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Zénon (empereur byzantin)

mercredi 24 février 2016, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 21 août 2011).

Zénon (empereur byzantin)

Empereur de 474 à 491

Monnaie à l'effigie de Zénon Empereur de 474 à 491. Source : wiki/Zénon (empereur byzantin)/ Né à Rosoumblada [1] dans le sud est de l’Asie Mineure entre 427 et 430 sous le nom de Tarasicodissa, noble barbare d’origine isaurienne [2] . Il est appelé par l’empereur Léon 1er pour commander les troupes isauriennes de la Garde pour contre balancer l’influence des Germains [3]. Il est nommé Magister Militum [4] en Thrace [5] en 466 et repousse les Huns commandés par le fils d’Attila, Dengitzic en 467-468 en Thrace. En 467 lors de son mariage avec Aelia Ariadne, fille aînée de Léon 1er, il prend le nom de Zénon.

Consul ordinaire le 1er janvier 469, il échappa en quittant Serdica [6] à un attentat fomentée par Aspar, maître de la milice d’Orient. Léon 1er le nomme maître de la milice des provinces d’Orient. Il quitta la cour pour vivre sur le front et lutta contre les brigands menés par le chef de guerre isaurien Indacus.

Aspar est une menace à ses ambitions. Il vient de voir son fils Patricius élevé au rang de César par Léon qui lui a donné la main de sa fille Léontia Porphyrogénète. Aspar tente de gagner le soutien de la Garde Isaurienne. Pour le contrer, Zénon s’installe à Chalcédoine [7] pour intervenir à Constantinople. Aspar et son fils Ardabur Iunior sont assassinés en 471 à la suite d’émeutes à caractère religieux contre leur arianisme [8]. Zénon semble en avoir été l’instigateur. En 473, il devient maître de milice d’Orient à la place d’Aspar.

Régent de son fils Léon II, âgé de 7 ans en janvier 474, il se désigne empereur d’Orient le 9 février 474. Il signe une paix perpétuelle avec le roi vandale Genséric. Il donne le titre de César à Julius Nepos, gouverneur de Dalmatie [9] ainsi qu’une flottille avec pour mission de traverser l’Adriatique et de renverser Glycerius du trône d’Occident. Par contre le Vandale Genséric lui est hostile à cause de l’assassinat d’Aspar. Genséric envahit même l’Épire [10] et prend la ville de Nicopolis [11]. Mais les hostilités s’arrêtent rapidement.

Il fut obligé de se réfugier en Isaurie [12] le 9 janvier 475 à la suite du coup d’état du monophysite [13] Basiliscus, frère d’Aelia Verina à l’origine du complot. Fin août 476, réconcilié avec sa belle mère Aelia Verina, et fort du soutien du vieux général isaurien Illus, déçu par Basiliscus, il marcha sur Constantinople et remonta triomphalement sur le trône. Il reçu d’Odoacre en 476 les insignes impériaux d’Occident et il lui accorda le titre de patrice [14].

Il dut faire face au pillage de la Macédoine par les Ostrogoths [15] de Théodoric. Ce dernier lui demanda le titre de maître de la milice que refusa Zénon. Les Ostrogoths marchèrent sur Constantinople. il tenta de les diviser et rallia à sa cause Théodoric en 478. Il dut également faire face au soulèvement de Léonce l’usurpateur en Syrie qui appelle à l’aide les Perses et Odoacre. Il mata la révolte avec l’aide de Théodoric. Incapable de chasser par ses propres forces les Hérules [16] d’Italie, il proposa aux Goths de Théodoric en 487 de conquérir l’Italie.

Dans le domaine religieux, poussé par le patriarche Acace il tenta de mettre fin à la querelle monophysite en 482 par un compromis, “l’Henotikon” [17], ce qui provoque un schisme avec Rome.

Il fut très impopulaire car il ne descendait pas d’une ancienne famille sénatoriale de Rome ou de Constantinople. Il meurt le 9 avril 491 d’une attaque d’épilepsie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de François Zosso & Christian Zingg Les empereurs romains (27 av. J.-C. - 476 ap. J.-C.) éditions Errance, Paris 1995, (ISBN 2877720837)

Notes

[1] Isnebol est une ancienne ville, aujourd’hui abandonnée, du sud de la péninsule turque, dans le district d’Ermenek. Dans l’Antiquité, la cité de R(o)us(o)umblada était l’une des principales villes de Isaurie. Après l’accession de Zénon à la tête de l’empereur romain d’Orient, elle fut renommée Zenono(n)polis (souvent dénommée Zenopolis dans les documents religieux) en l’honneur de l’empereur qui y était né. Sous l’Empire ottoman, la ville prit le nom de Isnebol. La ville fut, également, le siège d’un évêché chrétien, d’abord rattaché au patriarcat d’Antioche puis, à partir d’environ 732, au patriarcat de Constantinople.

[2] L’Isaurie est une ancienne région d’Asie Mineure, située entre la Phrygie au nord, la Cilicie au sud, la Lycaonie à l’est et la Pisidie à l’ouest. Elle était située sur ce qui forme maintenant les monts Taurus en Turquie. Région rebelle à l’autorité grecque d’Alexandre le Grand, des Séleucides et du royaume de Pergame, l’Isaurie est conquise en 76 av jc par le Romain Publius Servilius Vatia Isauricus et fut définitivement incorporée à l’Empire romain en 279/280, sous Probus. Héritée par l’Empire byzantin, dont elle devient une région frontalière avec le monde musulman, elle est le berceau des empereurs byzantins Zénon et Léon III. Elle est conquise par les Turcs Seldjoukides au 11ème siècle et fait successivement partie des sultanats de Roum, de Karaman et de l’Empire ottoman.

[3] Les peuples germaniques ou Germains sont des ethnies indo-européennes originellement établies en Europe septentrionale. Leur protohistoire se situe dans les territoires connus sous le nom de Germanie (latin Germania), de Thulé (terme grec désignant probablement la Scandinavie ou le nord de l’Allemagne), ou encore sur les rives de la mer Noire. Mieux connus dans le monde latin à partir du 1er siècle, principalement à travers l’œuvre de l’historien Tacite, l’expansion originelle des Germains est attestée à l’âge du bronze danois. C’est à cette période que la linguistique fait remonter la différenciation linguistique en trois grands groupes : Germains orientaux, Germains occidentaux et Germains septentrionaux. Cette communauté linguistique est constitutive du paradigme de « Germains ».

[4] Le magister militum (« maître des soldats) est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ».

[5] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[6] Sofia est la capitale de la Bulgarie, à 550 mètres d’altitude au pied du mont Vitocha, non loin du fleuve Iskar. Le principal établissement de la tribu thrace des Serdes se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle Sofia. Cette tribu a donné son nom à la ville Serdica qu’ils ont bâtie au 7ème siècle av. jc. Par la suite, elle a été appelée Sredets par les Bulgares, et Triaditsa par les Byzantins. Le nom actuel de la ville lui fut donné en 1376 d’après la basilique Sainte-Sophie.

[7] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur l’entrée orientale du Pont-Euxin, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). La ville turque de Kadıköy est aujourd’hui située sur l’emplacement de Chalcédoine, dans le prolongement d’Üsküdar. Elle fait partie, avec le reste du royaume de Bithynie, du legs de Nicomède IV à l’Empire romain en 74 av. jc. Elle subit l’invasion de Mithridate VI, qui est ensuite chassé par Lucullus. De nouveau dans le giron de l’Empire romain, elle redevient une ville libre. Chalcédoine accueille le quatrième concile œcuménique des chrétiens en 451. Chosroès II, roi des Perses Sassanides, assiège la ville en 602 et s’en empare pour venger le meurtre de son ami Maurice Tibère ; il menace alors directement Constantinople dirigée par Phocas. La ville revient à l’empire l’année suivante, avant d’être à nouveau assiégée (mais non prise) par les Perses en 617 et 626, puis par mer, par les Arabes, en 678 et 718.

[8] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.

[9] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.

[10] Région montagneuse des Balkans, partagée entre la Grèce et l’Albanie. Épire se traduit par "Continent" en français. Ses habitants sont les Épirotes.Le terme peut désigner plus particulièrement :- la périphérie d’Épire, l’une des 13 périphéries de la Grèce. Elle est bordée à l’ouest par la Mer Ionienne ; elle est limitrophe au sud-ouest de l’Albanie, au nord de la région de Macédoine de l’Ouest, à l’est de la région de Thessalie. La périphérie (capitale Ioannina (57 000 habitants) est divisée en 4 préfectures : Thesprotie, Ioannina, Arta et Preveza. - l’Épire du Nord, une région d’Albanie La dynastie des rois éacides du peuple des Molosses y fonda un royaume puissant au 5ème siècle av. jc, avec les autres peuples Chaones, et Thesprôtes. Pyrrhus est un des membres de cette dynastie, ainsi qu’Olympias, la mère d’Alexandre le Grand.

[11] Nicopolis d’Épire, Actia Nicopolis ou encore Nicopolis ad Actium, est une cité grecque fondée par Auguste pour commémorer sa victoire navale d’Actium contre Marc Antoine le 2 septembre 31 av. jc à l’embouchure du golfe Ambracique. La ville est située sur l’isthme de la péninsule qui sépare le golfe ambracique de la mer Ionienne, à l’opposé du promontoire d’Actium, environ 6 km au nord de la ville moderne de Prévéza. Nicopolis a connu un développement florissant pendant la période romaine et l’Antiquité tardive, avant de péricliter à l’époque byzantine. Au 5ème siècle, l’Épire en général et Nicopolis en particulier souffrent de nouveau de nombreuses invasions barbares : ce sont d’abord les Visigoths d’Alaric qui ravagent la région au début du siècle, puis, en 474-475, la ville est pillée par les Vandales de Genséric qui en réduisent la population en captivité. En 551, ce sont cette fois les Ostrogoths de Totila qui la ravagent. C’est suite à l’une de ces deux dernières attaques, plus probablement celle des Vandales, que le cadre urbain est profondément transformé avec la construction d’une nouvelle enceinte imposante

[12] L’Isaurie est une ancienne région d’Asie Mineure, située entre la Phrygie au nord, la Cilicie au sud, la Lycaonie à l’est et la Pisidie à l’ouest. Elle était située sur ce qui forme maintenant les monts Taurus en Turquie. Région rebelle à l’autorité grecque d’Alexandre le Grand, des Séleucides et du royaume de Pergame, l’Isaurie est conquise en 76 av jc par le Romain Publius Servilius Vatia Isauricus et fut définitivement incorporée à l’Empire romain en 279/280, sous Probus. Héritée par l’Empire byzantin, dont elle devient une région frontalière avec le monde musulman, elle est le berceau des empereurs byzantins Zénon et Léon III. Elle est conquise par les Turcs Seldjoukides au 11ème siècle et fait successivement partie des sultanats de Roum, de Karaman et de l’Empire ottoman.

[13] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s est construite à l origine autour du symbole de Nicée, c est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n a qu une seule nature et qu elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro-jacobite, copte, etc.

[14] Patrice est un titre de l’empire romain, créé par Constantin 1er. Dans les années 310-320, Constantin abolit le patriciat romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de la république romaine. Le titre de patrice est désormais accordé par l’empereur à des personnes de son choix, et non plus à des familles entières. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d’intégrer la nobilitas, comme le faisait déjà le patriciat républicain. Le titre était décerné à des personnages puissants mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d’Auguste et de César. Ce titre fut ensuite conféré à des généraux barbares au service de l’empire. Le titre fut encore porté par des notables gallo-romains au 6ème siècle. Sous les Mérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des armées burgondes. Les papes l’ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis Le titre fut également conservé dans l’Empire byzantin, et son importance fut même accrue au 6ème siècle par Justinien 1er, qui en fit la dignité la plus haute de la hiérarchie aulique. C’était une dignité accordée par brevet. Dans les siècles suivants, elle fut progressivement dévaluée par la création de nouveaux titres. La dignité de patrice disparut à Byzance au 12ème siècle.

[15] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique venu des confins de la Baltique et établi au 4ème siècle en Ukraine et en Russie méridionale, au nord de la mer Noire, l’autre fraction étant celle des Wisigoths. Ils jouèrent un rôle considérable dans les événements de la fin de l’Empire romain.

[16] Les Hérules sont un peuple germanique appartenant au groupe ostique, ou groupe des Germains dits « orientaux », issus de Scandinavie, comme les Goths, les Vandales, les Burgondes, et les Gépides entre autres. Peu connus, les Hérules apparaissent comme un peuple mineur mais furent souvent signalés dans les raids gothiques et notamment sur la Mer Noire, où ils se découvrent vite une vocation de pirates. En 267, ils pillent Athènes et mettent ainsi fin à la prestigieuse production sculpturale de la ville. Ils sont mentionnés pour la première fois dans les sources romaines au 3ème siècle lorsqu’en 268 et 269, ils prennent part à une coalition barbare qui réunit les Peucins et les Carpes, petites peuplades germaniques, mais également des Gépides, et surtout des Goths. Au 3ème siècle, un autre peuple germanique, les Lombards, alors établis en Pannonie et qui ne font irruption en Occident qu’en 568, sont alliés ou sont vassaux des Hérules. Au 5ème siècle, ces derniers possèdent un semblant de royaume le long du Danube, bien qu’étant sans doute peu nombreux, c’est probablement de là que part la bande armée dont Odoacre, par ailleurs un des leurs déjà établi en Italie, prend la tête. Ce dernier incendie Pavie, pille Rome et dépose l’empereur Romulus Augustule, se faisant proclamer « Roi d’Italie » en 476.

[17] L’Henotikon (acte d’union), parfois Hénotique en français, est un formulaire rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la demande de l’empereur d’Orient Zénon pour mettre un terme aux controverses christologiques entre Chalcédoniens et Monophysites.