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Naissance des Jeux Olympiques le 1er juillet 776 av. jc

vendredi 5 juillet 2024, par lucien jallamion

Naissance des Jeux Olympiques le 1er juillet 776 av. jc

Les historiens font débuter les premiers Jeux Olympiques de l’Histoire le 1er juillet de 776 av. jc.

C’est du moins à partir de cette date que ces jeux vont se dérouler à intervalles fixes, de 4 ans en 4 ans. Cet intervalle est appelé olympiade et, rapidement, les Grecs prennent l’habitude de dater les événements en référence à ces olympiades [1]. C’est dire le prestige acquis par ces Jeux qui rassemblent toutes les cités de la Grèce en dépit de leurs différends.

Leur nom vient de ce qu’ils ont lieu à Olympie [2], à l’ouest du Péloponnèse [3], sur le territoire de la cité d’Élis [4], dans une région de collines verdoyantes et boisées, au pied du mont Cronion [5], loin de toute cité importante. En ce lieu étaient honorées depuis des temps immémoriaux différentes divinités du panthéon grec mais le sanctuaire le plus important était celui de Zeux [6], dit Zeus Orkios( [7].


Avant ces premiers Jeux Olympiques, les Grecs avaient déjà l’habitude des compétitions sportives. Celles-ci n’étaient pas l’exclusivité d’Olympie.

Beaucoup de compétitions similaires réunissaient périodiquement les Grecs dans différents sanctuaires. Elles étaient organisées pour honorer les dieux, remédier pacifiquement aux guerres, célébrer la gloire d’un guerrier mort au combat ou encore pour honorer un juste. Leur durée variait au fil du temps. Ainsi, d’une journée au départ, les Jeux Olympiques furent étalés sur 5 jours, puis sur 7. Leur organisation était confiée à des magistrats de la cité d’Élis appelés Hellanodices, qui veillaient au respect des règles et surveillaient l’entraînement des athlètes. Ils remettaient aussi aux gagnants leur récompense.

Sur le site d’Olympie, on peut encore voir le lieu des compétitions avec deux pierres rainurées qui délimitent la longueur d’un stade. Le public se tenait de part et d’autre de la piste sur de simples talus.

Le lieu des compétitions était entouré d’édifices utilitaires, tels le gymnase, pour l’entraînement au lancer et à la course, et la palestre [8]. Il y avait aussi de nombreux temples financés par les dons des fidèles et, bien sûr, à la période des jeux, une cité de toile pour accueillir les visiteurs.

Dans l’enceinte sacrée, le temple le plus ancien était celui d’Héra mais le plus renommé était évidemment celui de Zeus, que le sculpteur Phidias avait embelli au 5ème siècle av. jc avec une statue monumentale du dieu.


Pendant la durée des Jeux, les guerres entre les cités étaient interrompues et une trêve sacrée permettait aux concurrents d’arriver sans encombre dans la ville sacrée. De lourdes amendes sanctionnaient les contrevenants et leur non-paiement entraînait la perte définitive de la citoyenneté grecque.

Le premier jour des Jeux est consacré à une procession solennelle, à la prestation des serments et aux sacrifices religieux en l’honneur de Zeus, son épouse Héra et le héros Pélops, fondateur légendaire des Jeux. Les Jeux se terminent le septième jour par la remise aux vainqueurs de chaque épreuve d’une couronne d’olivier tressée ou d’une certaine quantité d’huile tirée des oliviers sacrés d’Athéna.

Pour les vainqueurs, cette récompense symbolique, accompagnée d’un tour d’honneur sous les acclamations, en précède d’autres, beaucoup plus consistantes, qui les attendent à leur retour chez eux. Comme aujourd’hui, ils sont couverts de primes et d’honneurs. Les athlètes qui ont gagné quatre fois de suite les Jeux Olympiques reçoivent dans leur cité, après leur mort, un culte comparable à celui d’un demi-dieu. Il arrive aussi que des cités débauchent à prix d’or des athlètes de cités concurrentes, ce qui n’est pas pour plaire à leurs concitoyens.

Certains ambitieux, qui veulent se faire élire à la tête de leur cité, vont chercher aux Jeux une victoire destinée à accroître leur prestige. C’est le cas du grand Alcibiade, homme politique athénien du 5ème siècle av. jc. À l’orée de notre ère, les empereurs romains se montrent également désireux de briller à Olympie. Ainsi Néron, proclamé vainqueur d’une course de chars malgré une chute malencontreuse.


Les athlètes qui s’affrontent à Olympie comme dans toutes les compétitions panhelléniques sont exclusivement des hommes et bien évidemment des hommes libres. À l’exception des auriges [9] qui conduisent les chars dans la première course, tous les athlètes se présentent aux épreuves nus et oints d’huile. Les épreuves correspondantes sont dites pour cela gymniques [10].

Les athlètes se douchent soigneusement avant et après chaque épreuve. Leur nécessaire de toilette se compose d’un petit flacon d’huile, d’une éponge pour les ablutions et d’un racloir de bronze pour éliminer après l’exercice toute trace de sueur, d’huile et de sable.

Un joueur de flûte les accompagne pour rythmer tous les exercices, de l’assouplissement au lancer du disque en passant par les épreuves du pentathlon [11].

À Olympie, les Jeux ont pu accueillir jusqu’à 40 000 spectateurs. Par pudeur et du fait de la nudité des athlètes, l’assistance est exclusivement masculine. Une seule femme, la prêtresse du sanctuaire local de Déméter, a le droit d’assister aux compétitions.

La chronique raconte qu’une femme, Kallipatera , fit exception à la règle. Elle était de la famille de Milon de Crotone, 6 fois vainqueur aux Jeux entre 540 et 512 av. jc, et voulait assister sous un déguisement masculin aux évolutions de son fils, dont elle avait elle-même surveillé l’entraînement. Son fils ayant gagné une épreuve, elle laissa tomber sa tunique sous l’effet de l’émotion et révéla son sexe. Eu égard à sa famille prestigieuse, elle ne fut pas punie mais après elle, il fut décidé que les entraîneurs devraient être nus à l’égal des athlètes.

Les épreuves, décomposées en catégories selon l’âge du participant, sont de trois types : musical, gymnique et hippique.

Ces épreuves varient selon les époques. Ainsi, les Jeux Olympiques se limitent dans les premiers temps à une seule épreuve, une course de vitesse sur une longueur d’un stade [12]. Elle est remportée en 776 av. jc par Corèbe d’Élis qui devient ainsi le premier olympionique [13] de l’Histoire. Une 2ème course, le diaulique [14], apparaît lors de la XIVème olympiade et il faut attendre la XVIIIème, en 708 av. jc, pour que s’ajoutent le pentathlon et la lutte.

Le programme des épreuves s’est stabilisé au bout d’un siècle seulement, offrant aux spectateurs un choix d’une belle diversité :

– la course de vitesse sur une longueur d’un stade, – la course double ou diaulique (sur deux stades), – la course de fond ou dolique [15], – le pugilat est un combat entre lutteurs dont les poings sont gantés de cestes [16], – le pancrace est un exercice combinant la lutte [17] et le pugilat, – l’hoplitodrome est une épreuve qui met aux prises des hoplites [18], fantassins lourdement armés qui pratiquent le combat collectif, – le pentathlon – les courses de chars et de chevaux montés, ces courses disparurent en 68 av. jc, – le pyrrhique [19], – le lampadédromie est une course aux flambeaux pouvant se pratiquer comme l’hoplitodrome, – le concours musical, qui n’est pas pratiqué aux Jeux Olympiques, consiste à réciter des poèmes d’Homère en s’accompagnant d’une cithare [20]. La musique a fait l’objet sur le tard d’un concours indépendant.

Si les femmes sont exclues des Jeux Olympiques, elles peuvent toutefois concourir à certains autres jeux, du moins à partir de notre ère.

Les tricheries et les violences sont à l’origine sévèrement prohibées. À Olympie, il est interdit de provoquer la mort de son adversaire et si cela se produit malgré tout, c’est à la victime que revient à titre posthume l’honneur de la victoire.

Mais ces prohibitions connaissent de sévères entorses à l’orée de notre ère. Sous l’influence des Romains qui occupent la Grèce depuis 146 av. jc, les jeux deviennent de véritables combats de gladiateurs [21], spectaculaires et violents, plus que sportifs. Les rémunérations exorbitantes des athlètes et de leurs entraîneurs encouragent par ailleurs la corruption et la tricherie.

Tous les jeux panhelléniques, y compris les Jeux Olympiques, ont été abolis par l’empereur romain Théodose 1er en 393 de notre ère, sous l’influence de l’évêque de Milan [22], saint Ambroise. Celui-ci voulait en finir avec les rites païens et la violence coutumière aux jeux sur leur fin. Le site d’Olympie est ensuite tombé dans l’oubli, victime de la dépopulation du Péloponnèse et des invasions slaves au 6ème siècle de notre ère.

C’est seulement en 1768 qu’un voyageur français en a retrouvé l’emplacement en se fiant aux indications de Pausanias. Ce Grec de Lydie [23] avait publié vers 160 une Description de la Grèce [24] en 10 livres qui est considérée comme le premier guide touristique.

Le 15 novembre 1859, un riche commerçant grec, Evangelios Zappas , lance sans succès un Concours olympique dans l’espoir de ressusciter les anciens Jeux. Le baron Pierre de Coubertin, féru de sport et bien introduit dans la haute société occidentale, aura plus de succès.

Grâce à lui est relevée la tradition olympique avec l’ouverture à Athènes [25] des premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne le 25 mars 1896.

Notes

[1] par exemple, tel événement est survenu la deuxième année de la XIIIème olympiade

[2] Olympie est un centre religieux de la Grèce, dans le Péloponnèse, plus précisément dans une petite plaine de l’Élide, sur la rive droite de l’Alphée et au pied du Mont Cronion, et tout à proximité de la petite cité moderne d’Olympie, à environ 18 km de la ville de Pyrgos et de la mer Ionienne. À l’emplacement du site était l’Altis, un bois sacré, et l’Autel de Zeus. Le stade lui-même était au milieu d’un bois d’oliviers sauvages. Le site d’Olympie a accueilli les Jeux olympiques durant l’Antiquité, et aujourd’hui encore la flamme olympique y est allumée quelques mois avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques modernes.

[3] Le Péloponnèse est une péninsule grecque, qui couvre 21 379 km². Elle a donné son nom à la périphérie du même nom qui couvre une part importante de la péninsule, regroupant cinq des sept nomes modernes qui la divisent. Seuls deux nomes (l’Achaïe et l’Élide) situés au nord-ouest de celle-ci sont rattachés à la périphérie de Grèce-Occidentale.

[4] Élis était une cité grecque située au nord-ouest du Péloponnèse, à l’ouest de l’Arcadie. Elle était la capitale de l’Élide. La ville d’Olympie dépendant de son territoire, Élis avait la charge d’organiser les Jeux olympiques antiques.

[5] Le mont Cronion est une colline qui surplombe de moins de 100 mètres de hauteur le site antique d’Olympie, situé dans une petite plaine de l’Élide, sur la rive droite de l’Alphée, dans le Péloponnèse.

[6] le roi des dieux

[7] le dieu des serments

[8] un espace ouvert pour l’entraînement à la lutte

[9] Un aurige est un conducteur de char de course, ou de char de guerre, dans le contexte gréco-romain. Le cocher le plus expérimenté qui peut conduire le quadrige porte le titre d’agitator.

[10] du grec gumnos, nu

[11] Le pentathlon antique est une épreuve sportive de Grèce antique constituée de cinq disciplines, d’où le nom de pentathlon. Ces épreuves sont le lancer du disque et du javelot, le saut en longueur, la course d’un stade (environ 192 m) et la lutte. Cette forme de pentathlon grec est pratiquée notamment à l’occasion des Jeux olympiques antiques depuis son ajout au programme en 708 av. jc, édition marquant l’introduction de la lutte. Lampis remporte le premier titre olympique de pentathlon. Selon la légende, la réunion de cinq épreuves en un seul concours aurait été instituée par Jason à Lemnos, lors de l’expédition des Argonautes. Si un même athlète remporte trois épreuves (longueur, disque et javelot), il est déclaré vainqueur et les deux dernières épreuves n’ont pas lieu.

[12] 192,27 mètres, soit 600 fois le pied d’Héraclès !

[13] champion olympique

[14] sur deux stades soit 384,54 m

[15] sur 24 stades, soit 4614 mètres

[16] Le ceste est un ancien gant de combat, quelquefois utilisé dans le pancrace. Il est l’ancêtre du poing américain.

[17] combat au corps à corps

[18] L’hoplite est un fantassin lourdement armé, par opposition au gymnète et au peltaste, armés plus légèrement.

[19] danse en arme

[20] La cithare est un instrument de musique à cordes pincées, prépondérant dans le folklore autrichien voire germanique, mais aussi répandu en Hongrie, en Suisse, en Slovénie, en France et en Italie.

[21] Les gladiateurs (du latin gladiatores, de gladius, glaive, signifiant « combattants à l’épée », ou « épéistes ») sont des combattants qui s’affrontent généralement par paires bien définies, chacun des deux adversaires appartenant à une catégorie appelée armatura, dotée d’armes, d’une panoplie et de techniques de combat spécifiques. Il s’agit de combats d’hommes athlétiques, plus rarement de femmes (les gladiatrices) et exceptionnellement de nains ou d’enfants.

[22] Le diocèse de Milan fut fondé dès le 3ème siècle, et élevé au rang d’archidiocèse au 8ème siècle. Il s’agit aujourd’hui du plus important diocèse d’Italie. L’archevêque de Milan est l’évêque métropolitain des diocèses suffragants de Bergame, Brescia, Côme, Crema, Crémone, Lodi, Mantoue, Pavie et Vigevano. Parmi les archevêques de Milan, nombreux sont ceux qui ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Église catholique, et plusieurs furent élus papes.

[23] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.

[24] Periégesis Hellados ou Périégèse

[25] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès