Successeur de Pierre. Il est né à Volterra [1], en Étrurie [2], dans l’actuelle Toscane [3], et son père s’appelait dit-on Herculanus.
Si l’on en croit Irénée de Lyon, il aurait reçu des apôtres eux-mêmes la charge d’évêque, après avoir secondé Pierre. Il aurait subi le martyre le 23 septembre 78 mais seuls des documents postérieurs à 354 l’affirment, précisant même qu’il aurait été enseveli aux côtés de Pierre.
Sur sa vie, on sait peu de choses certaines. Venu à Rome pour ses études, il se convertit rapidement au christianisme ; après 3 ans, il est ordonné prêtre par l’apôtre Pierre en 44. Dans la ville il fit la connaissance de Paul, qui semble faire allusion à lui dans sa deuxième épître à Timothée. À Rome il aurait remplacé saint Pierre quand ce dernier était absent de la ville.
Selon le Liber Pontificalis [4], il semble que, en conformité avec les dispositions de saint Pierre, Lin ait exigé des femmes qu’elles vinssent à l’église la tête couverte.
Une telle prescription est sans aucun doute apocryphe [5], l’auteur du Liber Pontificalis l’a copiée de la première Lettre de Paul aux Corinthiens [6] en l’attribuant arbitrairement au premier successeur de l’Apôtre à Rome. Lin a introduit dans le canon de la messe la partie dite Communicantes et, comme symbole de l’autorité papale, il a ajouté aux vêtements liturgiques le pallium [7], une bande de laine blanche à croix noires.
Au cours de son pontificat, il vit se succéder 5 empereurs : Néron, Galba, Othon, Vitellius et Vespasien. L’hérésiarque Ménandre perpétua l’hérésie de Simon le Magicien et celle des Ébionites [8], judéo-chrétiens qui pratiquaient l’observance de la loi de Moïse. L’événement le plus important fut certainement la fin de la guerre de Judée avec la destruction par les Romains du temple de Jérusalem [9].
Le Liber Pontificalis soutient qu’il aurait été martyrisé par décapitation le 23 septembre 78, sur décret du consul Saturninus mais Irénée ne donne que Télésphore comme martyr parmi les premiers évêques romains à avoir été martyrisé.
Le Liber Pontificalis rapporte aussi que Lin, après sa mort, fut enterré sur la colline du Vatican, à côté de l’Apôtre Pierre.
L’appellation de Pape est anachronique et n’apparaît qu’au 3ème siècle. Toutes les anciennes listes des évêques de Rome qui nous sont parvenues grâce à Irénée de Lyon, Jules l’Africain, Hippolyte de Rome, Eusèbe de Césarée et le Catalogue libérien de 354 [10], placent le nom de Lin immédiatement après celui de Pierre. Ces listes ont été faites a posteriori en se fondant sur une liste des évêques romains qui existait à l’époque du pape Éleuthère (174 et 189).
Toutefois, on sait que la communauté de Rome existait avant l’arrivée de Paul et qu’il n’en est donc pas un des fondateurs. Dans le cycle pseudo-clémentin [11], Pierre désigne Clément de Rome comme évêque, ce qui n’exclut pas que Lin et Clément aient pu être évêques de deux communautés chrétiennes différentes, à la même époque.