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L’ostracisme ou la démocratie démagogue

mercredi 25 septembre 2024, par lucien jallamion

L’ostracisme ou la démocratie démagogue

La démocratie, rares sont les politiques actuels à ne pas revendiquer les valeurs qui y sont attachées. Mais la démocratie s’accompagne parfois et même souvent de démagogie et c’est à ce moment-là qu’elle commet les pires abus. Il suffit de regarder l’antique Athènes [1] au berceau de la démocratie.


Dans l’Athènes de l’Antiquité, à l’époque où la démocratie forge la puissance de la cité et fait sa gloire, la justice, si elle joue le jeu de la démocratie, va aussi être celui de la démagogie et, au final, de l’injustice et de l’abus. L’ostracisme [2], notamment, en est un exemple frappant.

C’est en 508 avant jc. que l’ostracisme est approuvé dans le cadre des réformes de Clisthène qu’apparaît cette nouvelle forme de justice. C’était un jugement par lequel les Athéniens avaient possibilité de bannir, pour une période déterminée, un citoyen jugé dangereux pour les libertés et l’ordre public.


Chaque année, l’assemblée générale du peuple décidait donc si l’ostracisme devait être appliqué. En ce cas, on procédait à un vote et chaque citoyen inscrivait sur un ostraka [3] le nom du citoyen qu’il désirait voir bannir. Si une même personne avait 6 000 voix contre elle, elle avait 10 jours pour quitter la cité.

L’exil, qui devait initialement durer 10 ans, sera ensuite ramené à 5 ans. Le condamné pouvait cependant vivre où il le désirait et profiter de ses biens. On conçoit aisément le défaut de cette législation qui, par ailleurs, se voulait parfaitement démocratique.

Il suffisait donc de quelques rumeurs, d’acheter quelques citoyens ou de jouer de leur naïveté ; il suffisait de faire œuvre de démagogie pour faire condamner n’importe qui. D’ailleurs, les abus ne manqueront pas et plusieurs sommités athéniennes allaient en faire les frais, tels Miltiade, Thémistocle, Aristide ou encore Alcibiade. Et ce ne sont que les plus connus.

De fait, l’ostracisme fut tant et tant détourné de sa fin que cette disposition ne tint pas même 100 ans : en 415 avant jc, elle était abandonnée.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alix Ducret/ historia-nostra/ category/ histoire-antique/ histoire-greque

Notes

[1] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[2] Dans la Grèce antique, l’ostracisme était un vote par lequel l’Ecclésia (l’assemblée des citoyens) prononçait le bannissement de l’un de ses citoyens, dont le nom était inscrit sur un tesson de céramique désigné par le terme ostrakon, signifiant coquille d’huître. Durant la période de bannissement, l’Ecclésia conservait ces tessons, ostraca, où figuraient les noms des exilés. Athènes et quelques autres cités, au 5ème siècle av. jc, ont instauré une institution qui permettait de bannir pendant 10 ans un citoyen, sans que celui-ci perdît ses biens. C’était une mesure d’éloignement politique, un simple vote de défiance à l’égard d’un citoyen influent soupçonné d’aspirer au pouvoir personnel : ce n’était pas une peine judiciaire, cette sanction n’étant pas une condamnation pénale : elle ne s’accompagnait pas de peine pécuniaire, et les droits civiques étaient conservés. Cette importante institution apparaît donc marquée d’un esprit d’humanité tant dans la procédure suivie que dans la peine prononcée

[3] un morceau de poterie