Né à Magdeburg [1], fils de Heinrich Telemann mort en 1685 pasteur à Magdebourg, sa mère est la fille d’un ecclésiastique, et son frère plus âgé a également pris les ordres.
Il est issu d’une famille des classes moyennes, dont la plupart des membres ont suivi des études universitaires, et servi l’église.
En dehors de son arrière-grand-père paternel, qui avait été un temps chef de chœur à l’église, aucun autre membre de sa famille n’entretenait un rapport direct à la musique. Georg Philipp est le dernier des 3 enfants qui ont atteint l’âge adulte.
Il complétera ses connaissances musicales à Zellerfeld [2], puis écrira de la musique pour des drames scolaires du recteur Johann Christoph Losius et dirigera la musique d’église au couvent ST Godehard.
Georg Philipp fréquente le collège de la vieille ville et l’école de la cathédrale de Magdebourg [3], où il reçoit une instruction en latin, rhétorique, dialectique et poésie allemande. Témoignent par exemple de sa vaste culture générale les vers allemands, français et latins qu’il écrivit et publia dans son autobiographie ultérieure. En outre, Telemann maîtrise l’italien et l’anglais jusqu’à un âge avancé.
À l’époque de Telemann, les concerts publics étaient encore inconnus à Magdebourg, c’est la musique laïque exécutée à l’école qui complétait la musique religieuse. En particulier l’école de la vieille ville où était régulièrement exécutée de la musique avait une grande importance pour l’éducation musicale de la ville. C’est aussi dans les écoles privées plus petites qu’il fréquenta que Telemann apprit, seul, à jouer de divers instruments comme le violon, la flûte, la cithare et le clavecin.
Telemann fait rapidement preuve d’un grand talent musical et commence à composer ses premiers morceaux dès l’âge de 10 ans, souvent en secret et sur des instruments prêtés. Il doit ses premières expériences musicales fondées à son “Kantor Benedikt Christiani”. Après seulement quelques semaines d’enseignement du chant, il est en mesure de remplacer son maître dans les classes supérieures.
À part un enseignement de clavecin qui dure 2 semaines, Telemann n’a jamais pris de cours de musique.
Musicien en grande partie autodidacte, Telemann est devenu compositeur malgré les souhaits de sa famille.
Ses parents veulent plutôt modérer son zèle. En particulier sa mère qui, devenue veuve en 1685, désapprouve son engouement pour la musique, considérant le statut social du musicien comme inférieur.
C’est à 12 ans que Telemann compose son premier opéra, “Sigismundus”, sur un livret de Christian Heinrich Postel . Pour détourner Georg Philipp d’une carrière musicale, sa mère confisque alors tous ses instruments et l’envoie, fin 1693 ou début 1694, à l’école à Zellerfeld. Elle ignore alors probablement que le surintendant y est Caspar Calvör , passionné par l’écriture de la musique et qui exigera beaucoup de Telemann. Presque chaque semaine, Telemann compose des motets [4] pour le chœur de l’église, ainsi que des arias [5], de la musique de circonstance qu’il présente aux Stadtpfeifer [6]. Il compose la musique pour une Bergfest [7], écrit des motets vocaux, pour les services dominicaux de l’église, et des pièces instrumentales pour les musiciens municipaux.
En 1697, Telemann est élève du “Gymnasium Andreanum” à Hildesheim [8]. Sous la conduite du chef Johann Christoph Losius, il parfait son instruction musicale et apprend, là aussi en grande partie en autodidacte, à jouer de la flûte à bec, de l’orgue, du violon baroque, de la viole de gambe, de la flûte traversière, du hautbois, du chalumeau, de la contrebasse et du trombone. Parallèlement, il compose des œuvres vocales pour le théâtre de l’école et aussi pour un livre d’école publié en 1708. D’autres commandes de compositions pour le service de l’abbaye Sankt-Godehardi lui furent passées par le directeur musical jésuite [9] de la ville, Pater Crispus.
Après avoir étudié à Magdebourg, Zellerfeld et Hildesheim, il connut ses premiers grands succès de compositeur pendant ses études de droit à Leipzig [10], où il créa un orchestre amateur, monta des spectacles d’opéra et prit la direction musicale de l’église de l’université [11].
En 1701, Telemann s’inscrit à l’Université de Leipzig pour étudier le Droit et, sous la pression de sa mère, s’engage à ne plus s’occuper de musique. C’est du moins ce qu’il a affirmé dans son autobiographie ; cependant, le choix de la ville de Leipzig, qui est alors la capitale de la musique moderne, ne semble pas être un hasard. En chemin pour Leipzig, Telemann fait halte à Halle [12] pour y rencontrer Georg Friedrich Händel , alors âgé de 16 ans. Une amitié naît qui durera toute la vie. Telemann a écrit qu’il a d’abord caché ses ambitions musicales à ses condisciples. Son camarade de chambre trouve cependant par hasard une composition dans son bagage à main et la fait exécuter le dimanche suivant à l’église Saint-Thomas de Leipzig [13]. Le maire de Leipzig commande alors à Telemann la composition de deux cantates [14] par mois pour le service religieux.
Bien que étudiant à l’université de Leipzig une carrière dans la musique devint inévitable. Bien qu’il devrait étudier les langues et la science, il était déjà si capable en musique que dès la 1ère année de son arrivée il fonda pour les étudiant le “collégium Musicum” avec lequel il donna des concerts, il écrit des travaux pour le théâtre de Leipzig, et en 1703 il devint directeur musical de l’opéra de Leipzig.
Telemann entreprend deux voyages à Berlin.
En 1704, il obtint l’orgue de Neue Kirche [15]. Il est à Berlin 1705 pour les funérailles de la reine Sophie-Charlotte de Hanovre , décédée le 1er février, et en juin, il prend le poste de maître de chapelle à la cour du comte Erdmann II de Promnitz , à Sorau [16], épris de musique française. Telemann écrit qu’il a composé 200 ouvertures en deux années. Dans ses voyages en Pologne, il est impressionné par les musiques populaires.
Il défend la mélodie accompagnée moderne, contre le maître de chapelle et théoricien Wolfgang Caspar Printz , tenant du contrepoint traditionnel. Il rencontre le poète réformateur Erdmann, superintendant et chapelain de la cour, qui sera le parrain de sa première fille, et l’aidera dans sa carrière.
En juin 1705, Telemann commence son travail à Sorau. Le comte est un grand admirateur de la musique française et voit en Telemann un héritier talentueux de l’école de musique de Versailles de Lully et Campra, dont il avait ramené quelques partitions d’un voyage en France, et que Telemann se met à étudier. A Sorau, Telemann rencontre Erdmann Neumeister , dont il mettra plus tard les textes en musique et qu’il reverra à Hambourg. Lors de voyages à Cracovie [17] et Pszczyna [18] il apprend à apprécier le folklore polonais et morave, qu’il découvre aussi bien dans les auberges que dans des manifestations publiques
En 1706, Telemann quitte Sorau, menacée par l’invasion de l’armée suédoise et se rend à Eisenach [19], probablement avec une recommandation aux familles de princes saxons apparentés aux comtes Promnitz. Là, il est nommé en décembre Premier violon et Kantor à la cour du duc Jean-Guillaume de Saxe-Eisenach et fonde un orchestre.
Il fait souvent de la musique avec Pantaléon Hebenstreit . En outre, il rencontre le théoricien et organiste Wolfgang Caspar Printz ainsi que Johann Bernhard Fischer von Erlach et Jean-Sébastien Bach . Il compose à Eisenach plusieurs concerts pour différentes formations, entre 60 et 70 cantates et autant de sérénades, de la musique religieuse, des opérettes à l’occasion de fêtes. Il en rédige par ailleurs le texte en grande partie seul. À cela s’ajoute quatre ou cinq années passées à fournir des cantates à caractère religieux. Il participe lui-même à la représentation de ses œuvres en tant que baryton.
En novembre 1706, il est de nouveau à Berlin, pour le mariage du prince-héritier Frédéric-Guillaume 1er de Prusse .
Fin janvier - début février 1706, il fuit Sorau, devant les troupes du roi Charles XII de Suède, et se réfugie à Francfort sur l’Oder [20]. Il regagne Sorau en juin.
En 1706 ou 1707, il entre au service du duc Johann Wilhelm de Saxe-Eisenach. Il se lie d’amitié avec Jean-Sébastien Bach
Il visita Paris en 1707. Le 24 décembre 1708, il est rémunéré comme maître des concerts. Il est nommé maître de chapelle à la cour et secrétaire en 1709.
La même année il épousait le 13 octobre Amelia Louise (Elisabetha) Juliana Eberlin, dame de compagnie de la comtesse de Promnitz, et fille du musicien soldat et banquier Daniel Eberlin
Elle décède en janvier 1711, à l’accouchement de sa fille.
Peut-être parce qu’il était à la recherche de nouveaux défis à relever, peut-être pour ne pas avoir à dépendre de l’aristocratie, Telemann postule à Francfort-sur-le-Main [21]. On le nomma en février 1712 directeur de musique de la ville. Il achève sa cantate profane commencée à Eisenach et en compose cinq autres. En outre il est chargé des cours de quelques élèves d’écoles privées.
Tout comme à Leipzig, il ne se contente pas de ces quelques activités. En 1713, il entreprend d’organiser des concerts hebdomadaires ainsi que différentes tâches administratives du très distingué club "Gesellschaft Frauenstein". De plus, la cour d’Eisenach le désigne chef d’orchestre officiel, pour qu’il puisse conserver ce titre, mais surtout pour qu’il continue à livrer des cantates et autres musiques profanes et sacrées. Cette situation dure jusqu’en 1731.
le 28 août 1714, il épousera Maria Khatarina Textor fille de 16 ans, d’un clerc de francfort. Ils auront 8 garçons et une fille. Ce mariage lui permet de devenir bourgeois de Francfort, privilège qui lui permettra d’envoyer de fournir de la musique d’église jusqu’en 1757, alors qu’il ne sera plus dans le ville. Il réorganise le “Collegium musicum” et donne des concerts publics. Son épouse le quitta en 1736. Au cours des années suivantes il édite par lui-même ses premières œuvres publiées.
En même temps que ses activités comme directeur du "Frauenstein", une société musicale de la même ville, qui présentait des concerts hebdomadaires, les nouveaux postes de Telemann convenaient très bien à ses talents. Il composa de la musique occasionnellement pour des cérémonies civiques, des cycles de cantiques d’église, des oratorios, musique orchestrale et une richesse de musique de chambre, dont beaucoup furent éditée. Il commence à publier ses œuvres en 1715, il grave sur cuivre ses propres compositions pour l’édition.
Au cours d’un voyage à Gotha [22] en 1716, le duc Frédéric II de Saxe-Gotha lui propose une place de chef d’orchestre. Le duc lui promet non seulement de garder son activité de maître de chapelle officiel de la cour d’Eisenach, mais il engage aussi le duc de Saxe-Weimar à lui assurer une éventuelle place de chef d’orchestre. De cette manière Telemann serait devenu en quelque sorte maître de chapelle en chef de toutes les cours de Saxe et de Thuringe.
De 1717 à 1730, il est maître de chapelle extérieur de la cour d’Eisenach, et de Bayreuth [23] en 1723.
Un voyage vers Dresde [24] en 1719 pour les festivités en l’honneur du mariage du prince Electeur Friedrich II et de l’Archiduchesse Maria Josephia d’Autriche a permis une rencontre avec Handel et donner l’occasion d’entendre des opéras de Lotti et des concertos de violon.
Le 10 juillet 1721, la ville de Hambourg lui offre de succéder à Joachim Gerstenbüttel , comme maître de chapelle de l’école latine [25], et directeur musical des 5 églises de la ville l’un des postes les plus prestigieux du monde musical allemand et prit peu après la direction de l’opéra. Là encore, tout en restant en relation avec les cours princières, il organisa régulièrement des concerts publics pour l’élite bourgeoise de la ville. Il dirige de nouveau un “Collegium Musicum”, pour des concerts publics.
La perspective d’être activement impliqué dans l’opéra de Hambourg était peut-être bien trop optimiste, car une forte opposition parmi les responsables de la ville à sa participation existait. Telemann réagi en menaçant de démissionner. Il sollicita le poste de responsable du bureau de Leipzig, et au printemps 1722, il prend la direction du Gänsemarktoper [26], où il donne ses propres œuvres, celles de Handel et de Keiser. Il trouve que l’opéra est d’un bon revenu financier, mais la baisse de fréquentation le forcera à fermer l’établissement en 1738.
Il a produit des travaux sérieux et comiques, dont beaucoup ont été perdus, ou certains extraits survivent et sont édités dans le “getreuer Musimeister de Der”.
Invité par des musiciens, mais certainement soucieux de maîtriser l’édition de ses œuvres, il se rend à Paris en 1737 où il obtient un privilège de 20 ans, pour l’impression de ses œuvres et lui donna enfin accès à la renommée internationale. Son successeur à Hambourg est son filleul Carl Philipp Emanuel Bach .
Paris accueille Telemann avec enthousiasme. Ses œuvres sont exécutées en son honneur à la Cour ou au Concert spirituel. A telle enseigne que l’auteur s’aperçoit que l’édition de ses quadri est publiée dans une version de meilleure qualité que l’original, ce qui justifie pour l’auteur un privilège royal de droits d’auteur d’une durée de 20 ans. Une seconde série de quadri est publiée sous le nom de Quatuors Parisiens n° 7 à 12, et exécutée par les meilleures instrumentistes de l’époque. Ces œuvres valent à leur auteur une grande admiration.
En 1739, il décline l’offre du poste de maître de chapelle de la cour de Saint-Pétersbourg [27].
Il mis fin à la publication de ses œuvres en 1740 après la parution de nombreuses compositions de musique de chambre, en partie de caractère pédagogique
Telemann est resté à Hambourg jusqu’à sa mort en 1767.
Grâce à lui, la musique qui était jusqu’alors presque exclusivement réservée à l’église, à la ville ou à la cour et qui, dans l’ensemble ,n’avait que des fonctions représentatives , se vit assigner un nouveau chant d’action tenant compte de ce nouveau public et des exigences d’une bourgeoisie mélomane et musicienne son œuvre subira des influences de style italien , polonais et français et regroupe pas moins de 44 passions, 111 services religieux, plus de 1 000 cantates , 600 ouvertures, et 40 opéras .
Musicien multi-instrumentiste, Telemann reste surtout l’un des compositeurs les plus prolifiques de l’histoire. Son œuvre immense touche à tous les genres reconnus de la musique de son temps. Sont particulièrement remarquables ses mélodies vocales, son utilisation imaginative des timbres ainsi que, surtout dans ses dernières œuvres, l’originalité de ses effets harmoniques. Ses pièces instrumentales dénotent souvent des influences venues de France, d’Italie et parfois de la musique populaire polonaise. Sa musique, qu’il su maintenir à l’avant-garde de toutes les tendances nouvelles, constitue un lien important entre les styles baroque et classique.
Alors que son époque l’avait préféré à Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel qu’il connut tous deux personnellement, l’évolution des idéaux musicologiques au cours du 19ème siècle conduisit à une dépréciation de ses créations.