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Richard 1er de Normandie, dit Richard Sans-Peur

vendredi 20 décembre 2013, par lucien jallamion

Richard 1er de Normandie, dit Richard Sans-Peur (vers 930-996)

Duc de Normandie

Statue de Richard 1er sur le socle de la statue du Conquérant à Falaise

Fils naturel du duc de Normandie Guillaume Longue-Épée et de Sprota . La principale source sur Richard 1er est le récit de Dudon de Saint-Quentin , “De moribus et actis primorum Normanniae ducum”. Ce chanoine fut invité par Richard à écrire l’histoire des premiers ducs de Normandie. Son œuvre, assez critiquée par les historiens modernes, est peut-être mise en lumière par les Annales de Flodoard qui couvrent la période avant 966.

Richard est envoyé dans le Bessin [1] par son père pour apprendre la langue de ses ancêtres. Il a probablement un peu plus de 10 ans à la mort de son père, assassiné en décembre 942, et se voit attribuer un conseil de régence comprenant 4 hauts personnages du duché normand, Bernard le Danois , Raoul dit Taisson l’Ancien, Anslech de Bricquebec et Osmond de Conteville. Mais le roi carolingien Louis d’Outremer, sous prétexte de faire son éducation, fait transporter l’adolescent avec l’un de ses régents, Osmond, à sa cour de Laon. Il semble y avoir séjourné de 943 à 945 et s’être finalement enfui avec l’aide d’Osmond qui aurait organisé son évasion avec la complicité d’ Yves de Bellême et de Bernard, comte de Senlis et vassal d’Hugues le Grand, duc des Francs. Pendant cette période, Herluin, comte de Montreui l, est nommé par le roi gouverneur de Normandie en 943 avant d’être tué par des Normands en 945.

Cependant, entre temps, Louis d’Outremer s’est associé avec Hugues le Grand, son principal vassal, pour dépecer le jeune et fragile duché normand. Le roi envahit le Pays de Caux, tandis que le duc des Francs prend Gacé [2], Évreux et va assiéger Bayeux. En réaction, les Normands de la Seine font appel à la troupe scandinave du roi de la mer Sigtrygg [3], sans doute norvégienne et en partie d’Islande mais elle est sévèrement battue avec les troupes d’un certain Thurmodus [4], un Normand revenu à l’idolâtrie et au culte des gentils qui voulait forcer le jeune duc à l’imiter. Sétric et Turmod furent tous les 2 tués avec la majeure partie de leurs hommes.

Selon le récit de Dudon de Saint-Quentin, l’un des “régents”, Bernard le Danois, exploite la rivalité entre le roi et Hugues le Grand. D’abord, il suggère au roi que les Normands se résignent à se soumettre. Il obtient ainsi la fin des hostilités. Puis, contactant Hugues le Grand, il le convainc qu’il a été trompé par le roi. Et pour finir d’envenimer les relations entre les anciens alliés, il promet l’aide des Normands à Hugues contre le roi, amenant Hugues à commettre l’erreur de se lancer en campagne contre le roi.

Par ailleurs Bernard le Danois obtient l’intervention d’un autre chef viking Harald, récemment débarqué ou depuis longtemps installé en Normandie.

Le roi s’empresse d’intervenir mais il est battu le 13 juillet 945 sur la Dives, peut-être à Corbon. Herluin II de Ponthieu meurt dans la bataille tandis que Louis d’Outremer est capturé. Il est transmis à Hugues le Grand qui le garde prisonnier jusqu’en juillet 946. Cela permet à Richard, maintenant adolescent et revenu en Normandie, de faire reconnaître l’indépendance de la Normandie par les Nobles du royaume franc carolingien.

En 946, craignant l’alliance de Richard 1er avec Hugues le Grand, le roi Louis d’Outremer forme une coalition contre eux avec Otton de Germanie, Arnoul 1er comte de Flandre, Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne transjurane, et Alain Barbetorte, duc de Bretagne. Les alliés traversent l’Epte et se dirigent vers Rouen. L’attaque de la ville est un échec. Les rois franc et germanique subissent alors une contre-attaque qui les obligent à battre en retraite jusqu’en Amiénois.

Le duché de Normandie a réussi à survivre à la grande crise qui, vers la même époque, avait été fatal aux 2 États vikings les plus proches, le royaume d’York et l’établissement normand de Nantes. Richard 1er est reconnu duc légitime en 947.

Comme son père Guillaume Longue Épée, Richard œuvre pour la restauration de l’Église. En 960, il installe de nouveaux moines à Saint-Wandrille [5] pour relever l’abbaye détruite par ses ancêtres vikings.

Quelques religieux de cette maison sont ensuite envoyés au Mont-Saint-Michel pour remplacer les chanoines. À Fécamp, ville où est né Richard, le comte crée une résidence ducale de première importance et émet le projet d’installer un monastère à proximité. Il fait appel à l’abbé de Cluny Maïeul , qui refuse de venir en Normandie.

Le rétablissement de la hiérarchie épiscopale en Normandie apporte un crédit à la volonté restauratrice de Richard. Après la coupure liée aux invasions scandinaves et à l’installation de Rollon, tous les évêchés normands ont de nouveau un titulaire vers 990. 3 évêchés normands depuis longtemps laissés vacants sont pourvus, Roger à Lisieux vers 985, Azon le Vénérable à Sées vers 986, Norgod à Avranches vers 990.

Les autres sièges sont renouvelés : Raoul d’Avranches à Bayeux en 986, Robert le Danois à Rouen en 987/989, Gérard à Évreux vers 988 et Hugues à Coutances vers 989.

À la fin du 10ème siècle, Richard 1er fait de Fécamp un sanctuaire dynastique et commande au chanoine Dudon de Saint-Quentin une histoire des premiers ducs de Normandie qui deviendra le “De Gestis Normanniae ducum seu de moribus et actis primorum Normanniae ducum”.

En 954, le roi Louis IV d’Outremer meurt suivi 2 ans plus tard par son principal rival le duc des Francs, Hugues le Grand. Le fils de ce dernier, Hugues Capet, étant mineur, un de ses principaux vassaux, Thibaud le Tricheur, comte de Blois, en profite pour s’émanciper. Entre 956 et 960, il s’empare des comtés de Chartres et de Châteaudun. La Normandie se retrouve bordée au sud-est par la nouvelle puissance thibaldienne.

Sous l’influence de Thibaud de Blois, le roi Lothaire rassemble son ost dans le Drouais, et s’empare d’Évreux. Il laisse la ville à son allié Thibaud. Celui-ci pousse son avantage et se dirige vers la capitale normande Rouen. Richard de Normandie l’attaque et le bat près de la ville en 962.

Après cette victoire, la guerre se poursuit quelques années. Le comte des Normands n’hésite pas à embaucher des pilleurs scandinaves qui revenaient d’Espagne pour faire face à son ennemi. Chartres est incendiée.

Thibaud demande la paix qu’il obtient après avoir renoncé à Évreux. Le roi Lothaire signe à son tour un accord avec les Normands en 965 sur les bords de l’Epte. Ce traité préconise le renoncement du roi à toute suzeraineté sur la Normandie et en contrepartie, l’arrêt de toute action militaire de la part des Normands.

La Normandie n’est désormais plus menacée jusqu’à la mort du duc. Ce qui n’empêche pas les Normands de monter à leur tour des expéditions contre leurs voisins en Flandre contre le comte Arnoul II de Flandre ou contre Albert 1er de Vermandois dans la fin des années 980.

En 960, le duc de Normandie épouse la sœur d’Hugues Capet, Emma . En 968, Hugues Capet épouse une cousine germaine de Richard, Adélaïde, petite-fille de Rollon par sa mère, Adèle.

Dans une charte de 968, Richard se reconnaît le vassal d’Hugues Capet.

Guillaume de Jumièges laisse entendre que le Normand aide le duc des Francs à accéder à la royauté. S’il ne l’aide pas contre Charles de Lorraine en 988/91, il est son principal soutien, avec le comte d’Anjou Foulque Nerra, lors du siège de Melun en 991.

L’année suivante, Richard renverse ses alliances. Le comte d’Anjou devient une menace en intervenant dans les comtés de Nantes et de Rennes. Or, depuis Rollon, la Bretagne est une chasse gardée des Normands. En conséquence, Richard s’allie avec son ancien ennemi Eudes de Blois et adhère à une coalition contre l’Angevin comprenant le duc d’Aquitaine, le comte de Flandre et le comte de Rennes.

Cette alliance bretonne amène un double mariage des enfants de Richard et de Conan .

Le roi Ethelred II reproche à Richard d’accueillir les mêmes Danois qui pillent son royaume. Le légat du pape Jean XV intervient pour empêcher la guerre. Le 18 mars 991, Richard et Ethelred concluent un traité dans lequel ils promettent de ne pas aider leurs ennemis respectifs.

Cette paix contribue au développement des relations commerciales entre Normandie et Angleterre.

Richard décède en 996 la même année qu’Hugues Capet. Il est enterré à Fécamp.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Richard Ier de Normandie/ Portail de la Normandie/ Duc de Normandie

Notes

[1] Le Bessin est un pays de la Normandie autrefois appelé Pagus Baiocensis (pays de Bayeux). Ses habitants gaulois étaient les Bajocasses ; ils sont aujourd’hui les Bessinois. Le pays du Bessin désigne aujourd’hui la région de Bayeux, dans le Calvados. Cependant, son assiette géographique dépasse les limites actuelles du Bessin proprement dit ; le Bessin est à l’origine le territoire compris entre l’Orne et la Vire.

[2] Gacé est une commune française, située dans le département de l’Orne*

[3] Sétric

[4] Turmod

[5] L’abbaye Saint-Wandrille, anciennement abbaye de Fontenelle, est une abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes située dans le département de la Seine-Maritime, en Haute-Normandie. Fondée en 649, l’abbaye a connu une longue histoire marquée par trois grandes périodes de saccages et de destructions : celles liées aux incursions des Vikings, puis celles engendrées par les guerres de religion, et enfin celles consécutives à la Révolution française. C’est encore aujourd’hui une abbaye de moines bénédictins.