Étienne 1er
23ème Pape de l’Église catholique de 254 à 257

Il succède à Lucius 1er le 12 mai 254. Noble romain, il est élu pape dans les catacombes de Saint Calixte [1] devant la communauté de fidèles par les prêtres qui avaient un titre et par les diacres [2] qui remplissaient une charge ecclésiastique.
Son pontificat, qui dure jusqu’au 2 août 257, s’insère entre 2 vagues de persécutions mais connaît une crise interne à l’Église particulièrement grave et mène celle-ci au bord de la rupture avec les Églises d’Orient et celle d’Afrique. Comme ses 2 prédécesseurs, Étienne est favorable à la réintégration des chrétiens apostats sous la persécution de Dèce et repentis depuis. Mais le problème se pose aussi pour les clercs.
Ils avaient le devoir de donner l’exemple, y compris dans le martyre, et Étienne refuse de réintégrer 2 évêques d’Espagne qui avaient échappé à la persécution en produisant des certificats attestant qu’ils avaient sacrifié aux dieux païens. Il fait de même envers l’évêque d’Arles [3], qui depuis, dans une totale inconséquence, était passé aux novatiens [4].
Étienne exige de la totalité des Églises chrétiennes qu’elles se conforment à la tradition romaine en ce qui concerne le baptême des hérétiques, des schismatiques et des chrétiens apostats, à savoir une simple imposition des mains de l’évêque, la confirmation, puisque ce sont des personnes qui ont déjà reçu le baptême. Mais les Églises d’Orient et d’Afrique exigent un nouveau baptême.
Étienne est un personnage autoritaire et il accepte mal cette indépendance.
Un conflit s’engage avec Cyprien, l’évêque de Carthage [5], menacé par Étienne 1er d’excommunication. Cyprien reçoit le soutien des Églises d’Asie mineure [6], de Syrie [7] et de Cappadoce [8]. Alarmé le patriarche d’Alexandrie, Denys , joue les médiateurs mais en vain. C’est la mort de Cyprien, puis celle d’Étienne le 2 août 257 qui met fin à cette querelle et évite la rupture.
On raconte qu’il fut décapité sur son siège pontifical par les soldats pendant qu’il présidait un office religieux dans les catacombes de Saint Calixte. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint Calixte [9].
Notes
[1] La catacombe de Saint-Calixte se trouve parmi les plus grandes et les plus importantes de Rome. Elle est située sur la droite de la voie Appienne, après la petite église Santa Maria in Palmis. Plus de 500 000 chrétiens sont enterrés sous terre dont des dizaines de martyrs et 16 pontifes
[2] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.
[3] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.
[4] Novatien est une personnalité chrétienne du 3ème siècle. Selon l’histoire catholique, il aurait été le 2ème antipape de l’histoire de l’Église romaine, bien que la notion d’antipape soit un contresens pour l’historien dans la mesure où, à l’époque considérée, l’église de Rome ne connaissait pas encore d’épiscopat monarchique, tel que le pratiquaient les églises orientales
[5] L’archidiocèse de Carthage est un siège épiscopal de l’Église catholique, anciennement territorial et aujourd’hui titulaire (in partibus), situé à Carthage en Afrique du Nord (aujourd’hui en Tunisie). Le diocèse de Carthage est érigé à la fin du 2ème siècle. Agrippin en est le premier évêque connu. Les plus grands écrivains chrétiens de cette époque y vivaient, comme par exemple Tertullien. Une floraison de martyrs a lieu au 3ème siècle, dont se détachent les figures de sainte Perpétue et sainte Félicité et de saint Cyprien. À cette époque, Carthage était le siège épiscopal le plus important de la province romaine d’Afrique (Afrique du Nord) et l’évêque de Carthage devint le primat et l’évêque métropolitain de fait de l’Afrique proconsulaire, de la Byzacène, de la Numidie, de la Tripolitaine et de la Mauritanie (même si dans les seules provinces, le privilège primatial était donné à l’évêque le plus ancien de la province). Le titre honorifique de patriarche fut aussi attribué à l’évêque de Carthage, toujours obéissant à Rome, à l’exception de l’épisode des relaps où Carthage était en faveur du rigorisme. Au 4ème siècle, le diocèse est travaillé par la diffusion de diverses hérésies : le donatisme, l’arianisme, le manichéisme et le pélagianisme. Les donatistes eurent même leur hiérarchie parallèle pendant une courte période. L’invasion des Vandales à la fin du siècle donne le signal à une période d’oppression contre l’Église à laquelle met fin la conquête byzantine en 533. Cependant les empereurs donnent leur appui à des hérésies, telles que le monothélisme et surtout l’iconoclasme. Les évêques de Carthage, fermes défenseurs de l’orthodoxie, sont exilés. Carthage est un siège important de l’Église latine, jusqu’à ce que la conquête des Arabo-musulmans lui porte un premier coup en 698 qui lui sera fatal ; en effet, Carthage va rapidement décliner. Le christianisme y met cependant 4 siècles à disparaître complètement. Le nom de deux derniers évêques est encore cité au 11ème siècle. Le dernier en 1076.
[6] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie
[7] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.
[8] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.
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