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Yolande de Flandre ou Yolande de Dampierre ou Yolande de Cassel ou encore Yolande de Bar

samedi 4 avril 2015

Yolande de Flandre ou Yolande de Dampierre ou Yolande de Cassel ou encore Yolande de Bar (1326-1395)

Sceau de Yolande de FlandreFille de Robert de Cassel , seigneur de Marle [1] et de Cassel [2]. Son frère Jean étant mort jeune alors qu’elle n’est âgée que de quelques années, Yolande hérite de la seigneurie de Cassel [3]. D’abord promise à Louis 1er de Male, futur comte de Flandre, elle épouse, en 1340, Henri IV de Bar , duc de Bar, fils de Édouard 1er de Bar et de Marie de Bourgogne . Henri décède seulement 4 ans après leur mariage, laissant sa veuve avec deux enfants âgés de cinq et un an.

Yolande assume la régence du comté, jusqu’à la majorité de Édouard II de Bar , mais doit lutter contre Pierre de Bar, seigneur de Pierrefort [4], et Thiébaud de Bar, seigneur de Pierrepont [5], qui estimaient devoir participer au conseil de régence. Nouant des alliances avec Philippe VI de Valois et Raoul de Lorraine , elle parvint à les cantonner à des rôles mineurs.

Édouard est déclaré majeur le 10 octobre 1349. En 1350, les troupes de Marie de Châtillon , duchesse régente de Lorraine, et du comte de Salm ravagent le Barrois. En représailles, Yolande, Édouard et l’évêque de Metz ravagent les environs de Nancy. Une trêve met fin au conflit le 14 août 1351.

Édouard meurt l’année suivante. Son frère, Robert 1er , doit lui succéder, mais il n’a encore que sept ans.

Le problème de la régence se pose différemment que sept ans auparavant. En effet, la comtesse de Bar est sur le point de se remarier avec Philippe de Navarre, infant de la famille de Navarre, comte de Longueville, qui conteste la royauté à Jean II le Bon. D’autre part, Jeanne de Bar comtesse de Warren, fille du comte Henri III , a fait savoir au roi qu’elle était prête à assumer la régence.

Le parlement de Paris, par arrêt du 5 juin 1352 décide que le Barrois est dans la main du roi, lequel confie la régence à Jeanne de Bar le 27 juillet 1352.

Yolande, qui dans un premier temps a renoncé à la régence revient sur sa décision et lève des troupes pour combattre Jeanne de Bar.

En octobre 1353, après son mariage avec la comtesse de Bar, Philippe de Navarre prend part à la défense du comté de Bar envahi par les Lorrains. Il est arrêté par Henri de Bar, seigneur de Pierrefort, et emprisonné. Après l’intervention de Jean le Bon, et l’arrestation de Philippe de Navarre, Yolande renonce à la régence.

Libéré en janvier 1356, Philippe embrasse la cause de son frère le roi de Navarre, prisonnier du roi de France. Il se rallie à Édouard III d’Angleterre en Normandie et ouvre la vallée de la Seine aux Anglais, s’enfermant dans Évreux. Avec son frère Louis, il adresse un défi au roi Jean II et à son fils Charles le futur Charles V. Toutefois, il ne parvient à soulever toute la province. Le 19 septembre 1356, lors de la bataille de Poitiers [6], il combat sous les ordres du Prince Noir à la tête des Navarrais.

La défaite de l’armée française prive Jeanne de Bar du soutien du roi qui est fait prisonnier. Yolande reprend la régence et Robert est armé chevalier en décembre. Il est déclaré majeur le 8 novembre 1359.

À la paix de Brétigny [7] en 1360 entre Français, Anglais et Navarrais, Philippe de Navarre jure la paix. Son frère le roi de Navarre en fait son lieutenant général pour les terres qu’il avait en France et en Normandie.

Réconcilié avec le roi de France, Philippe combat aux côtés de Du Guesclin. En 1363, le roi de France, que le pape Urbain V vient de nommer capitaine général de la croisade, lui demanda de l’accompagner et lui en délègue les honneurs et fonctions, le nommant“ maître et gouverneur de toutes ses gens à icelle emprise d’aler sur les mescreans Sarrazins ennemis de la foy”, mais Philippe meurt à Vernon dans l’Eure le 29 août 1363. Philippe n’ayant pas d’héritier, Charles V offre le comté de Longueville à Du Guesclin qui vient de remporter la bataille de Cocherel [8]. La veuve de Philippe de Navarre s’oppose dès lors au connétable de France pour récupérer son douaire sur le comté, mais elle ne récupère que les dettes de son mari.

En 1370 rien ne va plus entre Yolande et Pierre de Bar. Le sire de Pierrefort a commis de nombreuses exactions. Charles V a même demandé à Yolande de prendre des mesures pour rétablir l’ordre. Mais, en octobre/novembre 1370, celle-ci a le tort de faire arrêter Henri de Bar, à Vincennes, sur les terres du roi de France.

Celui-ci semble avoir oublié sa demande de rétablir l’ordre et au contraire prend ombrage de l’initiative de Yolande, invoquant le crime de lèse-majesté.

Yolande est emprisonnée à la prison du Temple en 1371. Elle aggrave encore son cas en s’évadant. Elle est de nouveau arrêtée et incarcérée au Temple. En Flandre les seigneurs se mobilisent et intercèdent en sa faveur. Elle est libérée en 1373 moyennant une rançon de 18 000 livres.

En 1378, commence le Grand Schisme d’Occident [9], deux papes se disputent le trône de Saint Pierre, Louis de Male soutient Urbain VI et Yolande de Dampierre appuie Clément VII. Les Anglais, urbanistes, débarquent sur la côte pour une croisade religieuse et pillent Dunkerque. La comtesse de Bar est contrainte à la fuite.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Michelle Bubenicek, Quand les femmes gouvernent : Yolande de Flandre,‎ 2002

Notes

[1] Marle est le nom d’un ancien comté qui appartient successivement aux maisons de Coucy, Bar, Saint-Pol, de Luxembourg, de Bourbon et de Mazarin. La haute ville en était le centre politique et religieux de la région. La rivière Serre dont le comté contrôlait les pontenages et les gués était ainsi nommée la rivière de Marle.

[2] Les comtes de Flandres en firent le centre d’une châtellenie.

[3] qui comprend Dunkerque et Gravelines

[4] La présence de la famille de Peyre sur les terres de Pierrefort est confirmée en 1177 par la donation de plusieurs droits sur le hameau de Fraissinet (près d’Oradour) au monastère de Bonneval par Guibert de Peyre. C’est entre 1200 et 1250 que la famille de Pierrefort apparaît. C’est une branche de la famille de Peyre. Désormais, le prénom sera suivi de "Peyre de Pierrefort" puis uniquement de "Pierrefort". Guillaume de Peyre de Pierrefort est le premier à s’appeler ainsi. Il est cité en 1250. Cela se passe en parallèle de la construction du château. Sa situation privilégiée sur un éperon basaltique et entouré de grosses murailles, le rend imprenable jusqu’au 17ème siècle.

[5] Le village de Pierrepont, qui fut le siège de la plus importante des seigneuries vassales de l’évêque de Laon, est bâti sur une langue de terre baignée par les marais de la Souche, à une lieue au nord de Notre-dame de Liesse. La châtellenie comprenait, avec Pierrepont, cinq villages et demi : Grandlup que les seigneurs de Pierrepont possédaient déjà en 1090, Arangon ou Aragon, Rocquignicourt et Mâchecourt, qu’ils tenaient en 1161, Chivres et la moitié de Bucy, qu’ils réunirent à leur châtellenie à la fin du 15ème siècle ou au début du suivant.

[6] Lors de la guerre de Cent Ans, après leur éclatante victoire à la bataille de Crécy (1346), les Anglais se sont solidement établis en Guyenne et mènent régulièrement des raids dans le Sud de la France4. En 1355 déjà, le roi de France Jean II manquant de fonds n’avait pu les combattre. Il réunit en 1356 les états généraux qui lui accordent ce dont il a besoin pour lever une armée. La bataille a lieu à Nouaillé-Maupertuis près de Poitiers. Quoique numériquement très supérieures, Jean II conduit ses troupes par une tactique irréfléchie et se fait prendre.

[7] Le traité de Brétigny est conclu le 8 mai 1360, au château de Brétigny, (un hameau dépendant de la commune de Sours près de Chartres), entre les plénipotentiaires du roi Édouard III d’Angleterre et ceux de Charles, fils du roi Jean II de France Le 24 octobre 1360, les rois Jean II et Édouard III, accompagnés de leurs fils aînés, ratifient cet accord à Calais3 ce qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.

[8] La bataille de Cocherel a lieu le jeudi 16 mai 1364 entre Charles V de France dont l’armée est commandée par Bertrand Du Guesclin, et Charles II de Navarre dont les troupes sont sous les ordres du captal de Buch Jean de Grailly ainsi que des archers anglais sous Blancbourg et Jean Jouel et des compagnies de routiers commandées par Arnaud-Amanieu d’Albret du côté anglais et Arnaud de Cervolle dit l’Archiprêtre du côté français.

[9] On appelle Grand Schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des 14 et 15ème siècles (1378 - 1417), divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux obédiences. Cette crise survient en Europe en pleine guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d’un système féodal qui ne répond plus aux besoins d’une société en pleine mutation. En effet, l’Église n’a plus le rôle culturel et social qui était le sien au début du Moyen Âge et qui l’avait rendue indispensable à l’exercice du pouvoir. Au Moyen Âge tardif, les mutations économiques induisent la création d’États modernes que l’Église n’a plus les moyens d’assujettir culturellement. Sur le terrain politique, cela se traduit par l’affrontement du roi de France Philippe le Bel et du pape Boniface VIII qui cherchent à affirmer la primauté absolue de leur pouvoir. En Italie, les luttes du Pape et de l’Empereur débouchent sur l’affrontement entre guelfes et gibelins du 12 au 14ème siècle. Ces tensions et conflits aboutissent dans un premier temps à l’installation de la papauté à Avignon puis en 1378, au Grand Schisme.