Dionysos est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès ainsi que du théâtre et de la tragédie. Il est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé . Selon les listes, il fait partie ou non des 12 Olympiens, bien qu’il ne vive pas sur le mont Olympe [1] : c’est essentiellement un dieu errant.
Il a été adopté par les Romains sous le nom de Bacchus , assimilé au dieu italique Liber Pater.
Dionysos est le seul dieu né d’une mère mortelle : dès Homère et Hésiode, il est présenté comme le fils de Zeus et de Sémélé, fille du roi de Thèbes [2] Cadmos et d’Harmonie. Poussée par Héra jalouse, déguisée en sa nourrice, Sémélé demande à contempler Zeus, de qui elle est enceinte, dans toute sa majesté.
Incapable de supporter cette vue, Sémélé trouve la mort. Zeus tire alors son fils du ventre de sa mère et, s’entaillant la cuisse, y coud l’enfant pour mener sa gestation à terme.
Pour le soustraire à la vengeance d’Héra, il est confié à sa tante Ino sœur de Sémélé et à son époux, Athamas . Mais découvert par Héra, Dionysos est alors remis aux nymphes [3], sous la direction de Silène , sur le mont Nysa [4] ou Nyséion, en Thrace [5], c’est-à-dire, pour les Grecs, en Asie. Pour échapper à Héra, il est transformé en chevreau.
Cependant, après l’épisode de Penthée , Héra, réputée pour sa rancune tenace, décide de punir Ino et Athamas pour avoir recueilli Sémélé. Elle rend le couple fou. D’autres versions le disent protégé par Hermès avec qui il entretiendrait une liaison.
Il mène une adolescence mouvementée : selon l’Iliade, il est d’abord poursuivi par Lycurgue, puis est fait prisonnier par des pirates tyrrhéniens [6] qu’il transforme en dauphins, auxquels il n’échappe qu’en réalisant d’effrayants prodiges. Son culte excite d’abord les railleries, et il doit châtier les filles d’Argos [7] près d’Éleuthère [8] ainsi que Penthée, roi de Thèbes, pour cela.
Dionysos est, avec Apollon, un dieu qui se manifeste par épiphanies [9] : éternel voyageur, il surgit par surprise. Il se présente toujours comme un étranger, courant le risque de ne pas être reconnu.
Désireux d’aller visiter sa mère aux Enfers, Dionysos demande l’aide d’un guide, Prosymnos , qui accepte de lui montrer le chemin en plongeant avec lui dans le lac de Lerne [10], qui communique avec le royaume d’Hadès. Ce plongeon est associé à de nombreux rites initiatiques en Grèce ancienne, généralement liés au passage de l’adolescence à l’âge adulte, et donc aussi aux amours entre un éraste [11] et un éromène [12].
Prosymnos accepte ainsi d’aider le jeune dieu mais exige en échange que celui-ci, lorsqu’ils seraient de retour, lui accorde ses faveurs. Mais lorsque Dionysos revient des Enfers, Prosymnos, lui, est mort. Le dieu décide de tenir son engagement malgré tout : il taille un morceau de figuier en forme de phallus et s’acquitte de sa dette sur la tombe de Prosymnos.
Revenu des Enfers, Dionysos avait également arraché Sémélé au royaume des Ombres. Il la transporta dans l’Olympe grâce à Hestia qui lui cède sa place, où elle devint immortelle sous le nom de Thyoné.
Dans le panthéon grec, Dionysos est un dieu à part : c’est un dieu errant, un dieu de nulle part et de partout. À la fois vagabond et sédentaire, il représente la figure de l’autre, de ce qui est différent, déroutant, déconcertant, anomique.
Le retour de Dionysos chez lui à Thèbes, s’est heurté à l’incompréhension et a suscité le drame aussi longtemps que la cité est demeurée incapable d’établir le lien entre les gens du pays et l’étranger, entre les autochtones et les voyageurs, entre sa volonté d’être toujours la même, de demeurer identique à soi, de se refuser à changer, et, d’autre part, l’étranger, le différent, l’autre.
Il est rarement associé à la gent olympienne. Il se contente de prendre part à la Gigantomachie [13], et négocie auprès d’Héphaïstos la libération d’Héra prise au piège par ce dernier.
Le premier amour de Dionysos est un adolescent nommé Ampélos . Mort accidentellement, il est ensuite changé par le dieu en constellation ou bien en pied de vigne.
Alors que Thésée a abandonné Ariane sur l’île de Naxos [14], Dionysos passait par là et serait tombé amoureux d’elle, il apparaît à Ariane, l’emmène sur l’Olympe et en fait sa femme. Elle est parfois vue comme la mère des Ménades [15]. En cadeau de Mariage Dionysos aurait jeté sa couronne dans le ciel pour lui rendre hommage ; ce qui sera la constellation de la couronne boréale. Ariane est divinisée après cela et devient une personnification de la terre fertile.
D’Althée, la reine de Calydon [16], il a une fille, Déjanire, qui sera adoptée par l’époux d’Althée, Œnée. Enfin, Aphrodite lui donne plusieurs fils.
Dionysos est avant tout un dieu du vin, de la végétation arborescente et de tous les sucs vitaux. Il se spécialise ensuite dans la vigne, qu’il est censé avoir donnée aux hommes, ainsi que dans l’ivresse et la transe mystique. Ses attributs incluent tout ce qui touche à la fermentation, aux cycles de régénération. Il est fils de Sémélé, avatar de la déesse phrygienne de la terre, amant d’Ariane, déesse minoenne de la végétation, et le compagnon des nymphes et des satyres. Il est également fréquemment associé au bouc et au taureau, animaux jugés particulièrement prolifiques.
Il est surtout le père de la comédie et de la tragédie. C’étaient au départ des sortes d’illustrations du culte, qui se donnaient au théâtre grec au cours des Dionysies [17], en présence de ses prêtres. Les chants et musiques dionysiaques font appel aux percussions et aux flûtes. Ils sont dissonants, syncopés, provoquent la surprise et parfois l’effroi. En ce sens, il est l’antithèse d’Apollon, qui patronne l’art lyrique et l’harmonie.
Dionysos, dieu de l’ivresse et de l’extase est celui qui permet à ses fidèles de dépasser la mort. Le vin, comme le soma védique, est censé aider à conquérir l’immortalité.