrumentiste de la Cappella Palatina. [2].

Il succède à son père au poste de Cappella Palatina de Lucques en 1707.

Après ses premières apparitions publiques entre 1706 et 1710 dans l’orchestre du théâtre de Lucques, Geminiani quitta sa ville natale pour se rendre à Naples [3] en qualité de premier violon. C’est là qu’il reçut des leçons d’Alessandro Scarlatti.

En 1711, il prend la direction de l’opéra à Naples, en plus d’être premier violon de l’orchestre de l’institution.

Il perfectionnera son jeu de violon chez Carlo Ambrogio Lonati à Milan [4] et ultérieurement, auprès d’Arcangelo Corelli à Rome.

Après un bref retour à Lucques, il se rend, en 1714, en compagnie du compositeur et flûtiste Francesco Barsanti , à Londres, où l’a précédé une réputation de virtuose du violon.

Il donne de nombreux et lucratifs concerts et, sous la protection du comte d’Essex William Capell , peut composer, publier ses œuvres et enseigner. Plusieurs de ses élèves mèneront des carrières couronnées de succès.

Geminiani fit l’essentiel de sa carrière de violoniste en Angleterre. À cette époque, l’illustre cité du royaume britannique attirait de grands compositeurs, comme Haendel, et de célèbres instrumentistes , qui animèrent la vie musicale londonienne pendant plus d’un demi-siècle. Les raisons de ce véritable bouillonnement artistique étaient la prédilection des aristocrates anglais pour la musique italienne.

Une sorte d’italianisme fondé sur les traditions musicales assez anciennes s’y développait, si bien que les bords de la Tamise [5] ne reçurent pas l’influence de compositeurs tels que Vivaldi et Johann Adolf Hasse , dont les morceaux étaient plutôt diffusés en Allemagne. Haendel et Geminiani se réclamaient quant à eux du théâtre musical et de l’instrumentalisme en vigueur à la fin du 17ème et au début du 18ème siècle.

En 1715, Il veut être accompagné par Händel et le sort ainsi de sa disgrâce.

Geminiani interprète ses concertos pour violon avec Georg Friedrich Haendel à la cour de Londres.

En Angleterre, il y rédigea son traité “The Art of Playing on the Violin”, contribution essentielle à notre connaissance actuelle de la technique du Violon en usage à l’époque baroque.

À Londres, Geminiani fut rapidement apprécié, et il tint même un rôle de choix en tant que directeur d’une société musicale appelée “Philo Musicae et Architecturae Societas Apollinis”, liée à la franc-maçonnerie [6].

Mais le musicien italien était un être très instable : à la suite de spéculations hasardeuses [7], il se retrouva dans une situation financière catastrophique qui le conduisit en prison pour dettes. Il ne dut son salut qu’à l’heureuse intervention d’un de ses élèves et ami le comte d’Essex.

Après cet épisode, Geminiani s’est rendu plusieurs fois en Irlande et notamment à Dublin [8] en 1733, où il espérait trouver un emploi stable, mais il dut se contenter de concerts en tournées.

En 1734, il est de retour à Londres.

En 1737 il fait une tournée de concerts en Irlande. En 1740 il est à Paris qui devenait ainsi, après Londres, le second pôle de son activité de concertiste. L’année suivante, il revint à Londres, où il dirigea quelques représentations théâtrales.

“Son opus 5”, contenant 6 Sonates [9] pour Violoncelle [10] et basse continue [11], fut publié à Paris en 1746, puis à Londres en 1747.

De 1749 à 1755, il séjourna pour la seconde fois à Paris, où il composa les musiques d’un ballet intitulé “la Forêt enchantée”, tiré de“ la Jérusalem” délivrée du Tasse.

Après une visite à Paris, où il réside assez longtemps, il rentre définitivement en Angleterre en 1755.

Il se produit comme virtuose et travaille comme éditeur d’un périodique de musique, une activité dans laquelle il échoue. Le succès est en revanche au rendez-vous avec la vente de ses propres tableaux ainsi que ceux de maîtres italiens.

En 1756, il dirige l’orchestre du comte Coote à Dublin. En 1759, il va s’installer à Dublin comme chef d’orchestre d’un aristocrate

Lors d’un de ses nombreux séjours à Dublin, en 1761, un serviteur lui dérobe un manuscrit musical ; d’après ses proches, la contrariété d’être volé de son temps et du fruit de son travail aurait provoqué son décès prématuré.

Il mourut le 17 septembre 1762 à Dublin, après avoir mené une carrière qui le rendit célèbre dans toute l’Europe, et surtout à Paris. Il repose à la Basilique Saint-François de Lucques [12].


La raison pour laquelle Geminiani travailla en dehors de l’Italie au cours de sa période de maturité, c’est que, se consacrant uniquement à la musique instrumentale, ils ne trouva à exercer son talent qu’à l’étranger, et plus particulièrement dans les pays anglo-saxons.


Geminiani fut, dans un certain sens, l’héritier de la première génération des grands compositeurs du 18ème siècle, génération à qui l’on doit la définition de la sonate, du concerto grosso avec Corelli et de l’ l’opéra seria du 18ème siècle avec Alessandro Scarlatti.


La production de Geminiani peut se diviser en trois genres : des compositions originales, des partitions reprises de ses contemporains et, enfin, des travaux théoriques.

Geminiani apporta de nombreuses innovations, aussi bien dans ses sonates que dans ses concertos, en enrichissant sans cesse la partition de nouveautés harmoniques.


Francesco Geminiani est le premier Italien à avoir été initié en Franc-maçonnerie, dans la Loge londonienne Queen’s Head, le 1er février 1725, il est donc considéré comme le plus ancien franc-maçon d’Italie. Il fut passé Compagnon et elevé à la Maitrîse le 12 mai de la même année.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Enrico Careri, Francesco Geminiani (1687–1762), Oxford, Clarendon Press, 1993, XI-300 p. (ISBN 0198163002

Notes

[1] Lucques est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom, située en Toscane. Elle fut autrefois, avant la réalisation de l’unité italienne, une ville libre puis la capitale de la principauté souveraine puis duché de Lucques (1815-1847). Elle se trouve non loin de la mer Tyrrhénienne, plus exactement à une vingtaine de kilomètres de la côte ligure.

[2] Une chapelle palatine ou chapelle palatiale est une chapelle située dans un château ou un palais, et dont l’usage est destiné à celui du souverain.

[3] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.

[4] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.

[5] La Tamise est un fleuve du sud de l’Angleterre, qui se jette dans la mer du Nord. D’une longueur totale de 346 km, c’est le plus long fleuve dont le cours se trouve entièrement en Angleterre (qui à la fois commence et finit en Angleterre) et le second plus long pour le Royaume-Uni (après la Severn). La Tamise prend sa source à Thames Head, dans le Gloucestershire, puis coule en direction de l’est, vers Oxford et Reading, puis traverse Londres, dont elle tire sa renommée et aboutit enfin dans la mer du Nord, grâce à son estuaire.

[6] Le terme franc-maçonnerie désigne un ensemble d’espaces de sociabilité sélectifs qui recrutent leurs membres par cooptation et pratiquent des rites initiatiques se référant à un secret maçonnique et à l’art de bâtir. Formée de phénomènes historiques et sociaux très divers, elle semble apparaître en 1598 en Écosse (Statuts Schaw), puis en Angleterre à la fin du 17ème siècle où elle est contemporaine de l’essor des sociétés amicales. Elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Organisée en obédiences depuis 1717 à Londres, la franc-maçonnerie dite « spéculative » c’est-à-dire philosophique fait référence aux Anciens devoirs de la « maçonnerie » dite « opérative » anglaise formée par les corporations de bâtisseurs. Elle puise ses sources dans un ensemble de textes fondateurs rédigés entre les 14 et 18ème siècles. Elle prodigue un enseignement progressif à l’aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l’humanité, tout en laissant à chacun le soin d’interpréter ses textes. Sa vocation se veut universelle, bien que ses pratiques et ses modes d’organisation soient extrêmement variables selon les pays et les époques. Elle s’est structurée au fil des siècles autour d’un grand nombre de rites et de traditions, ce qui a entraîné la création d’une multitude d’obédiences, qui ne se reconnaissent pas toutes entre elles. Elle a toujours fait l’objet de nombreuses critiques et dénonciations, aux motifs très variables selon les époques et les pays.

[7] parmi lesquelles un désastreux commerce de tableaux

[8] Dublin est la plus grande ville de l’île d’Irlande et de l’Irlande, dont elle est la capitale (la capitale de l’Irlande du Nord est Belfast). La ville est située sur la côte orientale de l’île et au centre du comté de Dublin. Dublin est la plus grande ville d’Irlande en importance politique et économique ainsi que par le nombre d’habitants depuis le haut Moyen Âge. Dublin est le centre historique, politique, artistique, culturel, économique et industriel de l’Irlande.

[9] Une sonate est une composition instrumentale de musique classique à plusieurs mouvements (par opposition à la cantate qui est chantée). Il ne faut pas la confondre avec l’une des formes les plus importantes, la forme sonate. Le premier mouvement d’une sonate est, d’ailleurs, généralement de forme sonate.

[10] Le violoncelle est un instrument à cordes frottées (mises en vibration par l’action de l’archet), pincées (pizzicato) ou plus rarement frappées avec le bois de l’archet (col legno), de la famille des cordes frottées, qui compte aussi notamment le violon, l’alto et la contrebasse. Il se joue assis et tenu entre les jambes ; il repose maintenant sur une pique escamotable, mais fut longtemps joué posé entre les jambes, sur les mollets ou sur la poitrine. Ses quatre cordes sont généralement accordées en quintes : do1, sol1, ré2 et la2 (du grave vers l’aigu), comme pour l’alto. Le violoncelle est accordé une octave en dessous de ce dernier, soit une douzième (une octave plus une quinte) en dessous du violon. C’est l’un des instruments ayant la tessiture la plus grande. Sa gamme de fréquences fondamentales va approximativement de 65 à 1 000 Hz (voire 2 000 Hz dans certaines œuvres virtuoses). On dit souvent que c’est l’instrument le plus proche de la voix humaine

[11] En musique baroque, la basse continue est une forme d’écriture de l’accompagnement d’une partie, le « dessus », sous forme d’une basse souvent chiffrée, associée à une technique d’improvisation interprétant cette basse. La basse continue n’était pas seulement utilisée pour l’accompagnement, mais également comme base d’une composition pour instrument à clavier, élaborée par l’organiste ou le claveciniste.

[12] La Basilique Saint-François de Lucques est située sur la place du même nom et était attachée à un ancien couvent.