Né à Stagire [1] en Macédoine, son père, Nicomaque, était le médecin du roi Amyntas II de Macédoine. Sa mère, Phaéstis, était une sage-femme originaire de l’île d’Eubée [2]. Il perdit à 11 ans son père, puis sa mère, et fut élevé par son beau-frère, Proxène d’Atarnée, à Atarnée [3], en Mysie [4], où il se lie d’amitié avec Hermias d’Atarnée , futur "tyran" de Mysie.
Il commença par suivre les cours d’Isocrate. Peu satisfait, il décida de rentrer à l’Académie de Platon à l’âge de 17 ans, vers 367 av.jc, alors que Platon se trouve en Sicile. Il y fut remarqué, notamment pour son intelligence. Platon lui donna même le droit d’enseigner, surtout la rhétorique, en tant que répétiteur. Il resta 20 ans à l’Académie, jusqu’à la mort de Platon.
Il a commencé par écrire 19 œuvres, dont des dialogues, aujourd’hui perdus, et de philosophie platonicienne, Il s’opposait déjà, Platon vivant, à la théorie des Idées de Platon. Ensuite à partir de 350, il forma l’ Organon [5]. Il s’intéressa à la vie politique locale mais ne put y participer du fait de son statut de métèque [6].
À la mort de Platon, en 346, Speusippe, neveu de Platon, succéda à celui-ci. Dépité, Aristote partit pour Atarnée, avec 2 condisciples, Xénocrate et Théophraste. À Atarnée, en Troade [7], sur la côte d’Asie Mineure [8], il rejoignit Hermias d’Atarnée, un ami d’enfance, "tyran" du royaume de Mysie, avec Atarnée pour capitale. Là, il retrouva un cercle platonicien. Pendant ce temps, la Macédoine et Athènes firent la paix en 346. D’Atarnée, Aristote passa au petit port d’Assos [9], peut-être après un refroidissement dans ses relations avec Hermias d’Atarnée. Aristote poursuivit ses recherches biologiques et commença à observer la faune marine. Il ouvrit une école de philosophie.
En 344, quand Hermias d’Atarnée, livré aux Perses, fut exécuté par Artaxerxès III, il se rendit à Mytilène [10], dans l’île voisine de Lesbos [11], chez Théophraste. Il y ouvrit sa 2ème école, pour environ 2 ans. En 343, il rentra en Macédoine, appelé par le roi, Philippe II de Macédoine, pour devenir, 2 ou 3 ans durant, le précepteur du prince héritier, le futur Alexandre le Grand, alors âgé de 13 ans. Il lui enseigna les lettres et sans doute la politique. À la cour de Mieza [12], au nord de Pella [13], capitale de la Macédoine, il acquiert de nombreuses amitiés.
Sa deuxième période de production se place à Assos [14], Mitylène, Mieza de 345 à 335. Il produisit alors la suite de la Physique, Du ciel, De la génération et de la corruption, la suite de la Métaphysique, une partie de l’ Éthique à Nicomaque, la Rhétorique, la Poétique. Il s’occupa sans doute de la reconstruction et de la législation de Stagire [15], qu’il voulait reconstruire après que Philippe II de Macédoine l’eut détruite en 349. Vers 341 il épousa Pythias, nièce et fille adoptive d’Hermias d’Atarnée, réfugiée à Pella. Elle lui donnera une fille, Pithias.
Âgé de 49 ans, en 335, Aristote revient à Athènes. Une seconde fois, la direction de l’Académie lui échappe, cette fois au profit de son condisciple et ami Xénocrate, en 339. Il fonde alors sa 3ème école. Devenu veuf à Athènes, en 338 il prit pour seconde épouse une femme de Stagire, Herpyllis, dont il eut un fils qu’il nomma Nicomaque, du nom de son propre père.
Quand Alexandre fit mettre à mort Callisthène d’Olynthe , neveu d’Aristote, en 327, les relations entre le grand conquérant et le grand philosophe s’assombrirent.
Il discuta les thèses philosophiques de son maître Platon et développa les siennes propres dans le sens d’un réalisme philosophique qui prend en compte les informations fournies par les sens. Il s’est beaucoup intéressé aux sciences physiques, biologiques, astronomiques, politiques, poétiques, rhétoriques et éthiques. Il est également l’inventeur de la logique formelle, et le premier à parler d’une "science de l’être en tant qu’être" [16].
À la mort d’Alexandre le Grand, en 323, Aristote, menacé par le parti anti-macédonien de Démosthène, estima prudent de fuir Athènes.
En 322, à Chalcis [17], ville de sa mère, dans l’île d’Eubée, Aristote mourut, à l’âge de 63 ans. Son corps fut ramené à Stagire. Théophraste, son condisciple et meilleur ami, succéda à Aristote à la tête du Lycée.