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Alexandre III le grand

mardi 11 février 2014, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 24 juillet 2011).

Alexandre III le grand (356-323 av jc)

Roi de Macédoine de 336 à 323

Alexandre III le grand Roi de Macédoine de 336 à 323

Il est né à Pella [1], la capitale du royaume de Macédoine, fils de Philippe II de Macédoine et d’Olympias, princesse d’Épire, sa 3ème femme. Par sa mère, il est le neveu d’Alexandre le Molosse, roi d’Épire [2], territoire qui se situe de nos jours entre la région grecque d’Épire et le sud de l’actuelle Albanie. Il reçut une bonne éducation et après avoir été éduqué par Léonidas, un parent de sa mère Olympias et Lysimaque d’Acarnanie, il reçoit pour précepteur le philosophe Aristote. Il fut très vite associé aux responsabilités du pouvoir. En 340, en l’absence de son père parti assiéger Byzance, à 16 ans, il devint régent de Macédoine.

En 337 cependant, une violente dispute oppose le père et le fils quand Alexandre prend le parti de sa mère Olympias à laquelle Philippe souhaite imposer Cléopâtre, sœur ou nièce d’un général de Philippe, Attale, comme seconde épouse légitime et dont il a bientôt un fils. Alexandre doit se réfugier dans la famille de sa mère en Épire.

Cependant la brouille ne dure guère et bientôt pardonné, il sauve la vie de son père lors d’une expédition contre les Triballes [3].

En 336, alors âgé de 20 ans, il succéda à son père assassiné, il ordonne immédiatement l’exécution de tous ses rivaux potentiels. Ainsi, pour ne pas avoir de concurrent au trône, il fait assassiner son cousin Amyntas IV, roi de Macédoine que Philippe II avait renversé alors qu’il n’était qu’un enfant. Cependant, avant de reprendre le projet de son père de porter la guerre en Asie, il assure la sécurité de son royaume par 2 expéditions au nord de la Macédoine, l’une jusqu’au Danube, l’autre en Illyrie [4] révoltée. Cependant, alors que le nouveau roi de Macédoine est occupé au nord, les cités grecques se révoltent. La riposte ne se fit pas attendre, à l’automne 335 la ville de Thèbes est entièrement rasée à l’exception de la citadelle de la Cadmée [5], de la maison natale de Pindare et des temples des dieux, sa population réduite en esclavage et les terres partagées entre les vainqueurs, seul Athènes fut épargné, trop heureuse de se soumettre à moindre mal. Après avoir obtenu la soumission de la Grèce, il entreprit de réaliser son rêve, la conquête de l’empire Perse des Achéménides qui englobait l’ensemble du Moyen-Orient, y compris l’Asie Mineure et l’Egypte. Il donne à Antipater, nommé régent en l’absence du roi, la moitié de la cavalerie macédonienne soit environ 1 500 hommes et 12 000 fantassins.

Il part de sa capitale Pella et, en 20 jours, atteint Sestos [6] en Chersonèse de Thrace [7]. Tandis que Parménion est chargé par le roi de transporter l’armée à Abydos [8], tête de pont crée par Philippe II sur l’Hellespont. Au printemps 334, il passa l’Hellespont avec 30 000 fantassins et 5 000 cavaliers, remarquablement organisé et commandée par des généraux de valeur,Antigone, Parménion, Silences, Eumène, Ptolémée. Le principal chef mercenaire grec de Darius III, Memnon de Rhodes, est partisan de la politique de la terre brûlée face aux Macédoniens, dont il estime, à juste titre, la valeur. Il propose que l’armée entraîne vers l’intérieur du pays, sans combattre, les troupes d’Alexandre tandis que la flotte perse porte la guerre jusqu’en Macédoine. Memnon pouvait légitimement espérer une révolte des cités grecques, s’appuyant sur l’or de Darius et sur le légitime ressentiment contre Alexandre à la suite du saccage de Thèbes. Malheureusement les satrapes [9] perses se méfient des conseils d’un étranger et ne tiennent aucunement compte de son avis. Arsitès, le satrape de Phrygie [10], déclare qu’il ne laissera pas brûler une seule maison de sa satrapie. 2 victoires sur les rives du Granique [11] et à Issos [12] en 333, lui suffirent pour chasser Darius III d’Asie Mineure. Au printemps 332, il s’empara de la Syrie, de la Phénicie [13] et en décembre, il pénétra en Egypte et se fait proclamer pharaon à Memphis en 331

Au printemps suivant, il envahit la Mésopotamie, franchit l’Euphrate et le tigre et, à la bataille d’Arbèles [14], à l’Est de Ninive [15], il dispersa la dernière armée perse en octobre 331. Les grandes capitales de l’Orient tombèrent entre ses mains, ainsi que l’or perse, et Alexandre prit le titre de roi d’Asie. Les années suivantes le virent au-delà de l’Oxus [16] et après avoir conquis ce qui est maintenant l’Afghanistan, il entra dans le bassin de l’Indus au début de 326, avec l’intention d’atteindre le Gange. Mais aux bords de l’Hyphase, affluent de l’Indus, ses soldats refusèrent de le suivre et il donna l’ordre de retour en juillet 326.

Revenu à Babylone, il entreprit l’organisation de son empire. Il se présenta en héritier des Achéménides. Il avait châtié les assassins de Darius III, dont il prit la fille aînée comme 3ème femmes, il releva le tombeau de Cyrus, s’entoura de seigneur perses, et adopta les vêtements et certaines coutumes de l’Asie. Alexandre semble avoir conçu son empire comme un état pluriethnique, ou les différents peuples, les diverses religions et cultures pouvaient coexister sur un pied d’égalité. En 324, il organisa les noces de Suse, où 10 000 de ses officiers et soldats épousèrent des asiatiques.

Ces conceptions rencontrèrent des résistances et provoquèrent même des révoltes chez les Macédoniens et les Grecs.

Alexandre multiplia les rencontres avec des ambassades venues des pays limitrophes de son empire, Libye, Cyrénaïque, Celtes des Balkans, Carthaginois. Le voyage de Néarque ayant montré combien les communications maritimes avec la partie orientale de l’empire étaient plus aisées que les communications terrestres, Alexandre ordonna l’exploration des mers limitrophes. Ainsi Héraclide est-il envoyé explorer la mer Caspienne et trois expéditions successives sont envoyées reconnaître les côtes de l’Arabie. Les deux premières, celle d’Archias, et celle d’Androsthène ne dépassent pas l’île de Tylos [17] . Celle d’Hièron de Soles atteint sans doute le golfe de Suez. Cette reconnaissance totale des côtes de la mer Rouge à l’embouchure de l’Indus va donner à Alexandrie un rôle pivot dans le développement des relations commerciales entre la mer Égée, et donc la Grèce, et l’Asie.

Alexandre consacre les dernières semaines de sa vie à parcourir les canaux de l’Euphrate et à faire exécuter des travaux destinés à réguler les inondations. Puis il revient à Babylone.

Le 30 mai 323, il est pris d’une fièvre qui va durer jusqu’à son décès. Les premiers jours, jusqu’au 4 juin, il continue à donner des ordres et à surveiller les préparatifs de son expédition mais, à partir du 5, l’aggravation de son état l’en rend incapable. Le 7, il perd l’usage de la parole et ne peut parler à ses officiers, qu’il reconnaît cependant. Une terrible fièvre s’empare de lui à partir de la nuit du 9 au 10. Le 12, les soldats le croyant mort exigent de le voir et défilent devant le roi, sans armes.

Il meurt le 13 juin au soir à l’âge de 33 ans à Babylone. Son fils posthume, Alexandre IV Aigos, ne régna jamais. Ses lieutenants, les diadoques [18], se partagèrent l’empire.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de encyclopédie Larousse /personnage / Alexandre III le Grand/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 33

Notes

[1] Pella est une ville antique de la plaine centrale de Macédoine, entre le Loudias et l’Axios, sur une colline surplombant dans l’Antiquité un lac marécageux : cette cité de peuplement mixte gréco-barbare passe sous le contrôle des rois téménides dès le début du 5ème siècle, mais ne sort de l’obscurité qu’en devenant leur résidence habituelle, à une époque où le royaume est en pleine expansion vers l’Est aux dépens des Thraces et de la Ligue de Chalcidique. Elle devient ainsi la capitale du royaume de Macédoine à partir du début du 4ème siècle av. jc en supplantant Aigéai, et conserve ce rôle à l’époque hellénistique, pour le royaume antigonide.

[2] Région montagneuse des Balkans, partagée entre la Grèce et l’Albanie. Épire se traduit par "Continent" en français. Ses habitants sont les Épirotes. Le terme peut désigner plus particulièrement :
- la périphérie d’Épire, l’une des 13 périphéries de la Grèce. Elle est bordée à l’ouest par la Mer Ionienne ; elle est limitrophe au sud-ouest de l’Albanie, au nord de la région de Macédoine de l’Ouest, à l’est de la région de Thessalie. La périphérie (capitale Ioannina (57 000 habitants) est divisée en 4 préfectures : Thesprotie, Ioannina, Arta et Preveza.
- l’Épire du Nord, une région d’Albanie La dynastie des rois éacides du peuple des Molosses y fonda un royaume puissant au 5ème siècle av. jc, avec les autres peuples Chaones, et Thesprôtes. Pyrrhus est un des membres de cette dynastie, ainsi qu’Olympias, la mère d’Alexandre le Grand.

[3] Les Triballes sont l’un des peuples qui habitent la Thrace durant la période de l’Antiquité. Ils sont établis entre le Danube et l’Hémus en Thrace septentrionale. À plusieurs reprises, ils menacent les cités grecques installées sur les côtes de la région. En 339 av. jc, Philippe II, au retour de son expédition contre les Scythes, se voit refuser le passage du fleuve Hémus par les Triballes à moins de partager son butin. Au cours du combat qui s’ensuivit, Philippe fut vaincu et perdit une main et une jambe. Au printemps 335, Alexandre le Grand lance contre eux une grande offensive après que les Triballes ont attaqué des garnisons macédoniennes. Dans cette campagne, nécessaire pour Alexandre car elle lui permet de garantir sa frontière nordique avant son expédition d’Asie, les effectifs engagés sont considérables. Les Triballes, dirigés par le roi Syrmos, sont battus sévèrement.

[4] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C., l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.

[5] La Cadmée est la citadelle de la cité grecque de Thèbes, l’acropole thébaine. Son fondateur légendaire est Cadmos, fils d’Agénor (roi de Tyr en Phénicie), parti en vain à la recherche de sa sœur Europe enlevée par Zeus sous la forme d’un Taureau. En 382 av. jc, le Spartiate Phoibidas, dans le cadre des opérations lacédémoniennes en Chalcidique, se détourne de sa route et prend d’assaut la Cadmée, avec la complicité de Léontiadès, chef de la faction laconophile de Thèbes. Sparte installe une garnison dans la cité, dont le gouvernement est assumé par une oligarchie composée de Léontiadès et de ses amis. Après la défaite de Chéronée en 338 av.jc face à Philippe II de Macédoine, cette citadelle sera occupée par une garnison macédonienne.

[6] Sestos est une ville antique de Chersonèse de Thrace situé à l’endroit le plus étroit des Dardanelles et faisant face, côté asiatique, à Abydos. Sa position stratégique en fait un point de ravitaillement important pendant l’Antiquité, sur la route des Détroits.

[7] La péninsule de Gallipoli, aussi connue sous son nom antique de Chersonèse de Thrace, est une péninsule située en Turquie, dépendant de la Thrace. Elle constitue la rive nord des Dardanelles (l’ancien Hellespont). Sa rive nord est baignée par la mer Égée.

[8] Abydos est une ancienne colonie milésienne située sur la rive asiatique de l’Hellespont, à son point le plus étroit, aujourd’hui Nagara-Bouroun. C’est là que Xerxès franchit l’Hellespont, à l’aide d’un fameux pont de bateaux, pour passer en Europe en 480 av. jc. Abydos opposa une vigoureuse résistance à Philippe V de Macédoine en 200 av. jc.

[9] Gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[10] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite

[11] La rivière Biga est l’antique Granique fleuve côtier dans la province de Çanakkale. Il prend sa source sur les flancs du Mont Ida. Elle a son embouchure dans la mer de Marmara, à proximité de Karabiga. Les berges de la rivière de Biga ont été le théâtre d’une première défaite des armées perses de Darius III contre Alexandre le Grand en 334 av. jc, lors de la bataille du Granique.

[12] Issos est le lieu de peuplement ancien situé dans une position stratégique dans la plaine de la province turque du Hatay, proche de la frontière avec la Syrie. Elle est connue surtout pour avoir été le théâtre de plusieurs batailles appelées batailles d’Issos.

[13] Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et de la Palestine. Les Phéniciens étaient un peuple antique d’habiles navigateurs et commerçants. Partis de leurs cités États en Phénicie, ils fondèrent dès 3000 av jc de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage en 814. Rivaux des Mycéniens pour la navigation en Méditerranée au 2ème millénaire av jc, ils furent d’après ce qu’on en sait les meilleurs navigateurs de l’Antiquité. L’invasion des Peuples de la Mer va ravager les cités phéniciennes, de même que Mycènes et les autres territoires qu’ils traversent, mais c’est ce qui va permettre aux Phéniciens de trouver leur indépendance vis-à-vis des puissances voisines qui les avaient assujettis puisque celles-ci seront elles aussi détruites par ces invasions. La chute de Mycènes en particulier va leur permettre de dominer les mers. Après avoir supporté les assauts des Athéniens, des Assyriens, de Nabuchodonosor puis de Darius III, la Phénicie disparut finalement avec la conquête par Alexandre le Grand en 332 av jc.

[14] Erbil est la capitale du Kurdistan irakien, Région fédérale autonome du Nord de l’Irak. Elle est aussi la capitale de la province d’Erbil. L’implantation de la moderne Erbil s’est faite à proximité du site antique d’Arbelles ou Arbelès. En 331 av. jc, Alexandre le Grand remporta une victoire décisive sur l’armée perse de Darius III à une centaine de kilomètres d’Arbèles, dans la plaine de Gaugamèles. C’est pourquoi la bataille de Gaugamèles est aussi parfois appelée bataille d’Arbèles.

[15] Ninive une ancienne ville de l’Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est du Tigre, au confluent du Khosr, dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l’autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines de Kuyunjik et de Nebī Yūnus. Ninive est l’une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu’elle est devenue l’une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d’en faire la capitale de son grand empire au début du 7ème siècle av. jc. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L’espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée.

[16] actuel Amou-Daria

[17] actuelle île de Bahreïn

[18] En grec ancien diádokhos, qui veut dire successeur . C est le nom donné aux généraux successeurs d Alexandre le Grand, qui se partagèrent son empire à sa mort en 323 av jc.