Amyntas III
Roi de Macédoine de 393 à 370/369
Fils d’un prince nommé Arrhidaios, lui-même petit-fils du roi Alexandre 1er. Le règne d’Amyntas met fin à la période agitée qui avait suivi la mort du roi Archélaos 1er en 399. Il succède à l’éphémère souverain Pausanias, qui meurt assassiné.
Le début de son règne est marqué par les invasions des Illyriens [1], dirigés par leur chef Bardylis, qui pillent le nord et l’ouest de la Macédoine [2]. Amyntas ne reçoit d’aide que de la ligue Chalcidienne [3], dirigée par la cité d’Olynthe [4], et de l’oligarchie des Aleuades [5] de Larissa [6] en Thessalie [7] qu’Archélaos avait aidée quelques années plus tôt. Encore cette aide est assortie de concessions frontalières humiliantes. De plus elle se révèle insuffisante pour éviter les pillages et les raids illyriens. Aussi Amyntas III est-il rapidement renversé et remplacé par Argaios.
Il est restauré avec l’aide des Thessaliens à la fin des années 390, début des années 380. Il épouse une princesse sans doute d’origine illyrienne, Eurydice afin de garantir sa frontière nord-ouest.
Il s’oppose alors aux Chalcidiens qui rechignent à rendre les terres qu’il leur avait confiées lors de l’invasion illyrienne. Les Chalcidiens suscitent des troubles qui gagnent même Pella [8] la capitale en 383. C’est l’intervention de Sparte [9] vers 382, appelée à l’aide par d’autres cités de la région qu’inquiètent les progrès de la Ligue Chalcidienne [10], qui permet à Amyntas III de retourner la situation. Une guerre de 3 ans éclate à l’issue de laquelle Olynthe capitule, la ligue est un temps dissoute et la Macédoine recouvre, en partie, ses frontières antérieures.
Il s’allie ensuite aux Thessaliens et en particulier avec le tyran Jason de Phères. Il arbitre le conflit entre Élimiotes et Perrhèbes puis se rapproche d’Athènes après le déclin de Sparte. Au congrès panhellénique de Sparte en 371, il reconnaît les droits des Athéniens sur Amphipolis [11].
Il meurt âgé, assassiné à l’instigation de sa seconde épouse par Ptolémée d’Aloros, et laisse divers enfants d’un premier mariage ainsi que 3 garçons de son mariage avec Eurydice
Notes
[1] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au 7ème siècle av. jc et 6ème siècle av. jc, l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[2] Le royaume de Macédoine est un État antique situé au nord de la Grèce correspondant aujourd’hui principalement à la Macédoine grecque. Il est centré sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l’Épire à l’ouest, la Péonie au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Royaume périphérique de la Grèce aux époques archaïque et classique, il devient l’État dominant du monde grec durant l’époque hellénistique. L’existence du royaume est attestée au tout début du 7ème siècle av. jc avec à sa tête la dynastie des Argéades. Il connaît un formidable essor sous le règne de Philippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçant Athènes et la ligue chalcidienne pour ensuite fonder la Ligue de Corinthe. Son fils Alexandre le Grand est à l’origine de la conquête de l’immense empire perse et de l’expansion de l’hellénisme en Asie à la fin du 4ème siècle av. jc. Après sa mort, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle des Antipatrides dans le contexte des guerres des diadoques. En 277, la royauté échoit à Antigone II Gonatas qui installe la dynastie des Antigonides qui règne jusqu’en 168, date à laquelle la Macédoine est conquise par les Romains. En 146 la Macédoine devient une province romaine.
[3] La Ligue chalcidienne était une fédération d’Etats qui existait sur les rives de la mer Égée en 430 av.jc jusqu’à ce qu’elle fut détruit par Philippe II de Macédoine en 348 avant notre ère.
[4] Olynthe est une ancienne ville de Chalcidique, construite principalement sur deux plateaux de 30 à 40 m de hauteur, dans une plaine fertile, sur le golfe de Torone, près de l’isthme de la péninsule de Pallène, à environ 2,5 kilomètres de la mer et environ 60 stades (soit 9 km) de Potidée.
[5] Les Aleuades sont une famille aristocratique Thessalienne originaire de Larissa, prétendant descendre de Aleuas, dont la fonction de tagos (magistrat fédéral). Au 12ème siècle avant jc, la Thessalie est envahie par des tribus doriennes du Nord et du Nord-ouest migrant vers le Sud, mais ce sont les Thessaliens de Thesprotie qui conquirent la région. Les Thesprotes sont, avec les Molosses une des principales tribus d’Épire. Ils réduisent la population indigène à l’état de serfs. Quelques familles nobles, dont celle des Aleuades, s’imposent chacune dans un canton.
[6] Shaizar, Shayzar, ou Chayzar est une ville et forteresse médiévale en Syrie qui joua un rôle important dans les conflits entre chrétiens et musulmans à l’époque des croisades. Situé sur l’Oronte entre Hama et Apamée, sur un site stratégique, elle est citée dans les Lettres d’Amarna sous le nom de Senzar ou Sezar. Les Grecs l’appellent Sidzara, puis elle est rebaptisée Larissa par les Séleucides. Les Romains lui rendent son nom et les Byzantins l’appellent Sezer. Les Croisés, avec Guillaume de Tyr parlent de Caesarea (Césarée de Syrie), et la ville est parfois confondue avec l’actuelle Kayseri.
[7] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.
[8] Pella est une ville antique de la plaine centrale de Macédoine, entre le Loudias et l’Axios, sur une colline surplombant dans l’Antiquité un lac marécageux : cette cité de peuplement mixte gréco-barbare passe sous le contrôle des rois téménides dès le début du 5ème siècle, mais ne sort de l’obscurité qu’en devenant leur résidence habituelle, à une époque où le royaume est en pleine expansion vers l’Est aux dépens des Thraces et de la Ligue de Chalcidique. Elle devient ainsi la capitale du royaume de Macédoine à partir du début du 4ème siècle av. jc en supplantant Aigéai, et conserve ce rôle à l’époque hellénistique, pour le royaume antigonide.
[9] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse
[10] La Ligue chalcidienne était une fédération d’Etats qui existait sur les rives de la mer Égée en 430 av.jc jusqu’à ce qu’elle fut détruit par Philippe II de Macédoine en 348 avant notre ère.
[11] Amphipolis est une cité grecque d’Édonie en Macédoine orientale. Elle occupe un haut plateau sur la rive est (gauche) d’une boucle du Strymon, à 4 km au nord de son embouchure dans la mer Égée au niveau du golfe Strymonique. Fondée en 437 av. jc, elle fut abandonnée au 8ème siècle de notre ère.