Benedetto Odescalchi dit Innocent XI (1611-1689)
240ème pape, du 21 septembre 1676 à sa mort
Ce fut sans aucun doute l’un des papes les plus remarquables d’une époque difficile. Il affronte le roi de France qui n’a pas hésité à s’allier aux Turcs pour abaisser la Maison d’Autriche [1] catholique et n’ a pas de scrupules à les inciter à marcher sur Vienne [2]. Le roi de Pologne Jean III Sobieski et le doge de Venise [3] contrecarrent les projets du roi de France grâce à l’action du Pape qui permet d’arrêter la progression de l’Islam.
Ce défenseur de l’Église est aussi un homme modeste, austère et très charitable lorsqu’il se porta personnellement au secours des victimes de la peste ou d’autres épidémies. Il veille avec attention à la formation du clergé.
Né dans une famille de vieille noblesse lombarde, il étudie chez les Jésuites [4] de Côme [5]. Encore enfant, il perd successivement son père en 1622 et sa mère en 1630. Il passe alors sous la tutelle de l’un de ses oncles, Papirio, qui le fait venir à Gênes [6].
Il se frotte alors au monde des affaires et de l’administration avant d’entamer un cursus de droit civil et canonique à Rome et Naples [7], où il obtient sa licence en 1639.
À Rome, il se lie d’amitié avec les cardinaux Alfonso de la Cueva, Francesco Barberini ou encore Giambattista Pamphili le futur pape Innocent X . Il décide alors de faire carrière dans la Curie romaine [8].
Sa carrière est fulgurante : Urbain VIII, le nomme successivement protonotaire [9] participant, commissaire général du Timbre, gouverneur de Macerata [10] et de Picène [11]. Âgé de 34 ans en 1645, alors qu’il n’est pas prêtre, il reçoit la dignité de cardinal-diacre [12] des Saints-Côme-et-Damien [13] des mains d’Innocent X. Il est ensuite nommé légat [14] à Ferrare [15], pendant la famine de 1648, où il gagne la réputation d’un homme proche du peuple.
En avril 1650, il est nommé évêque de Novare [16]. Quelques mois plus tard, il est ordonné prêtre, puis consacré. Il se signale dans son diocèse pour son activité caritative et pastorale, dans la ligne du concile de Trente [17].
Au moment du conclave suivant la mort de Clément X, en 1676, le nom du cardinal Benedetto Odescalchi est souvent prononcé. Le roi Louis XIV de France voulait empêcher l’élection du cardinal Odescalchi, car celui-ci lui avait démontré être "un prêtre impossible à corrompre", en donnant aux cardinaux français des instructions spécifiques à ce sujet.
Mais devant le soutien que lui témoignent les cardinaux romains, Louis XIV renonce finalement à jeter contre lui l’exclusive, et donne contraint de nouvelles instructions aux cardinaux français [18]. Il est élu pape le 21 septembre 1676, et prend le nom d’Innocent XI, en l’honneur d’Innocent X. Le 4 octobre, il est intronisé et couronné par le Cardinal Francesco Maidalchini dans la "Patriarcale Basilica Vaticana".
Sa cérémonie d’intronisation fut très simple et modeste, par contre l’argent prévu a été destiné, par ordre du nouveau pape, aux pauvres et aux églises de Rome.
Il abolit la sinécure et pendant tout son pontificat il a essayé de restituer l’éthique et la morale publique en luttant contre : le népotisme, l’usure, l’esclavage, et contre le gaspillage en matière économique dans les États Pontificaux. Il interdit également les jeux, le théâtre et l’opéra sauf pendant les derniers jours du carnaval.
Sur le plan politique, Innocent XI s’emploie aussitôt à réconcilier la France et le Saint Empire, afin de réaliser l’union de la Chrétienté contre le protestantisme d’une part, la menace ottomane de l’autre.
Cependant, le pape reste méfiant vis-à-vis de Louis XIV, à qui il reproche son manque d’engagement envers le catholicisme et ses accointances avec le Turc. Cette hostilité latente se cristallise en 1673, lorsque le roi de France étend la régale [19] aux provinces de Languedoc [20], de Guyenne [21], de Provence [22] et de Dauphiné [23]. Or toute extension de la régale avait été prohibée en 1274 par le concile de Lyon [24].
À l’appel de certains évêques français, Innocent XI adresse trois brefs de protestation à Louis XIV. Celui-ci réagit en convoquant une assemblée du clergé qui prend fait et cause pour le roi, publiant même 4 articles posant les bases du gallicanisme [25]. Le 11 avril 1682, Innocent XI condamne par un rescrit les conclusions des assemblées et refuse catégoriquement de nommer des évêques parmi ceux qui avaient participé à ces assemblées. Pour éviter une rupture frontale, Louis XIV doit dissoudre ces dernières. C’est la deuxième fois que le Roi Soleil doit revenir sur ses pas.
Cependant, la coalition catholique organisée par le Pape remportait la bataille de Kahlenberg [26], le 12 septembre 1683, aux portes de Vienne.
La coalition de 100 000 catholiques était formée par des hommes provenant des états allemands, de l’Empire, de la noblesse italienne, et de Pologne emmenés par leur propre roi, Jean Sobieski qui, allié au duc Charles V de Lorraine , commandant des armées impériales, remporte un triomphe sans précédent sur les forces turques constituées de 300 000 hommes, qui venaient de mettre à feu et à sang les Balkans [27] ainsi que les villes de Buda [28] et Pest [29], en massacrant même des femmes et des enfants.
Cette coalition ne comprenait pas la France, parce qu’elle s’était engagée à soutenir matériellement l’avance turque au détriment du Saint Empire, constituant par là toute une menace pour l’Europe, raison pour laquelle le roi Louis XIV sera appelé "le roi maure". Cependant des gentilshommes Français tel le prince de Conti guerroiera en Hongrie quitte à subir les foudres de son puissant souverain et parent.
Les choses s’enveniment encore avec “la querelle du quartier” : le 7 mai 1685, Innocent XI limite l’extra-territorialité dont bénéficient les ambassades à Rome. Le droit d’asile permettait aux ambassades de protéger même des criminels chez eux. Ce scandale prit fin avec cette mesure.
Par l’édit de Fontainebleau, Louis XIV révoque l’édit de Nantes le 22 octobre 1685 et entame une persécution contre les protestants dans tout le territoire français. Pour la quatrième fois, le Pape eut à affronter ce monarque. Il condamne son action et somme le roi Louis de mettre fin aux persécutions.
En réponse, le marquis de Lavardin Henri-Charles de Beaumanoir de Lavardin , nouvel ambassadeur français, refuse de renoncer à son privilège d’extra-territorialité et, en 1687, il prend possession par les armes du quartier de l’ambassade de France à Rome, ce qui lui valut d’être excommunié par Innocent XI par la bulle In cœna Domini [30] et mettra sous interdit l’église Saint-Louis-des-Français [31]. Le marquis de Lavardin restera excommunié.
L’archevêché de la ville de Cologne [32] restait sans archevêque. Les candidats à postuler pour le siège, étaient le cardinal et évêque de Strasbourg [33] Guillaume-Egon de Fürstenberg et l’évêque de Ratisbonne [34] Joseph-Clément de Bavière .
Le cardinal Guillaume-Egon de Fürstenberg se trouvait sous l’autorité de Louis XIV. Élu archevêque de Cologne, il devenait aussi électeur du Saint Empire, permettant de la sorte à Louis XIV de jouer en sous main et d’influencer l’élection à la couronne impériale. Par contre, Joseph-Clément n’était pas seulement le candidat de l’empereur Léopold 1er d’Autriche, il était aussi celui de toute l’Europe. Le 19 juillet 1688, aucun des deux candidats n’avait obtenu la quantité minimale requise des voix. La décision finale revenant au pape Innocent XI, celui-ci pencha en faveur de Joseph-Clément, qui devint alors archevêque de Cologne.
Courroucé, Louis XIV exerça des représailles : il prit par la force le territoire pontifical d’Avignon [35] et emprisonna le nonce apostolique [36]. Inébranlable, Innocent XI ne revint pas sur sa décision.
Cet affrontement avec le pape entraîna une rupture des relations diplomatiques entre Rome et Paris.
L’élection de Joseph-Clément comme nouvel archevêque de Cologne et la chute du roi Jacques II d’Angleterre, portèrent un coup fatal à la prédominance française en Europe. Louis XIV restitua Avignon aux États pontificaux et, après la mort du pape Innocent XI, il fut contraint d’aplanir tous les différends qui subsistaient avec l’Église de Rome.
La Sainte Ligue continuait son travail. Elle avait vaincu et repoussé les Turcs de Vienne. Les troupes impériales du duc Charles V Léopold de Lorraine et de Louis-Guillaume de Bade-Bade écrasèrent les forces turques du sultan Mehmet IV à la bataille de Mohács [37] le 12 août 1687.
Le 11 septembre 1697, l’Autriche remporte la victoire décisive sur l’empire Ottoman à la bataille de Zenta [38]. Les Turcs sont totalement vaincus et rejetés hors de Hongrie.
Le 2 mars 1679, il condamne par la bulle Sanctissimus Dominus 65 propositions de théologie morale jugées laxistes.
Sur le plan religieux, Innocent XI est aussi confronté au quiétisme [39], mouvement spirituel encourageant la passivité de l’âme face à Dieu, dont l’Espagnol Miguel de Molinos, auteur du Guide spirituel, est le plus ardent défenseur.
Le pape a d’abord pour lui une certaine sympathie. Cependant, en 1685, Molinos est arrêté au Vatican, à cause de sa conduite personnelle impropre et l’accusation d’hérésie. L’année suivante, il élève à la pourpre cardinalice Matteo Petrucci, soupçonné de quiétisme. Le 20 novembre 1687, la constitution apostolique Cœlestis pastor [40] condamnera le quiétisme.
Innocent XI meurt en 1689. Tout le peuple de la ville de Rome, sauf certains membres de la noblesse et le clergé français, pleuraient ce pape, appelé le pape des Pauvres. Ils demandèrent sa canonisation en manifestant devant la Basilique Saint-Pierre [41].
En 1714, Clément XI introduit sa cause en béatification. Poursuivie par Clément XII , elle est retardée par l’opposition de la France.
Notes
[1] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.
[2] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.
[3] Le doge de Venise était le magistrat en chef et le dirigeant de la république de Venise entre 726 et 1797. Les doges étaient élus à vie par l’aristocratie de la cité-État. Il incarne de manière symbolique le bon fonctionnement de l’État.
[4] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.
[5] Côme est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom dans la région de Lombardie. Elle est particulièrement connue pour être située sur le lac qui porte son nom et pour être la cité d’origine des écrivains romains Pline l’Ancien et Pline le Jeune.
[6] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Gênes est située sur le golfe de Gênes, partie septentrionale de la mer de Ligurie. La ville correspond à l’inclinaison de l’arc de cercle formé à cet endroit par la côte. Au nord de la ville commencent les Apennins, débouchant à proximité sur la plaine du Pô. Gênes offre une façade méditerranéenne au nord de l’Italie, à 193 km de Nice au sud-ouest, à 155 km de Milan au nord et à 518 km de Rome au sud-est.
[7] Naples est une ville d’Italie, chef-lieu de la région de Campanie. L’histoire de Naples s’étend sur plus de 28 siècles. Sous le nom de Parthénope, elle fut fondée durant l’Antiquité par la cité voisine de Cumes. Elle s’étend ensuite rapidement jusqu’à devenir un des principaux centres commerciaux, culturels, philosophiques et politiques de la Grande-Grèce puis de l’Empire romain. Après avoir été brièvement dépendante de l’Empire byzantin, elle devient autonome au sein du duché de Naples. Dès le 13ème siècle et pour ensuite plus de 600 ans, elle devient successivement la capitale du royaume de Naples puis du royaume des Deux-Siciles. Elle reste alors un des principaux centres de développement économiques et technologiques d’Europe jusqu’à son annexion au royaume d’Italie en 1860, date à laquelle elle entame un relatif déclin socio-économique.
[8] La curie romaine est l’ensemble des dicastères et autres organismes du Saint-siège qui assistent le pape dans sa mission de pasteur suprême de l’Église catholique. « La Curie romaine dont le Pontife suprême se sert habituellement pour traiter les affaires de l’Église tout entière, et qui accomplit sa fonction en son nom et sous son autorité pour le bien et le service des Églises, comprend la Secrétairerie d’État ou Secrétariat du Pape, le Conseil pour les affaires publiques de l’Église, les Congrégations, Tribunaux et autres Instituts ; leur constitution et compétence sont définies par la loi particulière ».
[9] Dans l’Église catholique, un protonotaire apostolique est un officier du Saint-siège qui reçoit et expédie les actes des consistoires publics. Les protonotaires apostoliques ont été institués par Damase 1er pour écrire la vie des martyrs, assister au paiement des taxes, des indulgences, des dispenses aux canonisations, enseigner la liturgie catholique ou la musique sacrée, etc. Ce sont des prélats sans dignité épiscopale, supérieurs en titre aux autres notaires apostoliques. Il faut distinguer les protonotaires participants (de numero participantium), exerçant leur charge, qui forment un collège de sept membres (dont un des postes peut être officier de la Préfecture de la Maison pontificale), et les protonotaires surnuméraires (supra numerum), appelés autrefois ad instar participantium ou AIP, dont le titre est honorifique. Jusqu’à la réforme des années 1960, la famille pontificale comprenait aussi des protonotaires apostoliques honoraires ou titulaires, dont le titre était également purement honorifique. Ces derniers étaient souvent appelés « protonotaires noirs » en raison de la couleur de leur costume.
[10] Macerata est une ville italienne, située dans la province de même nom, dans la région des Marches, en Italie centrale.
[11] Picénum ou Regio V Picenum est une région de l’ancienne Italie. Le nom est un exonyme attribué par les Romains, qui l’ont conquis et l’ont incorporé dans la République romaine. Le Picénum fut le berceau de notables tels que Pompée le Grand et son père Pompée Strabon. Il était situé dans ce qui est maintenant la région des Marches. Les Picènes ou Picéniens constituaient la population indigène du Picénum, mais ils ne sont pas d’origine ethnique uniforme. Ils ont maintenu un centre religieux à Cupra Marittima, en l’honneur de la déesse Cupra.
[12] Un cardinal est un haut dignitaire de l’Église catholique choisi par le pape et chargé de l’assister. Il fait partie du Collège des cardinaux (anciennement appelé « Sacré Collège », jusqu’en 1983). Le titre précis est « cardinal de la Sainte Église romaine » (Sanctæ Romanæ Ecclesiæ cardinalis) ; les cardinaux forment la plus haute sphère de l’Église catholique.
[13] La diaconie cardinalice de Santi Cosma e Damiano (Saints Côme et Damien) est érigée par le pape Adrien 1er au 8ème siècle et rattachée à la basilique Santi Cosma e Damiano qui se trouve dans le rione Campitello au centre-sud de Rome. Le titre a notamment été porté par les futurs papes Alexandre III, Paul III et Innocent XI
[14] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.
[15] Ferrare est une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne. Située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano, la cité actuelle remonte au 14ème siècle, alors qu’elle était gouvernée par la famille d’Este. Sans héritier mâle, en 1597 Ferrare fut déclarée fief vacant par le pape Clément VIII. Par la Dévolution de 1598, la ville et son territoire, abandonnés par les Este passent sous le contrôle politique et administratif direct du Saint-Siège jusqu’à son intégration dans le Royaume de Sardaigne en 1859.
[16] Le diocèse de Novare (en latin : Dioecesis Novariensis ; en italien : Diocesi di Novara) est un diocèse de l’Église catholique en Italie, suffragant de l’archidiocèse de Verceil et appartenant à la région ecclésiastique du Piémont.
[17] Le concile de Trente est le 19ème concile œcuménique reconnu par l’Église catholique. Convoqué par le pape Paul III le 22 mai1 1542, en réponse aux demandes formulées par Martin Luther et Jean Calvin dans le cadre de la réforme protestante, il débute le 13 décembre 1545 et se termine le 4 décembre 1563. Étalées sur 18 ans, ses 25 sessions couvrent 5 pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV) et se tiennent à Trente dans la cathédrale de San Vigilio, puis à Bologne et enfin à nouveau à Trente, dans l’église Santa Maria Maggiore. En réponse aux théories protestantes, le concile confirme la doctrine du péché originel affirmée lors du 16ème concile de Carthage en 418, précise celle de la justification, de l’autorité de la Bible spécifique au catholicisme romain et confirme les 7 sacrements, le culte des saints et des reliques ainsi que le dogme de la transsubstantiation. Sur le plan disciplinaire, il crée les séminaires diocésains, destinés à former les prêtres.
[18] Gondi de Metz, Emmanuel Théodose de la Tour d’Auvergne de Bouillon, César d’Estrées de Laon, et Pierre de Bonzi, archevêque de Toulouse
[19] gestion par le roi des bénéfices des évêchés vacants
[20] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges
[21] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.
[22] La Provence est une région historique et culturelle ainsi qu’une ancienne province dans le Sud-Est de la France, s’étendant de la rive gauche du Rhône inférieur à l’ouest, jusqu’au fleuve Var à l’est et bordée au sud par la Méditerranée. La basse vallée du Rhône connaît diverses invasions. Wisigoths et Alains pillent de nombreuses cités et descendent jusqu’à Orange et Avignon. Les Burgondes s’installent dans la région en 442, et choisissent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale. Avignon marqua la pointe sud de ce royaume. Les Ostrogoths fondent au sud de ce royaume Burgonde un duché dépendant de leur royaume italo-dalmate : le duché de Provence, future basse Provence ou comté de Provence (la partie burgonde deviendra elle le marquisat de Provence). Charles Martel combat le patrice de Provence, Mauronte, allié des Maures de Gothie et fait entrer définitivement la Provence dans le domaine franc en 536. En 843, le traité de Verdun donne la Provence à Lothaire 1er. Son fils Charles de Provence en fait le royaume de Provence-Viennois ou de Bourgogne cisjurane à l’existence éphémère (855-863).
[23] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Le Dauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cette entité apparaît dans l’ancienne Provence, et était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné de Viennois devient alors la province du Dauphiné, et conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457.
[24] Le deuxième concile de Lyon est un concile catholique convoqué le 31 mars 1272, qui s’est tenu à Lyon en 1274. Il a été présidé par le pape Grégoire X, réunissant environ 500 évêques, 60 abbés et plus de 1000 prélats. La première session s’est ouverte 7 mai 1274, avec 5 sessions additionnelles les 18 mai, 7 juin, 6 juillet, 16 juillet et 17 juillet. Jacques 1er d’Aragon, l’ambassadeur de l’empereur Michel Paléologue et des membres du clergé grec et les ambassadeurs d’Abaqa Khan de l’empire Ilkhanide étaient présents.
[25] Le gallicanisme est une doctrine religieuse et politique française qui cherche à organiser l’Église catholique de façon autonome par rapport au pape. Il s’oppose à l’ultramontanisme. D’une part, le gallicanisme réduit l’intervention du pape au seul pouvoir spirituel, et ne lui reconnaît pas de rôle dans le domaine temporel. D’autre part, s’il reconnaît au pape une primauté spirituelle et juridictionnelle, il cherche à la limiter fortement, au bénéfice des conciles généraux dans l’Église (c’est le conciliarisme), des évêques dans leurs diocèses et des souverains dans leurs États. En pratique, cela se traduit surtout par une mainmise étroite du souverain français sur les nominations et les décisions des évêques. Jean Delumeau distingue le gallicanisme ecclésiastique, qui est une position théologique et ecclésiologique antérieure et ultérieure à la Réforme, le gallicanisme régalien et le gallicanisme parlementaire, qui est une doctrine politique et administrative. Très largement partagée par les juristes français de l’Ancien Régime et du 19ème siècle, cette troisième grande tendance du gallicanisme a contribué à la construction doctrinale de l’État moderne
[26] La bataille de Vienne du 12 septembre 1683, sur la colline du Kahlenberg, mit fin au second siège de Vienne par les Turcs. Cette défaite décisive des Ottomans fut le point de départ d’une campagne militaire de 16 ans qui devait permettre aux Habsbourg de reprendre les territoires de Hongrie-Croatie et de mettre fin à la menace ottomane en Europe centrale.
[27] Les Balkans sont une des trois « péninsules » de l’Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l’absence d’un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km²
[28] L’ancienne ville de Buda sur la colline du même nom, forme avec Óbuda et l’ancienne Pest sur l’autre rive du Danube la ville de Budapest.
[29] L’ancienne ville de Pest forme depuis 1873 avec Óbuda et l’ancienne Buda (sur l’autre rive du Danube) la ville de Budapest. Ce toponyme désigne par extension les arrondissements de la rive orientale du fleuve et est même souvent utilisé comme diminutif de la capitale hongroise, Budapest.
[30] La bulle pontificale In Cœna Domini prononce une excommunication générale contre tous les hérétiques, les contumaces et les ennemis du Saint-Siège. Elle fut ainsi nommée parce qu’on la lisait publiquement à Rome tous les ans le jour de la Cène (jeudi saint). Elle fut rendue par Paul III en 1536 ; Clément XIV en supprima la lecture en 1770.
[31] paroisse des Français de Rome
[32] Le diocèse de Cologne, en Allemagne, fut fondé au 4ème siècle et devint archidiocèse métropolitain de rite romain au 8ème siècle. Au 13ème siècle, l’archevêque de Cologne prend le rang prestigieux de Prince Électeur du Saint Empire, le territoire de l’archevêché se muant en Électorat de Cologne.
[33] L’archidiocèse de Strasbourg (en latin : archidioecesis Argentoratensis o Argentinensis) est une église particulière de l’Église catholique en France. Son siège est la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Érigé au 4ème siècle, le diocèse de Strasbourg est un diocèse historique de l’Alsace. À la veille de la Révolution française, il couvrait la Basse-Alsace et l’Ortenau. Depuis 1801, il couvre les deux départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Il est d’abord suffragant de l’archidiocèse de Mayence, puis de celui de Besançon. Depuis 1874, il est exempt, et relève immédiatement du Saint-Siège. Élevé au rang d’archidiocèse en 1988, il n’est pas métropolitain.
[34] Le diocèse de Ratisbonne est un diocèse catholique d’Allemagne, situé en Basse Bavière. Il a son siège à la cathédrale Saint-Pierre de Ratisbonne, et est suffragant de l’archidiocèse de Munich et Freising. Créé en 739 par saint Boniface, il constitua une principauté ecclésiastique du Saint Empire romain germanique et resta suffragant de l’ancien archidiocèse de Salzbourg, jusqu’à ce qu’il fut médiatisé en 1803.
[35] La Papauté d’Avignon désigne la résidence du pape en Avignon (France). Cette résidence, qui déroge à la résidence historique de Rome (Italie) depuis saint Pierre, se divise en deux grandes périodes consécutives : La première, de 1309 à 1378, celle de la papauté d’Avignon proprement dite, correspond à une époque où le pape, toujours reconnu unique chef de l’Église catholique, et sa cour se trouvent installés dans la ville d’Avignon au lieu de Rome. La seconde, de 1378 à 1418, coïncide avec le Grand schisme d’Occident où deux papes rivaux (et même trois si l’on considère l’éphémère pape de Pise) prétendent régner sur la chrétienté, l’un installé à Rome et l’autre en Avignon
[36] Le nonce apostolique est un agent diplomatique du Saint-siège, accrédité comme ambassadeur de ce dernier auprès des États.
[37] La bataille de Mohács, livrée le 12 août 1687, a opposé les Turcs de l’Empire ottoman, emmenés par le grand vizir Sari Süleyman Pacha, aux forces de l’armée impériale du Saint Empire romain sous Léopold 1er, empereur des Romains, commandées par Charles de Lorraine. La défaite des Turcs porta un coup d’arrêt définitif à l’expansion de l’empire ottoman en Europe.
[38] La bataille de Zenta eut lieu le 11 septembre 1697 juste au sud de la ville, en Hongrie, sur la rive orientale de la Tisza. Ce fut une bataille décisive de la cinquième guerre austro-turque ainsi que l’une des pires défaites jamais infligées à l’Empire ottoman. Cette victoire des Habsbourg fut la dernière étape qui força l’Empire ottoman à signer le traité de Karlowitz, en 1699, qui mit fin à la domination turque sur la Hongrie.
[39] Le quiétisme est une doctrine mystique consistant en un itinéraire spirituel de « cheminement vers Dieu » caractérisée par une grande passivité spirituelle vis-à-vis de Dieu. Née en Espagne, elle se répandit ailleurs aux 17ème et 18ème siècles. Parmi les protestants, une doctrine similaire s’observe chez les quakers. Pour certains, elle s’inspire fortement de l’hésychasme orthodoxe, même si en réalitéet par définition, elle en est, en quelque sorte, à l’opposé, car l’hésychasme vise un calme, un repos intérieur, alors que le quiétisme concerne surtout l’absence d’activité extérieure. Inspiré par les œuvres condamnés du prêtre espagnol Miguel de Molinos, le quiétisme vise à la Perfection chrétienne, à un état de quiétude « passive » et confiante.
[40] Caelestis Pastor ou Coelestis Pastor (Le Pasteur des cieux) est une Constitution apostolique signée le 20 novembre 1687 par le pape Innocent XI. Le but de ce texte est la condamnation du quiétisme. Le pape récapitule dans ce document 68 propositions quiétistes du théologien espagnol Miguel de Molinos : elles sont extraites essentiellement de la correspondance et des aveux de ce dernier, qui a été arrêté le 18 juillet 1685 et incarcéré à Rome ; il est considéré comme le principal représentant du mysticisme quiétiste. Ces propositions sont condamnées comme hérétiques. En Espagne, des auteurs ecclésiastiques publient un commentaire détaillé des propositions condamnées : ainsi, le carme déchaux Francisco Barambio publie en 1691-1692 Discursos philosophicos, morales, y mysticos contra las proposiciones del doctor Miguel de Molinos en 2 volumes
[41] La basilique Saint-Pierre est le plus important édifice religieux du catholicisme. Elle est située au Vatican, sur la rive droite du Tibre, et sa façade s’ouvre sur la place Saint-Pierre. Elle a été construite là où, sous la volonté de l’empereur Constantin 1er, les premiers pèlerins venaient rendre un culte à saint Pierre à l’emplacement du cirque de Caligula et de Néron.