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L’histoire pour le plaisir

Silvius Leopold Weiss

mardi 17 juin 2025, par lucien jallamion

Silvius Leopold Weiss (1687-1750)

Luthiste, théorbiste et compositeur allemand

Né à Breslau en principauté de Breslau [1], capitale de la Silésie [2] d’où sont originaires de nombreux luthistes allemands de cette époque baroque.

Son père, Johann Jacob reconnu comme luthiste, enseigna le luth [3] à Silvius Leopold ainsi qu’à son frère cadet Johann Sigismund et à leur jeune sœur Juliana Margaretha.

Après un premier emploi de musicien de cour dans sa ville natale. En 1706 le comte Charles III Philippe du Palatinat , résidant à Breslau, le prit à son service. Mais la renommée du jeune Weiss arriva aux oreilles du frère du comte, l’électeur Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach qui veut l’entendre à sa cour. JJean-Guillaume est un fervent protecteur des arts et un mélomane averti et passionné ; à tel point que Corelli lui dédia “son opus VI”.

le jeune Weiss s’installe à la cour de Düsseldorf [4] au service de l’électeur Jean-Guillaume.

Lorsqu’il prit congés, 2 ans plus tard, il fut remplacé par son père et son frère qui resteront au service de l’Électeur ainsi qu’à celui de son successeur jusqu’à la fin de leur vie. Il est évident que les talents de Silvius Léopold sont à l’origine de cette situation.


Il part donc pour Rome en 1708 pour suivre le Prince Aleksander Benedykt Sobieski fils de Jean III Sobieski et héritier du prince électeur de Saxe, et exilé à Rome. La cour du Prince Alexandre, située au palazzo Zuccari [5], lui permet sans doute de rencontrer Domenico Scarlatti, Arcangelo Corelli et Georg Friedrich Haendel ainsi que l’organiste Bernardo Pasquini.

Weiss accompagnait le Prince dans ses déplacements au sein des différentes cours. Ses prestations lui valurent l’admiration générale.

A la mort de son protecteur, en 1714, Weiss se met en quête d’une nouvelle situation digne de lui. Même s’il quitte l’Italie, l’influence sera grande ; Ces années le marqueront jusque dans ces dernières compositions. Il quitte l’Italie et travaille aux cours de Cassel [6], Düsseldorf et Dresde [7]. En 1717, il se rend à Prague [8], où il rencontre le luthiste Johann Anton Losy von Losimthal appelé aujourd’hui comte Logy.

En 1717, il s’absente quelques temps pour voyager ; on le trouve à la cour de Dresde où il se produit 2 fois avec un tel succès qu’il obtint 100 Ducas à titre de récompense.

En 1718, de retour à Dresde, il est nommé musicien de chambre d’Auguste II le Fort, Prince-Electeur de Saxe [9] et roi de Pologne [10]. À cette fonction, il a l’occasion de rencontrer le flûtiste Johann Joachim Quantz ainsi que des membres de la famille Bach [11]. Musicien reconnu et très prolifique, il enseignera le luth à des élèves comme Ernst Gottlieb Baron .

Ce poste, très convoité, était basé à Dresde sur l’Elbe. Centre cosmopolite des arts et des sciences, Dresde pouvait s’enorgueillir d’avoir un des premiers opéras et une des meilleures chapelles musicales de l’Empire.

La cour de Dresde réunissait à cette époque de grands noms parmi lesquels : le luthiste Silvius Léopold Weiss, les flûtistes Pierre-Gabriel Buffardin et son élève Quantz, les violonistes Francesco Maria Veracini et Pisendel qui étudia avec Vivaldi.

Le salaire annuel de 1000 thalers impériaux qui lui fut attribué était particulièrement élevé. Mais Frédéric Auguste II succédant à son père en 1733 augmentera ce montant "sans les instances" de Weiss à 1200 thalers puis en 1744 à 1400 thalers. Le luthiste se trouva ainsi être le mieux payé de l’orchestre de la cour de Dresde.

Cette situation dénote clairement l’admiration et le respect qui lui était porté. Au point que le Roi, son protecteur, l’envoya souvent en voyage comme émissaire musical.

Pendant 4 ans, il voyage dans différentes villes : il travaille brièvement à la cour de Cassel puis revient à celle de Düsseldorf en tant que musicien de chambre.

En 1718-1719, il se rendit, avec 11 autres musiciens de cour, à Vienne [12] pour les fiançailles de l’électeur de Saxe. La cour de Dresde honora pendant 4 semaines les jeunes mariés à l’automne 1719.

A l’automne, il partit avec Buffardin à Munich [13] pour les noces du Prince Electeur bavarois. Il y obtenu une récompense royale.

Il passe ensuite 5 mois à Londres où il donne, en ses appartements, des concerts de luth, mandoline, basse de viole, hautbois instruments sur lesquels il a eu l’honneur de jouer devant l’Empereur, la plupart des princes d’Allemagne et devant sa Majesté.

En 1721, à la mort du comte Logy, il composera un tombeau en sa mémoire. Il part ensuite pour Londres, où il restera 5 mois.

En 1723, il retourna à Prague pour la troisième fois accompagné cette fois du flûtiste Johann Joachim Quantz et de Carl Heinrich Graun , chanteur mais surtout compositeur. Les trois musiciens se rendaient au couronnement de l’Empereur Charles VI comme roi de Bohème.

Au mois de mai 1728, répondant à une invitation du roi de Prusse, le prince-électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste II, se rendit à la cour de Berlin* accompagné des 4 plus brillants musiciens de sa Chambre, le violoniste Johann Georg Pisendel, les flûtistes Pierre-Gabriel Buffardin et Johann Joachim Quantz et le luthiste Weiss.

La margravine Wilhelmine de Bayreuth , sœur de Frédéric II de Prusse , elle-même fervente luthiste, eut alors tout loisir de côtoyer ce maître durant le séjour prolongé de celui-ci à Berlin, et lui rendit hommage dans ses Mémoires.

Weiss devait particulièrement aimer cette cour de Dresde. Pour preuve, son refus de se mettre au service de la cour impériale de Vienne qui, en 1736, lui offre la somme indécente de 2000 thalers. Il est vrai que les musiciens et le public de Dresde étaient réputés pour leur qualité.

En 1738, à Dresde, Weiss rencontra le violoniste berlinois Franz Benda . Ils jouèrent en alternance toute une après-midi et jusqu’à minuit, 24 solos pour violon ainsi que 8 à 10 suites pour luth.

En août 1739, Weiss rencontre Jean Sebastien Bach. Wilhelm Friedemann Bach , organiste [14] de Sainte Sophie de Dresde [15], était à Leipzig [16]. Weiss s’y était rendu avec son compatriote et élève Johann Kropfgans également luthiste mais à la cour du comte Heinrich von Brühl à Dresde. Des rencontres avec le maître de Leipzig scellèrent leur amitié.

La fin de la vie de Weiss est celle d’un homme parvenu au sommet de sa gloire. Installé à Dresde, il reçoit des élèves venus de tous les horizons pour étudier sa musique et recueillir ses conseils.


Weiss meurt à Dresde le 15 octobre 1750, la même année que Johann Sebastian Bach. Il est enterré au cimetière catholique de Dresde.

Weiss a composé quelque 600 œuvres. Les principales sources dont nous disposons pour connaître son œuvre sont le Manuscrit de Londres, conservé à la British Library de Londres [17], qui comprend 237 pièces de tablature manuscrite pour luth seul dont 26 suites et de nombreuses pièces dont la Fantaisie, et le Tombeau sur la mort du comte Logy. Le Manuscrit de Dresde, conservé à la Bibliothèque d’État de Saxe à Dresde, comprend 21 suites. Ses concertos pour luth avec d’autres instruments sont perdus.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Silvius Leopold Weiss/ Portail de la musique classique/ Portail du Saint-Empire romain germanique/ Catégories  : Compositeur allemand de la période baroque/ Luthiste allemand

Notes

[1] aujourd’hui Wroclaw en Pologne

[2] La Silésie est une région historique en Europe centrale qui s’étend dans le bassin de l’Oder sur trois États : la majeure partie est située dans le Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la Tchéquie et une petite partie en Allemagne.

[3] Le luth est un instrument à cordes pincées. Dans le système Hornbostel-Sachs, le terme désigne aussi de manière générale tout instrument ayant les cordes parallèles à un manche. Bien que voisin de la guitare, le luth a connu une histoire différente et distincte, les deux instruments ayant coexisté au cours des périodes principales de la musique. Il est d’origine persane (oud) pour la forme générale et arabe pour la caisse en lamellé-collé.

[4] Düsseldorf est une ville de l’ouest de l’Allemagne. Capitale et deuxième plus grande ville (après Cologne) du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie

[5] Le palais Zuccari à Rome est une maison d’habitation étroite à l’angle des Via Gregoriana et Via Sistina, voies qui amènent à la Piazza della Trinita dei Monti, près de l’église de la Trinité-des-Monts.

[6] Cassel est une ville universitaire allemande, située dans le Land de Hesse, au bord de la rivière Fulda. Pendant le 17ème siècle en devenant un foyer du protestantisme calviniste, la ville a été entourée d’une fortification afin de protéger le bastion protestant contre les ennemis catholiques et en 1685 Cassel est devenue le refuge de 1 700 huguenots. C’est à Cassel que fut publiée, en 1614, la Fama Fraternitatis, premier manifeste rosicrucien, qui allait déclencher en Europe une intense agitation dans les milieux philosophiques et religieux. Une influence française est perceptible dans l’architecture de plusieurs quartiers, ainsi que dans plusieurs noms de lieux et de rues et s’explique par l’arrivée de protestants français à la suite de la révocation de l’édit de Nantes.

[7] Dresde est une ville-arrondissement d’Allemagne, capitale et ville la plus peuplée de la Saxe. Elle se situe dans le bassin de Dresde, entre les parties supérieures et médianes de l’Elbe et la plaine d’Allemagne du nord.

[8] Prague est la capitale et la plus grande ville de la République tchèque, en Bohême. Située au cœur de l’Europe centrale, à l’ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava. Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au 14ème siècle sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l’Empire. Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences. Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des 16ème et 17ème siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu’à la Renaissance nationale tchèque au 19ème siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale.

[9] Constitué en 1422, le titre de duc de Saxe et d’électeur ayant été transféré à la maison de Wettin après l’extinction de la branche ducale de Saxe-Wittemberg.

[10] Le royaume de Pologne est dirigé alternativement par des ducs et des rois de 960 à 1320, puis uniquement par des rois jusqu’à sa disparition comme royaume indépendant en 1795. Les premières dynasties polonaises sont héréditaires : les Piast, qui règnent jusqu’en 1370, et les Jagellon, sous lesquels le pays connaît son apogée territorial (1386 – 1572). Avec l’extinction de la dynastie des Jagellon la monarchie parlementaire polonaise devient élective, et c’est l’assemblée de tous les nobles qui élit le roi. Le dernier roi de Pologne, Stanislas II Auguste, abdique en 1795, à la suite des partages du royaume par les puissances voisines. L’État polonais cesse d’exister. En 1918 la Pologne renaît après 123 ans d’occupation, sous la forme d’une république, un président pour chef d’État.

[11] La famille Bach est une célèbre dynastie de musiciens issue de Thuringe, région d’Allemagne centrale marquée par la présence du réformateur religieux Martin Luther. De cette famille sont issus, dès la première moitié du 16ème siècle et jusqu’à la fin du 18ème siècle de nombreux compositeurs, organistes. Cette famille est la plus prolifique de toute l’histoire de la musique occidentale ; Jean-Sébastien, son membre le plus célèbre, est généralement considéré comme un des « géants » de la musique. Sous le titre Ursprung der musicalisch-Bachischen Familie, Jean-Sébastien Bach a lui-même établi un premier arbre généalogique de ses ancêtres musiciens. Plus de la moitié d’entre eux furent organistes à Eisenach ou dans les villes avoisinantes.

[12] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[13] Munich est une ville du sud de l’Allemagne et la capitale du Land de Bavière. En 1632, durant la guerre de Trente Ans, la ville tombe aux mains de Gustave II Adolphe de Suède. Et en 1634, la peste lui fait perdre les deux tiers de sa population. Entre 1651 et 1679, sous le règne de l’électeur Ferdinand-Marie de Bavière et grâce à sa femme Henriette-Adélaïde de Savoie, Munich s’enrichit de monuments de style baroque italien (Église des Théatins, château de Nymphenburg...) En 1705, pendant la guerre de Succession d’Espagne, l’électeur Maximilien II ayant pris parti pour les Bourbons, la ville retourne sous le patronage des Habsbourgs. L’Académie bavaroise des sciences est créée en 1759.

[14] L’orgue est un instrument à vent multiforme dont la caractéristique est de produire les sons à l’aide d’ensembles de tuyaux sonores accordés suivant une gamme définie et alimentés par une soufflerie. L’orgue est joué majoritairement à l’aide d’au moins un clavier et le plus souvent d’un pédalier.

[15] Une première église est construite par les frères mineurs en 1250 pour leur couvent franciscain. Elle est reconstruite en 1331 en plus grand en forme d’église-halle avec deux chœurs identiques. Elle est devenue luthérienne à la Réforme. Wilhelm Friedemann Bach en était l’organiste de 1733 à 1746. Elle a été détruite dans la nuit du 13 février 1945 lors du bombardement britannique qui détruisit la majeure partie de la ville, puis rasée le 1er mai 1963.

[16] Leipzig est une ville-arrondissement d’Allemagne centrale, au nord-ouest du Land de Saxe. En 1409 est fondée l’université de Leipzig, l’Alma Mater Lipsiensis (la mère nourricière lipsienne), une des plus anciennes universités d’Allemagne. En 1497, l’empereur Maximilien 1er étend les privilèges des (désormais trois) marchés annuels, en en faisant des foires impériales ; concrètement, aucune ville dans un rayon d’environ 115 km n’a le droit d’organiser des foires. Fortes de ce droit, les trois foires de Leipzig se développent considérablement jusqu’à devenir les plus importantes d’Allemagne au 18ème siècle devançant celles de Francfort-sur-le-Main. Il s’agit des foires du Nouvel An, de Pâques, et de la Saint-Michel. Au 18ème siècle, constituant une véritable plateforme commerciale où s’échangent des marchandises de l’Europe occidentale, centrale, et orientale, de l’Empire russe et même de la Perse (par l’intermédiaire des marchands juifs de la Pologne Lituanie).

[17] La British Library (littéralement « bibliothèque britannique »), également connue sous le sigle BL, est la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Située à Londres, elle est l’une des plus importantes bibliothèques de référence du monde, avec plus de 170 millions de références, dont environ 14 millions de livres. Chargée du dépôt légal, la British Library reçoit des exemplaires de tous les ouvrages publiés au Royaume-Uni et en Irlande, y compris les livres étrangers distribués dans ces pays. Elle acquiert également d’autres livres étrangers, pour un budget annuel d’environ 16 millions de livres.