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Lucius Caecilius Firmianus, dit Lactance

vendredi 4 juillet 2025, par lucien jallamion

Lucius Caecilius Firmianus, dit Lactance (vers 250-325)

Rhéteur et apologète chrétien

Bien que sa doctrine chrétienne soit mal assurée, il a été surnommé le Cicéron chrétien par les humanistes en raison de l’élégance de sa prose latine. Il ne fut jamais unanimement considéré comme un Père de l’Église [1].


La source principale concernant Lactance provient de Jérôme de Stridon dans son ouvrage “Sur les hommes illustres”.

Lactance est né en Afrique proconsulaire [2] vers 250 ou 260 dans une famille païenne. Il se convertit au christianisme à l’âge mûr, vraisemblablement avant 303, après avoir peut-être été l’élève de l’apologiste et rhéteur chrétien Arnobe .

Appelé entre 290 et 300 par l’empereur Dioclétien à Nicomédie de Bithynie [3], il y enseigne la rhétorique [4] latine. À Nicomédie, ville de langue grecque, il a peu d’élèves mais vraisemblablement des membres de la cour impériale, au nombre desquels probablement le futur Constantin 1er qui y réside jusqu’en 306.

En février 303, quand éclate la grande persécution, il démissionne de son poste de rhéteur et vit chichement, entamant alors une prolifique carrière d’écrivain chrétien. Au terme de la persécution, vers 313, Constantin l’appelle à Trèves [5] où il devient le précepteur de son fils Crispus. C’est probablement là que Lactance meurt, vers 325.


Ses lettres et ses vers rédigés avant sa conversion sont perdus. Après sa conversion, ses ouvrages sont dominés par un thème majeur, celui de la Providence.

Son livre principal, “les Divinae institutiones”, est composé de 7 ouvrages dans lesquels il cherche à expliquer aux païens, du moins à ceux qui possèdent de l’instruction, que le polythéisme est indéfendable et que la raison oblige à admettre les dogmes et la morale du christianisme.

Lactance est également l’auteur de De Mortibus Persecutorum [6], une œuvre polémique écrite vers 313-315. réapparue au 17ème siècle, dans laquelle il affirme que les empereurs persécuteurs sont de mauvais empereurs et ont connu une mort affreuse, ce qui est un châtiment divin. Il y attaque particulièrement l’empereur Galère, qu’il présente comme inspirateur de la persécution de Dioclétien.

On lui attribue un Carmen de ave phoenice [7], l’un des textes les plus riches sur le phénix.

Lactance est aussi l’auteur De “De ira Dei” [8], ouvrage dans lequel l’auteur essaie de montrer que le Dieu des chrétiens, capable de colère et d’indulgence doit être un modèle de bon prince. Il répond ainsi à une question classique chez les philosophes et rhéteurs de son temps : Comment admettre qu’un Dieu tout puissant soit soumis à cet adfectus qu’est la colère, comment admettre qu’il fasse preuve d’une indulgence coupable envers ses ennemis ?

Son style classique, caractérisé comme une réélaboration de Cicéron, le font considérer par des humanistes comme Pic de la Mirandole , Rudolph Agricola et Érasme comme le Cicéron chrétien, malgré une doctrine chrétienne mal maîtrisée et archaïque qui, par exemple, ignore l’Esprit Saint qu’il confond avec le Verbe dont il fait le premier fils de Dieu, dont le second est, à le suivre, le Diable.

L’Histoire littéraire de la France [9] lui consacre un chapitre.


Lactance partage avec Constantin une vision théologico-politique du monde et de l’histoire centrée sur les thèmes de la Providence et de la colère divine. Il développe une conception de l’histoire marquée par une forme de fatalisme. Le monde est pour lui entièrement dirigé par la Providence de Dieu tandis que tout ce qui advient, en bien comme en mal, concourt à la réalisation de la justice divine.

Lactance estimait que les textes bibliques n’étaient pas d’une grande qualité littéraire. Si cette considération, fréquente parmi les auteurs chrétiens de son temps, ne les empêchait généralement pas de s’appuyer sur les écrits bibliques et évangéliques pour présenter le christianisme, elle a conduit Lactance à rédiger une œuvre ancrée dans la culture littéraire et philosophique de son temps, qui puisse servir de propédeutique [10] au christianisme, mais qui laisse presque complètement de côté les écritures chrétiennes.

Au livre II de ses Institutions divines, Lactance mêle deux traditions gnostiques [11] celle des Jubilés et celle du livre d’Hénoch pour interpréter le rôle des anges parmi les hommes : d’après la première tradition, Dieu aurait fait descendre les anges sur la terre pour y instruire les hommes et y faire le bien ; selon la seconde, les anges se seraient faits les instruments de Satan.


Les appréciations portées sur l’œuvre de Lactance sont diverses. Il a influencé Augustin d’Hippone et Jérôme de Stridon : ce dernier estimait que son œuvre était comme un fleuve d’éloquence cicéronnienne, mais il regrettait que l’auteur ait consacré plus d’énergie à détruire les doctrines des autres qu’à présenter celle des chrétiens. Par suite, à la fin du 5ème siècle, un texte attribué au pape Gélase a fait état d’un dualisme chez Lactance entre un Dieu bon et un Dieu de colère, et a situé son œuvre parmi celles à ne pas lire. Ce jugement a fait que Lactance ne fut jamais unanimement considéré comme un Père de l’Église, bien que l’étude de ses œuvres occupe une place importante dans le champ de la patristique latine.

L’ancrage de l’œuvre de Lactance dans la littérature de l’Antiquité plutôt que dans les écritures chrétiennes amènera les humanistes de la Renaissance à le reconnaître comme l’un des leurs. Lactance est très lu et apprécié jusqu’au 18ème siècle, époque à laquelle son style véhément et polémiste commence à susciter du rejet. Raillé par Voltaire qui en fait le parangon du Père de l’Église ignorant, véhément et qui prétend tout savoir avec orgueil, Lactance est ensuite méprisé par la critique universitaire. L’intérêt pour son œuvre s’est renouvelée au 20ème siècle.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Lactance/ Portail de la littérature/Portail des Berbères/ Portail de la Rome antique • section Empire romain/ Catégories  : Écrivain romain du 3 et 4ème siècle/ Rhéteur/ Père de l’Église/ Apologiste chrétien/ Histoire du christianisme en Afrique/ Personnalité berbère du 3 et 4ème siècle/ Théologien chrétien du 3ème siècle

Notes

[1] Les pères de l’Église sont, selon l’historiographie moderne et depuis le 16ème siècle, des auteurs ecclésiastiques dont les écrits (appelés littérature patristique), les actes et l’exemple moral ont contribué à établir et à défendre de multiples aspects de la théologie chrétienne et à édifier les premières structures stables de l’Église. Ceux-ci restent « modelés jusqu’à ce jour par l’exégèse patristique ». La période historique au cours de laquelle ils ont travaillé s’étend approximativement de la fin du 1er au milieu du 8ème siècle, plus particulièrement aux 4 et 5ème siècles, depuis l’admission du christianisme dans l’Empire romain jusqu’à son statut d’Église d’État. Il s’agit souvent (mais non exclusivement) d’évêques.

[2] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une province romaine qui correspond au territoire naturel de Carthage, la Numidie Orientale et à la côte occidentale de la Libye actuelle. Cette province, qui est issue de la réunion de l’Africa Vetus et de l’Africa Nova, est divisée par Dioclétien en trois : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.

[3] Nicomédie est une ville d’Asie mineure, capitale du royaume de Bithynie. Elle est appelée Izmit aujourd’hui. Hannibal s’y donna la mort en 183 av. jc. Nicomédie fut fondée en 264 av. jc par le roi Nicomède 1er à proximité du site de l’ancienne cité d’Olbia également connue sous le nom d’Astacos, colonie de Mégare et détruite par Lysimaque. Sous l’Empire romain, Nicomédie devient une colonie. Dioclétien y établit sa résidence, suivi ensuite par Constantin. Elle est également le siège d’un atelier monétaire. Devenue capitale de la province romaine de Bithynie sur la Mer Noire, la ville est détruite, en 111, par un grand incendie, qui fit de nombreuses victimes, en raison de l’absence de pompiers. A la suite de cette catastrophe, Pline le Jeune, gouverneur de la province, fit son rapport à l’empereur Trajan et réclama des moyens et la création d’une association de pompiers de 150 hommes. Mais, Trajan refusa, par crainte de voir ce type d’association, dévoyée de son but initial, devenir un foyer d’opposants politiques : « N’oublie pas que ta province est la proie d’une société de ce genre. Quel que soit le nom, quelle que soit la destination que nous voulons donner à des hommes réunis en un corps, cela donne lieu, dans tous les cas et rapidement, à des hétairies. La peur de l’agitation politique l’emporta sur celle des incendies ! La ville atteint son apogée dans l’Antiquité tardive, comme capitale impériale de Dioclétien et résidence fréquente de Constantin qui s’y fait baptiser sur son lit de mort. On y trouve une manufacture d’armes, un atelier de frappe monétaire et de nombreux monuments civiques et ecclésiastiques. Après la fondation de Constantinople, elle reste une capitale provinciale importante. L’orateur Libanios y dirige une école de rhétorique avant de s’établir à Antioche. Deux séismes en 358 et 363 éprouvent durement la ville et endommagent l’enceinte construite par Dioclétien, probablement abandonnée avant le 7ème siècle. Malgré la sollicitude impériale renouvelée aux 5ème et 6ème siècles, elle ne retrouve pas son rang, et voit son rôle régional concurrencé par celui de Nicée, particulièrement dans le domaine ecclésiastique.

[4] la rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours).

[5] Trèves est une ville et un arrondissement d’Allemagne, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. La ville est située sur la Moselle. Cette ville, ancienne colonie romaine, est fondée à l’époque romaine, en l’an 16 av. jc sous le nom d’Augusta Treverorum, sur le site du chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires. Le pont romain en pierre qui franchit la Moselle est édifié en 45 ap. jc, en remplacement d’un premier pont de bois : c’est le plus ancien pont d’Allemagne encore debout. Colonie romaine et place forte très importante dans la défense contre les « Barbares », elle est dotée d’une enceinte abritant la plus grande surface urbaine de Gaule. Grande métropole marchande à partir du 2ème siècle, devenue l’une des capitales de la Tétrarchie à la fin du 3ème siècle et siège d’un atelier monétaire impérial à partir de 294, Trèves est alors qualifiée de « seconde Rome » ou Roma Secunda. De l’époque romaine subsistent la Porta Nigra (porte noire), le plus grand édifice romain sur le sol allemand, une basilique, où siège un tétrarque (aujourd’hui une église protestante), les restes d’un amphithéâtre, ainsi que des ruines de thermes romains. Au début du 5ème siècle, au cours des invasions germaniques, Trèves est attaquée et pillée plusieurs fois par les Francs. Peu auparavant, la préfecture des Gaules est transférée de Trèves à Arles

[6] Sur les morts de persécuteurs

[7] Chant sur l’oiseau phénix

[8] la colère de Dieu

[9] Commencé en 1733 par les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur qui en publièrent les douze premiers volumes (1733-1763) à l’initiative de Dom Antoine Rivet de La Grange, l’Histoire littéraire de France est un ouvrage monumental qui compte, en 2008, plus de 18 000 pages réparties sur 43 volumes. En 1814, le travail est repris et poursuivi par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui en assure encore aujourd’hui la publication. De 1865 à 1892, Paulin Paris fait rééditer les seize premiers volumes sans en modifier le contenu, si ce n’est en en corrigeant les coquilles. Après un ralentissement important dans les dernières décennies, le rythme des publications s’est récemment accéléré grâce à la décision, prise en mars 1999 par la Commission de l’Histoire littéraire de la France, de ne plus limiter la publication à l’ordre chronologique.

[10] Propédeutique peut désigner :

• le caractère facilitateur d’un savoir ou d’un processus d’acquisition de savoirs pour l’acquisition de savoirs ultérieurs : jouer de la flûte à bec avant un autre instrument, apprendre l’espéranto avant une autre langue vivante • la période d’enseignements, mise en place dans certaines écoles, universités, séminaires, etc., visant à préparer l’élève pour de futurs enseignements, et visant à faciliter l’apprentissage

[11] Le gnosticisme est un mouvement de pensée centré autour de la notion de « connaissance », regroupant des doctrines variées et multiformes qui se développent au cours des 2ème et 3ème siècles dans les limites de l’Empire romain. Ces doctrines se caractérisent généralement par l’affirmation que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par une des faces de Dieu, le Démiurge ou Yahvé à l’opposé duquel existe une autre face de dieu, transcendante et parfaite, plus éloignée, un Dieu supérieur lié à l’homme par la connaissance qu’il lui a donnée