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Jean de La Bruyère

jeudi 12 février 2015 (Date de rédaction antérieure : 26 octobre 2012).

Jean de La Bruyère (1645-1696)

Moraliste français

Jean de La Bruyère Moraliste français

Né à Paris, fils aîné de Louis de La Bruyère, contrôleur général des rentes de l’Hôtel de Ville, bourgeois de Paris, et d’Elisabeth Hamonyer. Son trisaïeul paternel, Jean de La Bruyère, apothicaire dans la rue Saint-Denis, et son bisaïeul, Mathias de La Bruyère, lieutenant civil de la prévôté et vicomté de Paris, avaient joué, au 16ème siècle, un rôle actif dans la Ligue [1].

Il fréquenta le collège des Oratoriens, puis fit des études de droit à Orléans et obtient sa licence en droit en 1665. Devenu avocat, il acheta une charge de trésorier des Finances [2] en 1673 à Caen, puis Il revint vivre à Paris avec sa famille, dont la situation de fortune était assez aisée, et fut inscrit au barreau, mais plaida peu ou point.. L’année suivante, il devient conseiller du roi, titre qui lui vaut à la fois la noblesse et de substantiels revenus. Il ne met les pieds à Caen qu’à 2 reprises, pour y prendre sa fonction et pour y revendre sa charge en 1686.

Entre-temps il a, auprès de Bossuet et d’autres, participé à l’éducation du Grand Dauphin. Le 15 août 1684, grâce à Bossuet, il fut nommé précepteur du duc de Bourbon, Louis III de Bourbon-Condé, petit-fils du Grand Condé. Le jeune duc de Bourbon était âgé de 16 ans, et il venait d’achever sa seconde année de philosophie au collège de Clermont [3], qui était dirigé par les jésuites. C’est avec 2 jésuites encore, les pères Alleaume et du Rosel, et avec le mathématicien Sauveur, que La Bruyère partagea le soin d’achever l’éducation du jeune duc, auquel il était chargé d’enseigner, pour sa part, l’histoire et la géographie, la philosophie, les institutions de la France et la généalogie.

Condé suivait de près les études de son petit-fils, et La Bruyère, comme les autres maîtres, devait lui faire connaître le programme de ses leçons et les progrès de son élève, qui, à vrai dire, était un élève assez médiocre. Le 24 juillet 1685, le duc de Bourbon épousa Mlle de Nantes Louise Françoise de Bourbon, fille de Louis XIV et de Françoise de Montespan, qui était âgée de 11 ans et 10 mois ; La Bruyère fut invité à partager ses leçons entre les 2 jeunes époux. Le 11 décembre 1686, Condé mourut à Fontainebleau, et l’éducation du duc de Bourbon fut considérée comme terminée. La Bruyère resta néanmoins bibliothécaire dans la maison de Condé et le titre de gentilhomme de la maison de monsieur le duc lui permet de disposer d’une pension et de logements à Chantilly, à Versailles et à Paris. Ce sont ces charges qui lui procurèrent l’occasion d’observer les mœurs de la cour.

D’origine bourgeoise et de formation juridique, il est comme étranger au monde où il vit, de manière solitaire et contemplative. Dans la vie on décrit sa touchante volonté de plaire, il est inoffensif et par conséquent délaissé.

En littérature, en revanche, il porte à sa perfection l’art de la médisance, son extrême politesse est une façade qui cache sa misanthropie et, en véritable entomologiste, il prend des notes, classifie, épingle, trie et classe dans des tiroirs les spécimens humains. 3 ans avant sa mort, en 1693, il accède à la reconnaissance et entre à l’Académie, après 2 échecs, ce fut un triomphe pour les Anciens [4], dans son discours de réception, il brava à la fois les Modernes et les défenseurs de Corneille, en réservant ses louanges à La Fontaine, Bossuet, Boileau et Racine, qui sont tous des Anciens.

Il est l’homme d’un seul livre et le créateur du genre qu’il perfectionne sans cesse. Il commence à travailler “aux Caractères” dès 1670, la première édition, en 1688, est anonyme. La Bruyère ne signe pas son livre mais le place sous le patronage du philosophe grec Théophraste, disciple d’Aristote, dont il traduit les caractères, et dont les siens se donnent sous la forme d’une modeste suite, intitulée "Les caractères ou moeurs de ce siècle". Le livre rencontre un succès immédiat, 8 autres éditions suivront de son vivant, comprenant de nombreux enrichissements et modifications.

La Bruyère se présenta à l’Académie en 1691, et ce fut Pavillon qui fut élu. Il se représenta 2 ans plus tard et cette fois, fut élu, le 14 mai 1693, en remplacement de l’abbé de La Chambre. Il avait été chaudement recommandé par le contrôleur général Pontchartrain. Lors de la querelle des Anciens et des Modernes, La Bruyère prit parti pour les Anciens, défenseurs des valeurs de l’Antiquité et du classicisme.

La Bruyère fait allusion auxMaximes de La Rochefoucauld et aux Pensées de Pascal comme des ouvrages comparables quoiqu’un peu différent. Face à la part du burlesque dans son style, on peut dire qu’il prolonge également Scarron. Il annonce aussi Montesquieu et Voltaire . Son projet de moraliste, décrire les caractères et moeurs de son temps pour en révéler les ridicules et les injustices, dépasse l’étude des individus pour aborder l’analyse sociale et même politique. S’intéressant à l’homme dans la société, il stigmatise la corruption, les injustices et inégalités, les excès et les ambiguïtés de l’église.

Les dernières années de la vie de La Bruyère furent consacrées à la préparation d’un nouvel ouvrage, dont il avait pris l’idée dans ses fréquents entretiens avec Bossuet : à savoir “les Dialogues sur le Quiétisme”, qu’il laissa inachevés. Il s’éteint le 11 mai 1696, à Versailles d’une attaque d’apoplexie non sans avoir apporté encore quelques corrections à la neuvième édition des Caractères. La Bruyère mourut célibataire et pauvre.

P.-S.

Source : wikipedia.org Portail de l’Académie française

Notes

[1] La Ligue catholique, la Sainte Ligue ou la Sainte Union est le nom donné pendant les guerres de religion à un parti de catholiques qui s’est donné pour but la défense de la religion catholique contre le protestantisme. Son succès est tel qu’elle devient un danger pour la monarchie. En 1588, elle parvient à chasser le roi Henri III de la capitale. La Ligue décline petit à petit devant les victoires du roi Henri IV. Elle constitua un des plus grands dangers que connut la monarchie française avant l’avènement de l’absolutisme, avec la Fronde, au siècle suivant, dont les acteurs gardèrent présente à l’esprit la Ligue, comme modèle ou comme repoussoir.

[2] Les trésoriers généraux de France sont les héritiers des trésoriers de France et des généraux des finances, offices de finance créés à l’époque médiévale et unis en 1577. Les trésoriers généraux de France avaient comme fonction la gestion des finances dans un ressort administratif appelé généralité. Ils avaient comme forme d’organisation les bureaux des finances, instaurés à partir de 1577. Leur fonction de gestion des finances ne fut importante qu’avant l’instauration des intendants. La fonction la plus importante que conservèrent les trésoriers généraux fut celle de gestion du domaine royal. La charge offrait toutefois les avantages de la noblesse graduelle, des gages confortables et une rémunération indexée sur les sommes maniées par les trésoriers généraux.

[3] Le lycée Louis-le-Grand2, établissement d’enseignement secondaire et supérieur public, s’élève le long de l’ancien cardo de Lutèce, au 123 de la rue Saint-Jacques dans le Ve arrondissement de Paris, en plein cœur du Quartier latin. Son origine remonte au xvie siècle, puisqu’il fut fondé par des Jésuites sous le nom de Collège de Clermont.

[4] La querelle des Anciens et des Modernes ou querelle des Classiques et des Modernes est une polémique née à l’Académie française et qui agite le monde littéraire et artistique de la fin du 17ème siècle.