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L’histoire pour le plaisir

Harpale

vendredi 27 septembre 2013, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 23 juillet 2011).

Harpale (mort en 323 av.jc)

le Royaume de Macédoine sous Alexandre le Grand

Ami d’enfance et trésorier d’Alexandre le Grand. En 337, il intervient dans le mariage que Pixodaros, Satrape [1] de Carie [2], veut nouer entre sa fille et Arrhidée, autre fils de Philippe. Comme les autres amis d’Alexandre, Néarque ou encore Ptolémée, il suggère au futur conquérant de contrecarrer cette union et de prendre lui-même la jeune fille pour épouse. Une fois le complot découvert, Philippe exile Harpale et les autres compagnons d’Alexandre.

Il séjourne plusieurs fois en Grèce, notamment à Athènes. Lors de l’expédition asiatique d’Alexandre, il est nommé gouverneur de la Babylonie [3]. Pendant son séjour, il s’emploie à acclimater des plantes grecques au climat de la région. C’est alors qu’Alexandre lui demande de lui faire parvenir des livres de Philistos, des tragédies d’Euripide, Sophocle et Eschyle ainsi que des dithyrambes [4] de Telestès de Sélinonte et de Philoxénos de Cythère.

Devenu trésorier d’Alexandre, c’est-à-dire gardien de ses réserves d’or, il quitte Babylone avec une partie de l’argent et se réfugie à Athènes. Là, il s’attache les faveurs d’une hétaïre [5], Pythonikè, qu’il finit par épouser, qui lui donne un enfant et à qui il élèvera un tombeau quand elle mourra. Pardonné, il retrouve tous ses honneurs. À l’automne 325, cependant, quand Alexandre revient en Perside [6] après son expédition en Inde, il s’enfuit de nouveau. Il craint d’être puni pour son train de vie dispendieux. Il emporte avec lui 5 000 talents et s’installe d’abord à Tarse [7], en Cilicie [8]. Puis, comptant sur ses largesses envers Athènes, il part pour l’Attique [9]. Alexandre menace alors Athènes d’une expédition si elle accueille son trésorier en fuite.

Au printemps 324, il se présente au Pirée, fort de 20 navires et d’un millier de mercenaires. L’orateur Démosthène lui fait aussitôt interdire l’accès de la cité. Il se représente de nouveau avec une seule trière et peut entrer. Cependant, sur les exhortations de Démosthène, il est arrêté sur-le-champ et sa fortune est placée sous séquestre, dans l’attente d’un envoyé d’Alexandre. Tiraillés entre le désir d’accueillir un ennemi d’Alexandre et la peur des représailles, les Athéniens décident de fermer les yeux sur l’évasion d’Harpale, qui s’enfuit en Crète. Après le départ de ce dernier, cependant, on ne trouve plus que la moitié de la somme mise sous séquestre. Démosthène et d’autres orateurs sont accusés de corruption : c’est l’affaire d’Harpale.

Peu de temps après son arrivée en Crète, il fut assassiné par Thimbron, l’un de ses compagnons.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Imago Mundi/ Harpale

Notes

[1] un gouverneur de province dans l’Empire perse antique

[2] La Carie est une ancienne province du sud-ouest de l’Asie mineure, située entre la Lycie à l’Est, la Phrygie au Nord, la Lydie à l’Ouest et la mer Égée au Sud. À l’origine, c’est une colonie phénicienne, prise ensuite par les Doriens qui fondent les cités de Cnide et d’Halicarnasse. Sous la domination des Perses, elle devient une satrapie, rapidement gouvernée par des satrapes locaux qui se comportent comme des monarques autonomes, comme Mausole ou sa femme Artémise II. Sous l’Empire romain, la Carie devient une province romaine d’Asie.

[3] Babylonie, ancienne contrée au Sud de la Mésopotamie et au Nord du golfe Persique dans l’Irak actuel, se divisait en Babylonie propre, entre l’Euphrate et le Tigre. Chaldée, au Sud-Ouest, depuis le confluent des 2 fleuves, jusqu’au golfe Persique ; et Sitacène, à l’Est.

[4] Le dithyrambe est un hymne religieux chanté par un chœur d’hommes accompagné d’un aulos (hautbois double) et d’une danse représentant à l’origine l’emprise de Dionysos sur les hommes. Même si des dithyrambes ont été adressés à d’autres divinités grecques, il s’agit avant tout d’un chant à Dionysos, dont l’une des épiclèses est Dithyrambos.

[5] Les hétaïres ne se contentent pas d’offrir des services sexuels et leurs prestations ne sont pas ponctuelles. Elles possèdent généralement une éducation soignée et sont capables de prendre part à des conversations entre gens cultivés, par exemple lors des banquets. Seules entre toutes les femmes de Grèce, Spartiates exceptées, elles sont indépendantes et peuvent gérer leurs biens. La concubine reçoit des dons de quelques « compagnons » (hetairoi) ou « amis » (philoi), qui assurent son entretien, et à qui elle accorde ses faveurs. Aspasie, maîtresse de Périclès, est ainsi la femme la plus célèbre du ve siècle av. J.‑C. Elle attire chez elle Sophocle, Phidias ou encore Socrate et ses disciples.

[6] Le Fars ou Pars est une des trente provinces d’Iran, au sud-ouest du pays. Sa capitale est Chiraz. Le Fars a une superficie de 122 416 km². Le Fars est la terre d’origine des Persans. Perse et Persan dérivent tous deux de la forme hellénisée Persis venant de la racine Pārs. Fārs est la version arabisée de Pars. Dans l’Antiquité, le Fars était appelé Perside.

[7] Tarse est une ville de Cilicie, en Turquie. La ville fut un haut lieu de la philosophie stoïcienne. Marc Antoine, lors du second triumvirat, y établit sa capitale après la bataille de Philippes. Tarse est aussi connu pour être le lieu de la première rencontre entre Cléopâtre et Antoine. Elle abrita l’une des premières églises chrétiennes d’Asie Mineure. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saul.

[8] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[9] L’Attique est la région qui entoure Athènes