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Pierre 1er de Bulgarie

mardi 3 juin 2025, par lucien jallamion

Pierre 1er de Bulgarie (mort en 969)

Tsar de Bulgarie du 27 mai 927 au 29 ou 30 janvier 969

Fils de Siméon 1er. Son oncle maternel Georges Sursuvul ou Sursubul fut régent au début de son règne.

Pierre 1er de Bulgarie s’est marié au début de l’année 928, à Constantinople [1] avec Maria, petite-fille de l’empereur byzantin Romain 1er Lécapène. De ce mariage sont nés Boris II et Roman-Siméon le futur Romain (tsar de Bulgarie) .

Conformément aux stipulations du traité de paix conclu entre le tsar et l’empereur à l’occasion du mariage de Pierre, l’archevêché de Bulgarie fut élevé au rang de patriarcat. Ainsi, l’archevêque de Distr [2]) est devenu le premier patriarche de Bulgarie. En outre, l’Empire byzantin [3] a officiellement reconnu, par ce traité, le titre de tsar [4] du souverain des Bulgares et le statut patriarcal du chef de l’Église bulgare.

Aux alentours de 933, le prince serbe Časlav Klonimirović s’est enfui de la capitale Preslav [5] et a soulevé les régions occidentales des Balkans [6]. Le tsar Pierre fut contraint de reconnaître l’État serbe qui fut recréé.

Il dut également faire face à plusieurs incursions des Hongrois en 934, 943, 948 et 958. N’ayant pas pu faire face à ces incursions, il dut, d’abord, s’engager à leur payer un tribut puis il fut contraint de conclure avec eux un traité de paix qui était dirigé contre l’Empire byzantin.

Pierre ne réussit pas à préserver le grand État dont il avait hérité de Siméon 1er. S’il est incontestable qu’il n’avait pas l’érudition de son père, ni ses aptitudes militaires et diplomatiques, cet affaiblissement de l’État fut aussi dû au fait que les ressources du pays et la population paysanne avaient été mises à rude contribution sous le précédent règne.

Sous le règne de Pierre 1er, les boyards [7] et le haut clergé s’enrichirent, alors que l’essentiel de la population s’appauvrit. Les ermites qui défièrent l’Église s’enfuirent dans les montagnes. Plusieurs hérésies, dont celle des Bogomiles [8], se répandirent et les révoltes paysannes se multiplièrent en signe de révolte sociale. Les prêches du prêtre Bogomil cristallisèrent autour de lui les ressentiments que la population avait contre le tsar, les boyards et le haut clergé. Le succès de cette doctrine fut désastreux pour l’État alors que la famine, la sécheresse sévissaient, minant ainsi les structures de l’État.

Deux complots furent organisés contre le tsar par ses frères, et il eut du mal à trouver des soutiens parmi les boyards. La majorité de ceux-ci le blâmaient pour la réconciliation avec l’Empire byzantin et pour ne pas faire des projets de conquêtes, alors que seule une minorité se félicitait de la prospérité apportée par la paix avec l’Empire.

À partir de 963, les relations avec l’Empire byzantin se tendirent : d’un côté ce dernier voulait forcer l’État bulgare à s’allier avec lui contre la Principauté de Kiev [9] alors que, d’un autre côté, il incitait le prince de Kiev à attaquer la Bulgarie. Les troupes du prince kievien Sviatoslav 1er pénétrèrent en Bulgarie, en 968 et 969, à l’instigation de l’empereur Nicéphore II Phocas.

Pierre 1er dut envoyer ses fils à Constantinople, en 968, l’empereur Nicéphore II soumettant la signature d’un traité de paix à la constitution des fils du tsar comme otages. Ce traité tendait à régler le conflit bulgaro-byzantin, permettant ainsi indirectement aux belligérants de joindre leurs forces contre le prince Sviatoslav 1er de Kiev.

Lors de l’invasion de 968, les troupes kieviennes conquirent la Dobroudja [10] ainsi que 80 places fortes et, lorsqu’elles arrivèrent jusqu’à la capitale Preslav, le tsar ne résista pas à la pression et fut victime d’une crise d’apoplexie. À la suite de ces évènements, il abdiqua et prononça les vœux pour devenir moine. Il mourut peu de temps après.

Le règne de Pierre 1er fut le plus long du premier royaume bulgare [11]. Le tsar accorda beaucoup d’attention à l’église de Bulgarie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, 2006

Notes

[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[2] aujourd’hui Silistra

[3] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[4] empereur

[5] Preslav, ou Véliki Preslav (Preslav la Grande) est une cité médiévale de Bulgarie qui fut la seconde capitale du Premier Empire Bulgare (après Pliska) de 893 à 971. Sous le Second Empire Bulgare (1185-1393), si elle fut remplacée comme capitale par Veliko Tarnovo, elle n’en resta pas moins une ville importante. Ses ruines sont situées à 20 km au sud-ouest de la ville de Shoumen, et constituent actuellement une Réserve Archéologique Nationale. Un village situé à environ deux kilomètres au nord de l’ancien site a repris le nom de Preslav en 1878

[6] Les Balkans sont une des trois « péninsules » de l’Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l’absence d’un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km²

[7] Un boyard, ou boïar est un aristocrate des pays orthodoxes non grecs d’Europe de l’Est : Russie, Moldavie, Valachie, Transylvanie.

[8] Le bogomilisme était un mouvement chrétien hétérodoxe né au 10ème siècle, aujourd’hui disparu dont le nom vient du prêtre bulgare Bogomil. Il s’est développé en Bulgarie, puis en Serbie et ensuite en Bosnie, influençant une grande partie des Balkans. Les empereurs byzantins eurent une attitude ambiguë à son égard, parfois le réprimant, parfois l’utilisant à leur profit. Inspiré par les gnostiques chrétiens et le manichéisme, il fut considéré comme une hérésie par l’Église catholique et par l’Église orthodoxe qui l’ont violemment combattu.

[9] La Rusʹ de Kiev ou Rous de Kiev, appelée aussi État de Kiev, Russie kiévienne, principauté de Kiev ou Ruthénie prémongole, est une principauté slave orientale qui a existé du milieu du 9ème au milieu du 13ème siècle, se désagrégeant en une multitude de principautés avant de disparaître formellement du fait de l’invasion mongole de la Rus’ de Kiev, qui commença en 1223 et entraîna la disparition de la principauté en 1240. La Rusʹ est la plus ancienne entité politique commune à l’histoire des trois États slaves orientaux modernes : Biélorussie, Russie et Ukraine.

[10] La Dobroudja est un territoire couvrant l’est de la Roumanie et le nord-est de la Bulgarie, soit approximativement du sud du bas-Danube à la mer Noire. En Roumanie, la Dobrogée se subdivise en deux départements comprenant un port de la mer Noire : Constanța, et le delta du Danube ; en Bulgarie, cette région est considérée comme le « grenier à blé » du pays. La région est peuplée dans l’Antiquité par les tribus Daces ou Gètes faisant partie de l’ensemble thrace. La population locale, progressivement hellénisée, fait du commerce avec les colonies grecques de la mer Noire Callatis, Histria, Tomis jusqu’à la conquête romaine, puis subit les invasions des peuples migrateurs slaves et turcophones Huns, Avars, Bulgares, Ouzes, Petchénègues, Coumans dits Polovtses, Tatars dits Tartares, Ottomans.

[11] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.