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Nestorius ou Nestorios

jeudi 14 novembre 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 septembre 2011).

Nestorius ou Nestorios (vers 381-451)

Patriarche de Constantinople du 10 avril 428 au 11 juillet 431

D’après une ancienne tradition syriaque [1], la famille de Nestorius aurait été d’origine perse. Ses grands-parents avaient quitté la région du Beit-Garmai [2] à l’Est du Tigre [3] pour venir s’installer à Samosate [4].

Leur fils aîné s’installa à Behedin, où il eut un fils qu’il nomma Nestorios. Il apprit les lettres grecques à Germanicie [5], puis se rendit à Antioche [6], où il fut élève de Théodore de Mopsueste. Moine au monastère d’Euprépios, dans la banlieue d’Antioche, il fut ordonné prêtre.

Il fut désigné archevêque de Constantinople [7] par l’Empereur Théodose II. Durant les 3 années que dura son épiscopat, il multiplia toutes les maladresses. Moine rigoureux, il s’opposait comme ses collègues évêques aux spectacles, ce qui n’était pas du goût de tous les constantinopolitains.

Il excommunia des moines qui passaient leurs journées hors de leurs monastères, interdit aux femmes de se rendre aux offices nocturnes où il y avait des hommes, fit fermer les lieux de prière des hérétiques ariens [8], macédoniens..., et, pour comble, vexa à plusieurs reprises Pulchérie, soeur de l’Empereur.

Pour couronner le tout, il parut vouloir évoquer à son tribunal le cas des évêques pélagiens [9] chassés d’Italie, ainsi que celui des prêtres en conflit avec Cyrille d’Alexandrie.

Pris de court par Cyrille, qui envoya à Rome des extraits de ses prédications, il se retrouva accusé d’hérésie. Il en appela à l’empereur pour qu’il convoquât un concile qui devrait décider entre lui et Cyrille. Ce fut le Concile d’Éphèse [10].

Se rendant compte de la haine qui entourait son nom, et ne voulant pas causer de préjudice à la foi et fit la demande de retourner dans son monastère. Il resta à Antioche durant 4 ans de 431 à 435, puis, à la suite de sa défaite définitive, fut exilé dans le désert occidental d’Égypte, à l’oasis d’Al-Kharga [11], où il mourut en 451, juste avant la réunion du concile de Chalcédoine [12].

Durant son exil, il ne fut pas totalement abandonné de ses amis qui lui amenaient les nouvelles de Constantinople [13]. Il écrivit entre autres une lettre aux habitants de Constantinople dans laquelle il affirme son accord total avec la christologie de Flavien de Constantinople et celle de Léon de Rome. Il fut même convoqué pour participer au Concile de Chalcédoine, mais décéda avant de pouvoir s’y rendre.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de J.-M. Mayeur et al., Histoire du Christianisme, tome 2 : Naissance d’une chrétienté, Desclée, 1995

Notes

[1] Le syriaque est une langue sémitique du Proche-Orient, appartenant au groupe des langues araméennes. L’araméen existe au moins depuis le 12ème siècle av. jc et a évolué au cours des siècles. Le syriaque représente si l’on veut un « dialecte » de l’araméen (celui de la région d’Édesse) qui s’est constitué comme langue écrite au début de l’ère chrétienne.

[2] La région de Beit Garmaï, centrée sur Kirkouk, était une province métropolitaine de l’Église de l’Orient entre le 5ème et le 14ème siècle.

[3] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.

[4] également appelée Antioche de Commagène, une ancienne cité dont les ruines se situent dans l’actuelle province d’Adıyaman, près de l’Euphrate, en Turquie

[5] Kahramanmaraş, anciennement Germanicia puis Marach, est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. Les Arabes et les Byzantins se la disputent pendant des siècles. Pendant les croisades, elle devient une forteresse du comté d’Édesse. Elle est ensuite la capitale de la principauté turque de Dulkadir.

[6] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay. Elle est située au bord du fleuve Oronte. Antioche était la ville de départ de la route de la soie.

[7] Le titre de Patriarche de Constantinople est porté par le chef de la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe qu’est le patriarcat œcuménique de Constantinople. Le titre de « patriarche » est traditionnellement porté par l’archevêché orthodoxe de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul). Ce diocèse est l’un des plus anciens de la chrétienté. Le patriarche de Constantinople est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Églises autocéphales formant l’Église orthodoxe

[8] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle, et dont le point central concerne les positions respectives des concepts de « Dieu le père » et « son fils Jésus ». La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.

[9] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.

[10] Le concile d’Éphèse, 3ème concile œcuménique de l’histoire du christianisme, est convoqué en 430 par l’empereur romain de Constantinople Théodose II. Le concile condamne le 22 juin 431 le nestorianisme comme hérésie, et anathématise et dépose Nestorius comme « hérésiarque ». À l’inverse des conciles de Nicée en 325 et de Constantinople en 381 dont les questions théologiques portaient principalement sur l’unicité de Dieu, le concile d’Éphèse marque un tournant dans le dogme en définissant l’union hypostatique des deux natures, humaine et divine, du Christ. Le concile d’Éphèse marque donc pour l’Église l’explicitation et la proclamation du Christ homme et Dieu. Il fixe également le dogme de la Vierge Marie Théotokos (« Mère de Dieu »).

[11] L’oasis d’al-Kharga est la plus méridionale des cinq grandes oasis du désert Libyque, en Égypte. Située à environ 200 km de la vallée du Nil, elle s’étend sur 150 km mais sa largeur ne dépasse pas 30 km. Cette riche oasis comporte plusieurs sources et puits d’eau naturelle dont la température, qui atteint 43 °C, est réputée comme particulièrement efficace pour le traitement des rhumatismes et des allergies.

[12] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[13] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930).