Jin Huidi (259-307)
Second empereur de la dynastie Jin
Fils de l’empereur Sima Yan ou Jin Wudi fondateur de la dynastie [1]. Jin Huidi est né handicapé mental et incapable de régner seul.
Le contrôle de la régence, et donc de la réalité du pouvoir, fut l’enjeu de luttes intestines entre les régents nommés par son père, les princes impériaux ses oncles et cousins et son épouse, l’impératrice Jia Nanfeng.
Ces luttes au cœur du pouvoir impérial débouchent sur la guerre des huit princes [2], qui entraîne une profonde déstabilisation de l’administration et de l’économie de l’empire.
À la fin de son règne, on assiste à la rébellion des peuples Wu Hu [3], à la perte des régions du nord et du centre et finalement à l’émergence des 16 Royaumes [4].
En 301, son pouvoir fut brièvement usurpé par son grand-oncle Sima Lun . Son empoisonnement, en 307, est attribué au prince régent Sima Yue.
Notes
[1] La dynastie Jin (265/420), divisée en Jin occidentaux ou Jin de l’Ouest ou Xi Jin 265/316) et Jin orientaux ou Jin de l’Est ou Dong Jin (316/420), succède au Royaume de Wei de la période des Trois royaumes de Chine et compte en tout 15 empereurs. Ses capitales sont Luoyang (265/311) puis Jiankang (316/420), avec un bref intermède à Chang’an (311/316). Les Seize Royaumes occupent le Nord de la Chine durant la période des Jin orientaux. Ces derniers finissent par être évincés en 420 par la dynastie Liu-Song ou Song du Sud, événement qui marque le début de la période des dynasties du Nord et du Sud.
[2] La guerre des Huit Princes ou rébellion des Huit Rois ou rébellion des Huit Princes de la dynastie Jin, qui ont lieu entre 291 et 306. L’élément déclencheur de cette série de conflits est la régence de l’empire. En effet, l’empereur Jin Huidi est un handicapé mental incapable de gérer les affaires de la Chine. Le terme "guerre des Huit princes" provient des biographies des huit princes qui sont rassemblées dans le chapitre 59 du livre des Jin (Jin Shu). Alors que les premiers conflits restent d’une importance relativement mineure et sont limités à la capitale impériale de Luoyang et à ses environs, la guerre s’étend à chaque intervention d’un nouveau prince. Finalement, cette série de conflits va dévaster le cœur même de l’empire des Jin en Chine du Nord et la quasi-vacance du pouvoir va permettre à Liu Yuan, un général Xiongnu, de se déclarer indépendant et de fonder le royaume du Han Zhao. En 311, son neveu Liu Yao s’empare de Luoyang, date qui marque la fin des Jin occidentaux et le début de la période des seize royaumes.
[3] Les guerres entre la dynastie Jin et les 16 Royaumes sont une série de conflits qui débutent en 304 par la révolte des tribus non Han connues en Chine sous le nom de « Cinq Barbares » (Wu Hu) et s’achèvent en 420 lors du renversement de la dynastie des Jin Orientaux par le fondateur de la dynastie des Song du Sud. Cet événement marque la fin de la période des 16 royaumes et le début de celle des dynasties du Nord et du Sud. Profitant du chaos généré par la guerre des huit princes, les tribus des Wu Hu s’érigent en royaumes et prennent le contrôle de la plus grande partie des plaines du nord de la Chine, qui sont à l’époque le cœur économique et politique du pays. Chassés du nord, les Jin se replient sur les territoires situés au sud de la rivière Huai. C’est la fin de la dynastie des Jin Occidentaux et le début de la dynastie des Jin Orientaux. Après une période de consolidation de la dynastie dans le sud, le général Huan Wen lance une série d’expéditions entre 354 et 369 pour tenter de reprendre le contrôle du nord. Il échoue à cause de problèmes d’intendance et du manque de soutien de la cour, qui craint que Wen renverse la dynastie en cas de succès de ses expéditions. Ces échecs laissent le champ libre aux Qin antérieurs, qui réunifient la Chine du nord à leur profit, avant de lancer en 383 une grande expédition vers le sud pour conquérir les territoires des Jin Orientaux. Alors qu’ils semblent sur le point d’être balayés par un ennemi supérieur en nombre, les Jin réussissent à vaincre les Qin lors de la bataille de la rivière Fei. Après cette victoire, les Jin font remonter leur frontière vers le nord en annexant les territoires des Qin. Cette marche en avant est stoppée par une guerre civile, qui débute lors de la rébellion du général Huan Xuan. Cette guerre s’arrête lorsque le général Liu Yu tue Xuan en 406 et met fin à l’éphémère dynastie fondée par ce dernier en réinstallant l’empereur Jin Andi sur le trône. Liu Yu lance alors à son tour une série d’expéditions contre les royaumes du nord entre 409 et 416. Victorieux, il annexe toutes les terres situées au sud du fleuve Jaune avant de renverser le dernier empereur des Jin orientaux en 420 et fonder la dynastie des Song du Sud.
[4] Les Seize Royaumes, nommé par les Chinois seize pays/royaumes des Cinq barbares, étaient un ensemble de royaumes à la durée de vie très courte qui ont été fondés en Chine du Nord de 304 à 439, entre la retraite de la dynastie Jin vers le Sud et l’établissement de la dynastie des Wei du Nord, qui marque le passage dans la période des dynasties du Nord et du Sud (420-589). À l’origine, le terme vient de la compilation historique aujourd’hui perdue Shiliuguo Chunqiu (Annales des Printemps et des Automnes des Seize Royaumes), de Cui Hong, qui ne présentait que seize royaumes. Le terme a par la suite été élargi pour inclure l’ensemble des royaumes de Chine du Nord de l’époque 304-439, qui sont en fait une vingtaine. L’histoire de cette période est avant tout reconstituée par le Livre des Jin (Jin Shu), rédigée par les historiens officiels de la dynastie Tang au 7ème siècle, qui considèrent les royaumes de cette époque, vus comme « barbares », comme illégitimes, la seule dynastie légitime de l’époque à leurs yeux étant celle des Jin, alors représentée par les Jin de l’Est, qui dominent le Sud de la Chine. Pratiquement tous les dirigeants de ces royaumes, appelés tantôt « rois » tantôt « empereurs », appartenaient à des ethnies non-chinoises, « Barbares » (désignées globalement par le terme Wu Hu, « les cinq barbares ») par la tradition chinoise. Les Chinois han fondèrent les États du Liang occidental, du Liang postérieur et du Ran Wei. Les 2e et dernier empereurs du Yan septentrional étaient han. Cette période se situe à une époque où l’ancien empire Han s’étant fragmenté, on assiste à plus de 3 siècles de séparation entre la Chine du Nord et la Chine du Sud. Au cours de cette époque mouvementée, la période des Trois Royaumes (220-265 : 45 ans) est suivie de la dynastie des Jin occidentaux ou Jin antérieurs (265-316 : 51 ans, capitale Luoyang), de la dynastie des Jin orientaux en Chine du Sud (317-420 : 103 ans) et de l’époque des « Six Dynasties » (316-589) au Sud, tandis qu’au même moment en Chine du Nord la période des « Seize Royaumes » voit s’affronter ces seize royaumes de 304 à 439, soit 135 ans. Cette longue période de fragmentation se poursuit durant l’époque des « dynasties du Nord et du Sud » (420-589 : 169 ans). Elle s’achève avec la réunification entreprise sous les Sui et achevée sous les Tang. La période des Seize Royaumes est une ère très troublée, marquée par de nombreux conflits entre différents royaumes qui ne parviennent pas à subsister durablement : fondés par des généraux après une série de victoires, ils s’éteignent généralement après deux ou trois générations, quand un autre chef de guerre victorieux s’en empare. Les conséquences politiques et sociales de cet état de guerre continuel sont importantes : absence de structures administratives solides, importantes migrations de populations, notamment en direction du Sud, repli des communautés sur des habitats fortifiés, déclin des villes et de l’économie. La vie culturelle de la période est généralement considérée comme peu brillante en dehors de la présence de penseurs bouddhistes importants, mais elle est très mal connue car peu de textes de cette période sont parvenus jusqu’à nos jours. Les découvertes archéologiques et artistiques sont également limitées pour cette époque. Elle s’inscrit néanmoins dans une période cruciale de l’histoire de la Chine médiévale, durant laquelle s’amorce une hybridation entre Chinois et non-Chinois, qui triomphe surtout sous les Wei du Nord, unificateurs de la Chine du Nord durant la première moitié du 5ème siècle.