Il est né à Pella [1], la capitale du royaume de Macédoine, fils de Philippe II de Macédoine et d’Olympias, princesse d’Épire, sa 3ème femme. Par sa mère, il est le neveu d’Alexandre le Molosse, roi d’Épire [2], territoire qui se situe de nos jours entre la région grecque d’Épire et le sud de l’actuelle Albanie. Il reçut une bonne éducation et après avoir été éduqué par Léonidas, un parent de sa mère Olympias et Lysimaque d’Acarnanie, il reçoit pour précepteur le philosophe Aristote. Il fut très vite associé aux responsabilités du pouvoir. En 340, en l’absence de son père parti assiéger Byzance, à 16 ans, il devint régent de Macédoine.
En 337 cependant, une violente dispute oppose le père et le fils quand Alexandre prend le parti de sa mère Olympias à laquelle Philippe souhaite imposer Cléopâtre, sœur ou nièce d’un général de Philippe, Attale, comme seconde épouse légitime et dont il a bientôt un fils. Alexandre doit se réfugier dans la famille de sa mère en Épire.
Cependant la brouille ne dure guère et bientôt pardonné, il sauve la vie de son père lors d’une expédition contre les Triballes [3].
En 336, alors âgé de 20 ans, il succéda à son père assassiné, il ordonne immédiatement l’exécution de tous ses rivaux potentiels. Ainsi, pour ne pas avoir de concurrent au trône, il fait assassiner son cousin Amyntas IV, roi de Macédoine que Philippe II avait renversé alors qu’il n’était qu’un enfant. Cependant, avant de reprendre le projet de son père de porter la guerre en Asie, il assure la sécurité de son royaume par 2 expéditions au nord de la Macédoine, l’une jusqu’au Danube, l’autre en Illyrie [4] révoltée. Cependant, alors que le nouveau roi de Macédoine est occupé au nord, les cités grecques se révoltent. La riposte ne se fit pas attendre, à l’automne 335 la ville de Thèbes est entièrement rasée à l’exception de la citadelle de la Cadmée [5], de la maison natale de Pindare et des temples des dieux, sa population réduite en esclavage et les terres partagées entre les vainqueurs, seul Athènes fut épargné, trop heureuse de se soumettre à moindre mal. Après avoir obtenu la soumission de la Grèce, il entreprit de réaliser son rêve, la conquête de l’empire Perse des Achéménides qui englobait l’ensemble du Moyen-Orient, y compris l’Asie Mineure et l’Egypte. Il donne à Antipater, nommé régent en l’absence du roi, la moitié de la cavalerie macédonienne soit environ 1 500 hommes et 12 000 fantassins.
Il part de sa capitale Pella et, en 20 jours, atteint Sestos [6] en Chersonèse de Thrace [7]. Tandis que Parménion est chargé par le roi de transporter l’armée à Abydos [8], tête de pont crée par Philippe II sur l’Hellespont. Au printemps 334, il passa l’Hellespont avec 30 000 fantassins et 5 000 cavaliers, remarquablement organisé et commandée par des généraux de valeur,Antigone, Parménion, Silences, Eumène, Ptolémée. Le principal chef mercenaire grec de Darius III, Memnon de Rhodes, est partisan de la politique de la terre brûlée face aux Macédoniens, dont il estime, à juste titre, la valeur. Il propose que l’armée entraîne vers l’intérieur du pays, sans combattre, les troupes d’Alexandre tandis que la flotte perse porte la guerre jusqu’en Macédoine. Memnon pouvait légitimement espérer une révolte des cités grecques, s’appuyant sur l’or de Darius et sur le légitime ressentiment contre Alexandre à la suite du saccage de Thèbes. Malheureusement les satrapes [9] perses se méfient des conseils d’un étranger et ne tiennent aucunement compte de son avis. Arsitès, le satrape de Phrygie [10], déclare qu’il ne laissera pas brûler une seule maison de sa satrapie. 2 victoires sur les rives du Granique [11] et à Issos [12] en 333, lui suffirent pour chasser Darius III d’Asie Mineure. Au printemps 332, il s’empara de la Syrie, de la Phénicie [13] et en décembre, il pénétra en Egypte et se fait proclamer pharaon à Memphis en 331
Au printemps suivant, il envahit la Mésopotamie, franchit l’Euphrate et le tigre et, à la bataille d’Arbèles [14], à l’Est de Ninive [15], il dispersa la dernière armée perse en octobre 331. Les grandes capitales de l’Orient tombèrent entre ses mains, ainsi que l’or perse, et Alexandre prit le titre de roi d’Asie. Les années suivantes le virent au-delà de l’Oxus [16] et après avoir conquis ce qui est maintenant l’Afghanistan, il entra dans le bassin de l’Indus au début de 326, avec l’intention d’atteindre le Gange. Mais aux bords de l’Hyphase, affluent de l’Indus, ses soldats refusèrent de le suivre et il donna l’ordre de retour en juillet 326.
Revenu à Babylone, il entreprit l’organisation de son empire. Il se présenta en héritier des Achéménides. Il avait châtié les assassins de Darius III, dont il prit la fille aînée comme 3ème femmes, il releva le tombeau de Cyrus, s’entoura de seigneur perses, et adopta les vêtements et certaines coutumes de l’Asie. Alexandre semble avoir conçu son empire comme un état pluriethnique, ou les différents peuples, les diverses religions et cultures pouvaient coexister sur un pied d’égalité. En 324, il organisa les noces de Suse, où 10 000 de ses officiers et soldats épousèrent des asiatiques.
Ces conceptions rencontrèrent des résistances et provoquèrent même des révoltes chez les Macédoniens et les Grecs.
Alexandre multiplia les rencontres avec des ambassades venues des pays limitrophes de son empire, Libye, Cyrénaïque, Celtes des Balkans, Carthaginois. Le voyage de Néarque ayant montré combien les communications maritimes avec la partie orientale de l’empire étaient plus aisées que les communications terrestres, Alexandre ordonna l’exploration des mers limitrophes. Ainsi Héraclide est-il envoyé explorer la mer Caspienne et trois expéditions successives sont envoyées reconnaître les côtes de l’Arabie. Les deux premières, celle d’Archias, et celle d’Androsthène ne dépassent pas l’île de Tylos [17] . Celle d’Hièron de Soles atteint sans doute le golfe de Suez. Cette reconnaissance totale des côtes de la mer Rouge à l’embouchure de l’Indus va donner à Alexandrie un rôle pivot dans le développement des relations commerciales entre la mer Égée, et donc la Grèce, et l’Asie.
Alexandre consacre les dernières semaines de sa vie à parcourir les canaux de l’Euphrate et à faire exécuter des travaux destinés à réguler les inondations. Puis il revient à Babylone.
Le 30 mai 323, il est pris d’une fièvre qui va durer jusqu’à son décès. Les premiers jours, jusqu’au 4 juin, il continue à donner des ordres et à surveiller les préparatifs de son expédition mais, à partir du 5, l’aggravation de son état l’en rend incapable. Le 7, il perd l’usage de la parole et ne peut parler à ses officiers, qu’il reconnaît cependant. Une terrible fièvre s’empare de lui à partir de la nuit du 9 au 10. Le 12, les soldats le croyant mort exigent de le voir et défilent devant le roi, sans armes.
Il meurt le 13 juin au soir à l’âge de 33 ans à Babylone. Son fils posthume, Alexandre IV Aigos, ne régna jamais. Ses lieutenants, les diadoques [18], se partagèrent l’empire.