Né à Antioche [1] de Syrie, métropole de l’Orient pendant l’Antiquité tardive. Il est issu d’une famille curiale plutôt appauvrie. Il perd son père vers l’âge de 11 ans et devient orphelin. Sa mère et ses 2 oncles Panolbios et Phasganiois veillent sur sa jeunesse studieuse. À l’âge de 14 ans, il décide de vouer sa vie à l’étude et à la pratique de la littérature et de l’art oratoire. Rejetant l’enseignement de Zenobios d’Elusa auquel il devait succéder comme sophiste d’Antioche après 354 parce qu’il le trouve de piètre qualité, il suit un parcours d’études atypique en se formant par lui-même tout en continuant de travailler chez un bon grammatiste qui pourrait être Didymos, puis va étudier à Athènes entre 336 et 340.
En 340, Nicoklès, un grammatiste de Sparte, lui offre un poste de professeur à Constantinople, mais il manque l’occasion d’obtenir ce poste et doit s’installer à son compte. Professeur libre, il est entretenu uniquement par ses élèves (jusqu’au nombre de 80). Mais grâce à sa renommée grandissante, l’empereur décide de le garder à Constantinople par une nomination à un titre surnuméraire. Seulement ses rivaux profitent des émeutes entre ariens et nicéens et de la répression de 342 pour le chasser de la ville.
Après un bref passage par Nicée [2], Libanios se réfugie alors à Nicomédie [3], de l’autre côté des détroits, où il devient un personnage célèbre par son art de la rhétorique. C’est une période heureuse pour lui et très productive. C’est à cette même époque qu’il aurait pu avoir dans son auditoire Basile de Césarée et que le futur empereur Julien se fit passer clandestinement ses cours.
Rappelé à Constantinople par l’empereur Constance II vers 347/348, il s’y déplait et finit par rentrer dans sa ville natale d’Antioche en 354, d’où il ne semble guère avoir bougé jusqu’à sa mort.
Peu après son retour, il prend une concubine d’origine servile avec laquelle, il aura un fils Arabios rebaptisé Cimon. Il se fait rapidement une grande réputation de rhéteur dans la ville. De plus, il développe de très bons contacts avec les dirigeants municipaux et aussi avec les fonctionnaires de la cour de l’empereur Constance II.
L’empereur suivant Julien, pour préparer une expédition contre la Perse, installe un temps son palais à Antioche. Mais à cause de son paganisme affiché et de sa rigueur morale il entre en conflit avec la population de la ville. Ce qui n’est pas pour déplaire à Libanios qui entretiendra avec ce dernier une relation amicale. Seulement la mort de l’empereur à la suite de la Bataille de Ctesiphon [4] en 363, aura la double conséquence d’affecter personnellement Libianos et d’éloigner pour toujours l’idée d’un retour à l’empire païen d’Auguste, Trajan et Marc Aurèle. C’est vers cette époque qu’il dut avoir pour élève le futur évêque Amphiloque d’Iconium et les auteurs chrétiens ultérieurs lui ajoutent Jean Chrysostome vers cette époque.
L’époque qui suit la mort de Julien, est plus difficile pour Libanios. La tentative de Coup d’État mené par Procope contre le nouvel empereur Valens vers 365 à laquelle bon nombre de cités de Syrie se sont associées et surtout la conspiration menée par Théodore d’Antioche alors que Valens venait d’y établir sa capitale dans la cadre d’opérations militaires en 371/372 ont entraîné des représailles sévères à l’égard des cités d’orient et la persécution de beaucoup d’intellectuels païens.
Même si en raison de l’influence qu’il conserva à la cour, il ne fut pas directement touché par les persécutions, cette affaire le marqua, bien que ses écrits ne manifestent pas d’hostilité particulière à l’égard de cet empereur.
Après la catastrophe de la bataille d’Andrinople [5] et la mort de Valens en 378, Libanios pu de nouveau obtenir les faveurs de la cour de Théodose 1er. Il interpelle ce dernier en faveur des sanctuaires paiens et pour lui dénoncer divers abus des puissants. Vers 383/384, il reçoit le titre de questeur honoraire. La date de sa mort reste l’objet de discussion ; sans doute entre 393 et 394.
Pour Libanios l’éloquence rhétorique n’est pas qu’une profession où il veut exceller, c’est un art de vivre, un élément fondamental de l’homme bien fait. En cela, il s’inscrit dans la tradition isocratique, cette tradition pédagogique de la rhétorique où "L’art oratoire apprend à bien penser, à bien agir en même temps qu’à bien écrire." - Isocrate. De la même manière, on peut aussi y trouver les racines de sa pensée réactionnaire et de son "nationalisme" hellénique
Conscient de l’évolution de son siècle, il combat tous les adversaires à ses yeux de la culture grecque et de ses traditions païennes comme les empereurs Constantin* et surtout Constance II, auteur d’une politique de répression contre le paganisme et soutient les hommes favorables à la réaction païenne tel l’empereur Julien
Il combat aussi l’évolution centralisatrice du pouvoir et l’interventionnisme croissant des empereurs dans la cité.