Né à Breslau en principauté de Breslau [1], capitale de la Silésie [2] d’où sont originaires de nombreux luthistes allemands de cette époque baroque.
Son père, Johann Jacob reconnu comme luthiste, enseigna le luth [3] à Silvius Leopold ainsi qu’à son frère cadet Johann Sigismund et à leur jeune sœur Juliana Margaretha.
Après un premier emploi de musicien de cour dans sa ville natale. En 1706 le comte Charles III Philippe du Palatinat , résidant à Breslau, le prit à son service. Mais la renommée du jeune Weiss arriva aux oreilles du frère du comte, l’électeur Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach qui veut l’entendre à sa cour. JJean-Guillaume est un fervent protecteur des arts et un mélomane averti et passionné ; à tel point que Corelli lui dédia “son opus VI”.
le jeune Weiss s’installe à la cour de Düsseldorf [4] au service de l’électeur Jean-Guillaume.
Lorsqu’il prit congés, 2 ans plus tard, il fut remplacé par son père et son frère qui resteront au service de l’Électeur ainsi qu’à celui de son successeur jusqu’à la fin de leur vie. Il est évident que les talents de Silvius Léopold sont à l’origine de cette situation.
Il part donc pour Rome en 1708 pour suivre le Prince Aleksander Benedykt Sobieski fils de Jean III Sobieski et héritier du prince électeur de Saxe, et exilé à Rome. La cour du Prince Alexandre, située au palazzo Zuccari [5], lui permet sans doute de rencontrer Domenico Scarlatti, Arcangelo Corelli et Georg Friedrich Haendel ainsi que l’organiste Bernardo Pasquini.
Weiss accompagnait le Prince dans ses déplacements au sein des différentes cours. Ses prestations lui valurent l’admiration générale.
A la mort de son protecteur, en 1714, Weiss se met en quête d’une nouvelle situation digne de lui. Même s’il quitte l’Italie, l’influence sera grande ; Ces années le marqueront jusque dans ces dernières compositions. Il quitte l’Italie et travaille aux cours de Cassel [6], Düsseldorf et Dresde [7]. En 1717, il se rend à Prague [8], où il rencontre le luthiste Johann Anton Losy von Losimthal appelé aujourd’hui comte Logy.
En 1717, il s’absente quelques temps pour voyager ; on le trouve à la cour de Dresde où il se produit 2 fois avec un tel succès qu’il obtint 100 Ducas à titre de récompense.
En 1718, de retour à Dresde, il est nommé musicien de chambre d’Auguste II le Fort, Prince-Electeur de Saxe [9] et roi de Pologne [10]. À cette fonction, il a l’occasion de rencontrer le flûtiste Johann Joachim Quantz ainsi que des membres de la famille Bach [11]. Musicien reconnu et très prolifique, il enseignera le luth à des élèves comme Ernst Gottlieb Baron .
Ce poste, très convoité, était basé à Dresde sur l’Elbe. Centre cosmopolite des arts et des sciences, Dresde pouvait s’enorgueillir d’avoir un des premiers opéras et une des meilleures chapelles musicales de l’Empire.
La cour de Dresde réunissait à cette époque de grands noms parmi lesquels : le luthiste Silvius Léopold Weiss, les flûtistes Pierre-Gabriel Buffardin et son élève Quantz, les violonistes Francesco Maria Veracini et Pisendel qui étudia avec Vivaldi.
Le salaire annuel de 1000 thalers impériaux qui lui fut attribué était particulièrement élevé. Mais Frédéric Auguste II succédant à son père en 1733 augmentera ce montant "sans les instances" de Weiss à 1200 thalers puis en 1744 à 1400 thalers. Le luthiste se trouva ainsi être le mieux payé de l’orchestre de la cour de Dresde.
Cette situation dénote clairement l’admiration et le respect qui lui était porté. Au point que le Roi, son protecteur, l’envoya souvent en voyage comme émissaire musical.
Pendant 4 ans, il voyage dans différentes villes : il travaille brièvement à la cour de Cassel puis revient à celle de Düsseldorf en tant que musicien de chambre.
En 1718-1719, il se rendit, avec 11 autres musiciens de cour, à Vienne [12] pour les fiançailles de l’électeur de Saxe. La cour de Dresde honora pendant 4 semaines les jeunes mariés à l’automne 1719.
A l’automne, il partit avec Buffardin à Munich [13] pour les noces du Prince Electeur bavarois. Il y obtenu une récompense royale.
Il passe ensuite 5 mois à Londres où il donne, en ses appartements, des concerts de luth, mandoline, basse de viole, hautbois instruments sur lesquels il a eu l’honneur de jouer devant l’Empereur, la plupart des princes d’Allemagne et devant sa Majesté.
En 1721, à la mort du comte Logy, il composera un tombeau en sa mémoire. Il part ensuite pour Londres, où il restera 5 mois.
En 1723, il retourna à Prague pour la troisième fois accompagné cette fois du flûtiste Johann Joachim Quantz et de Carl Heinrich Graun , chanteur mais surtout compositeur. Les trois musiciens se rendaient au couronnement de l’Empereur Charles VI comme roi de Bohème.
Au mois de mai 1728, répondant à une invitation du roi de Prusse, le prince-électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste II, se rendit à la cour de Berlin* accompagné des 4 plus brillants musiciens de sa Chambre, le violoniste Johann Georg Pisendel, les flûtistes Pierre-Gabriel Buffardin et Johann Joachim Quantz et le luthiste Weiss.
La margravine Wilhelmine de Bayreuth , sœur de Frédéric II de Prusse , elle-même fervente luthiste, eut alors tout loisir de côtoyer ce maître durant le séjour prolongé de celui-ci à Berlin, et lui rendit hommage dans ses Mémoires.
Weiss devait particulièrement aimer cette cour de Dresde. Pour preuve, son refus de se mettre au service de la cour impériale de Vienne qui, en 1736, lui offre la somme indécente de 2000 thalers. Il est vrai que les musiciens et le public de Dresde étaient réputés pour leur qualité.
En 1738, à Dresde, Weiss rencontra le violoniste berlinois Franz Benda . Ils jouèrent en alternance toute une après-midi et jusqu’à minuit, 24 solos pour violon ainsi que 8 à 10 suites pour luth.
En août 1739, Weiss rencontre Jean Sebastien Bach. Wilhelm Friedemann Bach , organiste [14] de Sainte Sophie de Dresde [15], était à Leipzig [16]. Weiss s’y était rendu avec son compatriote et élève Johann Kropfgans également luthiste mais à la cour du comte Heinrich von Brühl à Dresde. Des rencontres avec le maître de Leipzig scellèrent leur amitié.
La fin de la vie de Weiss est celle d’un homme parvenu au sommet de sa gloire. Installé à Dresde, il reçoit des élèves venus de tous les horizons pour étudier sa musique et recueillir ses conseils.
Weiss meurt à Dresde le 15 octobre 1750, la même année que Johann Sebastian Bach. Il est enterré au cimetière catholique de Dresde.
Weiss a composé quelque 600 œuvres. Les principales sources dont nous disposons pour connaître son œuvre sont le Manuscrit de Londres, conservé à la British Library de Londres [17], qui comprend 237 pièces de tablature manuscrite pour luth seul dont 26 suites et de nombreuses pièces dont la Fantaisie, et le Tombeau sur la mort du comte Logy. Le Manuscrit de Dresde, conservé à la Bibliothèque d’État de Saxe à Dresde, comprend 21 suites. Ses concertos pour luth avec d’autres instruments sont perdus.