Elle fut la seconde épouse de Monsieur Gaston de France frère du roi Louis XIII.
Nièce du duc Henri II de Lorraine , elle est d’abord nommée Marguerite de Lorraine-Vaudémont en tant que fille de François II de Lorraine comte de Vaudémont [1] et de Christine de Salm .
Elle fut ensuite appelée Marguerite de Lorraine lorsque son père devint duc de Lorraine [2] et de Bar [3] en 1625. Benjamine des enfants du duc François II et soeur du duc Charles IV, elle perdit sa mère Christine de Salm en 1627, et fut élevée auprès de sa tante, Catherine de Lorraine , abbesse de Remiremont [4], dont elle fut bientôt élue coadjutrice [5].
En juillet 1629, elle fit la rencontre à Nancy [6] de Gaston de France, duc d’Orléans et héritier présomptif de son frère, le roi de France Louis XIII qui, de santé précaire et vivant séparé de son épouse, semblait devoir mourir sans descendance.
Veuf depuis 2 ans de Marie de Montpensier, dont il avait eu la Grande Mademoiselle, le fils d’Henri IV fut ébloui par la princesse de Lorraine et ne l’appela plus désormais que L’Ange ou La petite angélique.
Politiquement, le prince avait effectué une sortie du royaume avec sa suite, ses gentilhommes et son armée pour empêcher son frère de prendre part à la guerre d’Italie, ce qui réussit parfaitement. Il passa 6 mois en Lorraine et ne revint en France que le 30 janvier 1630, ayant reçu le pardon de son frère et gagné des avantages substantiels.
Quelques mois plus tard, contraint à l’exil après la Journée des Dupes [7], il chercha de nouveau asile auprès du duc de Lorraine et, pour se faire accepter par celui-ci, demanda, en tant qu’héritier du trône de France, la main de la princesse Marguerite, sœur du souverain.
Louis XIII envahit alors la Lorraine mais, avec l’accord de sa mère, Marie de Médicis, en exil à Bruxelles [8], Gaston épousa Marguerite secrètement, dans la nuit du 2 au 3 janvier 1632. Dès le lendemain, le duc de Lorraine envoya son nouveau beau-frère se mettre en sécurité à Bruxelles, alors possession des Habsbourg [9].
Le parlement de Paris, sous prétexte de lutter contre les mariages clandestins, refusa d’enregistrer le mariage et condamna à mort par contumace, sinon la princesse, du moins son frère, Charles IV, en tant que vassal du roi pour une partie de son Duché de Bar. L’ex-chanoinesse, jeune mariée de16 ans déguisée en soldat, le visage noirci, s’enfuit à cheval, vers Thionville [10]. Elle trouva refuge et protection auprès de l’archiduchesse-infante Isabelle Claire Eugénie d’Autriche, gouvernante de la Province pour son petit-neveu le roi Philippe IV d’Espagne, et de sa belle-mère la reine de France en exil Marie de Médicis.
Réconcilié en apparence avec son frère, le duc d’Orléans put de nouveau rentrer en France en 1634, mais sans Marguerite.
Influencé par lecardinal de Richelieu, le roi pensait rompre le mariage en obtenant de son frère une action en nullité. Il fit même paraître des pamphlets prétendant que les membres de la Maison de Lorraine étaient indignes d’épouser le sang de France.
Marguerite, pieuse et fière, écrivait lettre sur lettre au pape et aux membres de la curie pour faire valoir la canonicité de son union.
De son côté, Gaston, pour une fois constant, espérait faire reconnaître son mariage par son frère. La naissance du futur Louis XIV en 1638 et la mort du cardinal de Richelieu en 1642 dénouèrent la situation : également proche de la tombe, travaillé par son frère et son épouse, Louis XIII consentit, le 6 mai 1643 à recevoir sa belle-sœur. Il mourut peu après. Après 11 ans de mariage et autant de lutte, Marguerite, épuisée, put enfin paraître à la cour en tant que légitime épouse et princesse de France, seconde dame du Royaume après la reine.
À la cour de France, Marguerite de Lorraine dut subir l’acrimonie de sa belle-fille, Mademoiselle de Montpensier, et fut une protectrice du jeune La Fontaine, dont la mère avait été une de ses dames d’atours. Elle soutint son mari pendant la Fronde sans oublier sa patrie, les duchés de Lorraine et de Bar illégalement occupés par les troupes françaises.
Veuve en 1660, elle s’installa d’autorité au palais du Luxembourg [11] dont sa belle-fille voulait la déposséder.
L’année suivante, sa fille aînée, Marguerite-Louise fut mariée, malgré elle, au futur grand-duc de Toscane [12] Cosme III de Médicis. La princesse aurait préféré son cousin Charles V de Lorraine dit Charles V Léopold de Lorraine , héritier du trône de Lorraine ce que la duchesse douairière, tante du jeune homme, évidemment approuvait. Marguerite-Louise fut très malheureuse à la cour de Florence [13] et, après avoir donné 3 enfants à son mari, revint vivre en France après la mort de sa mère.
En 1663, sa fille benjamine Françoise-Madeleine fut mariée au duc de Savoie Charles Emmanuel II mais mourut dès l’année suivante.
Enfin, en 1667, Élisabeth Marguerite d’Orléans , bien que contrefaite on la destinait à l’Église après lui avoir donné le duché d’Alençon, épousait un prince lorrain et français à la fois en la personne du duc de Guise lequel la laissa veuve 3 ans plus tard avec un fils en bas âge, le dernier des ducs de Guise.
En 1670, Madame intervint auprès de Louis XIV, son neveu, pour protester contre l’invasion de la Lorraine et du Barrois mais aussi pour empêcher la mésalliance de sa tumultueuse belle-fille avec le marquis de Antonin Nompar de Caumont. Le roi dut céder sur ce dernier point ce qui, tout en préservant la dignité de sa famille, n’améliora pas les relations entre la duchesse d’Orléans et la duchesse de Montpensier.
Marguerite de Lorraine mourut en 1672.