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Romulus

jeudi 16 septembre 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 26 juillet 2011).

Romulus

1er roi légendaire de Rome

L'intervention des Sabines de Jacques-Louis David (musée du louvre)Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars.

Rhéa Silvia est la fille de Numitor, roi de la légendaire ville latine d’Albe la Longue [1] fondée par Ascagne, fils de Énée et dépossédé du trône par son frère Amulius.

Celui-ci, craignant que ses petits-neveux ne réclament leur dû en grandissant, prend prétexte qu’ils sont les fils d’une vestale [2], qui avait fait vœu de chasteté, et ordonne qu’on les jette dans le Tibre [3].

Mais l’ordre est mal exécuté, les nouveau-nés sont abandonnés dans un panier sur le fleuve, survivent miraculeusement, et sont découverts sous un figuier sauvage situé devant l’entrée de la grotte du Lupercale [4], au pied du Palatin [5], par le berger Faustulus, gardien des troupeaux d’Amulius, et sa femme Larentia, une prostituée que les bergers surnommaient Lupa, « la Louve », qui les élèvent.

Plus tard, les jumeaux, à qui est révélé le secret de leur naissance, tueront Amulius et restaureront leur grand-père Numitor sur le trône d’Albe. Les jumeaux décident alors de fonder une ville et choisissent pour emplacement l’endroit où ils avaient été abandonnés et où ils avaient passé leur enfance. L’Urbs [6] est fondée le 21 avril 753 av. jc, début du calendrier romain. Pour se départager, les jumeaux consultent les augures [7].

Romulus entreprend la construction de sa ville, qu’il nomme Roma, Rome.

Mais la Ville, lieu de refuge pour les esclaves en fuite et les hommes libres souhaitant changer d’existence, manque singulièrement de femmes. Une pénurie qui condamne le projet à brève échéance. Comme les tentatives de mariage dans les villes avoisinantes trouvent toutes de méprisantes fins de non-recevoir, Romulus décide de voler des femmes. Prétextant la découverte fortuite d’un autel consacré à une divinité, il instaure la fête de Consualia [8] en l’honneur de Neptune le 18 août et y convie les Sabins [9] et les peuples de plusieurs villes alentour.

Tandis que l’attention des hommes est détournée, les femmes sont enlevées par surprise. Le hasard des enlèvements induit un mélange entre classes sociales. Certaines des victimes sont de haut rang et épousent des Romains de basse condition, mais les plus belles filles étaient réservées aux notables.

Furieux, les peuples outragés forment une coalition dirigée par le roi de Cures [10] Titus Tatius et déclarent la guerre. Romulus commence par écraser les soldats de Caenina [11], tue leur chef Acron et prend leur ville d’assaut. Attaqué par surprise par les Antemnates [12], il les écrase également et prend leur ville. Mais à la demande de sa femme, d’origine sabine, Hersilie, Romulus les épargne, accorde son pardon et le droit de cité à Antemnae.

Grâce à la trahison de la jeune Tarpéia, les Sabins parviennent à s’introduire dans la ville et à s’emparer de la citadelle du Capitole. D’abord bousculé, Romulus, après une invocation à Jupiter , parvient à relancer ses troupes à l’assaut. Le combat est très indécis. À tel point que ce sont les épouses sabines des Romains qui s’interposent entre les deux camps.

Ainsi la bataille prend fin. Romains et Sabins fusionnent, le gouvernement est concentré à Rome qui double sa taille et les Romains prennent le nom de Quirites [13] en l’honneur des Sabins. Romulus répartit alors la population romaine en trente curies et donne à celles-ci le nom de femmes sabines.

Les 2 rois, Romulus le Romain et Titus Tatius le Sabin, règnent ensemble pendant plusieurs années.

À la tête d’une troupe de 300 soldats tout dévoués à sa personne, les celeres [14], Romulus passe le reste de sa vie à guerroyer contre ses proches voisins étrusques [15] : Fidènes [16], et surtout Véies [17], une cité à laquelle il finit par accorder, contre cession de territoires, une trêve de 100 ans.

Il laissera un État suffisamment fort et impressionnant militairement pour vivre en paix pendant 40 ans sous le règne de son successeur Numa Pompilius.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de la Mythologie romaine : Romulus et Rémus/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 1123

Notes

[1] Cité antique fortifiée du Latium, était l une des plus anciennes cités d Italie. Située à 20km au sud-est de Rome..

[2] Une vestale est une prêtresse de la Rome antique dédiée à Vesta, divinité italique dont le culte est probablement originaire de Lavinium et qui fut ensuite assimilée à la déesse grecque Hestia. Le nombre des vestales en exercice a varié de quatre à sept. Choisies entre 6 et 10 ans, elles accomplissaient un sacerdoce de trente ans durant lequel elles veillaient sur le foyer public du temple de Vesta situé dans le Forum romain. Durant leur sacerdoce, elles étaient vouées à la chasteté, symbole de la pureté du feu.

[3] Le Tibre est un fleuve italien qui se jette dans la mer Tyrrhénienne. C’est le plus long fleuve d’Italie après le Pô et l’Adige. Il traverse notamment la capitale italienne, Rome, à l’histoire de laquelle il est étroitement lié.

[4] La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome du 13 au 15 février, c’est-à-dire à la fin de l’année romaine, qui commençait le 1er mars. Les luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur dieu dans la grotte du Lupercal au pied du mont Palatin où, selon la légende, la louve avait allaité Romulus et Rémus, après avoir découvert les deux jumeaux sous un figuier sauvage situé devant l’entrée de celle-ci, avant qu’il ne soient recueillis et élevés par le berger Faustulus et son épouse Acca Larentia, une prostituée surnommée lupa (en latin la « louve ») par les autres bergers de la région

[5] Le mont Palatin est une des sept collines de Rome. Il occupe une position centrale dans l’ancienne Rome dont c’est une des parties les plus anciennes. Il donne sur le Forum Romain au nord et sur le Circus Maximus au sud. Sous l’Empire, le Palatin est occupé par d’imposantes demeures construites pour les empereurs, ce qui a donné naissance au mot « palais ». Leurs ruines occupent encore aujourd’hui une grande partie de la colline.

[6] Le terme urbs est un mot latin qui désigne une ville dans l’Antiquité. Il est important de ne pas le confondre avec le mot polis, qui désigne une cité, c’est-à-dire la ville et le territoire qui lui est associée. Lorsqu’il est employé avec une majuscule, l’Urbs désigne alors « la ville d’entre toutes les villes », Rome.

[7] L‘augure est, dans la religion romaine, un prêtre chargé d’interpréter les phénomènes naturels considérés comme des présages. Les augures étaient les interprètes des volontés de Jupiter, maître des signes ; il était hors de question de partir à la guerre, de choisir l’emplacement d’un temple, de désigner un homme pour une fonction politique, sans consulter les augures. Par exemple, en 63 av. jc, Marcus Calpurnius Bibulus tenta de s’opposer à l’une des actions de Jules César en affirmant que les augures étaient défavorables.

[8] Dans la Rome antique, les Consualia sont une fête célébrée le 21 août et le 15 décembre, mise en place par Romulus, en l’honneur de Consus ou de Neptune.

[9] Les Sabins sont un peuple d’Italie établi au nord-est de Rome a l’époque archaïque, au sud des Ombriens. Il s’agit d un peuple indo-européen, du groupe osco-ombrien. Ils sont célèbres pour leur bravoure, la simplicité de leurs mœurs et leur grand respect de la religion. De nombreuses traditions romaines, relatives en particulier aux institutions religieuses, indiquent qu’un élément sabin est présent aux premiers temps de Rome, dû sans doute à l’assimilation plutôt qu à la conquête. Selon une tradition familiale, la gens Claudia était une famille sabine qui, à une époque reculée, s était installée à Rome avec l accord des Romains.

[10] Cures Sabini est une cité antique des Sabins située sur la rive gauche du Tibre, entre le fleuve et la via Salaria, à environ 40 kilomètres au nord-est de Rome. Le site antique se trouve sur le territoire de la commune actuelle de Fara in Sabina, dans la province de Rieti (Italie), au lieu-dit Santa Maria in Arci.

[11] Caenina est une ville antique situé dans le Latium. Suite à l’épisode de l’enlèvement des Sabines, elle entre en guerre contre Rome, mais est battue par Romulus à la bataille du lac Curzio, qui signe ainsi son premier exploit militaire.

[12] Antemnae est une ancienne ville du Latium antique située à 5,5 km au nord du centre historique de Rome, juste au sud du point de confluence du Tibre et de l’Anio. Le site archéologique se situe aujourd’hui dans le parc public de la Villa Ada.

[13] Nom du peuple romain, adopté après l’alliance entre Romulus et Titus Tatius roi de Cures, capitale des Sabins qui mit un terme à la guerre entre Romains et Sabins, laquelle suivit l’enlèvement des Sabines. Il désigne ceux qui jouissent de la citoyenneté romaine, et sont donc soumis au droit des Quirites.

[14] Les Celeres étaient une unité militaire romaine de trois centuries, qui constituaient une garde personnelle de 300-500 hommes armés rassemblée par Romulus, le fondateur mythique de Rome, pour la protection du roi de Rome. Mais, l’unité fut supprimée par le roi de Rome suivant, Numa Pompilius.

[15] Les Étrusques sont un peuple qui vivait depuis l’âge du fer en Étrurie, territoire correspondant à peu près à l’actuelle Toscane et au nord du Latium, soit le centre de la péninsule italienne, jusqu’à leur assimilation définitive comme citoyens de la République romaine, au 1er siècle av. jc, après le vote de la Lex Iulia en 90 av. jc pendant la guerre sociale.

[16] Fidènes était une colonie étrusque dépendant de Véies qui fut occupée par les Romains. Ses habitants sont nommés les Fidénates. La cité se situait à environ 8 km au nord de Rome sur la Via Salaria, qui reliait Rome au Tibre. Fidènes contrôlait ainsi un gué du Tibre à 10 km environ en amont de Rome, ce qui en faisait une position stratégique importante sur la Via Salaria vers les montagnes, et sur les liaisons entre l’Étrurie et le Latium. Le Tibre étant également considéré comme la frontière entre l’Etrurie et le Latium, l’extension sur la rive ouest de Fidènes représente une extension de la présence étrusque dans le Latium. Pendant longtemps, ce fut le premier centre latin de la frontière septentrionale du territoire romain, qui restait néanmoins soumis à l’influence de la cité étrusque de Véies. La ville finit par tomber définitivement dans l’orbite romaine lors de la prise de la ville par ces derniers et quelques auteurs antiques mentionnent qu’à cette époque, la cité était presque déserte. Puis, la ville obtient et conserve la fonction de centre administratif du territoire comme Municipium romain.

[17] Puissante cité étrusque située à la frontière sud de l Étrurie, dans la campagne falisque, à 16 km au nord de Rome sur le territoire de la commune de Formello. Elle était considérée comme la plus riche des villes de la Ligue étrusque.