Catherine de Médicis (1519-1589)
Reine de France de 1547 à 1559)

Née à Florence [1], fille de Laurent II de Médicis duc d’Urbino [2] et de Madeleine de la Tour d’Auvergne comtesse de Boulogne [3], Catherine de Médicis est orpheline quelques semaine après sa naissance.
Alliée à la famille de France par sa grand-mère Catherine de Bourbon, elle est aussi la petite nièce de Jean de Médicis le pape Léon X. Elle est aussi la petite cousine du pape Clément VII.
A l’âge de 14 ans elle épouse le 28 octobre 1533 Henri de France, duc d’Orléans et futur Henri II dont elle aura 10 enfants. En 1552 la régence temporaire du royaume lui est accordée pendant que son mari est en guerre contre Charles Quint.
Le 30 juin 1559, Henri II trouve la mort pendant un tournoi. C’est son fils aîné François II qui lui succède. Agé de 14 ans, il est incapable de gouverner, c’est elle qui prend les rênes du pouvoir. Mais celui-ci est en réalité dans les mains du duc François de Guise et du cardinal Charles de Lorraine. Catherine, qui doit tenir compte d’un Conseil de régence où sont présents les chefs de parti, est honnie par les protestants qui n’admettent pas son machiavélisme, autant qu’elle est rejetée par les catholiques qui n’acceptent pas ses louvoiements. Profondément catholique, elle sait être tolérante et elle sait être rusée. Déterminée à protéger son fils et son pouvoir, elle se montre au combat comme elle parcourt le royaume pour susciter les ralliements. Elle sait aussi dresser les Guises catholiques contre les Bourbons protestants.
En 1560 elle marie sa fille, Elisabeth de Valois avec le roi catholique d’Espagne, Philippe II.
A la mort de François II le 5 décembre 1560, c’est à son frère Charles IX de monter sur le trône. Étant âgé seulement de 10 ans, il règne d’abord sous la tutelle de Catherine de Médicis.
Celle-ci étant parvenue à écarter Antoine de Bourbon, premier prince du sang, qui pouvait prétendre à la régence, en échange de la charge de lieutenant général du royaume [4] et devient régente avec l’appui de son chancelier Michel de l’Hospital. Elle tente d’abord une politique de tolérance et même de rapprochement avec les protestants aux états généraux d’Orléans en 1560 [5] et au colloque de Poissy en 1561 [6]. Mais les mesures qu’elle prend en faveur des protestants, suppression de la peine de mort pour hérésie, liberté de conscience et de célébration du culte hors des villes irritent les catholiques et surtout le groupe formé autour des Guise. Malgré l’opposition de la majorité de ses sujets, Catherine accorde encore aux protestants l’édit d’Amboise en 1563 [7] et la paix de Saint-germain en 1570 [8].
Pour sceller la réconciliation, sa fille, Marguerite de Valois épouse Henri de Navarre. L’ascendant que prend le chef du parti protestant,l’amiral de Coligny sur son fils Charles IX lui fait peur. L’attentat de Meaux en 1567, au cours duquel le roi avait failli être enlevé par Condé et l’amiral, l’ayant déjà fortement ébranlée. C’est ainsi qu’elle donne son aval au massacre de la Saint-Barthélemy [9] qui a lieu le dimanche 24 août 1572.
Aux côtés de Henri III, dont elle a voulu qu’il fût roi de Pologne, elle s’efforcera, dès le retour de celui-ci en France en 1574, de rétablir la paix intérieure en intervenant sans relâche auprès de son dernier fils François, duc d’Alençon puis d’Anjou, et de son gendre, Henri roi de Navarre.
Elle meurt à Blois en 1589 et est inhumée à Saint-Denis [10] auprès de son époux Henri II, dans le tombeau qu’elle-même avait commandé à Primatice et à Germain Pilon.
Indépendamment de son rôle politique, elle démontra son intérêt pour l’architecture en lançant la construction des jardins de Tuileries [11], et en construisant le château de Monceau [12] et sa bibliothèque personnelle, contenant de nombreux manuscrits rares.
Notes
[1] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870
[2] Ancienne possession pontificale, le fief d’Urbino est créé en 1155 par Frédéric Barberousse et concédé à Antoine 1er de Montefeltro lorsqu’il mate une révolte contre l’empereur à Rome. Ce noble, issu de la lignée des comtes de Carpegna, qui a déjà été investi comte du Montefeltro, vers 1150, par cet empereur. Il est fait vicaire impérial.
[3] Le comté de Boulogne est issu d’un pagus franc. Dès le 9ème siècle, ce comté se trouve sous la suzeraineté du marquisat de Flandre. Philippe Auguste le confisquera en 1212 pour le donner en apanage à son fils. Le comté suivra ensuite les destinées de l’Artois et sera finalement annexé au domaine royal au xve siècle
[4] Le titre de lieutenant général du royaume a désigné une fonction temporaire dont les rois, dans des circonstances de crise, investissaient un personnage éminent pour exercer en leur nom tout ou partie de l’autorité royale.
[5] Les états généraux de 1560 sont des états généraux qui s’ouvrent à Orléans, dans la province de l’Orléanais du royaume de France, le 13 décembre 1560, dans une salle construite à cet effet sur la place de l’Étape, convoqués par la reine mère et régente, Catherine de Médicis. Le chancelier Michel de l’Hospital obtient que les questions religieuses soient débattues lors d’un prochain concile. La reine, quant à elle, empêche la noblesse et le tiers état de discuter des limites du pouvoir royal. L’assemblée discute également des lois commerciales qui furent en vigueur jusqu’au début de la Révolution française (1789). Les états sont clos le 31 janvier 1561.
[6] Le colloque de Poissy est une conférence religieuse qui s’est tenue du 9 septembre au 14 octobre 1561 dans le prieuré royal Saint-Louis de Poissy. En vue de maintenir la paix religieuse en France, la reine mère Catherine de Médicis tente d’effectuer un rapprochement entre catholiques et protestants, en réunissant 46 prélats catholiques, 12 ministres du culte protestant et une quarantaine de théologiens. Malgré l’échec du colloque, Catherine de Médicis fait signer en janvier 1562 un édit de tolérance, l’édit de janvier, mais ne peut empêcher le massacre de Wassy, qui marque, le 1er mars 1562, le début de la première guerre de Religion en France. Ce colloque est également un des facteurs qui contribue à relancer la troisième séance du concile de Trente et à l’installation des jésuites en France, introduits dans le royaume à l’occasion de cette conférence.
[7] La Paix d’Amboise, ou édit d’Amboise, est un traité de paix signé le 19 mars 1563 par Louis de Condé, chef des protestants, et Anne de Montmorency, chef de l’armée catholique. Signée à Amboise, elle confirme la liberté de conscience accordée par l’édit de janvier 1562, accorde l’amnistie aux calvinistes, mais restreint l’exercice du culte protestant en dehors des villes et sur les terres de certains seigneurs. Si elle marque la fin de la première guerre de religion, cette paix n’est que peu durable, puisque les affrontements reprennent quatre ans plus tard.
[8] Le traité de paix de Saint-Germain-en-Laye le 8 août 1570 met fin à la 3ème guerre de religion de 1568 à 1570, qui voit la défaite des protestants à Jarnac, l’assassinat de leur chef, le prince de Condé, en 1569 et la nomination d’Henri de Navarre (futur Henri IV) comme chef des protestants, la paix de Saint-Germain, signée entre le roi Charles IX et l’amiral Gaspard de Coligny accorde aux protestants une liberté limitée de pratiquer leur culte dans les lieux où ils le pratiquaient auparavant ainsi que dans les faubourgs de 24 villes (2 par gouvernement). Il octroie aux protestants 4 places fortes de sûreté : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité, pour deux années. À l’issue de ces deux années, elles doivent être rendues et le culte de la religion réformée continue d’y être autorisé. Le culte est par ailleurs interdit à Paris. L’édit appelle à la tolérance en indiquant qu’aucune différence ne peut être faite pour cause de religion. De plus, les protestants sont admis aux fonctions publiques et Catherine de Médicis, mère de Charles IX, donne en mariage sa fille Marguerite de Valois à Henri de Navarre. Le traité de paix est signé le 8 août 1570 au château royal de Saint-Germain-en-Laye et enregistré au Parlement le 11 août 1570.
[9] Le massacre de la Saint-Barthélemy est le massacre de protestants déclenché à Paris, le 24 août 1572, jour de la saint Barthélemy, prolongé pendant plusieurs jours dans la capitale, puis étendu à plus d’une vingtaine de villes de province durant les semaines suivantes. Cet événement des guerres de Religion résulte d’un enchevêtrement complexe de facteurs, aussi bien religieux et politiques que sociaux. Il est la conséquence des déchirements militaires et civils de la noblesse française entre catholiques et protestants, notamment de la vendetta entre le clan des Guise et celui des Châtillon-Montmorency. Il est le résultat d’une sauvage réaction parisienne, ultra-catholique et hostile à la politique royale d’apaisement. Il reflète également les tensions internationales entre les royaumes de France et d’Espagne, avivées par l’insurrection aux Pays-Bas. Pendant longtemps, la tradition historiographique a fait du roi Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, les principaux responsables du massacre. Faute de sources, les historiens sont restés longtemps partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent aujourd’hui que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l’ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l’arrêt immédiat des tueries mais, dépassé par la fureur du peuple, il n’avait pu les empêcher.
[10] L’ancienne abbaye royale de Saint-Denis est associée à l’histoire du monde franc. L’église abbatiale a été dénommée « basilique » dès l’époque mérovingienne. L’église s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Le transept de l’église abbatiale, d’une ampleur exceptionnelle, fut destiné à accueillir les tombeaux royaux. Elle fut ainsi la nécropole des rois de France depuis les Robertiens et Capétiens directs, même si plusieurs rois mérovingiens puis carolingiens avaient choisi avant eux d’y reposer. En 858, le monastère de Saint-Denis qui subit plusieurs rapines de la part des Vikings qui assiègent Paris. Le Vendredi Saint 3 avril 858, deux bandes normandes partent de Jeufosse à cheval en se dirigeant, l’une vers l’abbaye de Saint-Denis, l’autre vers l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, pour capturer leurs abbés et demander une forte rançon. A Saint-Denis, plusieurs hommes d’Église sont enlevés dont l’abbé et son demi-frère Gauzlin (834-886), évêque de Paris4. De façon générale, le ixe siècle siècle est marqué par de nombreux troubles causés par les raids des vikings remontant par la Seine jusqu’à Paris et ses alentours. En 867, l’implication dans la vie politique et le prestige des abbés est tel que Charles II le Chauve s’approprie le titre d’abbé de Saint-Denis. En 869, Charles II le Chauve devant la menace des invasions des Vikings fortifia le monastère.
[11] Le jardin des Tuileries, parfois appelé jardins des Tuileries au pluriel, est un parc parisien du 1er arrondissement créé au 16ème siècle, à l’emplacement d’anciennes tuileries qui lui ont donné son nom. Catherine de Médicis rachète ces terrains situés entre l’enceinte de Charles V et l’enceinte des Fossés Jaunes. À partir de 1564, elle y fait commencer la construction du palais des Tuileries, tout en débutant l’aménagement d’un jardin à l’italienne à l’ouest jusqu’au glacis de l’enceinte (actuelle place de la Concorde). Il est constitué de six allées dans le sens de la longueur et huit dans le sens de la largeur, qui délimitent des compartiments rectangulaires comprenant des plantations différentes (massifs d’arbres, quinconces, pelouses, parterres de fleurs, etc.). Une fontaine, une ménagerie et une grotte décorée par le célèbre céramiste Bernard Palissy décorent le jardin. Dans les années 1605-1625 sont ajoutées une orangerie et une magnanerie.
[12] Le château de Montceaux était situé en Seine-et-Marne, dans la commune de Montceaux-lès-Meaux. Il est aussi appelé château royal de Montceaux-Les-Meaux, château des reines ou château des trois reines. Il est acquis au 16ème siècle par Catherine de Médicis qui en confie l’embellissement à Philibert Delorme. D’autres artistes, tels que Jacques Androuet du Cerceau, le Primatice ou Salomon de Brosse participent aux transformations successives et aux décorations de la propriété. Racheté par Henri IV, il est offert à Gabrielle d’Estrées puis devient la propriété de Marie de Médicis à l’occasion de la naissance de Louis XIII. Détruit peu d’années après la Révolution, il en subsiste aujourd’hui quelques ruines ainsi qu’une chapelle, les bâtiments de l’avant-cour transformés en maison bourgeoise et la partie est du château devenue un corps de ferme.