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L’histoire pour le plaisir

Julien d’Éclane

mercredi 10 mars 2021 (Date de rédaction antérieure : 15 juin 2012).

Julien d’Éclane (vers 386-454)

Évêque italien du 5ème siècle

Une page de l'Ancien Testament tirée de la Bible de Gutenberg, composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme (vers 1455).Né en Apulie [1] il fut l’une des principales figures du mouvement pélagien [2]. Il était fils d’un évêque d’Apulie nommé Memorius, et sa mère s’appelait Juliana. Vers 404, il devint lecteur [3] dans la cathédrale de son père, et peu après épousa une femme appelée Ia. Paulin de Nole, ami de la famille, composa à cette occasion un épithalame [4]. Vers 410, Julien était devenu diacre [5], et vers 416/417, le pape Innocent 1er le consacra évêque d’Éclane en Campanie [6].

Zosime, successeur d’Innocent 1er, rouvrit le procès de Pélage et Célestius, condamnés par les évêques de la province d’Afrique [7] dans un concile tenu à Carthage [8]. En 418, il émit contre eux une “Epistula Tractatoria” [9].

Julien d’Éclane fut l’un des 18 évêques italiens qui refusèrent d’y souscrire. En conséquence, il fut déposé de son siège en vertu d’un édit de l’empereur Honorius en mars 418, prononçant le bannissement de tous les “pélagiens”. Julien adressa 2 lettres au pape Zosime, dont l’une circula en Italie. Vers la même époque, il adressa aussi une lettre à Rufus, évêque de Thessalonique [10], où il accusait les adversaires de Pélage et Célestius d’être des “manichéens” ; c’est l’une des 2 lettres auxquelles répond saint Augustin dans son “Contra duas epistulas Pelagianorum” .

Julien composa une réfutation en 4 livres du “De nuptiis et concupiscentia” de saint Augustin, où il l’accusait à nouveau de manichéisme ; Augustin y répondit par le “Contra Julianum Pelagianum”. Julien fut chassé d’Italie en 421 et se réfugia avec d’autres pélagiens en Cilicie [11] auprès de l’évêque Théodore de Mopsueste, celui-ci, que Marius Mercator accuse d’avoir été, par l’entremise de son disciple Rufin le Syrien, à l’origine du pélagianisme, écrivit en tout cas contre les “Dialogi in Pelagianos” desaint Jérôme une réfutation intitulée Contre ceux qui disent que l’homme pèche par nature et non par intention.

“Le Contra Julianum Pelagianum” parvint à Julien, qui en rédigea une réponse en 8 livres. Augustin, à son tour, y répondit dans un texte qu’il n’acheva pas, connu sous le nom “d’Opus imperfectum”. Après l’élection comme pape de Célestin 1er en septembre 422, il retourna en Italie, espérant se faire mieux entendre du nouveau pontife, mais celui-ci le repoussa et le força à un nouvel exil ; ayant gagné Constantinople [12], il fut également très mal reçu par le patriarche Attique.

L’élection comme patriarche de Constantinople, en avril 428, de Nestorius, disciple de Théodore de Mopsueste, lui ouvrit de nouvelles perspectives. Le patriarche commença effectivement par les défendre, lui et ses partisans, et écrivit même plusieurs lettres à leur sujet au pape Célestin, mais il finit par devoir se justifier lui-même de cette prise de position dans un discours public transmis en traduction latine par Marius Mercator. Ce dernier présenta en 429 à l’empereur Théodose II son “Commonitorium super nomine Caelestii”, où il récapitulait la querelle pélagienne, et Julien et ses partisans furent en conséquence expulsés de Constantinople par édit impérial. À la fin de 430, Célestin 1er tint un concile à Rome qui renouvela la condamnation du pélagianisme.

Julien semble avoir été présent au concile d’Éphèse [13] en juin-juillet 431, mais il y fut nommément condamné.

Il pu nourrir à nouveau des espérances avec l’élection comme pape de Sixte III en 432, le nouveau pontife s’étant montré dans le passé favorablement disposé envers les pélagiens ; mais à l’instigation notamment du prêtre Léon, collaborateur du pape qui fut son successeur sous le nom de Léon 1er, il fut à nouveau très mal accueilli et chassé. On n’entend plus ensuite parler de lui.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Julien d’Éclane/ Portail du christianisme/ Catégories : Évêque du Ve siècle/ Pélagianisme

Notes

[1] Ancien nom de la région des Pouilles, en Italie.

[2] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.

[3] Le Lecteur est, dans plusieurs Églises chrétiennes, chargé principalement de lire à voix haute des extraits de l’Écriture lors de l’office. Il est aussi affecté à la garde des livres sacrés ; il peut diriger le chœur. Dans certaines paroisses, il assure l’ordonnance de l’office.

[4] L’épithalame est une sorte de poème lyrique composé chez les Anciens à l’occasion d’un mariage et à la louange des nouveaux époux. En Grèce antique, il était chanté par un chœur avec accompagnement de danses.

[5] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[6] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.

[7] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une ancienne province romaine qui correspond à l’actuelle Nord et sud Est Tunisien, plus une partie de l’Algérie et de la Libye actuelle. La province d’Afrique est créée en 146 av. jc, après la destruction de Carthage, au terme de la 3ème guerre punique ; ayant Utique pour capitale, elle est séparée du royaume de Numidie par une ligne de démarcation, la fossa regia. En 46 av. jc, Rome annexe la Numidie avec le nom de « nouvelle province d’Afrique » (Africa Nova) pour la distinguer de la première (Africa Vetus). Vers 40-39 av. jc, les deux provinces sont réunies dans la province dite d’Afrique proconsulaire ; ayant Carthage pour capitale, elle s’étend, d’ouest en est, de l’embouchure de l’Ampsaga (auj. l’Oued-el-Kebir, en Algérie) au promontoire de l’Autel des frères Philènes (auj. Ras el-Ali, en Libye). En 303, celle-ci est divisée par Dioclétien en trois provinces : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.

[8] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[9] circulaire d’excommunication

[10] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[11] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[12] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[13] Le concile d’Éphèse, troisième concile œcuménique de l’histoire du christianisme, est convoqué en 430 par l’empereur romain de Constantinople Théodose II. Le concile condamne le 22 juin 431 le nestorianisme comme hérésie, et anathématise et dépose Nestorius comme « hérésiarque ». À l’inverse des conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) dont les questions théologiques portaient principalement sur l’unicité de Dieu, le concile d’Éphèse marque un tournant dans le dogme en définissant l’union hypostatique des deux natures, humaine et divine, du Christ. Le concile d’Éphèse marque donc pour l’Église l’explicitation et la proclamation du Christ homme et Dieu. Il fixe également le dogme de la Vierge Marie Théotokos (« Mère de Dieu »).