La démocratie, rares sont les politiques actuels à ne pas revendiquer les valeurs qui y sont attachées. Mais la démocratie s’accompagne parfois et même souvent de démagogie et c’est à ce moment-là qu’elle commet les pires abus. Il suffit de regarder l’antique Athènes [1] au berceau de la démocratie.
Dans l’Athènes de l’Antiquité, à l’époque où la démocratie forge la puissance de la cité et fait sa gloire, la justice, si elle joue le jeu de la démocratie, va aussi être celui de la démagogie et, au final, de l’injustice et de l’abus. L’ostracisme [2], notamment, en est un exemple frappant.
C’est en 508 avant jc. que l’ostracisme est approuvé dans le cadre des réformes de Clisthène qu’apparaît cette nouvelle forme de justice. C’était un jugement par lequel les Athéniens avaient possibilité de bannir, pour une période déterminée, un citoyen jugé dangereux pour les libertés et l’ordre public.
Chaque année, l’assemblée générale du peuple décidait donc si l’ostracisme devait être appliqué. En ce cas, on procédait à un vote et chaque citoyen inscrivait sur un ostraka [3] le nom du citoyen qu’il désirait voir bannir. Si une même personne avait 6 000 voix contre elle, elle avait 10 jours pour quitter la cité.
L’exil, qui devait initialement durer 10 ans, sera ensuite ramené à 5 ans. Le condamné pouvait cependant vivre où il le désirait et profiter de ses biens. On conçoit aisément le défaut de cette législation qui, par ailleurs, se voulait parfaitement démocratique.
Il suffisait donc de quelques rumeurs, d’acheter quelques citoyens ou de jouer de leur naïveté ; il suffisait de faire œuvre de démagogie pour faire condamner n’importe qui. D’ailleurs, les abus ne manqueront pas et plusieurs sommités athéniennes allaient en faire les frais, tels Miltiade, Thémistocle, Aristide ou encore Alcibiade. Et ce ne sont que les plus connus.
De fait, l’ostracisme fut tant et tant détourné de sa fin que cette disposition ne tint pas même 100 ans : en 415 avant jc, elle était abandonnée.