Né à Bracara Augusta [1]. En 414, il quitte l’Hispania, occupée par les Suèves [2] depuis 409 pour rejoindre saint Augustin à Hippone [3] en Afrique. Il souhaitait le consulter au sujet de l’hérésie du priscillianisme [4].
Ce dernier l’envoya en Palestine vers 415, pour seconder Jérôme dans son combat contre le pélagianisme [5]. Orose participa au synode de Jérusalem en juillet 415 et publia contre cette hérésie “l’Apologeticus de arbitrii libertate”. La mission fut toutefois un échec, puisque les évêques orientaux ne condamnèrent pas Pélage.
De retour à Hippone, il rapportait avec lui un volumineux courrier pour les évêques d’Afrique et de Numidie [6], ainsi qu’un fragment des reliques du protomartyr Étienne, que Lucien de Kaphar Gamala avait découvertes à Jérusalem pendant la tenue du concile de Diospolis. Il rédige alors une Histoire contre les païens [7], car, en 414, Augustin d’Hippone lui avait demandé un dossier historique pour compléter les livres I-V de la Cité de Dieu.
En 414, Augustin d’Hippone demande à Orose de composer un recueil des malheurs du temps. En effet, dans la Cité de Dieu, l’évêque d’Hippone cherchait à prouver que le sac de Rome par Alaric en 410 n’était pas la conséquence de l’abandon du paganisme. Il fallait donc prouver que les hommes n’étaient pas plus heureux avant l’époque chrétienne.
Mais Orose, s’il conserve le “praeceptum augustinianum”, c’est-à-dire l’idée de raconter les malheurs du monde depuis son origine jusqu’à son époque, va détourner le projet augustinien en lui donnant trois axes méthodologiques originaux. Il intègre l’histoire des peuples orientaux, il associe, conformément au postulat d’Eusèbe de Césarée, l’histoire de l’Empire romain et celle du christianisme. En effet, comme le mal serait la conséquence du péché des hommes, plus le christianisme progresse moins l’homme subit les malheurs de l’histoire. Il situe les invasions barbares dans le cadre d’une eschatologie millénariste fondée sur des parallèles chronologiques entre Babylone, Rome, Carthage et la Macédoine. D’après son exégèse du livre de Daniel, il reste 2 siècles avant la fin du monde.
Pour lui ces 2 siècles seront des temps chrétiens [8] basés sur la concorde dans le cadre d’une christianisation universelle, notamment des Germains.
Bien que destinataire de la dédicace, Augustin d’Hippone ne pouvait approuver l’œuvre d’Orose pour plusieurs raisons. Orose confond la cité terrestre et la cité céleste, il affirme l’existence d’une action providentielle dans l’histoire politique, il associe l’histoire de l’Empire Romain à celle du Christianisme et il spécule sur la fin du monde.
C’est pourquoi, en 425 dans le livre XVIII de la Cité de Dieu, il réfute les idées historiques d’Orose.
Il est probablement mort vers 418, alors qu’il retournait dans la péninsule ibérique. On sait qu’il aborda aux Baléares et, la saison étant déjà bien tardive pour naviguer, il avait sans doute le projet de gagner Tarragone par mer, puis de finir son voyage jusqu’à Bracara Augusta par voie de terre. Il séjourna quelque temps à Minorque à la fin de 417, ne pu passer en Hispania comme il l’espérait, et décida de revenir en Afrique. Avant d’embarquer, il confia à l’évêque Sévère les reliques d’Étienne qui se révélèrent miraculeuses.
À partir de là, les traces d’Orose se perdent ; on n’a plus aucun témoignage de son existence, et il est probable qu’il disparut dans un naufrage au cours de la traversée.