Hermès
Dieu grec
Les Romains l’assimilèrent à leur Mercure , Hermès apparaît d’abord désigné sous le nom d’Hermeias dans les poèmes homériques, Hermaôn dans Hésiode.
Son culte existait dans tout le monde hellénique ; il était particulièrement développé en Arcadie [1], en Attique [2], dans les îles au Nord de la mer Egée [3], tous pays ou la vieille population pré-hellénique s’était maintenue et qui étaient riches en troupeaux. On regardait ces régions, et particulièrement l’Arcadie, comme le berceau du culte d’Hermès et la patrie du dieu.
En Arcadie, Hermès joue un rôle dans les légendes d’ Arcas , Evandre , Pan, Callisto , Lycaon , etc. Au mont Cyllène [4], on plaçait son lieu de naissance et d’éducation par les nymphes [5], son union avec la nymphe la fille de Dryops, dont naquit Pan. On y célébrait des fêtes herméennes, mentionnées par Pindare et son scoliaste [6].
Au mont Chelydorea [7] le dieu aurait inventé sa lyre. Phénée [8] lui rendait des hommages spéciaux et possédait le tombeau de son fils Myrtile. À Méthydrion, on sacrifiait à Hermès et Hécate à chaque nouvelle lune.
On trouvait à Olympie [9] un temple d’Apollon et Hermès ; un autel d’Hermès Enagonios, plusieurs statues célèbres.
En Messénie [10], on vénérait Hermès, associé à Déméter et Coré, dans les mystères d’Andania qu’il faut peut être rattacher au culte des Cabires ; dans le bois sacré d’Apollon Carnéien, Hermès Caiophore est placé près de lui, à Pylos, on montrait la grotte ou il aimait cacher les bœufs volés.
En Laconie [11], Hermès qui figure dans la légende des Dioscures [12], et était vénéré en leur compagnie et en celle d’Héraclès, avait des sanctuaires à Sparte.
En Argolide [13], il joue un rôle dans les mythes d’Argus, de Pélops, de Persée ; on lui offrait un sacrifice 30 jours après un décès ; à Trézène [14], on l’appelait Polygios et le vénérait avec Héraclès.
A Sicyone [15], on le qualifiait Epaktios ou Agoraios ; à Corinthe [16], il avait plusieurs statues.
En Béotie [17], Thèbes [18] se prétendait patrie d’Hermès : le mythe local attribuait au dieu le salut de Dionysos, on a soutenu qu’il l’identifiait à Cadmus. Tanagra [19] réclamait également la naissance d’Hermès, le vénérant sous les épithètes de Criophore et Promachos, montrant le mûrier sauvage à l’ombre duquel il serait né.
En Phocide [20], on indique comme fils d’Hermès le grand-père d’Ulysse, Autolycos. Le dieu figure dans le mythe des Thries, localisé dans la région du Parnasse, comme le précédent.
En Locride [21], en Acarnanie [22], en Illyrie [23], en Macédoine, les textes et les monnaies signalent le culte d’Hermès.
En Thessalie [24], il était très ancien et une série de héros étaient qualifiés de fils d’Hermès.
Les nombreuses colonies de la côte de Thrace, Abdère [25], Sestos [26] et vingt autres ont le culte d’Hermès, ce qu’attestent leurs monnaies. Il y a d’autant plus lieu de s’y attendre que les îles voisines étaient un des centres primitifs de ce culte. A Samothrace [27] et l’Hellespont [28] en fait un lieu de syncrétisme religieux, Hermès, généralement représenté ithyphallique, est rangé parmi les Cabires et est assimilé à Cadmilos [29] ; de même à Imbros [30] et Lemnos [31].
Dans les colonies d’Asie Mineure [32], nous ne trouvons rien à signaler de particulier ; Hermès est associé tantôt à Apollon, tantôt à Aphrodite. En Egypte, s’est développé à côté du culte grec celui d’Hermès Trismégiste ou Thot . Les Éoliens de Lesbos [33] admettaient, comme leurs voisins de Samothrace et probablement les Thébains, l’identification d’Hermès et de Cadmus. Les Ioniens insulaires et continentaux partagent les idées des Athéniens. En Crète, le culte prend une forme locale. A Tinos [34], Amorgos [35], etc. Hermès est associé à Héraclès. Dans les îles Ioniennes il se présente particulièrement sous l’aspect de dieu des bergers. En Sicile [36], on en fait le père de Daphnis.
Hermès ne fait pas toujours bon usage de son ingéniosité. Il déroba le trident de Poséidon, l’épée d’Arès, la ceinture d’Aphrodite ; il fut pour ces méfaits exilé sur la Terre, et réduit, ainsi qu’Apollon, à garder les troupeaux d’Admète. Hermès est le dieu des voleurs.
On n’oublie pas néanmoins les qualités physiques du héraut divin ; on lui donne des ailes, aux pieds ou aux épaules, ou même à la tête ou simplement à son bâton ; on vante sa force ; il devint donc le patron de la gymnastique, qualifié comme tel d’agwnios ; ou enagwnios ; à l’entrée des stades, dans les palestres, les gymnases, s’élèvent ses statues ; on le représente courant, lançant le disque. A l’Hermès adulte et barbu, on substitue un éphèbe athlétique ; on célèbre en son honneur des luttes d’adolescents ou d’enfants. Il devient le type idéal de l’Hellène, d’intelligence souple, inventive, jointe à la vigueur physique..
Hermès était regardé comme le protecteur du commerce et des translations par terre ou par mer.
Dieu des échanges, son caducée devient le symbole de la prospérité. On l’envisage comme dieu de la chance, distribuant la richesse ; on le remercie de la trouvaille inespérée d’un filon dans une mine ; les sorts, les dés lui sont consacrés ; c’est par leur intermédiaire qu’il exerce la divination.
Notes
[1] L’Arcadie est une région de la Grèce située au centre de la péninsule du Péloponnèse. Son relief est très montagneux, surtout au nord et elle est baignée à l’est par la mer Égée. Tirant son nom du personnage mythologique Arcas. L’Arcadie était un pays de villages, qui n’a jamais eu un poids fort dans la politique grecque. Mantinée et Tégée furent pourtant mêlées à l’expansion spartiate, principalement au 5ème siècle av.jc. Pendant longtemps l’Arcadie n’eut pas de gouvernement central : plus tard, Sparte ne pouvant plus s’y opposer, Megalopolis, capitale de toute l’Arcadie, fut bâtie en 370 avant jc. Ce pays fut d’abord gouverné par des rois,
[2] L’Attique est la région qui entoure Athènes. Elle est découpée en 139 dèmes et parallèlement, en trois grands secteurs : la ville (asty), la côte (paralia) et l’intérieur (mésogée). Les dèmes sont regroupés en trittyes qui elles-mêmes sont regroupées trois par trois, une de chaque secteur, pour constituer une tribu. Durant l’Antiquité, il s’agissait de l’une des plus importantes régions productrices d’huile d’olive ; huile qui était ensuite exportée par exemple vers l’Étrurie. La céramique d’Attique au 6ème siècle av. jc connaît également un certain succès. Des exportations massives de céramiques de cette région sont constatées toujours vers l’Étrurie à cette période.
[3] Lemnos, Imbros, Samothrace
[4] Le mont Cyllène) ou mont Ziria est l’une des hautes montagnes du Péloponnèse (2 374 m), en Corinthie. C’est là que Maïa donna naissance à Hermès. Il avait à son sommet un temple dédié à Hermès. L’adjectif « cyllénien » est l’une des épithètes du dieu, et les poètes grecs et romains appellent souvent la lyre « cyllénienne », pour rappeler qu’elle est son invention.
[5] Dans la mythologie grecque et romaine, les nymphes sont des divinités subalternes, membres d’un large groupe d’esprits de sexe féminin associé à la nature. De fait, les nymphes personnifient les activités créatives et productives de la nature. Elles sont quelquefois liées à un lieu ou un élément particulier, et pouvaient faire l’objet d’un culte local. Elles accompagnent parfois d’autres divinités, dont elles forment le cortège.
[6] Une scholie ou scolie est un commentaire, une note philologique figurant sur un manuscrit et servant à expliquer un texte.
[7] Nom d’une montagne du Péloponnèse qui appartenait à l’Arcadie. Cette montagne séparait les terres des Pbénéares de celles des Pcllénéens selon Pausanias
[8] C’était le nom d’une ville d’Arcadie, au nord, sur l’Olbius.
[9] Olympie est un centre religieux de la Grèce, dans le Péloponnèse, plus précisément dans une petite plaine de l’Élide, sur la rive droite de l’Alphée et au pied du Mont Cronion,et tout à proximité de la petite cité moderne d’Olympie, à environ 18 km de la ville de Pyrgos et de la mer Ionienne.
[10] La Messénie est une région au sud-ouest de la péninsule du Péloponnèse en Grèce. Elle constitue un district régional de la périphérie du Péloponnèse, dont la capitale est Kalamata.
[11] La Laconie est une région historique de Grèce, située à l’extrême sud-est de la péninsule du Péloponnèse.
[12] Dans la mythologie grecque, Castor et Pollux, appelés Dioscures sont les fils de Léda. Chacun né d’un œuf différent, ils sont respectivement, pour Castor, frère de Clytemnestre et fils de Tyndare, roi de Sparte, et pour Pollux, frère d’Hélène et fils de Zeus.
[13] L’Argolide est une péninsule de Grèce, bordée au nord par le golfe Saronique et au sud par le golfe Argolique, située dans la péninsule du Péloponnèse. Elle est constituée d’une série de collines calcaires, couvertes de pinèdes et olivettes. Les plaines côtières sont fertiles. On y cultive les orangers et les agrumes.
[14] Trézène est une ancienne cité grecque du Péloponnèse, sur la côte nord de l’Argolide. Elle a donné son nom à un village, appelé Damalas ou Damala jusqu’en 1929, date à laquelle il a été rebaptisé du nom de la ville antique dont les ruines se trouvent à proximité.
[15] Sicyone était une cité grecque du Péloponnèse, située sur un plateau, non loin du golfe de Corinthe Sicyone était réputée être l’une des plus anciennes cités de Grèce. Elle était connue auparavant sous les noms d’Égialée, puis de Méconé. C’est là que l’on plaçait le théâtre de l’invention du sacrifice par Prométhée. Son héros éponyme, Égialée, passait selon les versions pour le fils du dieu fleuve Inachos ou pour un autochtone.
[16] Corinthe était l’une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d’Aphrodite.
[17] La Béotie est une région de Grèce centrale. Elle est bordée par l’Attique au sud-est, par le golfe d’Eubée à l’est, par la Phthiotide au nord, par la Phocide à l’ouest et par le golfe de Corinthe au sud. La capitale moderne est Livadiá, mot qui signifie prairie, pâturage, une réalité économique emblématique de la région. La capitale antique était Thèbes (actuelle Thiva).
[18] Thèbes est une ville grecque de Béotie, siège d’un dème. Elle fut dans l’antiquité l’une des principales cités de Grèce, et était liée à de très nombreux mythes antiques.
[19] Tanagra est une ancienne cité grecque de Béotie, à 20 km à l’est de Thèbes, près de la frontière avec l’Attique. Elle est rasée par sa voisine Thèbes dans les années 370-360 av. jc, puis reconstruite. Son nom a été repris par un village moderne situé à quelques kilomètres du site, appelé Bratsi jusqu’en 1912, puis Vratsi jusqu’en 1915, ainsi que par le dème (municipalité) de Tanagra.
[20] La Phocide est une région de Grèce centrale, à l’ouest de la Béotie, qui tire peut-être son nom des phoques du golfe de Corinthe, aujourd’hui disparus de la région.
[21] La Locride est une ancienne région de Grèce centrale. Elle fut divisée en deux parties, la Locride orientale et la Locride occidentale, par les Phocidiens d’origine dorienne au 12ème siècle av jc
[22] L’Acarnanie est une région occidentale de la Grèce antique, délimitée au nord par le golfe Ambracique, à l’ouest et au sud-ouest par la mer Ionienne. À l’est, le fleuve Achéloos la sépare de l’Étolie.
[23] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers -1300 ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au VIIe siècle av. J.-C. et VIe siècle av. J.-C., l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.
[24] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.
[25] Abdère est une cité grecque de la Thrace antique, située près de l’embouchure du fleuve Nestos, en face de l’île de Thasos. Fondée en 656–654 avant notre ère, elle a été renommée Polystylon Polístilon : « aux nombreuses colonnes ») au 9ème siècle, à l’époque byzantine, avant d’être abandonnée à cause de l’envasement du port sous l’ère ottomane
[26] Sestos est une ville antique de Chersonèse de Thrace situé à l’endroit le plus étroit des Dardanelles et faisant face, côté asiatique, à Abydos. Sa position stratégique en fait un point de ravitaillement important pendant l’Antiquité, sur la route des Détroits.
[27] Samothrace est une île de la mer Égée, dans la partie de la mer de Thrace, entre Imbros et Thasos à proximité des côtes de la Thrace. L’île est peuplée dès l’Antiquité et abrite le sanctuaire des Grands Dieux, un culte à mystères, sans doute d’origine préhellénique ou phénicienne, qui fait de l’île, aux yeux des Grecs, un lieu sacré. Sa position avancée vers la Thrace[[La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.
[28] Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.
[29] le Cadmus thébain
[30] L’île d’Imbros est, avec sa voisine Ténédos, une des rares îles turques de la mer Égée. Son nom en turc signifie Île du ciel bleu. Elle est située non loin de l’entrée du détroit des Dardanelles au nord de Lesbos, à l’est de Lemnos et au sud de Samothrace.
[31] Lemnos ou Límnos est une île grecque du nord-est de la mer Égée, située entre la péninsule du mont Athos à l’ouest, les îles de Thasos et Samothrace au nord, la Turquie (et l’île turque de Gökçeada/Ténédos) à l’est, Lesbos au sud-est, Agios Efstrátios et les Sporades au sud-ouest.
[32] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[33] Lesbos est une île grecque de la périphérie d’Egée Septentrionale, souvent aussi appelée du nom de sa capitale Mytilène. L’île présente plusieurs centres d’intérêt, notamment culturel (vestiges antiques), géologique, gastronomique et religieux. Lesbos est aussi connue dans le monde antique pour la qualité de ses vins et de son bois de construction pour les navires et pour son marbre bleu clair.
[34] Tinos est une île du nord des Cyclades grecques dans la mer Égée méridionale. Elle se situe entre Andros et Mykonos. Son port principal et capitale Tinos est dominé par l’imposant rocher de l’Exombourgo (640 m). Ses habitants sont appelés les Tiniotes.
[35] Amorgos est une île grecque, la plus orientale des Cyclades. Elle dispose de deux ports sur sa côte ouest : Katapola au centre et Órmos Aighiális (ou Aighiali) au Nord.
[36] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.