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L’histoire pour le plaisir

Hugues d’Arles

mardi 10 juin 2014, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 novembre 2011).

Hugues d’Arles (vers 880-947)

Comte d’Arles-Comte de Vienne-Marquis de Provence en 905-Roi d’Italie de 926 à 945

Royaume d'Arles 9/10ème siècle

Fils de Théobald d’Arles et de Berthe, fille illégitime de Lothaire II de Lotharingie. À la mort de son père, il hérite des comtés d’Arles et de Vienne, ce qui en fait un des plus importants personnages du royaume de Provence. Lorsque son cousin, l’empereur d’OccidentLouis III, également roi de Provence, est capturé, aveuglé et exilé d’Italie en 905, Hugues devient son conseiller personnel et régent. Il exerce alors la plupart des prérogatives du royaume de Provence.

En 911, Louis III lui cède les titres de duc de Provence et de marquis de la Viennoise. Il quitte Vienne et s’installe à Arles, siège d’origine de sa famille, avec une cour bourguignonne importante. En 912, il épouse Willa de Provence, fille de Boson V de Provence et de Ermengarde d’Italie dont il est veuf en 914.

Arles devient la vraie capitale du Royaume et Vienne que la résidence du malheureux souverain infirme Louis III. Toutefois, la venue d’Hugues crée de fortes tensions entre l’aristocratie locale et l’aristocratie bourguignonne amenée par le comte.

En 924, Raoul, neveu du roi Boson de Provence et frère de Hugues le Noir, élu roi des Francs, intervient dans le royaume de Provence. Hugues d’Arles doit lui consentir hommage et scelle une alliance par le mariage de Berthe, sa nièce, avec Boson le frère de Raoul.

Comme le roi Louis, Hugues a des ambitions en Italie. Probablement dès la fin des années 910, une armée provençale conduite par Hugues, son frère Boson et Hugues Taillefer, envahit la Lombardie avec le soutien de la mère d’Hugues, Berthe qui, veuve de son premier mari Théobald d’Arles, a épousé vers 898 le marquis de Toscane Adalbert II. Cette expédition se termine apparemment sans succès. Hugues tente alors à nouveau sa chance. En juillet 926, il quitte Arles pour prendre la couronne de roi d’Italie. Soutenu et élu par les grands, il s’empare du trône avec le soutien de Rodolphe II de Bourgogne avec qui il a passé un accord. Le 9 juillet 926, il est couronné roi d’Italie à Pavie. Il transmet alors le comté d’Arles à son frère Boson qui le remplace en Provence.

A la mort de Louis III l’Aveugle en 928, il revient en Provence pour lui succéder sur le royaume de Provence et de Bourgogne Cisjurane. Il doit toutefois renoncer à ses droits au royaume de Provence et reconnaît le fils illégitime de Louis III, Charles Constantin. Il semble aussi qu’il doive céder le Viennois au roi Raoul. A la mort de Charles Constantin en 932 ou 934, il reconnaît Rodolphe II de Bourgogne-Tranjurane comme le roi de Provence et lui abandonne ses droits. En échange, selon l’accord de 926, Rodolphe II lui abandonne ses prétentions en Italie. Il continue toutefois de porter le titre de marquis de Provence où il est toujours richement possessionné.

Assuré de ses arrières en Provence, il s’attelle à imposer son autorité et restaurer l’ordre en Italie. Déjà en 931, il avait fait aveugler son demi-frère Lambert de Toscane, marquis de Toscane et confié le marquisat de Toscane à son frère Boson d’Arles. En 932, il épouse Marozie, sénatrice du Latran, et veuve de Guy de Toscane, demi-frère de Hugues, dans la ville de Rome. Il veille également à mettre fin aux désordres nés des conflits pour la couronne avant de lutter plus efficacement contre les Magyars [1] et les Sarrasins [2] qui lui infligent une véritable injure avec la prise de Gênes en 932. Il intervient à plusieurs reprises pour régler le problème des Sarrasins qui avec leur flotte ou à partir du Fraxinet [3] pillent les côtes et l’intérieur de la Provence et des Alpes.

A la mort de Rodolphe II de Bourgogne en 937, il tente d’unir le royaume de Bourgogne-Transjurane au sien. Retournant en Provence, il force Berthe de Souabe à l’épouser et unit son fils Lothaire à la sœur du jeune héritier de Rodolphe, Conrad. Mais ce projet d’alliance est mis en échec par l’intervention du roi de Germanie Otton 1er qui ne peut accepter l’unification des deux royaumes.

Cependant ce mariage avec sa nouvelle épouse qui réside essentiellement dans son château de Colombier sur Morges sur la rive droite du Léman, ne l’empêche pas d’avoir de nombreuses maîtresses et de nombreux bâtards.

En dépit de cet échec, alors que son autorité semble bien assurée, il voit apparaître en 940 un dangereux rival en la personne de Bérenger II d’Ivrée. Il réussit toutefois à le vaincre en 941, l’obligeant à fuir en Germanie à la cour d’Otton 1er.

En 942, il organise une attaque combinée par terre et par mer de ce même réduit du Fraxinet. Pour se procurer des bateaux, il fait appel au basileus [4] Romain Lecapène.

Toutefois, au dernier moment, il préfère traiter avec les Sarrasins et les utiliser à son profit dans le cadre de ses affaires italiennes. Malgré cela, il parvint à stopper l’anarchie dans la péninsule.

Se méfiant de la puissance grandissante du royaume d’Italie, Otton 1er soutient la seconde tentative de Bérenger II qui réussit en 945 à convaincre de nombreux aristocrates italiens de le suivre en promettant terres et honneurs. Battu militairement, Hugues est dépossédé par une diète tenue à Milan, mais il réussit à conserver en théorie la couronne et le titre de roi. En avril 947, se voyant isolé il abandonne le trône d’Italie qu’il confie à son fils Lothaire bien que le pouvoir réel soit désormais dans les mains de Bérenger et se réfugie auprès de sa nièce Berthe à Arles où il meurt le 10 avril 948.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Imago Mundi/encyclopédie universelle/histoire/ Hugues, comte d’Arles

Notes

[1] Les Magyars ou Hongrois sont à l’origine un groupe ethnolinguistique finno-ougrien originaire d’Asie centrale et dont les migrations successives, d’abord vers l’Oural, ensuite vers la Mer Noire (pays d’Etelköz, l’actuelle Ukraine) ont finalement abouti à la création du « pays magyar », c’est-à-dire la Hongrie.

[2] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.

[3] Le Fraissinet ou Fraxinetum était un site fortifié, traditionnellement situé à la Garde-Freinet, qui fut occupé par une garnison de soldats Sarrasins au 10ème siècle jusqu’à leur éviction par Guillaume 1er de Provence en 973 après la bataille de Tourtour. Selon l’historien Philippe Sénac, l’espace occupé par les Sarrasins était situé sur un territoire qui correspond actuellement aux hauteurs de Saint-Tropez en Provence et dépassait largement le cadre étroit d’un village.

[4] Basileus signifie « roi » en grec ancien. L’étymologie du mot reste peu claire. Si le mot est originellement grec mais la plupart des linguistes supposent que c’est un mot adopté par les Grecs à l’âge du bronze à partir d’un autre substrat linguistique de Méditerranée orientale, peut-être thrace ou anatolien.