Petit-fils du duc Charles III "le grand" et neveu du duc Henri II de Lorraine , Charles de Vaudémont est le fils de François II de Lorraine , comte de Vaudémont [1] et de Christine de Salm .
Il passa son enfance à la cour de France et fut compagnon de jeu du futur Louis XIII, son aîné de 3 ans. Par ailleurs, son père avait un temps été envisagé comme un parti possible pour Marie de Médicis avant que celle-ci ne devienne reine de France. Revenu en Lorraine où son oncle, le duc Henri II de Lorraine était sans descendance masculine, Charles laissa entendre qu’il se considérait comme l’héritier des duchés, en vertu d’un prétendu testament du duc René II de Lorraine qui spécifiait que les duchés devaient se transmettre en lignée masculine. Mais conformément à la tradition de Lorraine, Henri II entendait laisser le duché à sa fille aînée Nicole de Lorraine , ce qui incita Charles à s’éloigner de la cour.
Il combattit pour l’empereur Ferdinand II en s’illustrant notamment à la bataille de la Montagne Blanche [2], le 8 novembre 1620 et montra des compétences de chef de guerre alors qu’il n’avait que 16 ans.
Après de longues tractations, il épousa en 1621 sa cousine Nicole ; celle-ci avait été un moment pressentie pour épouser le jeune Louis XIII ; la Lorraine [3] et le Barrois [4] seraient ainsi pacifiquement devenus français, mais la mort d’Henri IV mit fin à ce projet et un autre projet de mariage avec une infante espagnole fut programmé pour Louis XIII.
Après avoir laissé des dispositions prévoyant que Charles de Vaudémont tiendrait son autorité de sa femme, Henri II mourut le 31 juillet 1624.
Charles ne se contenta pas d’une position de duc consort. Il entreprit avec le soutien de son père d’obtenir la totalité du pouvoir. En novembre 1625, François de Vaudémont, s’appuyant sur le soi-disant testament de René II, revendiqua le duché. Les États généraux de Lorraine estimèrent sa requête légitime et Charles IV et Nicole 1ère abdiquèrent conjointement en sa faveur.
François de Vaudémont devint duc le 21 novembre 1625 sous le nom de François II de Lorraine . Il abdiqua 5 jours plus tard en faveur de son fils, qui redevint de plein droit le duc Charles IV, mais désormais, sa femme se trouvait écartée du gouvernement du duché.
Les relations entre la France et la Lorraine se dégradèrent alors, car Louis XIII refusait de reconnaître les principes du droit qui avaient amené Charles au pouvoir ; la France avait intérêt à ce que le duché de Lorraine puisse revenir à une femme, celle-ci pouvant le cas échéant être mariée à un prince français.
La fin des guerres et des ambitions françaises en Italie avait déplacé les lignes de front vers le Nord. La politique de Louis XIII et de son puissant ministre, le cardinal de Richelieu était de repousser la frontière du royaume au bord du Rhin*, ce qui impliquait à terme l’annexion du duché de Bar, du duché de Lorraine, états souverains, de la Franche-Comté [5], possession espagnole, de l’Alsace [6], possession de l’Empire romain germanique.
Mal soutenu par ses oncles, le duc Maximilien 1er de Bavière et l’empereur Ferdinand II du Saint Empire, le duc chercha d’autres alliances et, rompant avec la politique ultra catholique de ses prédécesseurs, s’allia avec les huguenots français, les Anglais et le duc de Savoie.
Menant une diplomatie active mais brouillonne, Charles soutenait discrètement les ennemis du cardinal de Richelieu et accueillait les comploteurs qui pouvaient ainsi échapper à la justice royale française, au premier rang desquels se trouvait Gaston de France, frère du roi et héritier du trône de France.
En septembre 1629, Gaston de France se réfugia en Lorraine, et, sans le consentement de son frère le roi qui était le chef de sa maison, y épousa en 1632 celle qu’il appellera toute sa vie l’Ange, la jeune Marguerite de Lorraine , sœur du duc Charles.
Au printemps 1631, Gustave Adolphe, roi de Suède, débarqua en Poméranie [7] et la guerre de Trente Ans [8] embrasa l’Europe. Charles envoya son armée pour soutenir l’Empereur. Lorsque les troupes françaises envahirent la Lorraine à l’automne 1631, il jugea plus prudent de composer et signa le 6 janvier 1632 le traité de Vic.
Au mois de juin 1632, Louis XIII envahit une seconde fois les duchés et occupa le Barrois et la Lorraine. Charles fut contraint de signer le 26 juin 1632 le traité de Liverdun [9], qu’il pensait bien ne pas respecter. En septembre 1633, les troupes françaises envahirent pour la 3ème fois la Lorraine et Charles jugea plus favorable d’abdiquer le 19 janvier 1634 en faveur de son frère Nicolas-François de Lorraine , puis alla prendre un commandement des troupes impériales. Il combattit les Suédois, puis les Français, sur qui il remporta plusieurs succès.
Meilleur stratège que politique, Charles IV remporta plusieurs victoires de 1638 à 1640, notamment en Franche-Comté dont le roi d’Espagne lui avait confié la défense. Il participe à la levée du siège de Dole [10], un désastre français. Puis tente d’en chasser l’armée de Bernard de Saxe-Weimar avec un succès mitigé.
Il entreprit alors de négocier de nouveau avec la France et, par le traité de Saint-Germain-en-Laye du 2 avril 1641, récupéra ses états exsangues, mais dut accepter le protectorat français et s’engager à ne pas conclure d’alliance avec la Maison d’Autriche.
Nonobstant, quelques semaines plus tard à peine, il soutint le complot du comte de Soissons Louis de Bourbon-Soissons . Richelieu, bien que gravement malade, après avoir maîtrisé les coupables, décida d’arrêter Charles IV qui réussit à s’enfuir fin juillet 1641 et reprit le combat contre la France.
Les traités de Westphalie [11] du 24 octobre 1648 qui marquèrent officiellement le rattachement des Trois-Évêchés [12] à la France, laissait le sort des duchés en suspens.
Exclu de ces traités, et ayant échoué dans ses négociations avec le cardinal de Mazarin Charles IV reprit la guerre et fut en position de menacer Paris en 1652.
Il perdit son avantage et sa crédibilité en cherchant à négocier à la fois avec Mazarin et les princes frondeurs. L’Espagne lui reprocha d’être la cause de l’échec et il fut arrêté à Bruxelles le 25 janvier 1654 et transféré à l’Alcazar de Tolède [13].
Il passa 5 années en détention. L’intervention et les efforts de son frère Nicolas-François lui permirent d’être libéré le 15 octobre 1659. Le Traité des Pyrénées, signé le 7 novembre, lui enlevait le Barrois. Il parvint cependant à convaincre Mazarin de le lui restituer par le traité de Vincennes du 28 février 1661 [14]. Mais Charles IV ne renonça pas à ses activités militaires et continua à combattre au profit de ses voisins. Il engagea des travaux pour remettre en état les routes lorraines et barroises. Pour ce faire, il accabla d’impôts ses sujets déjà ruinés par la guerre de Trente Ans.
Il refusa en 1669 de licencier ses armées sur l’injonction de Louis XIV et les troupes françaises envahirent à nouveau les duchés au cours de l’été 1670. Charles IV dut à nouveau s’enfuir et, sans ressource, licencia son armée.
Après avoir vaincu les Français le 11 août 1675 à la bataille du pont de Konz [15], il tomba malade et décéda le mois suivant à l’âge de 71 ans.
La Lorraine et le Barrois furent occupés par les troupes françaises jusqu’au Traité de Ryswick [16] qui rendit à Léopold 1er de Lorraine, petit-neveu de Charles IV, ses états patrimoniaux en 1697.
Souhaitant quitter son épouse après l’avoir exclue du pouvoir, il tenta de provoquer l’invalidation de son mariage en faisant condamner en 1631 pour sorcellerie Melchior de la Vallée , le prêtre qui avait baptisé Nicole. Charles se sépara finalement en 1635 de son épouse, au prétexte qu’il n’avait pas été libre de choisir au moment de son mariage, mais la papauté n’accepta pas d’annuler le mariage. Lors de l’invasion des duchés par la France, Nicole, sur ordre de Louis XIII, dut transférer sa résidence à Paris.
Malgré tout, le duc épousa en secondes noces, le 9 avril 1637, Béatrix de Cusance , baronne de Belvoir [17] et princesse de Cantecroix [18].
Excommuniés pour bigamie le 23 avril 1642, ils durent se séparer physiquement quelque temps. La duchesse Nicole meurt en 1657 mais Charles ne renoue pas avec la mère de ses enfants pour autant et Béatrix devra exiger le mariage qui n’eut lieu qu’en 1663 mais par procuration, dans le but de pouvoir légitimer ses enfants. Très malade, Béatrix de Cusance décéda 15 jours plus tard. Les enfants de ce deuxième mariage, malgré tout, furent considérés comme non dynastes au grand soulagement des membres de la Maison de Lorraine [19].
De nouveau veuf à la mort de Béatrix en 1663, le duc sexagénaire se remaria en troisièmes noces, en 1665, à une jeune fille de 14 ans, Marie Louise d’Aspremont . Il avait parallèlement promis le mariage à une chanoinesse laïque du Chapitre de Dames Nobles de Poussay [20], Isabelle de Ludres.
Charles IV mourut 12 ans plus tard, sans postérité de ce troisième mariage.