Caius Vibius Pansa Caetronianus (mort en 43 av. jc)
Homme politique de la fin de la République romaine-Consul avec Aulus Hirtius l’année de leur mort
Partisan de Jules César durant la guerre civile [1] contre Pompée, il pousse pour la restauration de la République après l’assassinat du dictateur. Il meurt de ses blessures reçues à la bataille de Forum Gallorum [2] disputée contre Marc Antoine lors de la guerre civile de Modène [3].
Son père et son grand-père se prénomment également Caius, mais on ne sait que peu de choses sur l’histoire de sa famille, hormis le fait que son père a été proscrit par Sylla selon Dion Cassius. Peut-être à l’instar d’autres descendants de ses ennemis, il peut avoir été frappé par une loi de Sylla qui interdit aux fils de ses victimes l’accès aux charges publiques. Cependant, Jules César fait lever cette interdiction, et il se peut que cela soit une raison de l’attachement de Pansa à la cause de César.
Il est un des premiers membres de la gens Vibia à réussir une carrière politique et le premier à atteindre le consulat. Il s’agit d’un homo novus [4]. C’est un descendant d’une famille étrusque [5] originaire de Pérouse [6].
Il épouse Fulfia, la fille de Quintus Fufius Calenus , qui est un fervent partisan de Marc Antoine.
Il combat auprès de Jules César lors de la guerre des Gaules.
En 51 av. jc, il est tribun de la plèbe [7]. Avec Marcus Caelius Rufus, utilisant son droit de veto, il s’oppose activement au consul Marcus Claudius Marcellus et aux autres dirigeants du parti aristocratique [8] dirigé contre César.
Pendant la guerre civile entre César et Pompée, il soutient activement la cause des Césariens mais ne joue pas de rôle majeur. Vers 49-48 av. jc, il est édile [9] puis préteur [10], et en 47 av. jc, propréteur [11] de la Bithynie et Pont [12].
Revenu à Rome en 46 av. jc, il se forme à l’art oratoire auprès de Cicéron, en compagnie d’ Aulus Hirtius .
En 45 av. jc, il est gouverneur de la Gaule cisalpine [13] en remplacement de Marcus Junius Brutus, poste qu’il occupe au 15 mars puis retourne à Rome l’année suivante. Il est désigné à l’avance par le dictateur comme consul pour l’année suivante avec Aulus Hirtius. Durant cette période, ils deviennent aussi tous deux augures [14].
Quelque temps avant le 21 avril 44 av. jc, il revient de Cisalpine et se rend en Campanie [15], où il attend de voir l’évolution de la situation à Rome après l’assassinat de Jules César pour revenir. Il commence à prendre contact avec Octavien qui est alors aussi en Campanie.
Reconnu comme étant un homme modéré et partisan d’un compromis pacifique, à son retour à Rome, Pansa devient un dirigeant des Césariens modérés et l’un des principaux partisans d’une restauration de la République. Il s’oppose en cela de plus en plus au consul Marc Antoine à la fin de l’année 44 av. jc. Néanmoins, il n’est pas totalement hostile à Antoine, et s’il souhaite limiter son pouvoir, il ne veut pas totalement le détruire à l’instar de Cicéron, et n’est pas prêt à embraser les débats contre Antoine et à une nouvelle guerre civile. À cela s’ajoute le fait que Pansa est marié à Fulfia, la fille de Quintus Fufius Calenus, qui est un fervent partisan d’Antoine.
Malgré l’assassinat de Jules César, ses dispositions sont maintenues par un accord entre Marc Antoine, Cicéron et les conjurés dès avril. Ainsi, en 43 av. jc, il est consul avec Aulus Hirtius. Le 1er janvier, il inaugure solennellement son consulat devant le Sénat, dans le temple de Jupiter capitolin [16], ou selon d’autres sources dans le temple de la Concorde [17]. La préférence de Pansa est d’unir les factions césariennes et de restaurer l’harmonie dans la République, mais il trouve peu de soutien. Les débats durent 4 jours et portent sur l’attitude à adopter vis-à-vis de Marc Antoine, Pansa dirige les débats entre son beau-père Quintus Fufius Calenus et Cicéron. Malgré l’opposition vigoureuse de Cicéron exprimée dans sa 5ème Philippique, la proposition de Calenus est adoptée, qui prévoit d’envoyer des ambassadeurs à Marc Antoine.
De janvier à mars 43, Pansa préside les discussions au Sénat, et arbitre entre Cicéron, qui pousse toujours à la guerre contre Marc Antoine, et Calenus, qui est partisan de la négociation. Dans le même temps, Antoine cherche à prendre le contrôle de la province de Gaule cisalpine, et assiège son gouverneurDecimus Junius Brutus Albinus dans Modène. Le Sénat, rejetant les propositions d’Antoine, ordonne aux consuls de préserver la sécurité de la République et de se porter au secours de Decimus : c’est le début de la guerre civile de Modène.
Lors de l’examen de la situation orientale où se maintiennent les conjurés Marcus Junius Brutus et Caius Cassius Longinus, Pansa appuie la motion déclarant le consulaire césarien Publius Cornelius Dolabella ennemi public, mais parvient à faire rejeter la proposition de Cicéron visant à accorder à Cassius des pouvoirs extraordinaires en Orient pour faire face à Dolabella. Il légitime aussi le commandement de Brutus en Macédoine [18] et reconnaît officiellement le contrôle de la Sicile par Sextus Pompée. Lorsque le Sénat révoque une grande partie de “la Lex Antonia”, en particulier la partie agraire, Pansa est contraint de faire adopter des mesures confirmant les colonies pour les vétérans de César ainsi que d’autres décisions de César.
Il lève en parallèle de nouvelles troupes et part de Rome le 20 mars 43 pour secourir Modène avec 4 légions de nouvelles recrues, Pansa tombe le 14 avril dans une embuscade tendue à Forum Gallorum par les meilleures troupes d’Antoine. Battu, il est grièvement blessé, et meurt peu après, le 23 avril. Entre-temps, son collègue Aulus Hirtius, qui a redressé la situation à Forum Gallorum, est tué à la bataille de Modène le 21 avril, pourtant victorieuse.
Notes
[1] La guerre civile de César, appelée aussi guerre civile romaine de 49 av. jc ou guerre civile entre César et Pompée, est un des derniers conflits intérieurs de la République romaine, et fait partie de la liste des nombreuses guerres civiles romaines. Elle a consisté en une série de heurts politiques et militaires entre Jules César, ses alliés politiques et ses légions d’une part, et la faction conservatrice du Sénat romain, appelée aussi optimates, épaulée par les légions de Pompée d’autre part.
[2] La bataille de Forum Gallorum a eu lieu le 14 Avril 43 av. jc entre les forces de Marc - Antoine, et les légions fidèles au Sénat romain sous le commandement du consul Caius Pansa, aidé par son compatriote consul Aulus Hirtius. Le César Octavien (le futur empereur Auguste) gardait le camp du Sénat. La bataille eu lieu sur la Via Aemilia près d’un village du nord de l’Italie , peut-être près de l’actuelle Castelfranco Emilia.
[3] La guerre civile de Modène est une guerre civile romaine opposant, au cours de la première moitié de l’année 43 av. jc, Marc Antoine à Decimus Junius Brutus qui refuse de céder le contrôle de la Gaule cisalpine. Ce dernier est soutenu par le Sénat auquel se joint Octavien. Marc Antoine est contraint de se replier vers la Gaule après deux batailles, la première étant celle de Forum Gallorum, et la deuxième devant les murs de Modène, mais les deux consuls de l’année 43 sont tués lors des combats.
[4] Homo novus (« homme nouveau » ; pluriel : homines novi) est une expression latine désignant dans l’Antiquité romaine, particulièrement sous la République, un citoyen dont aucun aïeul n’a occupé quelque charge publique que ce soit (consulat, préture, questure, édilité, ...) et qui occupe pour la première fois une telle charge alors qu’il n’est pas issu de la noblesse.
[5] L’Étrurie était le territoire des Étrusques. Il correspond à l’actuelle Toscane, s’étendant durant la période de son expansion maximum, au-delà de l’Apennin tosco-émilien jusqu’à la plaine du Pô et son embouchure, à Hadria, port antique qui donna son nom à la Mer Adriatique. Au sud, le territoire étrusque s’étendait au-delà de Rome (comprise), jusqu’à Capoue.
[6] Pérouse, en italien Perugia, est une ville italienne, chef-lieu de la province de même nom et capitale de la Région Ombrie. Pérouse se situe sur une acropole collinaire d’une altitude moyenne de 493 m autour de laquelle se développe le centre historique qui est en grande partie entourée par les murs étrusques et médiévaux. Au 9ème siècle elle devient une propriété des papes avec l’accord de Charlemagne et de Louis le Pieux. La cité continue toutefois pendant des siècles à mener une vie indépendante, guerroyant contre les cités et territoires voisins de Foligno, Assise, Spolète, Todi, Montepulciano... Les papes ont parfois trouvé asile dans les murs de Pérouse. L’administration papale y a aussi organisé les conclaves qui ont élu Honorius III en 1216, Honorius IV en 1285, Célestin V en 1294 et Clément V en 1305. Cependant Pérouse se montra toujours réticent à l’égard des papes. Ainsi, lors de la rébellion de Rienzo en 1347, la cité ombrienne envoya dix ambassadeurs au tribun romain et résista vigoureusement aux légats du pape venus la soumettre.
[7] Dans la Rome antique, les tribuns de la plèbe sont les représentants de la plèbe. Ils ne représentent pas le populus dans son entier, puisque la plèbe est le populus (l’ensemble du peuple de Rome, comprenant tous les citoyens de toutes les classes) sauf les patriciens.
[8] Le parti aristocratique, dans la Rome antique, évolue au cours des siècles, mais il obéit à un certain nombre de constantes. Il est formé de patriciens, puis bientôt de nobles, hommes dont les ancêtres ont exercé une magistrature curule. C’est dans le parti aristocratique que le sénat recrute la grande majorité de ses membres, les optimates.
[9] Les édiles étaient des magistrats de la Rome antique. Leur fonction primitive était liée à l’administration urbaine de Rome. L’édilité est intégrée au cursus honorum. En 365 av.jc, le Sénat crée deux nouveaux édiles, les édiles curules, qui sont eux recrutés parmi les patriciens. Ils furent mis en place parce que les deux édiles plébéiens refusaient d’étendre les ludi maximi à quatre jours au lieu de trois. L’édilité curule fut néanmoins ouverte rapidement aux plébéiens. Les deux édiles curules sont supérieurs aux deux édiles plébéiens : ils disposent de la chaise curule (les édiles plébéiens doivent se contenter du subsellium), de la toge prétexte, ils ont le ius edicendi, c’est-à-dire le pouvoir de publier des édits dans leurs domaines d’action. Au Sénat ils ont la préséance sur leurs collègues plébéiens.
[10] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.
[11] Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant 1 an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Il s’agit d’une prorogation de leur pouvoir, c’est un promagistrat. Sous la République romaine, les préteurs, comme les consuls, sont élus par le peuple romain assemblé en comices ; à l’issue de leur charge, ils peuvent devenir propréteurs, ou gouverneurs, de provinces, pour un mandat de 1 an. On retrouve le premier propréteur en 241 av. jc, et la fonction se généralise les 2 siècles suivants, jusqu’à ce que Sylla rende obligatoire aux anciens magistrats à imperium de servir dans une province comme gouverneur pour 1 an. A la suite de la réorganisation provinciale au début de l’Empire, chaque province impériale est dirigée par un propréteur qui est sous l’autorité proconsulaire de l’empereur. Il porte ce titre qu’il soit ancien consul ou préteur. La durée du mandat est variable.
[12] La Bithynie et Pont, est une province romaine située en Asie mineure, le long de la côte du Pont-Euxin (mer Noire). Elle a été constituée par la réunion de l’ancien royaume de Bithynie, annexé en 74 av. jc, et d’une partie de l’ancien royaume du Pont, annexé en 63 av. jc. La capitale de la province était Nicomédie (aujourd’hui Izmit), ancienne capitale des rois de Bithynie, à l’extrémité orientale de la mer de Marmara.
[13] La Gaule cisalpine est la partie de la Gaule qui couvrait l’Italie du Nord. Elle était ainsi nommée par les Romains en raison de sa position en-deçà des Alpes (par opposition à la Gaule transalpine, s’étendant au-delà).
[14] L‘augure est, dans la religion romaine, un prêtre chargé d’interpréter les phénomènes naturels considérés comme des présages. Les augures étaient les interprètes des volontés de Jupiter, maître des signes ; il était hors de question de partir à la guerre, de choisir l’emplacement d’un temple, de désigner un homme pour une fonction politique, sans consulter les augures. Par exemple, en 63 av. jc, Marcus Calpurnius Bibulus tenta de s’opposer à l’une des actions de Jules César en affirmant que les augures étaient défavorables.
[15] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.
[16] Le temple de Jupiter Capitolin est un des plus anciens édifices religieux de la Rome antique. Il s’agit du principal temple du souverain céleste du panthéon romain, Jupiter. Il est situé sur le sommet du Mons Capitolium, ou Capitole, colline au pied de laquelle, selon les récits de fondation de la ville, Romulus décida de bâtir Rome après avoir proclamé que cette hauteur serait lieu d’asylum pour tous les volontaires du Latium qui souhaiteraient participer à la fondation de la cité.
[17] Le temple de la est un temple romain dédié à la déesse Concordia est situé sur le Forum Romain, à Rome.
[18] La province romaine de Macédoine s’étendait sur le nord de la Grèce actuelle. Elle englobait l’Albanie et la République de Macédoine actuelles. La province fut fondée en 146 av. jc. Elle succédait au royaume de Macédoine dont le dernier souverain, Andriscus, avait été défait en 148 av. jc par le général Q. Cæcilius Metellus. Cette province était sénatoriale gouvernée par un ancien préteur.