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L’histoire pour le plaisir

Flavius Basiliscus

lundi 23 février 2015, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 1er septembre 2011).

Flavius Basiliscus

Empereur romain d’Orient de 475 à 476

Portrait de Basiliscus sur une pièce de monnaie.Frère de Vérine, femme de l’empereur Léon 1er. Ses relations avec l’empereur lui permettent de poursuivre une carrière militaire.

L’empereur, lui confère la dignité de commandant en chef, en Thrace [1]. Dans cette province, il mène une campagne militaire victorieuse contre les Bulgares en 463. Il succède à Rusticus en tant que magister militum [2] “per Thracias” en 464, et connaît quelques succès contre les Goths [3] et les Huns [4] en 466-467.

La considération de Léon pour Basiliscus augmente et l’intersession de Vérine en faveur de son frère aide la carrière militaire et politique de Basiliscus par l’obtention du consulat en 465. Son ascension va cependant connaître un coup d’arrêt brutal.

En 468, Léon le choisit comme chef de la fameuse expédition contre Carthage, capitale du royaume vandale [5]. Le but de l’opération est la punition du roi vandale Genséric pour le sac de Rome de 455 durant lequel l’ancienne capitale de l’Empire romain d’Occident a été ravagée pendant 15 jours et ou l’impératrice, Licinia Eudoxia, veuve de Valentinien III, et ses filles furent emmenées comme otage.

La Sardaigne et la Libye sont déjà conquises par Marcellinus et Héraclius quand Basiliscus jette l’ancre près du “Promontorium Mercurii” [6], en face de la Sicile, à une soixantaine de kilomètres de Carthage. Genséric demande à Basiliscus 5 jours pour produire les conditions d’une paix. Pendant les négociations, Genséric rassemble ses navires et attaque soudainement le flotte romaine. Les Vandales ont rempli bon nombre de vaisseaux avec du matériel combustible et, durant la nuit, ces brûlots sont lancés contre la flotte romaine qui ne se méfiait pas. Les commandants romains tentent de sauver quelques navires de la destruction, mais leurs manœuvres sont empêchées par l’attaque d’autres navires vandales.

Au cœur de la bataille, il prend la fuite. La moitié de la flotte romaine fut brûlée, coulée ou capturée, et l’autre moitié s’enfuit avec Basiliscus. Toute l’expédition fut un échec. Après son retour à Constantinople, Basiliscus se cache dans l’église Sainte-Sophie pour échapper à la colère du peuple et la vengeance de l’empereur. Par la médiation de Vérine, Basiliscus obtient le pardon impérial et est simplement puni de bannissement à Heraclea Sintica en Thrace.

En 471 et 472, Basiliscus aide Léon à se débarrasser de l’influence germanique à sa cour, fomentant avec lui le meurtre du magister militum alain Aspar. La mort d’Aspar est suivie d’une révolte en Thrace menée par l’Ostrogoth [7] Theodoric Strabo. Basiliscus est envoyé pour mater la révolte, ce qu’il réussit à faire avec l’aide de son neveu Armatus. En 474, il est élevé au rang de caput senatus [8].

Il réussit à prendre le pouvoir le 9 janvier 475 au palais de l’Hebdomon [9] par les officiers palatins et le Sénat. La foule de Constantinople a sa revanche sur Zénon en tuant presque tous les Isauriens encore dans la ville.

Au début, tout semble bien aller pour le nouvel empereur, qui tente même d’initier une nouvelle dynastie en conférant le titre d’Augusta à sa femme Aelia Zenonis et en nommant son fils Marcus césar, puis plus tard auguste.

Cependant, à cause de sa mauvaise gestion, il perd rapidement la plupart de ses soutiens et s’aliène l’Église et le peuple de Constantinople. De plus, sa politique de protection de son pouvoir par la distribution de rôles-clé à des hommes loyaux dresse contre lui des personnages importants de la cour, y compris sa sœur Vérine en faisant exécuter le magister officiorum [10] Patricius l’amant de Vérine dont elle avait prévu de l’élever au rang impérial et de l’épouser.

Illus l’abandonne et rallie Zénon à l’été 476 et marche sur Constantinople. Quand Basiliscus reçoit la nouvelle de ce danger, il se hâte de rappeler ses édits ecclésiastiques et de se concilier le patriarche et le peuple, mais il est déjà trop tard.

Armatus, est envoyé en Asie Mineure avec toutes les forces disponibles pour s’opposer à l’avancée de l’armée isaurienne, mais des échanges secrets avec Zénon, qui lui promet le titre de magister militum à vie et de conférer le rang de césar à son fils, le conduisent à trahir son maître. Armatus évite intentionnellement la route que prend Zénon et marche sur l’Isaurie par une autre voie. Cette trahison précipite la chute de Basiliscus.

En août 476, Zénon assiège Constantinople. Le Sénat ouvre les portes de la ville à l’Isaurien, lui permettant de récupérer son trône. Basiluscus fuit et cherche refuge dans une église, mais il est trahi par Acacius. Il se rend alors de lui-même avec sa famille après avoir arraché la promesse solennelle que leur sang ne serait pas répandu. Basiliscus, sa femme Aelia Zenonis et son fils Marcus furent envoyés dans une forteresse en Cappadoce [11], où Zénon les enferma dans une citerne asséchée et les laissa mourir.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de John Boardman, The Cambridge Ancient History, Cambridge, Cambridge University Press,‎ 1982, 1ère éd.

Notes

[1] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[2] Le magister militum est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ». À l’origine, on distinguait le magister peditum ou commandant de l’infanterie et le magister equitum ou commandant de la cavalerie. Les deux fonctions furent à l’occasion réunies et leur titulaire prit le titre de magister utriusque militiae.

[3] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[4] Les Huns sont un ancien peuple nomade originaire de l’Asie centrale, dont la présence en Europe est attestée à partir du 4ème siècle et qui y établirent le vaste empire hunnique. L’origine des Huns est disputée. Les Huns ont joué un rôle important dans le cadre des grandes invasions qui contribuèrent à l’écroulement de l’Empire romain d’Occident. Sous le règne d’Attila, l’empire est unifié mais ne lui survit pas plus d’un an. Les descendants et successeurs des Huns occupent encore diverses parties de l’Europe de l’Est et d’Asie centrale entre les 4ème et 6ème siècles, et laissent encore quelques traces dans le Caucase jusqu’au début du 8ème siècle.

[5] Le royaume vandale est un royaume ayant existé en Afrique du Nord de 429 à 534. Il disparaît après la reconquête byzantine de la région, et plus précisément lors de l’abdication du dernier roi vandale d’Afrique du Nord, Gélimer, en mars 534.

[6] maintenant le Cap Bon

[7] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique venu des confins de la Baltique et établi au 4ème siècle en Ukraine et en Russie méridionale, au nord de la mer Noire, l’autre fraction étant celle des Wisigoths. Ils jouèrent un rôle considérable dans les événements de la fin de l’Empire romain.

[8] premier parmi les sénateurs

[9] L’Hebdomon était un faubourg de Constantinople à l’époque byzantine, situé à sept milles romains du Milion (env. 10 km), c’est-à-dire à 4 km hors des murs, sur la Via Egnatia, au bord de la Mer de Marmara. Abritant plusieurs palais et églises, c’était le point de départ des triomphes impériaux vers la Porte d’Or de la capitale.

[10] Le magister officiorum ou maître des offices est un haut fonctionnaire romain de l’époque du Bas-Empire.

[11] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.