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Julia Cornelia Salonina dite Salonine

vendredi 7 décembre 2018, par lucien jallamion

Julia Cornelia Salonina dite Salonine

Impératrice romaine de 254 à 268

Elle fut l’épouse de l’empereur Gallien. D’après l’Histoire Auguste [1], elle serait originaire de Bithynie [2]. Sous le règne de son beau-père, l’empereur Valérien.   Elle fut élevée au rang d’Augusta et elle demeura la seule impératrice 16 années durant en l’état du décès de sa belle-mère, Mariniane. Elle reçut la dignité de “Pia Felix”, ce qui est assez exceptionnel, seules 3 impératrices romaines du 3ème siècle ayant obtenu cette distinction   Le mariage avec Gallien remonterait à 243. Le couple eut deux fils dont l’existence est certaine, Valérien le Jeune dit Valérien II , et Salonin, qui furent nommés césars alors qu’ils devaient être âgés d’une douzaine d’années. Il est probable qu’il y a eu d’autres enfants.   Salonine fut une impératrice sans doute éclairée qui partagea le goût de la sagesse grecque et des idées nouvelles avec son époux. On a parlé pour leur règne de Renaissance galliénique. À cet égard, il est peu probable que Salonine ait eu l’intérêt pour le christianisme qu’on lui a parfois prêté car elle fréquentait les philosophes Plotin et Porphyre dont les idées néoplatoniciennes [3] allaient à l’encontre des cultes.   L’iconographie constamment païenne de ses monnaies montre que l’impératrice honorait officiellement les cultes traditionnels de Junon et de Vesta et s’associait volontiers aux diverses divinités romaines [4].   Malgré un paganisme affiché et un vif intérêt pour le plotinisme, le règne de Gallien et Salonine ne se désintéressa pas pour autant du christianisme puisqu’il fut marqué par l’arrêt des persécutions contre les Chrétiens à la suite du rescrit de Milan [5] pris par Gallien en 260. Cet acte amorça une rupture spectaculaire avec la politique menée jusqu’alors par Trajan Dèce et Valérien 1er. Ce revirement semble lié à l’émoi provoqué dans tout l’Empire par la capture de Valérien 1er, considérée par les Chrétiens comme un nouveau châtiment de Dieu, après la mort surprenante de Trajan Dèce, premier empereur romain tué au combat. On peut supposer que Salonine a joué un rôle dans cet arrêt des persécutions. L’Histoire Auguste rapporte en effet que l’impératrice avait beaucoup d’influence sur son mari.   Le souvenir de Salonine reste étonnamment vivace dans les Alpes-Maritimes où elle serait venue se soigner à Berthemont-les-Bains [6] en 261. Elle y aurait accompli des actes de clémence envers les Chrétiens et proclamé la liberté des cultes. Ceci s’inscrit logiquement dans les suites de l’édit de 260 mais peut aussi être mis à son crédit personnel. En témoignage de reconnaissance, une avenue lui a été dédiée à Nice.   Le règne de Salonine et de Gallien fut marqué par les difficultés économiques et politiques. La nécessité de faire face aux dépenses militaires causées par les invasions barbares et la multiplication des usurpateurs [7] contraignit les souverains à émettre de plus en plus de monnaies contenant de moins en moins d’argent. Ce fut la fin du système monétaire romain traditionnel.   Le long règne de Salonine fut endeuillé par la perte de ses proches. Valérien II disparut sur le front danubien en 258. Salonin fut éliminé par Postume en 260. Gallien fut assassiné en 268 par une conjuration de généraux alors qu’il assiégeait Milan, où s’était retranché Auréolus, son maître de cavalerie, qui s’était révolté et rallié à Postume. Il est possible que l’impératrice, l’ait accompagné durant cette dernière campagne militaire. Toujours est-il qu’enveloppée dans la fin tragique de son époux, Salonine disparut alors de l’histoire.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gérard Minaud, Les vies de 12 femmes d’empereur romain - Devoirs, Intrigues & Voluptés , Paris, L’Harmattan, 2012, ch. 11, La vie de Cornélia Salonina, femme de Gallien

Notes

[1] L’Histoire Auguste (en latin Historia Augusta) est le nom que l’on donne couramment depuis le début du 17ème siècle à un recueil de biographies d’empereurs romains composé en latin au cours de l’Antiquité tardive, à la fin du 4ème siècle.

[2] Nord de la Turquie actuelle

[3] Le néoplatonisme est une doctrine philosophique, élaborée à Rome à partir de 232 par Ammonios Saccas et surtout par Plotin, dont le dernier représentant est Damascios, en 544. Le néoplatonisme ou platonisme de l’Antiquité tardive tentait de concilier la philosophie de Platon avec certains courants de la spiritualité orientale.

[4] Vénus, Cérès, la Piété, la Fécondité, la Santé, la Fortune, la Pudeur, la Félicité publique, la Paix, etc.

[5] Un rescrit est un acte administratif donné par écrit (d’où son nom) par une autorité dans son domaine de compétence propre, qui fournit une réponse à une question écrite, posée par une personne (physique ou morale), et détaillant le contexte et les conditions précises du problème évoqué. Dans l’empire romain c’est un texte de l’autorité impériale ayant force exécutive, sous la forme d’une réponse de l’empereur romain à une question de droit sur laquelle il était consulté (par les magistrats, les gouverneurs de province, mais aussi des personnes privées).

[6] Berthemont-les-Bains est un hameau des Alpes-Maritimes appartenant à la commune de Roquebillière (département des Alpes-Maritimes). Il est situé à environ 55 km au nord de Nice, dans la vallée de la Vésubie. Le site, réputé pour ses eaux sulfureuses radioactives à 30 °C qui soignent les affections respiratoires, les rhumatismes et les troubles articulaires, est la principale station thermale de la Côte d’Azur. Selon une tradition étonnamment vivace, le site aurait accueilli une impératrice romaine au 3ème siècle, Cornelia Salonina, épouse de l’empereur romain Gallien, qui serait venue s’y soigner.

[7] période dite des Trente Tyrans